Au tout début de l’externat, en troisième année, je crois, on ne choisit pas ses lieux de stages.
Plus tard, si, on les choisit. Plus ou moins. J’y reviendrai.
Mais en troisième année, on nous les impose. Ils font un semblant de tirage au sort, j’imagine, et ils nous envoient une petite feuille avec un tableau à quatre lignes, avec les quatre services où on sera à mi-temps pendant deux mois.

Moi, sur la troisième ligne du tableau, j’avais un stage de radiologie.
Dont je me souviens confusément, un peu comme d’un rêve.

Le service de radio était au sous-sol de l’hôpital. Il venait d’être rénové, et c’était une enfilade de larges couloirs blancs, éclairés au néon, avec de lourdes portes blanches toutes pareilles qui se devinaient, blanc sur blanc, de chaque côté, et, de temps à autres, de grandes portes battantes bleues, qui permettaient de passer dans un autre couloir, identique au précédent.
Moi et mon sens de l’orientation légendaire, d’emblée, nous avons eu l’impression d’être les deux souris d’une espèce de  jeu vidéo sadique.
Toutes les portes étaient semblables, toutes les portes étaient fermées, et surtout, tous les couloirs étaient déserts. Tout le temps.
De temps en temps, on avait quand même une indication sur une porte.  « Scanner », par exemple. Restait à savoir si c’était la salle où rentraient les patients, la salle où rentraient les médecins, ou la salle où on regardait les clichés.
De temps en temps, il y avait un néon rouge qui s’allumait au dessus de certaines portes. Je n’ai jamais bien su pourquoi. Je m’imaginais vaguement que ça se bombardait de rayons dangereux à l’intérieur et qu’il ne fallait pas rentrer, sous peine d’explosion de la salle ou de contamination du personnel.

On m’a mollement accueillie le premier matin. On m’a montré le bureau des externes et des internes, on m’a dit qu’il fallait être là à 9h le matin, on m’a dit que pour aujourd’hui, je pouvais rentrer chez moi et que le stage commencerait demain.
« On », je crois que c’était une secrétaire. Ou une femme de ménage. Peut-être autre chose.
Je crois avoir plus ou moins demandé comment s’organisaient les choses, ce que je devais faire et qui je devais aller voir. On m’a plus ou moins répondu que les choses ne s’organisaient pas, que je pouvais aller où je voulais et demander aux gens de me montrer ce qu’ils voulaient. On ne m’a présenté personne, et on ne m’a présentée à personne.
Le lendemain matin, je suis arrivée à 9h, je suis allée dans le bureau des externes, et puis j’ai attendu un peu, et puis personne n’est venu.
Au bout d’une demi-heure, je suis sortie.
Portes blanches, portes blanches, portes blanches, néon rouge, portes blanches, porte bleue.
J’ai inspiré un grand coup, j’ai cogné à une porte au hasard, celle où c’était marqué « Scanner ». Je suis entrée dans une pièce et quatre ou cinq personnes derrière une console se sont retournées pour me fixer d’un oeil rond.
J’ai bredouillé que j’étais l’externe, et que, heu, bon, est ce que par hasard je pouvais ou me rendre utile ou rester là pour voir ce qui se passait.
Un des types s’est dévoué, au soulagement visible des quatre autres, pour m’expliquer qu’il n’y voyait pas personnellement d’inconvénient, mais qu’il n’y avait pas de médecin pour le moment, et qu’il n’y avait rien à me montrer ici.
J’ai dit merci, pardon, je suis ressortie.
Couloir.

Il m’a fallu pas mal de courage et cinq bonnes minutes pour cogner à une autre porte, qui est restée close.
Puis dix bonnes minutes pour la suivante. On m’a demandé qui j’étais, j’ai ré-expliqué que j’étais l’externe. On m’a demandé qui devait s’occuper de moi, j’ai dit que j’en avais pas la moindre idée. On m’a dit qu’on ne savait pas non plus, mais que là, on ne pouvait pas.
Ca a été la dernière porte de cette matinée là.

En troisième année, il était monnaie courante pour les externes de sécher les stages. Soit un jour sur deux, soit deux sur trois, parfois tout le temps. Ca arrivait souvent.
Moi, je n’ai jamais été très forte pour ça, et je n’ai pas su m’y résoudre.

Tous les matins, je suis arrivée à 09h.
Au début, j’ai continué à essayer de me faire voir, de trouver quelqu’un, de parler à des gens. Ca n’a jamais fonctionné, et je m’en sentais coupable. J’avais l’impression de ne pas faire beaucoup d’efforts, et de mériter mon sort.
Au bout d’un moment, j’arrivais à 09h, et je n’essayais plus de frapper aux portes. J’errais dans les couloirs, je marchais au hasard, noyée dans ma blouse mal taillée et l’air sans doute complètement hagard, au cas où je finirais par croiser quelqu’un qui aurait eu une idée de ma fonction et de mon existence.
Au bout d’un moment, j’arrivais à 09h, et je n’essayais plus du tout. J’allais dans la salle de détente (vide, aussi), je bouquinais les Voici qui traînaient, et je repartais à 11h30.

Trois fois, sur le stage, on s’est occupé de moi.

La première fois, je ne sais plus très bien comment, j’ai réussi à rentrer en contact avec un interne, qui a accepté de me traîner. J’ai passé la matinée à regarder sa nuque qui regardait des radios.
La deuxième fois, une femme m’a proposé de l’accompagner pour la matinée d’échographie (qui était-elle ??), mais pour finir, ça commençait par une PBH (une biopsie du foie, un truc un peu compliqué…) et ça ne s’arrangeait pas bien, alors on a reporté à une prochaine fois.
La troisième fois, j’ai croisé un médecin, un vrai, avec une blouse et tout, qui s’est vraiment occupé de moi. C’était un vacataire, qui venait une fois par semaine. Il interprétait les scanners du jour, et il m’a montré des choses, avec son doigt, en me disant ce que c’était, avec sa bouche. J’ai appris à reconnaître les surrénales et le pancréas sur un scanner abdo, j’ai appris à localiser l’aorte et à la différencier des autres vaisseaux du coin.

A un moment, il s’est penché sur le scann abdo d’une pancréatite.
Il m’a parlé des signes cliniques de pancréatite,  il m’a appris que le dosage de l’amylase ne sert à rien.
Le scanner n’était pas brillant, il y avait des coulées de nécrose partout, et, en matière de pancréatite, c’était à peu près ce qu’on pouvait faire de pire.
Il m’a tout montré, du bout de son stylo. Il a parlé dans son magnétophone de poche de stade E, de coulées, d’hyper et d’hypodensités. Puis, il a éteint son magnétophone, il s’est tourné vers moi, il a dit « Ce type sera sans doute mort d’ici quatre ou cinq jours », et il a installé les clichés du patient suivant sur le négato.

Ca m’a abasourdie.
Ce type venait de prévoir la mort d’un autre type, comme ça, en regardant des images noires et blanches de l’intérieur de son bide, et sans savoir rien de lui.
Il y avait un homme, quelque part au dessus de ma tête, dans les étages de l’hôpital, qui allait bientôt mourir, et un médecin venait de le dire à une fille à couettes qui passait par là, sous prétexte de sa blouse presque blanche.
Il ne savait pas son nom, pas son âge, pas sa vie. Il ne savait pas depuis combien de temps il avait mal, s’il buvait beaucoup, si c’était un bon gars ou pas, s’il avait une femme ou des enfants, s’ils savaient. Et dans cinq jours, il n’allait pas savoir si le type était effectivement mort ou pas.
Ca m’a paru énorme, fou, impudique et honteux, de savoir d’un homme qu’il allait mourir sans connaître la couleur de ses cheveux.

Je crois que j’ai séché un jour ou deux, quand même, sur la toute fin.
Parce que ça devenait vraiment trop absurde de me pointer à 09h tapante pour lire Voici.

A la fin du stage, il a fallu aller « me faire valider » : le chef de service doit noter l’étudiant, mettre des petites croix dans les colonnes A (très bien) à E (insuffisant), valider ou non le stage (la non-validation était exceptionnelle. Pour ne pas être validé, il fallait vraiment avoir hurlé « Effroyable connard ! » à son chef de service, et avoir couché avec sa femme dans la foulée), signer et tamponner.

J’ai donc rencontré mon chef de service, le dernier jour de mon stage.
J’ai demandé à le voir, j’ai insisté, j’ai brandi mon papier avec imploration, et, comme c’était marqué : « signature du chef de service » en bas à gauche, on m’a menée à lui.
Je lui ai dit bonjour, pardon, je viens pour ma validation de stage s’il vous plaît.

« Mais qui êtes-vous ? », il m’a dit.
« Je suis votre externe, monsieur », j’ai répondu.
Il a eu l’air un peu surpris.
« Mais, depuis combien de temps ? »
« Depuis deux mois, monsieur ».
Il a froncé les sourcils.
« Je ne vous ai pas vue beaucoup ! »
J’ai dit : « Je ne vous ai pas vu beaucoup non plus, monsieur ».

Un médecin assis plus loin dans la pièce a pouffé, le visage de mon chef de service a viré furibond.
Je n’avais même pas tellement l’impression d’avoir dit une insolence. J’avais énoncé un fait. D’ailleurs, je ne l’avais pas dit sur le ton de la bravade. Pas du tout.
J’avais continué sur mon petit ton de souris. Presque, je lui collais une révérence à la fin de ma phrase.
Il a begayé quelques mots, à moitié étouffé de fureur et de stupéfaction, il a coché des « C » partout, et il a signé mon bout de papier.

J’ai ré-entendu parler de ça dans les semaines qui ont suivi.
Ca avait circulé. Beaucoup.
Sans même que je m’en rende vraiment compte, ça a été le coup d’éclat de mon externat.

25 Réponses à “E(x)ternellement, votre très humble et très dévoué serviteur”

  1. lawrence Dit:

    C’est tellement vrai, comme histoire.
    En fait, comme chacune de tes histoires…
    Et la fin est grandiose.
    Merci pour cette histoire, et toutes les autres (je crois que je n’ai jamais eu l’occasion de te le dire).

  2. Monsieur J Dit:

    Incroyable…
    Ton blog devrait être lu d’office à tous les P1 de France et de Navarre.

    Sinon Jaddo, t’es vraiment une caille-ra :-)

  3. dJe Dit:

    Et, heu, juste pour savoir, quelle espèce d’impact a ce bout de papier rempli à la va-vite sur la suite de ton exter/internat ? (mise à part développer, ou non, ta capacité à accepter qu’un saucisson, ou dérivé proche, puisse avoir un quelconque pouvoir de décision sur ton avenir sans même avoir su que tu existais avant que tu l’honores de ta joues-roses-couettes-blonditude)

  4. Gabi Dit:

    des noms! des noms!
    je plaisante…
    on croise tout un tas de saucissons pendant le cursus, des « qui pensent que eux y-z-en ont bien chié de leur temps », des « qui pensent que le mot externe a la même éthymologie que le mot esclave », des « qui connaitront jamais ton prénom au bout de 4 mois », des « qui veulent jouir de leur ascendant »…. c’est consternant.
    tous des saussiflards de grade E, avec la nécrose…
    pas de nom, y s’reconnaitront…
    merci Jaddo*

  5. Marie Dit:

    Joli papier, encore une fois, plein de merci et de bravo pour ce que tu nous donnes à lire :-)

  6. Bruno S Dit:

    Vachte bien, comme d’habitude…
    J’ai bien sûr vécu la même chose (un premier stage de chir en uro) et suis encore agacé et honteux (ta faute jaddo), de m’être senti obligé de venir ne rien faire !
    Mais attention parfois, ce genre de stage est très utile, c’est dans un de ceux là, où l’externe devait simplement recopier la créat en rouge, la kaliémie en vert (où l’inverse, oups j’ai oublié !!! ) que j’ai croisé celle qui est devenue et restée ma douce et tendre…

  7. hoax Dit:

    Mais du coup … Sans vouloir remettre en cause l’accueil détestable qui t’as été réservé, tu n’as pas pensé à aller voir le chef de service avant la fin de ton stage ?

  8. TITI Dit:

    Encore une fois, j’ai l’impression de lire ce que j’ai vécu !
    Moi, c’était en chirurgie viscérale, et on recopiait de la biologie toute la matinée sans rien d’autre de plus intéressant….(sauf en garde, et comme je ne revisais pas l’internat, j’en ai repris plein aux collègues et j’ai pu en tirer un minimum de savoir faire ).
    Et on a oublié ma validation, ce qui fait que j’ai du retourner avec dans le service, et que j’ai rencontré le chef pour la première fois (….): et moi aussi , une fois la validation signée,( pas folle la mouche), je lui ai dit que quand même, il devrait plutôt embaucher des secrétaires et nous apprendre notre métier …Lui,il a plutôt réagi genre amusé: je crois qu’en fait , il le savait tout ça et qu’il s’en contref…Et que peut être je n’étais pas la première à lui faire la remarque…En tout cas, je ne sais pas s’il y a eu du changement après…

  9. Tam Dit:

    quelle patience jaddo ! je persiste quelques jours dans ce genre de stage et puis en général après je reste au chaud chez moi clouée au lit par le syndrome de la plante verte à déprimer et me dire que je ne sers à rien…

  10. Thomas Dit:

    Comme d’hab, c’est tellement juste et fin…

    Par contre, il faut arrêter de poster plein d’articles pour venir ricaner chez moi, hein…

  11. Knackie Dit:

    Une fin des plus délicieuses.
    Le déroulement des stages d’externes est parfois désolant…

  12. Rrr Dit:

    > A Lawrence : il me semblait pourtant que si. En tout cas, dans ma tête, c’était tout comme ;) Et faut que je trouve, décidément, le courage des 3 clics pour mettre votre URL à jour là à droite. Si si, je vais le faire.

    > A Monsieur J : merci plein. Et ouech man. Si si.

    > A Djeh : aucune. Tout le monde s’en branle. Je crois bien que j’ai un dossier, quelque part, avec mes appréciations de stage d’externat, et mon super-méga-dossier de stage de P1 que j’avais été TELLEMENT fabuleuse qu’ils m’avaient mis la note max partout, et qu’il fallait faire un dossier si on mettait la note max partout pour expliquer pourquoi j’étais à ce point merveilleuse. Je ne sais foutrement pas à quoi il sert et dans quelles circonstances il est lu.

    > A Gabi, Bruno, Titi, Tam, Knackie : Et pourtant, j’ai vraiment un bon souvenir de mon externat. Même de certains stages à rangement-de-bilans-biologiques-et-de-troutroutage-d’examens-complémentaires. Celui là, de stage, il était… mmm… oppressant. J’ai vraiment un souvenir lourd et douloureux de ces couloirs blancs et vides. Ce n’était même pas que je faisais un travail inintéressant ; j’étais un fantôme, dans un service fantôme. Rien, personne, jamais, nulle part. Je ne croisais personne, je ne disais bonjour à personne le matin, je ne disais au revoir à personne le soir. Je ne me souviens de personne. Que des néons rouges et des portes blanches, et des couloirs vides avec moi au milieu. Bouh.

    > A Marie et Thomas : merci pour ici et merci (encore) pour vos là-bas de chez vous aussi. Et je ricane SI JE VEUX.

  13. xavier Dit:

    pourquoi est ce que ton histoire écrite en 2009 aurait pu se passer en 1989 ? je remarque qu’en 20 ans rien n’a changé, que les externes de l’époque sont devenus les chefs actuels et qu’ils reproduisent exactement les mêmes schémas . les études de médecine sont une accumulation de perte de temps. l’enseignement est fait par des super techniciens qui n’ont pas une once de pédagogie ( ni d’humanité souvent ). j’ai vraiment appris mon métier dans les hôpitaux dits « périphériques » et certainement pas au CHU. copie a revoir en 2029 ?

  14. Tam Dit:

    rrrrr, ça veut dire que tu as majoré ta P1 ??? :-p

  15. Rrr Dit:

    Ah mais non, super pas, quel calcul bizarre vous a amené à dire ça ??

  16. dJe Dit:

    Hey, ton machin, s’il n’est lu par personne, moi ça m’intéresse. En vrai. Rien que l’idée qu’on puisse s’être consciencieusement retourné l’encéphale, et tous les appendices mineurs qui y sont accrochés, pour un bidule qui ne compte que pour ton égo justifie que la postérité passe par là.

  17. Tam Dit:

    « et mon super-méga-dossier de stage de P1 que j’avais été TELLEMENT fabuleuse qu’ils m’avaient mis la note max partout »

    mal lu ^^ mais comme je ne pensais pas qu’il y avait des stages en P1, j’ai déduit que c’était le concours où vous aviez été fabuleuse mdr ^^

  18. Rrr Dit:

    A Hoax : c’est un peu difficile à expliquer.
    C’était purement inconcevable.
    Et je ne saurais pas expliquer pourquoi.
    Aujourd’hui, avec le recul, et de retour dans un monde normal, je suis capable de dire que si, bien sûr, il aurait fallu, et peut-être même qu’il aurait accepté de me voir.
    Mais je vous rappelle que je vivais dans un monde où laisser un mot dans le casier à courrier du chef de service était quasi passible de la peine capitale. (http://www.jaddo.fr/2007/11/30/drame/)

    Je ne pourrais même pas vous dire « J’aurais eu peur de ceci, j’aurais eu peur de cela, on n’aurait pas accepté ».
    Simplement, ça ne m’a pas effleurée. Pas une seconde.
    J’étais au summum de mon courage en tapant à 3 portes par matinée.

  19. LOL Dit:

    Je vous ai découverte il y a peu.Merci pour tous ces textes excellents, désopilants parfois.
    Désolée de voir qu’en 20 ans, rien n’a changé.. j’ai fait aussi d’excellents stages de  » range radiologies »,  » trouillotages et range papiers diverses », parfois dans une piéce digne de faire cagibi ( pas de chaise pour s’assoir , observations rédigées sur le chariot à radio ) .
    A quand une formation digne de ce nom ?

  20. Bourgeois Jean-Marie Dit:

    Oui… Un régal…
    Un régal de forme et de fond. Bravo et merci.

    Bon : mais quand j’ai dit ça (« un régal »), je n’ai rien dit.
    Vient la vraie question : « Pourquoi diable, m’exclame-je, un régal »…
    C’est déjà bien de se régaler…et encore mieux de le lui dire.
    Oui, mais (repetita placent) : « Pourquoi conclus-je et écris-je, ainsi : Un régal… »

    CAR, figurez-vous que :
    Je ne suis pas, a priori, la cible idéale prête à admirer ce style de potache en fin d’études, secondaires de préférence.
    Oui : je suis Chef de Service d’Echographie d’un grrrand Hôpital Universitaire (ou plutôt : j’étais. Bon…Suis devenu, retraite aidant, généraliste dans le privé. Passons… Ou plutôt : restons y)
    Donc, disais-je : Oui, Madame à couettes. Moi, Chef de Service, Madame. Yesse : moi, Chef…Moi recevoir stagiaires externes…Moi, avoir bon statut social. Moi, prof. Je signe moi, madame, les certificats des externes…

    Or toute ma longue carrière fut vouée à « ne pas faire comme les autres ».
    Tout un programme. Un plan ? Oui. Mais pas un plan de carrière, bien sûr… Un échec ? Un échec de carrière ? Non, pas tout à fait. Voulu, conscient et programmé, ça devrait s’appeler une réussite, non ?. Pas de carrière bien sûr.
    Je ne détaille pas.
    Alors quoi ? Regrets ?
    Alors, vaguement revanchard sur mes brillants ex-collègues (le genre du vôtre : forcément brillant. Puisque absent. Moi j’étais toujours présent. Eh oui… Evidemment. Passons à nouveau), j’ai ri à en perdre haleine, avec ma fille qui nous lisait, en famille, votre prose bretecherienne. Faut dire que ma fille est médecin généraliste. Installée. Oui : elle aussi a fait (si on ose appeler ça : « faire) ses stages.
    Comme vous.
    Et d’écouter ma fille vous lire fut un régal des oreilles et du coeur.
    Nous rîmes ensemble jusqu’à l’apnée. Hoquetante et embuée, elle n’arrivait plus à vous déchiffrer…J’en ris encore… Et plus qu’un autre de vos lecteurs, sûrement. Vous savez pourquoi, maintenant.

    Merci de ce moment. Superbe…
    Euh… non : la superbe, c’est l’orgueil, non ?
    Non, non, surtout pas superbus…, surtout pas.

    Un régal. Oui, donc : un régal. Dans la forme et dans le fonds.
    Ca sert la forme ? Oui, ca sert. Ca sert à passer le fond.
    Bravo pour ce fond là… Essentiel.

  21. externeengyneco Dit:

    salut,je sais que c’est arrivé a tous les medecins pendant leur externat d’avoir l’impression de ne servir a rien…et moi ca m’est arrivé pas plus tard que ce matin en gynéco!!alala c’est vraiment dur de s’imposer dans UNE salle d’accouchement entre TOUTES les sages femmes du service,+ les ESF+ tes co externes qui sautent comme des « hyenes » des qu’il y a un truc a voir!!pfou,on se croirait dans grey’s anatomy: il faut se battre pour assister a une cesarienne!!

    PS:mdr pour le super sens de l’orientation!!moi c’est pareil!

  22. La vie (où est le) mode d'emploi (?) Dit:

    « savoir d’un homme qu’il allait mourir sans connaître la couleur de ses cheveux », c’est qu’une des phrases que j’ai retenues… je repars avec.

  23. le diagon Dit:

    Il était chauve

  24. bientot DR Dit:

    hi hi j’ai eu le même stage. Couloirs vides et salles énigmatiques.

  25. bientot DR Dit:

    externe en gynéco : un truc qui marche à tous les coups (ou presque), soudoie les avec des croissants

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