A la fin de l’envoi…
30 décembre, 2011
Je suis troublée.
Dans la vie, je n’ai jamais été une grande toucheuse.
Parce que dans la vie, on le sait bien, y a grossièrement les toucheurs et les non-toucheurs. On a tous un copain comme ça (ou alors on est ce copain comme ça) qui ne peut pas s’empêcher de vous toucher, toutes les trente secondes. Il fait une blague, bam, il vous colle une tape sur l’épaule. Il commence une phrase par « Tu sais », paf, il colle sa main sur la vôtre. On a tous une grand-tante qui nous caresse les cheveux d’un air distrait en nous parlant. On connait tous quelqu’un qui ne peut pas s’empêcher de se mettre à 30 cm de vous pour vous causer. Envahissement d’espace vital, c’est juste insupportable.
Je ne suis pas de ceux-là. Sors de là, t’es dans mon cercle.
Et je me suis rendu compte que dans mon métier, j’étais une sacrée toucheuse. J’arrête pas. Je tripote mes patients à longueur de temps.
Genre je laisse une main sur leur épaule pendant que j’ausculte le dos.
Souvent, je m’assieds à côté des gens, pour l’auscultation pulmonaire. Ils sont assis sur la table en face de moi, et c’est quand même plus pratique. Alors je m’assieds à côté, à gauche, je pose ma main gauche sur l’épaule gauche, je me penche un peu et j’ausculte le dos de la main droite. Des fois, nos cuisses se touchent, du coup.
Quand ils sont couchés, je me penche. Parce que je sais pas. Déjà, si faut voir un truc, j’ai besoin d’avoir mes yeux à 5cm. Je suis myope comme une taupe, certes, mais à 30 cm avec mes lentilles, je vois quand même clair. Or, j’ai pas besoin de voir clair, j’ai besoin de voir GROS. Mes internes me reprenaient sans arrêt sur mes sutures, parce qu’au bout de 4 points je finissais systématiquement le nez collé sur la plaie.
Je regarde entre des orteils, je me penche. Nez sur le pied. Et je me dis que si j’étais patiente, j’aimerais peut-être moyen ça.
Et c’est la même chose si je regarde un pénis.
Quand ils sont couchés et que j’ausculte le cœur, je me penche aussi. Je suis mieux concentrée comme ça, allez comprendre. Si je passe sur le poumon gauche, celui le plus éloigné de moi, je me penche encore. Je suis quasiment collée au patient. « Respirez fort », je dis. Gentiment, les gens tournent la tête, parce que là, en respirant fort, ils me respirent direct sur le visage. Si j’étais patiente, je ferais pareil.
Quand ils se couchent, souvent, on dirait qu’ils s’imaginent que je vais leur sauter sur le bras pour prendre la tension. J’ai encore rien fait, j’ai rien dans les mains, je comptais pas commencer par ça, mais ils se couchent et ils me tendent leur bras raide à 45° au-dessus du lit. Sauf que la tension, je la prends au repos, avec le bras le long du corps, détendu. La tension c’est fiable si les gens sont décontractés ; pas au garde à vous, raides comme la justice, avec le bras tendu et le poing serré, et la frousse d’être chez le médecin. Du coup j’attrape le bras et je le repose sur le lit, doucement, et souvent je le caresse un peu dans la foulée.
Dans ma tête à moi, dans mes gestes, c’est une façon d’exprimer « Là, là, pose, détends, relâche, tout va bien. » Mais bordel, je me rends compte que je caresse le bras. De haut en bas, du plat de la main, sans aucune raison médicale valable.
Je peux pas commencer une consultation sans serrer une main. Même des touts-petits. C’est autre chose aussi, en plus ; c’est une façon de poser le contact, c’est une façon d’ouvrir la consultation, c’est un moment de sas entre la salle d’attente et la consultation qui commence. (Et puis les petits adorent ça, qu’on leur serre la main. Je m’agenouille, je me mets à leur hauteur et je serre la main. A deux ans, ouais. Ils adorent ça. Je pense que ça participe en bonne partie à tous les « Ohlala dis donc, vous êtes douée, hein, il est jamais sage comme ça d’habitude » que je récolte à la fin de mes consultations pédiatriques, mais c’est un autre sujet.)
Bref, tout ça pour dire que même nourrisson, même avant l’âge du serrage de main, j’ai besoin de toucher avant d’entamer ma consult. Un doigt sur l’épaule peut suffire.
Quand je vérifie des grains de beauté sur le dos, j’y vais au plat de la main. Genre comme si mes yeux suffisaient pas.
Pourtant dans la règle ABCDE, y a pas d’histoires de relief ou de texture, hein.
Quand j’examine un bébé, j’ai toujours une main qui traîne. J’écoute le cœur, j’ai une main sur la jambe. Je regarde les yeux, j’ai une main sur le ventre.
Dans ma tête à moi, dans mes mains, c’est « Là, là, tout va bien, moi-gentille. »
Je me suis rendue compte de ça effarée l’autre jour, parce que je pense que si j’étais patiente je le vivrais peut-être super mal.
J’ai réfléchi. Beaucoup. Pour savoir pourquoi je fais comme ça, pourquoi la non-toucheuse de la vie se transforme en toucheuse de la médecine.
Je n’ai pas de réponse. J’ai l’impression que j’ai besoin de ça pour mieux comprendre mon patient. Ça n’a pas beaucoup de sens, pourtant, je m’en rends bien compte.
J’ai besoin de le toucher, de le sentir, j’ai besoin de proximité, j’ai besoin de sentir sa peau sous ma peau.
Et la phrase « J’ai besoin de sentir sa peau sous ma peau », celle qui me vient spontanément des tripes quand j’essaie de comprendre, à la relire, je vois bien que ça sonne érotico-je-sais-pas-quoi. Et dieu sait que ce n’est vraiment, vraiment pas la question. C’est strictement la même chose pour un homme, une vieille femme, un nourrisson.
Je ne sais pas, comme si le toucher me permettait de mieux m’approprier la personne, de mieux la deviner, de mieux rentrer en contact avec elle.
Ça m’effraie un peu, parce que je me dis que c’est peut-être très mal vécu en face.
Dans mes moments d’optimisme, je me dis que les gens doivent bien le sentir, que ça n’a rien de déplacé, que c’est bienveillant, que c’est une question de contact au-delà du charnel. Que d’ailleurs, je n’ai jamais senti de malaise ou de frein, qu’on ne m’a jamais rien dit.
Dans mes moments de pessimisme, je me dis qu’on ne dit pas à son Docteur « Hey oh, hey, mon espace vital ! » . Qu’on rentre chez soi mal à l’aise et troublé en se posant des questions. Qu’il faut peut-être que je me force à me surveiller mieux.
Et puis, quand j’imagine me surveiller mieux, arrêter de toucher les gens, je n’arrive pas à m’imaginer faire du bon travail, j’ai l’impression que ça va me manquer, que ça ne sera « pas pareil » , qu’il me manquera quelque chose. Un sens, du sens.
Du coup je me tâte.
Mouahahah.
30 décembre, 2011 à 0 h 45 min
J’adore ce billet, il me fait penser à mon métier.
Rien à voir je sais, mais je pense que ça fonctionne de la même manière. Moi je ne peux pas parler à mes chevaux, alors j’arrive, je les touche pour leur dire bonjour, sentir leur énergie (stressé, détendu, endormi, joyeux, …), ça les rassure, ça me rassure.
C’est un échange non verbal, mais c’est l’échange le plus important, bien avant celui par lequel que les fait travailler une fois que je suis sur leur dos. S’ils ont eu confiance quand je les ai touché pour la première fois, ensuite ils se livrent beaucoup mieux dans leur travail, ils me font confiance.
Je crois que c’est le plus bel échange, et je crois que vos patients en on conscience, sinon ils ne reviendraient pas ;)
30 décembre, 2011 à 0 h 47 min
Merci de nous aider à nous interroger sur tous nos gestes gestes pratiqués avec une réelle empathie mais parfois bien envahissants.. (tu rappelles à mon souvenir une histoire qui fera surement un billet un de ces jours).
Tu aurais pu être sage-femme ! Pour nous, le contact est quasi une religion. Je ne parle pas des examens mais de tous ces gestes fait, en particulier lorsqu’une femme est en travail, quand nous ne communiquons plus par les mots mais par le toucher, le souffle et le regard…
30 décembre, 2011 à 0 h 47 min
Les patients ne sont pas stupides. Je pense qu’on sait différencier un contact médical et attentif d’une caresse douteuse. Keep calm and carry on.
30 décembre, 2011 à 0 h 48 min
Sauf avec mes bien-aimés (par bonheur) et sur la ligne 13 (pas le choix), je suis du genre Touche pas à mon espace vital dans la vie de tous les jours.
En revanche chez un soignant, c’est tout différent, on est là pour vérifier ou réparer la carcasse et son contenu et je ne saurais être plus troublée qu’en apportant ma voiture chez le garagiste et qu’il soulève le capot. À part si je sens chez l’autre un trouble ou qu’il a déjeuner juste avant d’un welsh rarebit (?) au maroille on est dans le mécanique pas dans le sensuel ou alors seulement le sens de la souffrance (Ça vous fait mal quand j’appuie là ?). Par exemple lorsqu’on accouche, on se fout un peu de savoir ce que les présents voient par en bas, ce qui compte c’est de permettre au bébé de passer, la pudeur peut aller se rhabiller.
En revanche je me suis aperçue que je préfère si ça peut disposer d’un coin un peu discret pour me déshabiller / rhabiller peut-être parce qu’on revient alors vers des gestes du quotidien et qui à l’ordinaire sont de l’ordre de l’intimité. Va comprendre …
30 décembre, 2011 à 0 h 48 min
pardon, déjeuné.
30 décembre, 2011 à 0 h 49 min
Moi je fais partie de ceux qui ne touchent pas et du coup j’interprète chaque geste que peuvent avoir les autres envers moi et j’ai beaucoup de mal à laisser quelqu’un entrer dans mon espace vital (hors amoureux et médecin).
Pour le médecin ça ne m’a jamais posé problème, inconsciemment j’ai toujours accepté, ça fait partie de son job pour savoir si tout va bien.
C’est comme se déshabiller devant lui.
Il a son costume de médecin, donc on sait qu’il pense et agit en médecin pour nous soigner.
30 décembre, 2011 à 0 h 54 min
Oh ce mot de la fin, Merveilleux !
Mais pour votre problème existentiel, j’ai des amis qui passent leur temps à poser des mains sur les bras, sur les cuisses, qui ne peuvent pas parler sans, et j’ai clairement du mal à le supporter.
Cependant, rassurez-vous, chez le médecin, on s’attend à être touché, à devoir se déshabiller, à être ausculté, alors une main sur l’épaule de plus ou de moins, il n’y a pas franchement de différence, D’autant plus si ça peut aider le diagnostique, ou du moins le docteur.
C’est peut être ça au fond la différence, là, chez vous, sur cette table, on sait qu’on y va pour ça, on fait la démarche de vous laisser entrer dans le cercle, d’où le bras tendu 45° « Vas-y prends là ma tension ». Au restaurant, même entre amis, beaucoup moins, d’où le « sors de mon cercle ».
30 décembre, 2011 à 0 h 55 min
Hello Jaddo, encore un super post comme toujours.
Je vais souvent chez le médecin, je ne suis pas hypocondriaque, je suis juste une personne « pas de chance ». Certaine fois, ce sont pour des choses pas très commodes et même si mon doc est un homme, le fait qu’il me « touche » me rassure toujours étonnement! Une main sur l’épaule, sur le bras ou le ventre, ça nous met en confiance, nous montre que voila, le médecin en face de nous, il est peut être déborder, fatiguer mais il prend soins de nous, il est patient, il prend le temps de nous mettre en confiance.
Je suis certaine que la moitié des patients ne s’en rendre même pas compte, mais si leur médecin agissait plus froidement, sans ce « toucher », ils le remarqueraient tout de suite.
En tout cas, je suis certaine que quand je serai médecin, je resterai une personne très tactile. Je crois que c’est une bonne chose.
Continue comme ça Jaddo, tu m’inspires !
30 décembre, 2011 à 0 h 57 min
@gilda Voilà, bin par exemple, plus la personne doit se déshabiller, plus l’examen est intime, plus je me barre systématiquement de la pièce pour le déshabillage / rhabillage. Revenir dans une pièce avec une patiente allongée en position gynéco les cuisses écartées me paraît (paradoxalement ?) beaucoup moins dérangeant que d’être là pendant qu’elle s’installe.
Bon après, c’est aussi que c’est un super prétexte pour prendre 45 secondes pour aller twitter, aussi.
30 décembre, 2011 à 0 h 58 min
Un médecin qui ne touche pas ça s’appelle un radiologue. Et un radiologue ça ne guérit personne.
Donc si tu touches pas, tu guéris pas.
Bises à mes amis radiologues pour cette plaisanterie.
30 décembre, 2011 à 0 h 59 min
Je suppose que ça dépend aussi de la tronche du docteur, non ?
Je veux dire : le contact dans le cadre médical, avec des soignants sains (dans leur tête du moins), ne (me) pose aucun problème, moi qui déteste être touché.
Mais il y a des personnes qui ne me donnent juste pas envie d’être touché. Enfin en tout cas il faut que je me raisonne.
P’t’être qu’il y a un effet couettes aussi ?
30 décembre, 2011 à 1 h 00 min
Le coup de serrer la main aux tout-petits, je trouve ça génial. Notre médecin salue ma fille à part, en s’adressant bien à elle, et on voit que ça lui plaît.
Si on me demande mon avis, que le médecin me touche ne me pose pas de problème, au contraire, j’ai l’impression qu’une barrière désagréable est entre nous s’il(elle) ne me touche pas.
On sait que le contact du médecin est professionnel, on le sent, c’est comme le gynéco décrit une fois par un mari assistant à une consultation « aussi pro qu’une feuille blanche » (je sais plus où j’ai vu/lu ça), ben pour moi le médecin c’est pareil.
Le contact n’est pas complètement froid du fait du professionalisme, au contraire, il est humain, simplement.
30 décembre, 2011 à 1 h 13 min
Il y a peut-être un patient ou l’autre qui se demande s’il n’y a pas un peu plus que la relation médecin-patient, si cette proximité n’est l’expression d’un désir. Suivant la façon dont ça se passe, je pourrais me poser la question.
Je me suis déjà posé de sérieuses questions en rencontrant la compagne d’une connaissance. Elle me regardait avec insistance, d’une façon qui semblait dire « toi et moi, on laisse ce gros naze et on fait ça comme des bêtes à côté ». Ce n’est qu’après en avoir parlé avec mon voisin de table, 100% homo, qui avait eu la même impression, qu’on a fini par se dire que non, ça devait être JUSTE une impression… Malaise tout de même à chaque nouvelle rencontre.
30 décembre, 2011 à 1 h 18 min
C’est amusant, moi qui suis une « non-toucheuse » absolue (et après 6 ans de métro je continue à me crisper toujours autant quand je sens que quelqu’un va oser s’asseoir sur le strapontin à côté du mien, et même peut-être effleurer mon bras avec son coude), j’ai remarqué qu’il y a certains contextes, certaines situation, où le toucher est « légitime », et donc accepté tout à fait, sans aucune gêne.
Déjà, en famille, ma petite sœur est très câline, donc il a bien fallu apprendre à « toucher ». Bon, ça, à la limite, ça semble bien naturel.
Mais il y a aussi d’autres situations, qui ne relèvent pas du tout du domaine du familier. La danse, par exemple. Quand je danse avec quelqu’un (genre danses à deux, rock, salsa et compagnie), le contact (nécessaire pour l’occasion) ne me pose aucun souci, même avec le plus parfait inconnu (pour peu qu’il sache un minimum danser). Ce qui n’empêche pas que quelques minutes plus tard, au bar, le même parfait inconnu n’a pas intérêt à m’effleurer l’épaule, s’il ne veut pas que je fasse un bond de trois mètres en arrière.
Mais du coup, je pense que chez le médecin, c’est pareil, même si, mon médecin étant mon père, je ne me suis jamais posé la question. Je pense que ça fait partie des situations « légitimes ».
C’est la première fois que je commente ce blog, que j’ai lu en entier en deux semaines au mois de novembre, et j’en profite pour glisser un petit compliment : j’adore, chapeau. Et je suis contente de constater qu’il y aura encore des articles, même si j’ai eu peur d’avoir trouvé cette perle trop tard. Voilà, c’est tout.
30 décembre, 2011 à 1 h 19 min
2000 demandes de plus pour t’avoir en médecin traitant ..
(ça me rappelle le mec qui touche dans scrubs xD)
30 décembre, 2011 à 1 h 24 min
Effectivement, ta réflexion entraine notre réflexion.
En tant qu’infirmière, j’entre en contact physique avec les patients, moins que mes collègues Aides soignantes et que les externes, mais pourtant plus souvent que je n’en suis obligée par mes soins.
Pourquoi il m’arrive de toucher les patients?
Peut être parce qu’ils semblent démunis, trites… et qu’après un contact physique ça va mieux, ils se sont sentis écoutés.
Ou encore quand je sens que quelque chose « se passe » sans comprendre ce que c’est, le contact physique permet alors de dénouer la situation et ainsi de relacher la tension qui aurai pu s’installer.
Je pense que le toucher relationnel dans la relation soignant soigné, améliore la qualité de celle ci.
Bonne soirée et merci pour toutes vos anecdotes.
30 décembre, 2011 à 1 h 27 min
Je suis du genre « pousses toi de mon espace », je ne tripote pas les copains et amis en parlant parce que je trouve cela inconvenant et envahissant inutilement et surtout ça ne me vient pas à l’idée.
Par contre lors d’une consultation médicale le contact et l’entrée dans mon espace privé ne me pose aucun problème, je ne le ressens pas comme une violation de domicile.
Mon ancien médecin était très tactile, un peu dans ton genre à priori, et très volubile aussi entre les phase d’examen pure, ses multiples touchers, approches très proches etc ne m’ont jamais gênées, ni même les conversations poursuivies à moitié à poil, c’était normal.
Depuis son décès je vois une doctoresse qui est bien moins tactile, moins bavarde, plus dans la retenue et la réserve. Le contact humain et la confiance ont été très longs à se mettre en place, en fait à plusieurs reprises j’ai été à 2 doigts de partir mais techniquement elle est bonne, elle sait aussi reconnaitre qu’elle n’est pas infaillible et n’a pas la science infuse et elle est proche de chez moi et facilement visible, j’ai donc persisté, il aura fallu presque 3 ans pour qu’une relation plus cordiale, chaleureuse, s’établisse.
Si elle avait été plus kinesthésique et diserte est ce que cela aurait été plus rapide ? Probablement car son remplaçant l’est et en très peu de consultations avec lui la relation était plus ouverte qu’avec elle.
Donc ne change rien ça aide à se sentir pris en considération en tant que malade/patient, en quelque sorte l’expression « pris en main » prend là tout son sens. On remet entre les mains du médecin ce corps, qui nous joue un sale tour ou ce psychisme qui déraille, le toucher peut être apaisant.
30 décembre, 2011 à 1 h 28 min
Moi aussi, je serre toujours la main aux enfants, en me mettant à leur hauteur. Et oui, absolument, ça compte dans le fait qu’ils chouinent vachement moins.
En te lisant, je m’aperçois que j’ai aussi un tic qui ne correspond à rien de vraiment médical. Souvent, juste avant l’auscultation cardiaque, la première étape de mes bilans souvent très systématiques, je pose la main, à plat, comme pour un thrill que je n’ai jamais. Par contre, je crois que cela signifie « début de l’examen », comme la main sur l’épaule signifie » fin de l’examen », retour à la parlotte.
Paradoxalement, une façon de borner, donc de dé-érotiser le toucher.
30 décembre, 2011 à 1 h 32 min
Bonjour, moi je suis comme toi,ds la vie courante je reste à distance, et je n aime pas non plus que l on me touche ou que l on envahisse mon espace vital …
Ds mon cabinet avec mes patients que se soient les enfants , les adultes , je touche beaucoup aussi.Je laisse ma main sur l épaule en écoutant les poumons ,je repose tranquillement le bras lorsque je prends la ta,je laisse ma main sur la jambe d un enfant en écoutant le cœur .Et tout comme toi , tout ça je le fais naturellement , sans y penser parce que ,c est exactement ce que tu dis, ça n a rien de déplacé ,c est juste bienveillant , pour dire que je suis la et que j accorde toute mon attention a leur personne .Et je pense que eux aussi le ressente de cette façon
Moi aussi , je me suis parfois demandée ,pourquoi je faisais de cette façon alors que j ai horreur que l on ne respecte pas mon espace vitale ….ms j ai l impression que pour bien soigner les gens…..je ne peux pas faire autrement
30 décembre, 2011 à 1 h 35 min
Je suis une patiente, qui déteste allez chez le médecin.
Il y a déjà le côté : je suis mal et je vais devoir e montrer. De fait, je ne suis pas une bonne cliente ;)
Après avoir lu votre billet, je me suis dis : elle a raison, ça fout les boules !
Entendons nous, de votre point de vue, je trouve ça tout à fait normal et même rassurant sur votre empathie. Le truc avec les gosses, c’est génial.
Du point de vue du patient, ou plutôt de mon point de vue, c’est tétanisant.
Pour moi, le toucher est du domaine de l’intimité. Et, malheureusement, je ne suis pas intime avec mon médecin, même avec celui qui m’a vue naître (paix à son âme, c’était un médecin génial)
Tout d’abord, il y a l’interrogation « c’est pas un pervers ? » et autres paranoïas. Mais je suppose que c’est surtout lié au sexe du médecin.
Mais surtout, être chez le médecin me fait sentir impuissante, fragile. Et effectivement, on ne se sent pas autorisée à dire « Eh, Oh, pas touche là ! »
Même si je sens que ce n’est pas malsain, que c’est juste pour apaiser, je ne pourrais m’empêcher de me dire qu’il entre dans mon intimité sans que je ne le lui ai autorisé.
En y réfléchissant, il se peut que s’il me dit « je vais toucher votre épaule pour mieux sentir votre respiration », ça passerait beaucoup mieux.
Pour finir, mon nouveau médecin (celui de ma vie d’adulte) ne me touche pas. J’ignore s’il me soignerait mieux en me touchant, pr l’instant ça va, mais je l’aime bien. Sans doute m’apprivoise-t-il pour le moment ;)
30 décembre, 2011 à 2 h 13 min
« Et c’est la même chose si je regarde un pénis.»
Attention, si c’est UGP tu vas le prendre dans l’oeil.
Pour ne pas que ce commentaire se résume à une remarque graveleuse, je dirais qu’il y a des enfants qui apprennent la leçon quand on leur dit « regarde avec les yeux, pas avec les doigts », et d’autre qui ne la retiennent pas.
Savoir pourquoi ça s’exprime dans un cadre professionnel et pas ailleurs, c’est une question à poser à un psychologue, même si je pense que personne n’appréhende son travail de la même façon que sa vie sociale (et je dis appréhender au sens le plus concret du mot).
Typhon
30 décembre, 2011 à 2 h 18 min
d’abord la myopie parce que c’est mon job :c’est normal pour un myope d’aimer être près de ce qu’on regarde même si on est bien corrigé …et puis tes lentilles tu les fais vérifier hein ? peut être que ta myopie elle a un peu augmenté depuis le temps que t’as pas vu l’oph
bon ça c’est fait comme on dit …
super idée que de serrer la main aux mômes je ne l’avais pas eue, d’habitude je n’aime pas trop serrer les mains.
je touche mes malades dès le début de mes consultations pour les tourner vers le refracto j’ai pris l’habitude de les rassurer ou même de bredouiller une forme d’excuse au moment où je pose la main sur leur épaule pour les tourner. sinon je touche les paupières et parfois les mains (dans certains cas) ou je cherche les oreilles pour y accrocher ma monture d’essai.j’avoue que j’ai bien aimé au début la distance que créait l’appareil entre moi et mes patients.
je me souviens d’un de nos premiers cours de psy où le prof a déclaré : « vous avez fait médecine pour toucher des corps nus » je me suis toujours demandé s’il voulait dire que c’était notre but secret(auquel cas nous serions limite pervers) ou s’il estimait que ce toucher était un passage obligé…
comme tu le vois ce post provoque bien des réflexions.
30 décembre, 2011 à 3 h 09 min
Ce n’est pas le toucher qui crée le malaise, c’est le regard. Tu peux toucher mille fois avec un regard bienveillant. Et effleurer une seule avec des yeux lubriques. Je touche sans arrêt. Sauf ceux que je pourrais désirer. Eux, je les regarde.
Intensément.
30 décembre, 2011 à 4 h 56 min
Psychologue, je travaille principalement avec des enfants sans langage. Je leur parle beaucoup, bien sûr… Mais le contact physique est souvent un merveilleux outil psychothérapeutique.
J’ai beaucoup appris auprès de psychomotriciennes, kinés et haptonomistes. Eux savent combien le toucher permet d’apaiser, sécuriser, établir la confiance, voire la relation avec certains patients. Un acte douloureux l’est toujours moins lorsqu’il est accompagné d’un contact bienveillant.
Sauf réaction phobique à repérer et respecter absolument chez un patient, vous auriez tort de vous passer de cette qualité que vous avez…
Dans la vraie vie, je serais aussi plutôt un peu « contactophobe »… mais depuis quelque temps j’ai trouvé un médecin qui touche. Je suis moi-même surprise de constater que je m’en trouve fort aise!
30 décembre, 2011 à 4 h 59 min
C’est formidablement troublant, comme billet. Parce que c’est exactement le genre de question que je ne me suis jamais posé chez un médecin. Dans ma tête, tous les gestes d’un médecin sont toujours calculés, pensés, estimés. Tout à toujours un but, tout est toujours là où il doit être, fait quand il faut que ce soit fait.
Alors du coup, maintenant que j’ai lu ça forcément, je me pose plein de questions, moi.
Quoiqu’il en soit, ce que je pense, c’est que votre gestuelle fait partie de vos gestes médicaux. Un médecin, ça soigne notre corps, les parties qu’on voit pas. Et ça fait un peu peur, ça, ce qu’on voit pas. Du coup si on sent qu’il touche, qu’il veut mieux voir, peut-être qu’on se dit que finalement « ça » se voit, juste que nous, on sait pas voir.
Je suis un peu bête, mais je crois que c’est l’effet que ça me fait. Et finalement, bête ou non, je crois que je préfère que ce soit comme ça ^^
P.S. : Bon bien sûr, quand ca tourne à l’ultra-palpation de compet’ ou au regard trop insistant, ça finit par mettre mal à l’aise. Mais j’ai jamais connu de telle situation, Dieu merci.
30 décembre, 2011 à 5 h 06 min
P.P.S : Moi j’ai pas d’ami qui touche. Ce billet propage de fausses idées !
30 décembre, 2011 à 8 h 45 min
Première réaction : chouette un billet ;-)
C’est très intéressant ce que tu expliques. Je ne suis pas non plus une toucheuse (je me souviens des copines de collège qui parlait en tripotant les boutons de vestes, de gilets, de l’autre, arghhhh dégage).
Chez le médecin je n’ai pour le moment eu que très rarement besoin de me déshabiller, je n’ai jamais fait gaffe à comment il écoute les poumons etc, faudra que j’observe…après peut-être que connaissant mon passé il prend des précautions en se disant qu’être touchée c’est délicat quand on a été abusé, mais ce n’est pas une généralité ça dépend de chacun.
Je pense que si ça mettait tes patients vraiment mal à l’aise ou si carrément ça leur faisait peur tu serais apte à le voir et à le ressentir.
Ce qui ressort de ton discours sur ta façon de toucher, c’est encore et toujours ta bienveillance, ton côté humain, ton envie de faire du bon boulot, d’apaiser les patients. A mon avis ça ne peut que transparaître dans ces « touchers » et il n’y a aucune ambiguïté possible.
Par contre quelque chose qui m’interpelle souvent quand je lis des médecins ou des patients, c’est ce truc du déshabillage, j’avoue que je ne vois pas ce que ça change d’avoir un coin pour se déshabiller sans regard sur soi si c’est pour se retrouver à poil devant le toubib …
Le pire étant de toute façon pour moi d’être nue , autant dire que le gynéco m’attend encore et toujours depuis bien 5 ans maintenant :/ mais là pour le coup c’est mon histoire qui joue.
En conclusion, arrête de te tâter , continue à « tripoter » tes patients ;-), tu ne le fais pas qu’avec tes mains,tu le fais avec ton coeur et ça change tout !
Bisous de Simone ;)
30 décembre, 2011 à 9 h 01 min
Bonjour.
Je suis personnellement un toucheur. A partir du moment où je communique avec quelqu’un, un contact m’est nécessaire. Serrer la main et faire la bise sont un minimum vital si l’on veut entrer en relation.
Je vois à l’aune des commentaires que je fais partie d’une minorité. Je ne me suis jamais posé de questions là-dessus…
Très bon post au demeurant.
Mais je crois que le côté « cercle de défense » en privé et « toucheur » en professionnel n’est pas incompatible dans la mesure où vous vous mettez un peu à la place des gens : « De toute manière je vais vous toucher, mon métier l’exige. Donc autant y aller tout de suite de manière bienveillante, comme ça vous saurez que je suis une amie et tout ira bien…. »
30 décembre, 2011 à 10 h 09 min
Globalement il me semble qu’on ne se touche pas assez. Et pourtant je n’aime pas les massages !
Toucher l’autre avec gentillesse ou compassion c’est le faire exister, le reconnaître . Et c’est encore plus nécessaire quand il se sent diminué, « mal foutu », moche.
30 décembre, 2011 à 10 h 10 min
Bonjour,
Moi j’y vois une référence immédiate à la thaumaturgie.
Je pense que tu devrais donc orienter tes recherches vers ta propre généalogie, de manière à déterminer si, par hasard, tu n’aurais pas un saint ou un quelconque roi de France parmi tes ancêtres.
30 décembre, 2011 à 11 h 12 min
Alors là tout pareil que toi chère Jaddo, (notamment serrer la main des petits) et j’ai déjà réfléchi un peu à cela. Il me semble que ceux qui n’aiment pas trop être touchés par le médecin sont rares et ceux là soit ils te le disent (encore plus rare), soit ils transpirent abondamment genre réflexe sympathomimétique. Quant aux médecins qui ne touchent pas leurs patients, malheureusement pour eux, seront catégorisés « froids scientifiques » quelle que soit leur empathie.
30 décembre, 2011 à 11 h 34 min
Bonjour,
je suis médecin généraliste moi aussi, et je ne suis pas non plus une grande toucheuse, sauf quand j’endosse le rôle de médecin.
Ca me fait penser à une anecdote qui m’est arrivée. J’étais à une soirée, et malheureusement une femme s’est pris un « coup de boule », trauma de l’arcade zygomatique avec plaie. Je suis allée l’examiner et la soigner. J’ai posé naturellement ma main sur sa cuisse pour m’approcher, et peut être aussi pour l’apaiser. Elle n’a pas apprécié. Sans doute la combinaison entre « soirée » + « agression » + « ne me connais pas comme médecin » même si je m’étais présentée. Je me suis excusée et puis voilà.
Le pire c’est que je ne m’étais même pas rendue compte du geste. Alors que d’habitude j’évite de toucher qui que ce soit en soirée.
30 décembre, 2011 à 12 h 29 min
C’est marrant, je me reconnais en plein, mais par contre ça ne suscite pas de grandes interrogations chez moi… ptet parce que j’y ai déjà réfléchi avant peut être.
Dans la vie de tous les jours je ne suis pas très tactile, loin de là, au grand dam de mon homme. Je préfère un grand bonjour avec un sourire plutôt que de se coller pour faire la bise…
Mais au cabinet je ne me pose même pas la question. Je serre les mains – même si une partie de moi se dit « mais oui, vas y, distribue la gastro du précédent à tout le monde » – mais ce premier contact permet de briser la glace, de rompre un peu la distance naturelle qu’il y a entre médecin et patient.
Et dans mon métier, j’aime toucher, j’aime palper, c’est essentiel. Parce que nous sommes cliniciens avant tout, et que de plus en plus on ne sait plus examiner un malade. Mes mains c’est mon outil de travail (avec un peu mon cerveau des fois), pour un examen, j’ai besoin de tous mes sens : la vue, l’odorat, l’ouie et le toucher. On oublie le gout parce que je ne suis plus adepte de la dégustation d’urines mais ça aurait pu.
Toucher c’est essentiel pour le diagnostic, mais aussi pour la relation. Chez les enfants, les bébés notamment, c’est apaisant, ça détend, ça rompt la distance. Pour les adultes aussi, je trouve ça essentiel. Je sais que je rentre dans ton espace vital, mais je suis pas une brute. Je pose d’abord ma main sur ton ventre avant de t’écraser le foie. Je pose ma main sur ton épaule avant de mettre mon sthéto tout froid dans ton dos où tu ne vois pas ce que je fais.
Je touche d’abord ta cuisse avant de mettre mon speculum, pour que ça soit le moins brutal possible.
Ne pas toucher mes malades, c’est maintenir une distance entre nous qui m’empêche de développer une bonne relation et de faire du bon travail.
Après, on repère vite les gens que ce contact gène, ils ne se déshabille pas, on est obligé de préciser que pour l’examen il faut quand même enlever le pull, même si on peut garder le T shirt. Là ils soupirent, résigné. Bon je n’insiste pas, c’est sera le strict minimum, mais je n’aime pas.
30 décembre, 2011 à 12 h 42 min
Je confirme qu’ils ne reviendraient pas si ça les emmerdait. J’ai pas de médecin traitant, je teste un peu. L’autre jour j’en testais une juste à côté de chez moi.
Elle m’a mis mal à l’aise. Elle m’a pas touchée tant que ça, mais elle m’a demandé de m’allonger, sans tee-shirt en plus, la connasse. Et elle m’a laissée là, gênée, à moitié à poil dans 3 degrés pour AUCUNE RAISON, emmerdée par cette position de grand malade alors que je venais pour une migraine. Assis c’était très bien bordel. A ce propos, votre truc en papier sur le fauteuil du médecin, c’est insupportable, on sait jamais comment se mettre dessus sans le déchirer. Un coup d’éponge entre chaque patient irait plus vite et serait moins relou, non ?
Bref pour revenir au sujet, elle m’a emmerdée bah j’y retournerai plus. C’est tout près donc j’ai bien pensé à la choisir quand même comme MT, mais je sais que j’irais jamais même sur mon lit de mort, parce qu’elle m’emmerde :(
Si ça les mettait mal à l’aise, ils ne reviendraient plus. Et quand bien même ça les mettrait mal à l’aise, personne n’a dit que chaque médecin devait convenir à chaque monsieur toutlemonde. On a le droit de choisir, encore heureux. Ma chieuse à moi, peut-être qu’un autre il aime bien être allongé en maillot de corps, ça lui donne l’impression que son rhume est pris avec le sérieux qui convient à la gravité de la situation.
Ne te change pas, c’est trop con. Il en faut pour tous les goûts!
30 décembre, 2011 à 15 h 53 min
Très joli post :)
De nombreuses études ont montré l’importance du toucher dans les relations sociales, la poignee de main ou la bise en sont les exemples les plus évidents.
De mon côté, je ne ressens pas le besoin de toucher dans le cadre privé, et je déteste que l’on me touche (même avec mes parents j’ai du mal).
En revanche : – j’aime le toucher thérapeutique : la main du médecin sur l’épaule qui rassure, le geste qui dirige aussi, qui « prend en charge »… je suis mal à l’aise si je sens que le soignant « évite » le contact ou est embarrassé par celui ci
– dans le cadre pro (je suis ostéopathe) je suis complètement « touchophile ». Je voue une quasi dévotion au Corps et je ressens aussi cette notion d’érotisme ou plutôt de « sensualité » mais qui n’a rien à voir avec quoi que ce soit de sexuel.
Je pense que le toucher permet d’exprimer l’empathie envers nos patients mais est aussi la concrétisation physique d’un partage d’intimité (maladie, problemes persos évoqués etc)…
En tous cas je trouve ça très sain et je pense effectivement que si vos patients étaient gênés vous le sauriez bien assez tôt!
Bonne continuation
30 décembre, 2011 à 15 h 57 min
Je suis toujours à la recherche d’un médecin traitant rassurant comme était celui qui me soignait quand j’étais petite : il suffisait qu’il pose sa grosse main chaude sur mon ventre et j’étais guérie…! Continuez à toucher !
30 décembre, 2011 à 16 h 03 min
il passe tant d’indications précieuses,non verbales, via ce toucher… entre le rituel (début/fin de consultation, et pr le patient, et pr le médecin ? ) , et l’utile (quelles tensions ds ces muscles, ds ce rythme respiratoire, de façon non comptabilisée/normée, mais juste rythmique, intuitive… ) …
qt au contact au quotidien, j’aime le contact avec ceux qui me sont chers , il y a une part de sincérité qui ne peut se feindre, je trouve,et qui renforce ou remplace les mots…
Mais je déteste qu’on m’impose un contact hors de ce cadre…pr entrer ds un cercle, il faut y être invité.
30 décembre, 2011 à 18 h 55 min
Lors d’un congrès dans lequel nous étions quelques médecins généralistes à tenter d’expliquer à des psychiatres ce qu’est notre métier, un de mes collègues a eu cette phrase que je trouve magnifique « certains de mes patients, je suis certain que je suis le seul au monde qui les touche ». Je suis étonné que tu n’aies jamais écrit un Raclure de Saloperie de Chierie Alacon sur le toucher ;-) !
30 décembre, 2011 à 19 h 36 min
ton alarme intérieure aurait sonné si il y avait un malaise chez les patients en face, non ?
Je crois qu’il y a de nombreuses dimensions dans le toucher qu’on ne nous apprend pas à la fac, et c’est bien dommage… Alors on fait comme on le « sent », avec ce qu’on est, et les questions qu’on s’est posé là-dessus. Maintenant que je me suis installée, j’ai fait en sorte d’avoir plein de place autour de ma table d’examen pour pas avoir à me contorsionner collée au patient pour l’ausculter ; je ne suis pas un grande toucheuse non plus, mais je serre aussi toujours la main aux enfants, je pose ma main délicatement à plat sur un ventre avant de le palper…
En fait, tu fais de l’Haptonomie sans le savoir ;o) !!!
30 décembre, 2011 à 19 h 54 min
je ne suis pas médecin, j’ai horreur qu’on m’impose le contact dans la vie courante, mais pour avoir pas mal fréquenté les médecins et hopitaux, je peux affirmer que j’adore quand le médecin ou le soignant pose une main amicale et rassurante sur moi, c’est vraiment efficace et cela crée un lien dont on a besoin quand on est malade…
Alors continues, je suis sûre que beaucoup de tes patients le voient comme ça !
30 décembre, 2011 à 20 h 08 min
Tiens ! on redécouvre le médecin aux mains nues, le chaman qui dénoue, apaise et répare;
se cache aussi parfois derrière lui le techno-palpeur qui sent les grosses b… et veut les faire sentir à tous ses externes ?
Sinon, pour ma part deux ou trois gros succès d’estime lors de massages sino-carotidiens ayant débarrassé ( temporairement faut pas pousser ) mes patients de leur tachycardie de Bouveret :
»- Ha ben ça, Docteur !
– oui, je sais, je sais … »
Et puis, à l’inverse, quelques patientes qui en deux oeillades ou un savant »balayage de frange » incitent tout de suite à limiter au strict nécessaire les impositions.
me suis bien marré aussi car je serre moi aussi toujours la main de mes petits patients et ne les tutoie qu’en dessous onze douze ans.
Ha ! le tutoiement, un autre post pour dresseuses d’Ours: c’est sans doute la fréquentation de la cambrousse, mais j’ai été effaré dès le début de mon installation du nombre de patients qui étaient tutoyés par leur MG sans pour cela que ce soit un ami ou un membre de la famille; ils ( les patients ) étaient trés fiers de cette marque de familiarité (!? ) : j’ai jamais trés bien compris pourquoi, même si de la part des MG, la plupart le faisaient avec naturel et bonhommie.
30 décembre, 2011 à 20 h 12 min
Tes patients semblent ils tendus en te voyant la deuxième, ou centième fois, à l’idée de ton contact ? quand tu t’assieds et touches une cuisse, est ce que tu sens une crispation ou un éloignement du patient, ou un changement dans la voix ?
Si tu ne sens rien de ces réticences, c’est probablement que ta pratique est harmonieuse comme ça. Si ça se trouve, tes patients aiment ton contact, parce que c’est toi.
Tu connais peut-être quelqu’un dont tu acceptes de bon coeur, ce que tu détestes chez tous les autres (par exemple, celui qui te pique des frites dans ta barquette ; ou celui qui se répand et prend de la place avec son manteau, son sac, etc. partout où il passe ; ou celui qui parle systématiquement des prix de tout, tout le temps, etc. nan, celui là est un mauv)
Tu es peut-être celle dont tout le monde accepte qu’elle les tripote, dans ton cabinet.
30 décembre, 2011 à 20 h 13 min
Zut, la fausse validation avant de réduire.
tant pis
30 décembre, 2011 à 20 h 47 min
Tu as raison. C’est un métier manuel.
30 décembre, 2011 à 20 h 53 min
Ouf Jaddo revient pour de bon !!
2 billets à la suite c’est encourageant !!
quoique le précédent je ne sais pas pourquoi j’ai l’impression de l’avoir déja lu ?
Sinon, juste comme elle, et depuis toujours,je touche très peu dans la vie et beaucoup au cabinet (et je ne parle pas des palpations nécessaires à l’exercice technique de la profession)
Je m’étais demandé pourquoi, sans que la question ne me taraude outre mesure, et j’en avais conclu peut être un peu paresseusement que cela devait être par compensation…. Puis au fil du temps je me suis rendu compte que je touchais un peu plus dans la vie de tous les jours…comme quoi…
Je ne touche pas mes patients par bienveillance ni forcément pour les apaiser, je les touche parce que j’aime ça et que cela me donne la sensation de faire vraiment mon travail et d’être vraiment dans la réalité du soin (?)
Ce n’est jamais sexuel (le sexe passe d’abord par les yeux et si cela se produit justement on ne touche plus)mais c’est toujours sensuel.
Je pense sans savoir pourquoi que mon travail est un travail manuel aussi, et si je ne touchais pas mes patients je n’aurais pas l’impression de le faire vraiment.
Et puis moi qui ai des doigts de veaux quelle jouissance de me dire que je fais un travail manuel !!
En fin de compte « alone in the dark » et sa blague sur la thaumaturgie n’est surement pas loin du compte.
Par contre n’allons pas croire que cela va plaire à tout le monde … il y a des patients que je ne touche pas (ou le strict minimum): ils ont du me faire passer le message qu’ils ne le supportaient pas bien.(ou alors c’est moi qui ne les supporte pas mais là la raison pour la quelle je ne les touche pas est évidente)
Et puis il y a tous ceux qui ont du aller voir ailleurs un médecin moins toucheur.
PS : la poignée de main au BB j’ai essayé cet après midi avec un petit déluré de 2 ans même pas : grand succès !!! merci !!
30 décembre, 2011 à 21 h 50 min
Bonjour,
Post et commentaires très intéressants. Et bien moi aussi je suis une non-toucheuse et je ne supporte pas les gens envahissants.
Mais c’est vrai que comme disait quelqu’un plus haut, quand je vais chez le médecin, c’est une démarche active. C’est moi qui y vais et donc je peux me préparer, « j’ouvre ma bulle ». Je n’ai donc aucun problème avec une main sur l’épaule, une main sur le ventre et aucun problème pour toutes les palpations chez le gynéco.
Par contre, il m’est arrivé une fois d’être très mal à l’aise chez le doc alors que c’était pour un geste médical. C’était pour une bête infection urinaire, j’étais entièrement habillée, semi-couchée sur la table. Lui était en face de moi pour me palper le ventre. Jusque là, aucun problème. Puis il a voulu me palper les reins… Donc il est resté en face de moi et a passé ses mains derrière mon dos en avançant tout son corps du coup. Et là, j’ai eu un mouvement de recul. Il s’en est rendu compte et a pris le temps de m’expliquer ce qu’il voulait faire.
Je ne sais pas pourquoi j’ai réagi comme ça ? Peut-être la surprise ou peut-être le fait qu’il n’y avait plus de bras/barrière entre nous ? Jusque là, je n’avais que son bras dans mon espace et d’un coup c’était son corps entier.
Donc je suis sûre que vous aussi vous le verriez immédiatement si un de vos gestes dérangeait! Alors continuez :-)
30 décembre, 2011 à 22 h 06 min
Bah moi, dans la vraie vie de tous les jours, j’aime pas qu’on me touche. Au point que serrer la main de mon chef le matin, ça me hérisse et que je fais tout pour l’éviter et qu’il commence à trouver ça louche. Mais chez ma charmante généraliste ;) ça me rassure si elle pose une main sur mon bras ou mon dos pour m’examiner, ça fait « là, là, moi gentille » et aussi pro et rassurant. Alors pourquoi aller contre qqch qui est un geste naturel pour le médecin et sûrement perçu comme tel par le patient qui se sent forcément « entre de bonnes mains » ?
30 décembre, 2011 à 23 h 09 min
C’est exactement ce qu’Opale/Simone dit qui me vient à l’esprit, je n’ai pas d’autres mots :
« Ce qui ressort de ton discours sur ta façon de toucher, c’est encore et toujours ta bienveillance, ton côté humain, ton envie de faire du bon boulot, d’apaiser les patients. A mon avis ça ne peut que transparaître dans ces « touchers » et il n’y a aucune ambiguïté possible.
En conclusion, arrête de te tâter , continue à « tripoter » tes patients ;-), tu ne le fais pas qu’avec tes mains,tu le fais avec ton coeur et ça change tout ! »
C’est d’ailleurs le principe même de l’haptonomie : un toucher sain, affectif, présent et bienveillant, ça apporte de la confiance aux deux personnes. Alors qu’un toucher uniquement « technique », froid, ça fait se sentir objet la personne touchée.
30 décembre, 2011 à 23 h 50 min
Super ce post.
Je te rassure, je suis exactement pareil. Je ne suis pas « toucheuse » en dehors du boulot mais en consult je ne peux pas m’en empêcher, je ne me vois pas faire autrement.
Je n’ai pas de réponse à ta question, faut il changer??
31 décembre, 2011 à 0 h 24 min
Moi je fais partie des patientes qui ont horreur d’être touchées, dans la vie comme chez le médecin. Comme je l’ai lu dans beaucoup de commentaires précédents, je pense que j’accepte parce que je sais que c’est pour me soigner. Et pourtant je n’aime pas ça, pas DU TOUT. Mais mon médecin ne m’a jamais mise mal à l’aise, alors qu’il touche beaucoup. Pour moi tout est une question de ressenti : il me met en confiance alors je le laisse faire, et sur le moment je n’y réfléchis même pas, ça ne me pose même pas de problème.
Il fait partie des médecins qui serrent la main aux tous-petits. Je le connais depuis ma naissance, et aussi loin que je m’en souvienne, il m’a toujours saluée comme ça.
En bref : continuez :-)
31 décembre, 2011 à 0 h 42 min
Timide dans la vie de tous les jours, voire même un peu farouche, très souvent victime du syndrome de la Blouse Blanche, on pourrait croire qu’un comportement très tactile comme le tien me ferait fuire. Et bien non, je crois plutôt que c’est le fait de me retrouver en petite tenue devant quelqu’un qui garde ses vêtements qui fait grimper ces foutus chiffres. Une main sur mon épaule serait la bienvenue pour calmer la machine tout de suite. La preuve, c’est que la plupart du temps, ils (les chiffres) redescendent à des valeurs raisonnables à la fin de l’ausculation.
Tout ça pour dire que le patient sait ce qu’il attend au cabinet, qu’il ne vient pas là pour prendre le thé et que, quel que soit son tempérament, il parvient (plus ou moins facilement) à céder de son espace vital.
Moralité : reste la même !
31 décembre, 2011 à 5 h 09 min
Je n’ai jamais eu affaire a un medecin toucheur, mais je prends des cours particuliers de chant qui impliquent beaucoup de contact physique, surtout sur des zones vulnerables (ventre, poitrine, gorge, colonne vertebrale). Et surtout dans un rapport de pouvoir, etudiant/enseignant ou patient/medecin, effectivement ca peut creer un malaise.
Une facon tres delicate et efficace, dans mon vecu, de dissiper ce malaise, c’est d’oraliser. Annoncer simplement, « je vais mettre la main sur votre ventre », « je vais toucher votre dos », « je vais repositionner vos epaules ». Je trouve que prendre la parole ouvre la possibilite d’un « non », « attendez », « doucement » ou au contraire, la plupart du temps, « OK » – donc donne a celui qui va etre touche le pouvoir, et le temps aussi, de consentir.
Paradoxalement, je trouve qu’un toucher maintenu (une main sur l’epaule entre differentes palpations) est beaucoup plus rassurant que de multiples touchers discontinus. Comme si c’etait uniquement la prise de contact entre les deux peaux qui etait derangeante.
31 décembre, 2011 à 11 h 00 min
coucou Jaddo!
c marrant ce post!
je ne suis pas du tout une « toucheuse » mais pourtant à 28 ans je recommence les études et me tourne le plus naturellement du monde vers… la masso-kinésithérapie! et là ça ne me dérange pas le moins du monde.
Alors c’est sûr ce n’est pas le même contexte, mais à partir du moment où tu commence ta consultation en touchant la personne, c’est un peu comme si tu disais « c’est bon, je vous prend en charge, vous pouvez me faire confiance »
En tout cas c’est toujours un plaisir de te lire. Bonne continuation et bonne nouvelle année!
31 décembre, 2011 à 11 h 37 min
C’est amusant, j’ai toujours pensé que les bons médecins sont ceux qui palpent, touchent bref mettent la main à la pâte. Ceux qui se tiennent respectueusement à 50 cms m’inspirent moins confiance que ceux qui mettent directement leurs mains là où moi j’ai mal, comme si leur démarche intellectuelle d’analyse de mes symptômes valait moins qu’une approche très pratique de la douleur. Il s’agit vraiment d’un de mes critères pour le choix d’un médecin.
Et puis, si on souffre, une main, ça calme instantanément, c’est comme si le médecin voulait me dire « je vous crois, et je vais vous aider », loin de l’attitude lointaine qui peut sembler jugeante.
Et pourtant, dans la vraie vie, celle en dehors du cabinet, ma bulle proxémique, j’y tiens, je ne supporte pas ceux qui y pénètrent trop facilement.
Travailler sur le corps humain…un métier bien particulier ;)
31 décembre, 2011 à 11 h 58 min
Vous êtes simplement proche des gens : bravo !
Meilleurs vœux.
31 décembre, 2011 à 12 h 14 min
Salut JADDO,
C’est quoi ces questions existentielles à la veille du réveillon ? Ceci dit, se remettre constamment en question reste la meilleure chose que nous puissions faire pour nos patients, dès lors qu’il en ressort une compréhension et une acceptation voire une correction de nos « pratiques », jusqu’à la prochaine éruption de doutes.
Comme mon pseudo le suggère, mon domaine d’intervention empiète largement la sphère de l’intime, et génère comme tu peux l’imaginer son lot de vannes graveleuses de la part de ceux qui ne « pratiquent » pas, amis ou inconnus. Mais le contact empathique, même en genu-pectoral, préalable à l’acte lui-même ( en clair l’anuscopie par exemple), permet je crois d’atténuer l’agression d’un examen purement technique mais potentiellement traumatisant au moins psychologiquement.
Et l’expérience permet intuitivement et très rapidement de ressentir ceux de nos patients que le contact, même dans une situation « humiliante », rassure, et ceux qui ressentiront, quoiqu’il arrive, l’examen quel qu’il soit comme une agression. Mais au fait, qui décide quand commence l’agression ? L' »agresseur »qui tente au mieux de faire son métier, ou l' »agressé(e) »qui ne pourra jamais faire la part entre un désagrément nécessaire et une conduite « perverse »? Je doute, donc je suis…
31 décembre, 2011 à 14 h 06 min
Très touchant, ce post. (Personne n’avait encore fait le mauvais gag …)
Le toucher, dans la consultation de médecine générale, ressemble un peu à une danse, de mon point de vue. Le MG a ses gestes habituels, ses réflexes ancrés et, face au corps invalide, il les suspend, pose la question, laisse faire, contourne, s’adapte. Dans la mesure où il exclue la brutalité, mes incapacités le handicapent ; nous sommes à égalité.
Le toucher, avec les spécialistes ou à l’hosto, par contre, c’est la guerre de tranchées.
Vous demandez, je fais au mieux, à ma vitesse et dans mes limites, mais on ne touche pas.
Décision prise au bout de quelques années à me laisser martyriser par des spécialiste de tel recoin qui me tordait des membres brisés (pas leur spécialité), m’épuisaient en postures impossibles (c’est comme ça qu’on fait d’habitude…), m’engueulaient parce que j’en étais incapable, etc. ou des nués d’internes avides de se faire la main. J’ai trouvé que ça allait, le coup du corps donné à la Science ; j’allais désormais me contenter d’en faire don post-mortem.
31 décembre, 2011 à 14 h 53 min
Je ne vois vraiment rien de déplacé ou d’érotique dans ce besoin de contact avec ton patient ! Pour rebondir sur ton billet ainsi que sur le commentaire de 10lunes beaucoup plus haut, je ne suis pas une toucheuse non plus, et surtout, je déteste qu’un(e) inconnu(e) me touche ! Le simple fait de devoir faire la bise à quelqu’un – homme ou femme – que je ne connais pas m’indispose! Mais je me souviens, pendant mes cours de préparation à l’accouchement, de la caresse légère, presque distraite, et en même temps chaleureuse et bienveillante de la sage-femme sur mon bras, et ça m’émouvait beaucoup: cela contribuait à créer une intimité, une proximité avec elle qui me détendait, mais surtout, cela m’aidait, moi, la cérébrale, à prendre conscience de mon propre corps, à être davantage à l’écoute de mes sensations. A ma grande surprise, j’appréciais énormément ce geste tout simple qui me faisait baisser ma garde…
31 décembre, 2011 à 16 h 01 min
Intéressantes et si humaines, ces réflexions ! Personnellement ce que j’ai découvert à la veille d’accoucher de mon premier enfant c’est un soignant qui te demande la permission avant de te toucher (en l’occurrence de te toucher le col de l’utérus ce qui est quand même assez particulier ^^). Alors même que la position gynéco sur la table fait office de consentement implicite, j’ai trouvé ça super de me voir laisser un peu de contrôle sur la situation. Evidemment c’est à adapter selon les situations sinon ça devient vite laborieux (surtout au whatmillième patient de la journée) mais de décrire à l’avance un geste, un examen, de demander au patient si on peut commencer maintenant, de lui demander si ça fait mal, s’il veut que le médecin arrête, etc, je trouve que ça aide énormément.
31 décembre, 2011 à 16 h 23 min
Hé, ça me fait penser à une anecdote présente dans « L’arbre au soleil » de Osamu Tezuka.
(L’arbre au soleil, c’est une fresque historique en bande dessinée où Tezuka parle de son grand père et de son arrière-grand père, tous deux médecins à l’époque de la transition de l’ère edo (médiévale) à l’ère meïji (moderne) du japon. On voit notamment comment la médecine « occidentale » y est d’abord rejetée par les médecins chinois en place… un très bon bouquin…bref… (d’ailleurs Tezuka était également médecin mais ne pratiqua jamais)
A un moment, un grand spécialiste de la médecine occidentale parvient tout de même à devenir le premier médecin officiel de la famille impériale.
Et lors d’une consultation, il tapote sur le dos de l’impératrice. Face à l’étonnement de cette dernière il s’explique : Grâce à cela il peut déceler certains problèmes aux poumons (qui renvoient un écho), et de faire l’analogie : c’est un peu comme taper sur une pastèque pour voir si elle est mangeable ou si elle sonne creux.
S’ensuit une remarque de l’impératrice, et une gène du médecin, qui vient de la comparer à une pastèque.
Il se dit que mine de rien, ça aurait pu beaucoup plus mal passer, et qu’il à intérêt à faire gaffe.
Heureusement aujourd’hui, les stéthoscopes existent, et les impératrices ne courent plus les rues.
31 décembre, 2011 à 16 h 40 min
Oh chic, des idées de lecture BDs en passant chez Jaddo ^^
En relisant ton post je tique sur « je laisse une main sur l’épaule pendant que j’ausculte le dos ». Je suis peut-être moins « toucheuse » que toi, mais ce geste, je le fais tout le temps. Et le jour où j’en ai pris conscience, j’ai été gênée, et je me suis dit que j’avais du gêner des tas de patients en faisant ça. Et puis je me suis dit que c’est comme pour tout, si toi soignant ça te gêne de faire un geste le patient le sentira, mais l’inverse est tout aussi vrai : ce que tu fais ou ce dont tu parles de façon authentique, sans gêne (au sens propre du terme) et avec respect, ne sera pas perçu comme une intrusion.
1 janvier, 2012 à 13 h 11 min
TOUCHÉE !!!
Un iPad comme cadeau à Noēl et allez savoir pourquoi, le premier livre téléchargé a été « juste après dresseuse d’ours » (en fait j’adore le titre et Winckler). Je viens de le terminer. Très touchée par ce j’ai lu, je me précipite sur le blog. Et là ce post sur « toucheuse/pas toucheuse ». Bref … Merci de m’avoir tant touchée ! L’année commence bien …
Bonne année à vous aussi !
1 janvier, 2012 à 18 h 57 min
@Lili, télécharger sur un iPad un livre qui est en fait un recueil de chroniques publiées à l’origine sur un blog, ça laisse rêveur…
1 janvier, 2012 à 21 h 23 min
J’ai adoré ce billet. C’est du grand questionnement :) J’imagine que ça ne pose pas de problème aux patients. Ma généraliste est comme ça aussi. Moi j’aime bien, je la trouve humaine et ça me déstresse XD
(et je tourne aussi la tête quand elle me demande de souffler fort… Si elle était pas si vieille je me serais posée la question si elle n’était pas Jaddo. Il doit y avoir un paquet de toucheur dans la profession, preuve que tout va bien docteur)
2 janvier, 2012 à 0 h 00 min
Je touche aussi beaucoup dans mon boulot, et j’avoue ne pas encore avoir réfléchi au pourquoi du comment. Les médecins qui touchent, j’en connais. Certains me mettent mal à l’aise, d’autres non. Ce n’est pas tant le geste qui compte que la relation (enfin, à mon sens). Certains gestes venant de certaines personnes paraissent tout à fait naturels alors que les mêmes gestes faits par quelqu’un d’autre sont très gênants.
2 janvier, 2012 à 10 h 18 min
Pour avoir été abusée par un medecin quand j’avais 18 ans je peux clairement te dire qu’on sait quand il y a un probleme ou pas avec le contact du medecin.
J’ai toujours senti qu’il y avait eu un probleme lors de cet examen gynéco, le premier (et puis bon « et là tu sens quelques choses ? ah non c’est vrai vous les femmes ca ne fonctionne pas comme ça » ca laisse interrogatif)). Et j’ai eu un mal de chien à ré-accepter le contact medcal, genre il a dû se passer 3 ou 4 ans avant que obligée je ne remette les pieds chez un medecin. Et là, j’ai bien senti que là, c’était un medecin, un vrai contact medical et que ses mains sur ma cuisse (un poil incarné dans un bouton de chair et infecté entre les jambes) n’étaient pas là pour me tripoter.
Donc ne t’en fais, tes patients le savent, et toi tu dois le sentir aussi, sinon tu e garderais pas le contact. (Ne serait ce qu’avec les gamins : un gosse qui ne veut pas d’un contact ne se privera pas de te le dire ^_^)
2 janvier, 2012 à 11 h 41 min
Je me souviens encore du geste de la néphrologue de mon père, que j’avais été voir pour qu’elle me briefe un peu sur la polykystose dont j’avais hérité. J’avais 17 ans, mon père venait de se faire retirer les deux reins, et j’apprenais que j’avais le même genre de truc. Elle m’a ausculté puis m’a tendu la main très doucement pour m’aider à me relever. J’ai un peu bloqué sur la non-médicalité de ce geste, et en même temps ça m’a infiniment rassuré, vu le potentiel d’angoisse de ma visite ce jour-là. Tout ça pour dire: continuez à toucher, ça fait du bien.
2 janvier, 2012 à 12 h 06 min
Je n’aime pas franchement me faire tripoter par des inconnus. En revanche un geste rassurant d’un médecin n’est pas mal interprété. A ma dernière césarienne l’anesthésiste a fait baisser ma fréquence cardiaque juste en me caressant le bras… Super efficace !
2 janvier, 2012 à 12 h 39 min
Je me dis que les patients qui n’aiment pas être touchés ne reviennent pas, non ?
Ceux qui reviennent, c’est que ça leur convient ou qu’ils comprennent.
Je me dis que ça me rassurerait qu’on me touche de cette façon, « amicale », rassurante donc.
2 janvier, 2012 à 14 h 52 min
Salut Jaddo,
Mon petit frère m’a offert ton livre pour Noël et je l’ai dévoré en deux jours. Merci de l’avoir publié car je ne suis pas encore habitué à tout ce qui est blog et tweets…! On a beau me dire va voir ça ou suis machin sur twitter, tant qu’on ne me l’a pas collé sous le nez ça me passe au-dessu!
Sinon ton billet m’a fait réagir car en tant qu’ostéopathe, tout comme Sofiostéo, je considère que le toucher représente une part importante voire essentielle au soin. Dans notre profession on peut parfois se retrouver très collé au patient mais tant que l’attitude est professionnelle il n’y a aucun problème. Après, je pense que les gens vraiment allergiques au contact ne viennent tout simplement pas nous voir…
Bref c’est un sujet très intéressant et qui mérite qu’on l’étudie et qu’on le comprenne! En tout cas, continue comme ça!
2 janvier, 2012 à 15 h 31 min
Tiens c’est marrant, je me faisais justement des réflexions à ce sujet après avoir eu affaire à une remplaçante de mon médecin généraliste il y a peu.
Ce genre de petite coïncidence me fait toujours sourire.
En l’occurrence je suis tombé sur une jeune généraliste qui, dans ses gestes, ressemblait pas mal à la description que vous faites de vos consultations.
Je pense qu’il n’y a pas eu plus d’une minute, de l’auscultation à la pesée, où elle n’était pas en contact physique avec ma personne.
Pas particulièrement allergique aux contacts, je me suis quand même trouvé très mal à l’aise. Le fait que ce soit une jeune femme n’avait rien à voir avec cette gène étant donné qu’il n’y avait aucune ambiguïté sur la nature des contacts et que, malgré la bienveillance avec laquelle ils étaient appliqués, ils m’inspiraient plus de la révulsion qu’une pudeur embarrassée.
J’ai connu la même impression désagréable avec un pédiatre quand j’étais enfant. Ce grand gaillard moustachu, extraordinaire praticien au demeurant, avait la désagréable habitude d’être assez tactile et chaleureux dans ses contacts. Si la quasi totalité des gens avec qui j’en ai discuté en gardent un impression de proximité et d’humanité, personnellement ça m’évoque pas mal de nausées.
Si les contacts strictement médicaux (palpage des ganglions &co) me sont supportables, les gestes bienveillants qui les accompagnent ne semble pas en faire partie dans mon cas. Heureusement notre médecin de famille correspond exactement à ce dont j’ai besoin, si elle est pleine d’empathie et d’humanité, l’examination est faite du bout des doigts et réduite à son stricte minimum pour laisser la place à de longues minutes d’échanges et d’interrogatoire.
Je me suis pas mal interrogé sur mon malaise suite à la consultation que j’évoquais et lire ce post m’aide à prendre du recul et à envisager les choses sous l’angle du praticien. Ca permet de moins se focaliser sur son ressenti et de relativiser un peu. J’essaierai de garder ça à l’esprit la prochaine fois que ça m’arrive.
En attendant, la plupart des patients qui se sont exprimés ici, même les plus epidermophobes, semblent bien comprendre et tolérer ces gestes doux et bienveillants, ne vous inquiétez donc pas trop!
Merci encore de partager avec nous ces réflexions et de nous permettre de mieux comprendre nos médecins!
2 janvier, 2012 à 16 h 39 min
Souvent il suffit de mettre des mots avant les mains et d’écouter la réaction après un temps d’assimilation
Le contact charnel est riche tant qu’il est d’abord parle. Question de culture et d’habitude
Touche moi quand tu seras mon pote
2 janvier, 2012 à 16 h 46 min
Déjà 71 réponses! Mais bon, bah j’écrirai la 72ème (parce que j’adooore donner mon avis).
Je remarque que tu (vous permettez que je vous tutoie?) as déjà une forte sensibilité corporelle (perception aiguisée des distances de sécurité, congruence du langage médical humanisé et du langage non verbal qui invite à laisser tomber les-dites barrières en montrant l’exemple).
Tu dis que tes pensées sur ta « touch attitud » varient en fonction de ton humeur optimiste ou pessimiste, et que ces pensées ont du mal à te donner une réponse sur « faut-il que je touche toujours, plus, moins ou différemment ».
Je te propose, si tu le souhaites, d’aiguiser encore plus ta sensibilité corporelle les prochaines fois que tu consulteras, en observant quelles sensations (et non pensées) te viennent lorsque tu touches ou pas les patients, et en observant quelles réponses physiques tes patients ont en fonction de ton langage non verbal à toi.
Peut-être cela t’aidera-t-il à dissiper tes doutes (même si certains resteront, assurément)?
2 janvier, 2012 à 17 h 08 min
Le commentaire de Mune me paraît plein de bon sens. Effectivement, les contacts censés « rassurer » peuvent avoir l’effet inverse, et déstabiliser, voire blesser, dégouter le patient. En revanche, les contacts qui sont strictement médicaux ont beaucoup plus tendance à conserver un caractère neutre et portent moins à controverse.
Cependant, la limite de « contact rassurant » et de « contact médical » peut parfois être ténue, et sachant qu’un médecin doit jongler avec des sensibilités différentes dans son cabinet, j’aurais tendance à dire que c’est plus le patient qui doit s’adapter au médecin que l’inverse, dans ce genre de cas.
2 janvier, 2012 à 21 h 48 min
Marrant, ça, je suis incapable de dire si mon toubib me touche un peu, bcp, trop, à la folie, pas du tout.
Je crois que je m’en fiche. C’est bizarre. Pourtant je suis super exigeante sur d’autres points (m’expliquer la maladie, le traitement… non, je suis pas instit)
Et je suis très réceptive à l’ostéo, donc j’en déduis que je ne suis pas rebutée par le contact.
Cependant mon ostéo prévient « ne vous offusquez pas, je place la main sur votre sternum » ;-)
je dois avoir l’air super coincée en fait
2 janvier, 2012 à 22 h 50 min
Mais non, ce n’est pas une invasion de l’espace vital, ce toucher ! Au contraire ! Le médecin, pour travailler, ausculter,il est obligé d’être intrusif, au moins un peu ; il faut se déshabiller, se laisser regarder et écouter – à minima – et tâter, tapoter aussi … Votre toucher « inutile » ou « facultatif » humanise cette intrusion indispensable ! Votre main gauche sur l’épaule ne bouge pas, elle est rassurante, permanente ; pendant ce temps, la droite peut ausculter et se promener dans le dos, elle ne sera pas vécue comme désagréable. Je suis sûre que vous êtes rassurante et contenante …
Et merci pour vos posts plein d’humanité. C’est rassurant de savoir que les toubibs ont des faiblesses et des questions…
3 janvier, 2012 à 0 h 03 min
Ça m’interpelle beaucoup ce que tu dis.
J’ai une sœur jumelle avec qui j’ai une relation mentale très forte, du genre quasi télépathique, mais on n’a jamais eu besoin de contact tactile, je crois même que ça me mettrais mal à l’aise.
En revanche au cabinet, non seulement c’est naturel pour moi de toucher les patients à deux mains, même quand une seule suffit, mais je suis persuadé que c’est déjà un geste thérapeutique, par la confiance et la proximité que cela crée entre le patient et le médecin.
Je me suis posé la question de savoir si ça pouvait être mal vécu, ou mal interprété, d’autant plus en raison du fait que je suis gay, mais j’ai l’impression d’entendre plus souvent des reproches concernant des confrères qui n’examinent pas les gens, et font des diagnostics au travers des habits, juste une manche relevée pour brancher l’appareil à tension automatique.
Chatouiller les mômes pour les apprivoiser, tâter du mollet de mamie pour apprécier leurs œdèmes, c’est aussi ce qui me fait aimer ce métier.
3 janvier, 2012 à 0 h 14 min
Merci de cette longue reflexion sur le toucher, médecin généraliste depuis 30 ans, je me suis moi-même posé les mêmes questions, pourquoi je pose un main sur une épaule lorsque j’ausculte, ou sur une cuisse en posant un spéculum,ect, cela n’a rien d’indispensable médicalement parlant, mais cela me semble si utile d’établir ce contact, de rassurer, tellement de choses passnett à travers ces gestes qui semblent anodins, il m’est aussi
3 janvier, 2012 à 0 h 29 min
Merci de cette longue reflexion sur le toucher, médecin généraliste depuis 30 ans, je me suis moi-même posé les mêmes questions, pourquoi je pose un main sur une épaule lorsque j’ausculte, ou sur une cuisse en posant un spéculum,ect, cela n’a rien d’indispensable médicalement parlant, mais cela me semble si utile d’établir ce contact, de rassurer, tellement de choses passent à travers ces gestes qui semblent anodins, il m’est aussi arrivé de caresser un bras, lors de situations trés anxiogénes, la communication passe par les paroles, mais on le sait, encore plus par le non verbal,les gestes, les attitudes, pour ceux que cela passionne, lisez la PEAU ET LE TOUCHER, ou alors SHANTALA un art traditionnel du massage des enfants de Frédérik Leboyer, ces deux livres m’ont beaucoup aidé dans ma pratique. Ceci dit je perçois parfois qu’une distance plus grande doit être respecté, pour certains; ou certaines consultation ne comportent comme toucher que la poignée de main du début et de fin de consultation,la relation passe alors par le discour, tout est adaptation. Enfin parfois le dernier toucher est de fermer les yeux de certains patients, c’est une maniére de leur dire adieu.
3 janvier, 2012 à 7 h 45 min
J’aime le ton de ce billet, comme celui du blog.
Et j’aime autant les commentaires.
A la lecture de ceux qui précèdent, je trouve frappant de constater qu’en grande majorité, leurs auteurs semblent vouloir fournir une justification au toucher. Ou un réconfort à l’auteur de l’article. A moins qu’il ne s’agisse d’une justification de son propre comportement.
Voilà pourtant une interrogation (quant à l’utilisation du toucher, uniquement dans le domaine professionnel)qui mériterait peut-être d’être approfondie ou poursuivie par tous ceux qui ne se posent pas la question, ayant déjà justifié le comportement.
En clair (?), je trouve que des « réponses » émanent surtout de personnes ne s’étant pas réellement posé la question. Ce qui, vraisemblablement, montre à quel point le questionnement est pertinent… en plus d’être formulé avec un humour rafraîchissant.
3 janvier, 2012 à 10 h 52 min
Bonjour,
Ce billet est magnifique. Peut-être est-ce le souvenir de la main douce d’une maman qui soulage tous les maux qui vous fait agir de la sorte ? Je pense que les patients qui viennent vous voir acceptent ce contact, et que ceux qui ne l’acceptent pas ont déjà trouvé un autre docteur ! bonne année !
3 janvier, 2012 à 13 h 21 min
[…] nous touchons beaucoup nos patients, à longueur de journée en fait. Et apparemment, avec Jaddo, nous sommes un certain nombre à aimer […]
3 janvier, 2012 à 15 h 57 min
Très bon, le : « je m’tâte »… :-)
Sauf que … je suis aussi un grand obsédé de la sphère d’ « espace vital ». Mais … un médecin qui me touche (homme ou femme), je considère cela comme tout à fait normal.
Aussi idiot que cela puisse paraître, c’est un corps que vous touchez, et pas une personne… Les deux sont indissociables, me direz-vous….
Juste un parallèle, étrange : en mécanique, les profs vous apprennent à garder une main sur la machine. Pour la sentir travailler.
3 janvier, 2012 à 16 h 04 min
Bonjour Jaddo, et bonne Année !
Très joli post sur le toucher !
En tant qu’ostéo (comme d’autres dans les com’ je crois) je vis aussi cette différence du toucher soignant Vs quotidien.
De mon point de vue le contact est fondamental, mais je crois que tout a été dit, ou presque, dans les commentaires. Par contre, vos écrits montrent bien votre empathie, et à mon sens, lorsqu’un patient est gêné par votre contact, vous êtes tout à fait à même de le ressentir. Le toucher amenant au non-verbal, je reste intimement convaincu qu’énormément d’émotions se ressentent à travers lui…
PS : joli article sur votre blog dans ouest-france ce matin !!!
3 janvier, 2012 à 16 h 39 min
Les médecins ne sont pas des techniciens, ce sont des soigneurs.
Un médecin qui ne ferait que des gestes médicaux serait, à mon sens, un mauvais médecin.
Les patients ont besoin d’être écoutés, d’être compris. Pas seulement d’un robot en blouse blanche qui soigne leurs maladies. Dans la médecine il y a ce rapport humain qui est primordial.
D’ailleurs le contact physique, si tabou dans notre société, toujours lié au sexe (comme tu le remarques toi-même alors que ce n’est pas forcément sexuel de toucher quelqu’un), c’est quelque chose qui nous manque. C’est presque un besoin fondamental. Quand les gens disent préférer leur chat ou leur chien à leurs congénères humains, je crois qu’il faut pas chercher plus loin: l’animal est présent et il nous touche physiquement, il nous offre ce contact, cette chaleur, ce simple contact qui n’a rien de sexuel, sans rien attendre de plus, sans rien demander en échange. C’est tellement important que je me demande si on peut vraiment vivre sans.
Et tout ce qui passe dans un contact physique, on en a pas vraiment conscience. Mais une chose est sure: ça existe.
3 janvier, 2012 à 18 h 53 min
Je comprend tout à fait ce que tu raconte. Je suis élève infirmier et je suis aussi un non-toucheur au civil mais un toucheur lorsque je suis avec un patient. Mais j’ai plus l’impression que c’est aussi parce qu’on veut rassurer le patient et lui montré qu’on est là pour lui.
Et puis je pense que tu n’a pas à culpabiliser même si ces gestes peuvent être déplacé en dehors d’un contexte de soins mais dans un contexte de soins, je pense que les patients acceptent ce toucher puisqu’on est des médecins ou des infirmiers. Dans leurs représentations, leur médecin ou leur infirmier doit les toucher pour pouvoir les soigner. Je ne pensent pas qu’ils soit gêné par ce toucher.
3 janvier, 2012 à 20 h 40 min
Bonjour,
Quel beau billet! J’aime votre manière de vous interroger…eux c’est pas vous :-) je veux dire : vos patients savent bien qu’à un moment donné vous allez les toucher, non?
Les pompiers font ça quand ils parlent aux personnes, ils maintiennent un contact physique, comme pour rassurer.
Je suis comme ça, j’ai besoin de toucher mais je sais que socialement faut faire attention alors je me contiens.
Dans mon métier d’avant (éducatrice auprès de familles en difficultés), il m’est arrivé de toucher (à part serrer les mains je veux dire) et c’était une manière d’entrer en communication, de rassurer, de dire ce que les mots ne parvenaient pas à dire, de ramener dans la réalité et plein d’autres choses.Pour certaines personnes, c’était une manière de leur dire : vous êtes là.
Bref, toucher, c’est entrer en relation (et ça n’a rien de tendancieux quand c’est fait sans arrières pensées…) :-)
3 janvier, 2012 à 21 h 42 min
A la lectures des commentaires, je finis par penser qu’on se pose un trop de questions :
le rapport au corps de l’autre dans la sphère privée est régie entre autre par les affects, les antipathies ou les attirances, de quelque nature qu’elles soient; ce rapport est également largement influencé par le culturel et donc à géométrie variable entre par exemple et caricature la froideur, ou la réserve c’est selon, des anglo-saxons puritains et la »joyeuse exubérance » latine teinté d’une petite dose de machisme ( on résume schématiquement : les italiens en plus d’être voleurs sont des dragueurs impénitents et les Anglais des peinent à jouir dépressifs )
Bon ! une fois ces portes ouvertes enfoncées, le toucher médical quant à lui est d’abord un toucher technique, cela est impératif et incontournable, sous peine de grosses déconvenues pour le patient ( et secondairement lors du procès pour son médecin ) ; certains y mettent de l’empathie , d’autres rien que de la stricte technicité, mais quelque soit ce qu’on y apporte cela reste lié au cadre global de la consultation et du rapport de confiance instauré par le praticien, rapport de confiance ou l’accueil, l’écoute, la politesse ont déjà montré au patient à quel type de médecin il allait avoir affaire, au delà du technicien.
il y a surement aussi des médecins anglo-saxons et d’autres plus latins ( mais moins voleurs )
3 janvier, 2012 à 23 h 11 min
Je déteste qu’on me touche … sauf quand je suis malade. Je me souviens d’un examen particulièrement pénible à l’hôpital, où la main de l’infirmière, simplement et amicalement posée sur mon dos m’a vraiment, vraiment aidée à supporter le désagrément enduré. Je travaille aussi beaucoup avec des enfants et avec des animaux, et dans les deux cas il « passe des choses » au travers des contacts, qui ne passent pas par la parole, en particulier l’état d’esprit. je pratique donc le toucher apaisant, réconfortant, et surtout discret. Je déteste envahir l’espace personnel, et je déteste qu’on envahisse le mien, je vis ça comme une agression. Même si ce qui précède peut sembler contradictoire, en fait cela dépend des moments : si on sent que le contact agresse, on cesse immédiatement, s’il réconforte on continue, et pareil dans l’autre sens, si on se sent agressé par un contact, on le refuse (poliment, on n’est pas obligé de jouer les chevaux ombrageux) et voilà tout !
3 janvier, 2012 à 23 h 15 min
Bonjour,
Comment dire… pareil!
Je me demande toujours quelle est cette « force » qui m’attire vers l’autre, qui me pousse à le toucher, même du bout du doigt! Signe de ce passage du privé à ma casquette d’ergothérapeute. Et moi aussi je me pose des questions, et moi aussi je me tâte… Je sais me retenir si je sens que cela gêne. Il y a beaucoup de mes gestes que j’annonce avant de toucher, peut-être un peu moins la main sur l’épaule, le bras, la main. C’est selon.
Merci à ouest-france de m’avoir permis de vous découvrir.
4 janvier, 2012 à 0 h 22 min
Bon début d’année à vous !
Je suis une toucheuse n’en déplaise ! en plus j’ai les mains chaudes !
Je suis aide-soignante en réanimation depuis plus de 10 ans ! avant je caressais les « anciens » en long séjour ! C’est tellement naturel que je ne touche que les gens qui aiment ça , d’instinct , je me trompe rarement. Mes collègues aiment, c’est ma façon aussi de dire je t’aime, j’ai une chance inouïe mon mari a, aussi les mains chaudes…
4 janvier, 2012 à 11 h 25 min
je me suis toujours définie comme « contactophobe « (terme inventé avec les copines médecins toutes aussi contactoophobe que moi)et j’ai fait ce même constat qu’en tant que medecin, j’étais assez « contactophile ». C’est souvent que je me surprends à finir un geste médical (auscultation, examen d’un membre ou autre) par une caresse.
Je pense que c’est ma façon de rassurer, de prendre soin.
c’est un beau billet;
Bonne année .
PS: j’ai cru comprendre que tu n’avais pas d’enfant; alors je te préviens qu’en cas d’éventuelle grossesse, ta contactophobie va en prendre un sacré coup.
Hallucinant le nombre de personne que tu connais ni des lèvres ni des dents qui te touche le ventre!!!! qui certe dépasse vite de l’espace vital habituel mais quand même ç’est Mon ventre!
4 janvier, 2012 à 12 h 20 min
D’abord bonne année à toutes et tous. Haha enfin du jaddo, le retourd de jaddo c’est comme le prochain fred Vargas tu l’attends dès que t’as fini de lire le dernier sorti.Quand je lis ton post je me dis » mais c’est bien sur », bien sur un sujet sur lequel je n’est jamais réfléchi-après 18 ans d’exercice!- et qui mérite réflexion;je pense que notre comportement physique durant la consultation a une importance capitale dans la relation avec les patients, en les mettant en confiance , à l’aise , bref apte à se raconter de façon vraie et intime.Car le propre du médecin généraliste c’est de pouvoir toucher à l’intime des patients si il veut ètre efficient dans son job.
C’est d’autant plus vrai avec les petits ! Les enfants de moins de 6 ans représentent 20% de mes actes , pour un médecin homme c’est beaucoup et j’ai toujours eu un très bon contact avec eux.Cela passe par un dialogue d’abord et avant tout avec l’enfant -et pas trop avec la mère , au diable les mères envahissantes qui pensent et parlent à la place de leurs enfants, elle me pompe l’air- .Par contre j’au beaucoup plus d’enfants qui me font la bise que d’enfant qui me sert la main,d’enfant qui me tutoie et que j’encourage à le faire , je trouve le vouvoiement complètement débile-les romains tutoyaient leur empereur et le respectaient nez en moins!
4 janvier, 2012 à 14 h 05 min
De ma longue expérience de patient (enfin pas longue… mais malheureusement intense) je suis plutôt en faveur des toubibs « tactiles » (sauf les gastros entérologues…).
Je sais pas, je dois être inquiet de nature alors ca me rassure, et ca donne l’impression au patient qu’il est important, et pas juste un « objet de consultation ».
Et puis, tous les soignants que j’ai rencontré savait faire la différence entre le toucher médical et le toucher personnel…
Sauf deux fois…
La première, et elle est bien pardonnable, vient d’une jeune étudiante qui fait son internat généraliste chez ma medecin traitant. Lors d’une simple auscultation elle était très génée, ca se voyait vraiment, ca se ressentait aussi fortement… Nous avons sensiblement le même âge, et elle fuyait le regard, avec les mains qui hésitaient etc… C’est devenu du coup assez génant car la frontière n’était pas mise. Mais comment lui en vouloir, elle débute.
La deuxieme personne était mon ostéopathe… là aussi une fille, exactement le même âge, et vraiment très très jolie. Les premieres scéances ont été difficiles, de mon côté, car j’avais peur d’une réaction toute masculine et bien indépendante de ma volonté. Finalement, elle a su mettre cette frontiere aussi, malgré la promiscuité engendrée par son métier…
Donc en fait, oui aux soignants qui touchent, qui laissent trainer une main, qui s’approchent et qui donnent l’impression de s’impliquer…
4 janvier, 2012 à 15 h 39 min
Dans la vie, je touche peu. Je déteste faire la bise.
Mais avec mes patients, c’est le contraire, quand je me sens proche d’eux, je vais au contact. Pourtant, je suis… psychiatre ! D’habitude, c’est une branche de la médecine où le toucher est fermement prohibé.
Entendez-moi, il s’agit d’un toucher socialement acceptable : la poignée de mains, qui est importante pour moi, au début ET à la fin de la consultation, qui marque le temps du soin (alors que mes confrères à la clinique se contentent généralement d’une seule fois), mais aussi leur prendre les mains – les deux, les accompagner en touchant l’avant-bras, ou l’épaule, voire le dos… Je m’occupe de patients déprimés, en détresse, qui sont, me semble-t-il, sensibles à ce genre de réassurance, quand parfois même la psy n’a plus de mots pour panser leurs maux.
Alors, comme Jaddo, je me suis interrogée : pourquoi touché-je mes patients ? J’ai trouvé ma réponse : pour moi, c’est un geste maternel, maternant. Les patients sont souvent dans une situation régressive, vulnérables face au soignant parfois vu comme froid ou inaccessible. Ca me permet de les approcher humainement un peu plus, de les réparer là où la mère manque.
Merci, Jaddo, de partager vos questionnements.
4 janvier, 2012 à 16 h 27 min
Y a pas un truc en psychologie sociale qui dit que le toucher, ça rassure, ça rapproche?
Me semble avoir lu ça dans « le petit traité de manipulation à l’intention des honnêtes gens ».
Pis tout dépends qui touche.
Déjà, tu es médecin, avec tout le décorum. Donc rien de sexuel.
Deux, tu es une femme, et ça aussi je pense que ça compte.
Je sais pas pour les femmes et je sais pas pour les autres mecs, mais moi qui suis homme, je me sens beaucoup moins facilement agressé par un toucher venant d’une femme que d’un homme. Surtout d’une personne ayant autorité, comme un médecin. Peut-être parce que la première personne qui nous touchait quand on allait mal, pour nous soigner, c’était notre maman…
4 janvier, 2012 à 18 h 30 min
Bonjour,
Très intéressant et très bien écrit votre blog. Je viens de passer toutes les archives au lieu de corriger mes copies, lol.
Je crois que je suis quelqu’un de plutôt tactile donc le contact ne me gène pas. En revanche ce qui me gène c’est plus l’absence de contact si je vais chez un médecin (même topo pour une esthéticienne).
Dans un autre registre que médical, je me souviens d’une séance offerte dans un spa, un gommage. Ce que j’avais énormément apprécié c’est que l’esthéticienne ne vous découvrez jamais rien d’autre que la partie nécessaire (donc vous êtes au chaud)mais quand même temps même quand elle faisait le tout de la table elle gardait une main sur vous, façon « je m’occupe de vous ». IL y avait quelque chose de très professionnel (le spa « luxe » devait aussi jouer) dans ce contact mais aussi ce respect de la pudeur (elle quittait la pièce pour l’habillage et le déshabillage).
Chez le médecin ce qui me gène c’est plus le fait d’être parfois à moitié nue parce que j’ai froid. Ou quand à l’hôpital on se retrouve un peu nue sans le vouloir à cause de ces blouses qui ne cachent rien. Ou qu’on est obligé d’uriner dans ces fichues bassines, ce que perso je trouve plus humiliant que le contact. Ou un neurologue qui hurle alors que vous êtes en pleine migraine accompagnée et qu’il est à 15 cm de vous …
Bonne continuation à votre blog et vous avez l’air d’être un médecin plein d’humanité.
4 janvier, 2012 à 18 h 31 min
« Ne vous découvrait » hou la faute ! Honte à moi !
4 janvier, 2012 à 21 h 57 min
Bonjour,
Je suis impressionnée par le nombre de réponses et je ne sais pas si quelqu’un lira celle-ci !
2 commentaires :
Tout d’abord, pour illustrer la toute-puissance du médecin : Je suis anesthésiste pédiatre, j’endors presque tous les jours des enfants pour cure de phimosis parce qu’ils ont subi des décallotages abusifs, et je fréquente des chirurgiens qui militent pour la tranquillité des prépuces. J’ai emmené mon fils de 18 mois chez un pédiatre que je ne connaissais pas… Et je l’ai laissé décalloter mon fils sous mes yeux. J’étais paralysée. Je n’ai rien fait, je n’ai rien dit. Je m’en suis giflée mentalement. Je n’ai pourtant pas la langue dans ma poche, mais là, j’étais celle qui consulte, celle qui doit écouter, celle qui doit faire confiance, et j’ai laissé faire. Le stéthoscope nous confère une aura telle que je ne crois pas qu’un patient puisse dire « STOP » à un médecin. Certains sont gênés par des mots ou des gestes, auquel cas ils ne reviennent pas (et encore) mais je n’imagine pas un patient dire à un médecin : « votre main sur moi, ça ne me plaît pas ». On a déjà du mal à le dire à nos amis « toucheurs », comme vous les appelez, alors à un médecin…
Comme d’autres avant moi, j’ai lu l’intégralité de votre blog en 2 jours et j’ai été touchée par votre profonde humanité votre empathie et votre respect des patients et de leur rapport à la maladie. Votre capacité à « sentir » les gens doit vous mettre à l’abri de gestes mal perçus.
Votre billet me conduit à remettre en question ma façon d’établir le rapport au patient. Je me suis interrogée très tôt (dans mon externat) sur la construction de la relation avec les patients. Je voulais laisser au maximum au patient le contrôle de son corps, le respect de son individualité. Je suis révoltée par les blouses trop courtes et ouvertes dans le dos qu’on inflige aux patients opérés, par ces gens qui appellent les personnes âgées « mamie » et j’ai mis les contacts physiques non nécessaires dans la même catégorie que toues ces maltraitances. Je ne vois qu’occasionnellement des adultes, au bloc ou en consultation, et je limite le contact tactile à ce qui est nécessaire pour un examen de bonne qualité. Hors de question de prendre la tension avec un pull qui fait garrot ou d’ausculter au travers 4 épaisseurs, mais je laisse les patients dégager eux-mêmes la surface de peau nécessaire, je ne mets que le stétho sur la peau des patients mais je leur parle, tout le temps. Je commente tout, je préviens. « Je vais écouter votre cœur, c’est froid » ; « il faut que j’écoute aussi vos poumons, dans le dos » etc, avec des versions plus ou moins précises en fonction des patients. L’entretien doit représenter 4/5 de ma consultation. J’explique, j’interroge les patients sur leurs angoisses, je dédramatise. Je n’ai pas le sentiment de pratiquer une médecine déshumanisée, d’autant plus que j’ai l’impression que les échanges verbaux se passent bien. Mais votre billet m’a fait prendre conscience que je m’excuse tout le temps de ne pas toucher plus : Je ne serre pas les mains par ce que le dossier du patient encombre les miennes, « Je suis désolée, j’ai les mains froides » etc. J’ai peut-être tort, finalement.
Merci de me faire réfléchir et meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
5 janvier, 2012 à 0 h 09 min
Excellent, je me faisais exactement la même réflexion. Tu as mis des mots dessus. Et je pense que finalement beaucoup de médecin sont comme ça. Des non toucheurs dans la vie sauf dans leur métier.
Pour moi, les patients ne le sentent pas comme une intrusion sauf les vrai de vrai « ma bulle ». Quant aux enfants, si t’arrive direct avec le stétho, l(otoscope, ils hurlent alors que si tu poses ta main d’abord, ils sont rassurés. Par extension, je pense que si t’agresse directement avec le tensiomètre, le stétho, les adultes sont tendus, si tu poses la main, ça les apaise.
Je ne suis pas aussi douée que toi en prose mais après réflexion (ça fait des mois que j’y pense), ben je me dis qu’un médecin qui ne touche pas ne soigne pas. Mon prof de science humaine en P1 nous disait toujours qu’une main sur l’épaule et nom sur la maladie pouvaient parfois valoir tous les médicaments du monde …
5 janvier, 2012 à 11 h 48 min
c’est drôle, moi je suis généraliste remplaçante également, et « toucheuse » probablement dans mon métier. En fait je pense que je ne m’étais jamais vraiment posé la question, à part chez certains patients qui peuvent me mettre mal à l’aise et chez qui je limite les contacts.
Je pense que le fait de toucher est une forme de communication non verbale et joue de façon importante dans la relation de soin, pour mettre en confiance les patients, et leur dire qu’on est en empathie avec eux, mais c’est aussi des gestes qui rappellent qu’une partie de la guérison de nos patients se fait déjà en consultation (quel médecin n’a jamais entendu « rien que de vous avoir vu je me sens déjà mieux docteur! »).
C’est notre côté guérisseur, « toucheux » comme ça se dit par endroit!!!
bonne année Jaddo, et à tous les lecteurs de ce blog
5 janvier, 2012 à 12 h 43 min
A Docmam : généraliste, remplaçante, j’ai un bon truc pour éviter les transmissions de gastro, car moi aussi, je serre la main en début et en fin de consult, à tout le monde… il suffit de bien se laver les mains à la sortie de chaque patient…
A Jaddo : merci de si bien décrire ce que doivent vivre beaucoup de remplaçants, puisque je ne dois pas être la seule à me reconnaitre dans tant de billets, la couettes en moins, mais avec de nombreuses références en commun! Ce blog permet de partager ce que je vis avec mon mari non médecin ; ce que tu vis, et que j’expérimente aussi, j’y pense et puis j’oublie, mais tes écrits restent.
Courage dans les moments difficiles, et beaucoup de joies et de réussite (un projet en cours, non?) en 2012!
5 janvier, 2012 à 13 h 30 min
Je ne suis pas non plus une toucheuse, je déteste même le contact de la main de ma mère sur mon épaule…
Mais chez le médecin, je m’en fous. Complètement. Je peux aussi me déshabiller devant lui sans problème.
J’ai pu repérer deux types de toucher. Il y a celui dont vous parlez, la main posée pendant une auscultation, qui rassure, et un autre, quelque part plus intrusif parce que beaucoup plus long. Et pourtant, ça ne me gêne pas non plus.
Le traumato peut me parler pendant 5 minutes tout en ayant la main sur ma cheville (et ma cheville appuyée contre son ventre). Médecin, kiné, chirurgien peuvent s’asseoir sur mon pied pour un test de Lachman. Mais je comprends tout à fait que ça puisse gêner certains.
En gros, il y a les médecins qui touchent, et les médecins que les patients peuvent toucher involontairement.
Sur le caractère rassurant du contact: j’ai particulièrement apprécié l’anesthésiste qui m’a tendu sa main quand il a vu que l’infirmière n’arrivait pas à m’installer une perf’ dans le poignet. Il s’est laissé broyer la main, merci à lui d’avoir eu, au-delà de l’empathie, physiquement mal avec/pour moi.
Et sur le tutoiement: seul le chir ortho qui m’a suivie pendant 5 ans m’a tutoyée et appelée par mon prénom, à la dernière consultation. J’ai trouvé ça étrange, je me suis dit qu’on s’était trop vus! Et voilà. Je retournerai le voir quand même.
Plus on va voir son médecin, plus le contact doit s’établir, et devenir plus facile. Donc vos « habitués » ne doivent pas trouver le côté toucheur gênant, mais normal.
5 janvier, 2012 à 14 h 02 min
Ah nan mais je me lave évidement les mains, avant et après chaque consultation en période d’épidémie, mais je me dis que 3 précautions valent mieux qu’une…
Sauf qu’au final je serre quand même les mains.
5 janvier, 2012 à 21 h 20 min
Bonsoir,
Merci Jaddo, ça fait du bien de vous retrouver.
Concernant la question de savoir si ça gêne vos patients que vous les touchiez, un simple sourire et un « Permettez ? » peuvent faire l’affaire, car on accorde beaucoup plus volontiers les choses quand on a l’impression de les avoir données de son plein gré, plutôt que de les avoir cédées parce que l’autre les a prises de toute façon et qu’on n’a plus qu’à en prendre son parti…
Et puis comme beaucoup l’ont dit : si vos patiens n’aiment pas ça, ils ne reviendront pas vers vous. Et sensitive comme vous l’êtes, s’ils en sont gênés, vous vous en apercevrez immédiatement, ils auront un recul que vous sentirez, j’en suis persuadée.
Bon 2012 à vous.
6 janvier, 2012 à 10 h 09 min
Merci de toucher vos patients , continuez !! Si les pédiatres d’un hopital dont j’éviterai de citer le nom avaient eu l’idée de toucher mon fils de 13 ans j’aurais ainsi évité de gouter aux joies de l’hospitalité hospitalière ,pour la literie c’est correct ,par contre côté gastronomie pour une personne en bonne santé c’est passable . pour l’annecdote ,mon fils de 13 ans se plaignait depuis 2 ou 3 jours d’une douleur vers épaule/omoplate. connaissant son tempérament anxieux et à la veille d’une rentrée scolaire ou il redoublait sa 5eme ,je ne me faisais pas trop de souci.C’est le collège qui m’a inquiété le lendemain de la rentrée . »votre fils à la main gauche toute froide ,il dit qu’il sent des fourmis!! » réaction immédiate de ma part ,je passe le chercher direction les urgences pédiatriques il est mardi 13h30 ,je ne suis pas médecin mais j’ai pensé à un problème circulatoire !!
résultat des courses mon fils a été le « phénomène » de l’après midi ,tous les pédiatres présents ont défilés pour venir voir luke à la main froide , ila eu droit a toute la panoplie ,electro cardio ,doppler j’en passe . nous avons même failli avoir un irm mais pas de place (sans doute un problème de quota) ,nuit en observation avec maman (ravie) au changement de service encore de nouveaux pédiatres à qui on raconte notre histoire une Xème fois. Sur mon insistance une radio de l’épaule est faite un orthpédiste vient voir l’épaule douloureuse ,j’ai dit voir car toucher n’est pas au programme !! A l’oeil tout est normal qu’il dit ,sauf que mon fils de plus en plus stressé a toujours mal et de + en + ,au niveau du traitement de la douleur j’ai oublié de dire que personne n’a pensé a lui proposer une solution .Heureusement les mamans ont toujours des doliprane sous la main !! Bref on est ressortis le mercredi vers 15h00 après une autre échographie de l’épaule (normale) un doppler plus performant en angiologie (normal) avec rien comme diagnostic, des certitudes sur l’état parfait de ses artères ,un soupçon de possible maladie qui se déclare à l’adolescence dont j’ai rapidement oublié le nom et qui néccessiterait une hospitalisation de jour ulterieure pour refaire la totale de la panoplie de joujous à disposition des toubibs. Enfin c’est l’impression que j’ai eu ,au passage une personne anxieuse aurait stressé un max . Rappel ,mon fils souffre toujours beaucoup de l’épaule a en pleurer .Moi au fond de moi je sais qu’un truc est coincé ,le stress , la rentrée ,il a beaucoup grandi dans l’été!! J’appelle mon osthéopathe, deux heures après nous savons avec certitude ,il a mal car deux vertebres et deux cotes sont bloquées tout en haut du dos (désolé pour l’anatomie) et de fait la circulation sanguine est perturbée car sous l’effet de la douleur il fige sa main et son bras. L’osthéo lui montre avec deux feutres l’emplacement de la veine et de l’artère en cause en les glissant sous les os de son squelette (Gunter il parait qu’ils ont tous un nom !) et mon fils soulagé de comprendre ce qui se passe , une fois manipulé est soulagé .
PS: j’ai refusé le rendez vous proposé un mois plus tard par l’hopital, j’ai voulu expliquer ce qui c’était réellement passé la secrétaire n’a pas voulu me passer le médecin er personne ne m’a rappelé pour comprendre.
Mon généraliste (que j’aurais aller voir de suite mais qui était malade hé oui ça arrive) m’a conforté dans ce choix et n’était pas étonné.
L’hopital en question est un CHU du sud de la France connu et reputé !!!
6 janvier, 2012 à 13 h 40 min
Je ne peux que vous inciter à continuer comme ça…
Généraliste et remplaçante, je me suis reconnue (une fois de plus…) dans ce billet.
Non-toucheuse dans la vie, toucheuse avec mes patients, je n’en ai jamais non plus ressenti de gêne de leur part.
Ca reste très discret : la main qui effleure l’épaule pendant l’auscultation, la main déposée sur un bras pour détendre, et oui, je serre aussi la main des enfants en début de consultation. Ils adorent ça, les bambins, qu’on leur parle et qu’on les considère, pendant les consultations.
Je me suis déjà arrêtée pour réfléchir à cette caractéristique de mes consultations, me demandant si c’était présent chez d’autres, et si c’était dérangeant pour les patients.
Je ne l’ai pas observé chez mes maitres de stage en ambulatoire à ce moment là.
Je suis heureuse une fois de plus de me reconnaître dans ces pages.
Ca nous fait avancer, de réfléchir à ce qu’on fait…
Cordialement et, (si vous le permettez) affectueusement.
6 janvier, 2012 à 13 h 54 min
Jaddo: j’adore ! ;)
Est-ce que quelqu’un te l’a déjà faite celle-là ? ^^
6 janvier, 2012 à 15 h 18 min
Je suis une toucheuse, une vraie, qui dans la vie touche ses amis et… dans mon métier aussi (je suis sage-femme).
Pourtant je me rends compte que quasi tous mes touchers s’ils sont médicaux je demande la permission (bon, pas pour prendre une tension ou pour mettre une perfusion/faire une prise de sang…) mais faire des manoeuvres de Leopold, poser un monito, faire une expression manuelle, montrer un massage anti-engorgement, faire un toucher vaginal, etc… Je demande toujours. « vous permettez que j’y aille ? que je vous touche le ventre ? ou un simple je peux ? » et j’attends le « oui oui allez-y ».
Je redonne un peu le pouvoir à ces femmes qui sont souvent dépossédées par la médecine, en leur disant entre les lignes « vous avez le pouvoir de me dire « non », de me dire d’arrêter ».
Je fais pareil pour les bébés. Je les assieds, je les regarde dans les yeux et je leur explique ce que je vais faire. Ca semble ridicule dit comme ça mais souvent ils ont l’air « d’écouter ». Je suis attentive au contact qu’ils reçoivent, à la façon de les prendre aussi de manière à ce qu’ils gardent une certaine autonomie visuelle et de mouvement…
Bref je suis une toucheuse, une vraie de vraie… Mais j’essaye d’en faire une force et pas une invasion…
6 janvier, 2012 à 15 h 25 min
Merci beaucoup Jaddo, pour ce questionnement qui m’a permis de faire le point non pas sur ma pratique professionnelle, mais sur ma relation au corps d’autrui. Je me suis aperçue que je j’avais fait un sacré chemin.
Du plus loin que je me souvienne, j’ai détesté être touchée. Par ma mère, mes proches, les gens. J’étais très violente. Moi je donnais des coups en réaction ou par anticipation à toute tentative de contact. Je parlais peu. Aller vers les autres me terrorisait. Envisager une relation avec un garçon me terrifiait. Bien malin celui qui a pu m’embrasser le premier ! Et me caresser ailleurs que sur le visage, le cou, les bras, n’en parlons même pas. Je fuyais sans cesse. Un écureuil. J’ai bien quelques éléments de réponse à ce comportement quasi pathologique : enfant non désiré, de sexe non désiré suivie d’un frère lui désiré, des hospitalisations, petite, dans des établissements pour enfants où la promiscuité était la règle…
A la fin de l’adolescence, j’ai rencontré un kiné également ostéo pour un problème de dos. Une personne très joviale, très rassurante. J’ai pu verbaliser ma phobie. Il a rigolé et dit que pour bien travailler, il avait besoin que je sois relâchée. J’étais d’accord, mais je ne voyais pas trop comment j’allais pouvoir me détendre justement. Il m’a alors répondu qu’il me chanterait des airs d’opéra… Et quand il a effectivement commencé à (fort bien) chanter, j’ai tellement ri que j’en ai oublié tout le reste. Au fil des séances, il m’a apprivoisée. J’ai accepté de perdre le contrôle dans la joie et la bonne humeur. Là où je pensais « agression » il y avait désormais possibilité de soulagement, de délassement, voire de plaisir. Insensiblement, j’ai changé. Je suis devenue une parleuse et une toucheuse. Je me suis ouverte aux autres et à vivre, tout court. Avec des excès, qui m’ont fait un peu revenir en arrière.
Aujourd’hui, je fais particulièrement attention au ressenti d’autrui, mais aussi au mien. J’accepte que chacun se protège. Il en va autrement dans la sphère privée, je suis assez intrusive. Je câline beaucoup mon mari, passe mon temps à le solliciter pour le masser…Le destin est parfois taquin : il a horreur de ça (enfin, c’est ce qu’il dit, parce qu’il n’a jamais protesté trop fort).
6 janvier, 2012 à 15 h 33 min
Il suffit qu’on en parle : la secrétaire du boulot vient de me demander si elle pouvait toucher mon ventre (enceinte de 4 mois) avant d’aller faire son loto parce que, paraît il, les femmes dans mon état portent chance…
6 janvier, 2012 à 15 h 49 min
J’ai pas le courage de lire tous les comms, mais je pense que les patients qui n’apprécient pas ce contact et se sentent envahis dans leur espace vital ne reviennent pas.
Personnellement, je pense qu’on vit dans une société où le contact charnel est de moins en moins présent (je parle hors sexualité) et je trouve qu’un médecin qui touche est un médecin doux, bienveillant. Ce genre de toucher me touche, hihi…
7 janvier, 2012 à 18 h 03 min
A Kazole : Moi même médecin généraliste, je n’arrive pas trop à comprendre comment on peut se laver les mains après avoir salué le patient qui quitte la consultation vu qu’en général le patient suivant arrive sans nous laisser le temps de quoi que ce soit à ce moment là…
Vous lui dites « asseyez vous j’arrive » et vous vous lavez les mains avant de le saluer ?… Ou alors vos patients sont bien élevés et quand ils voient le patient précédent vous saluer en sortant, ils attendent que vous vous laviez les mains avant d’entrer dans votre bureau ?…
Personnellement je n’arrive pas à m’organiser pour pouvoir me laver les mains entre 2 poignées de main, même si cela est évidemment dommage.
J’veux bien savoir comment vous faites parce que c’est un problème qui me taraude depuis ma toute récente installation…
8 janvier, 2012 à 15 h 39 min
C’est plutôt le médecin qui ne touche pas qui me gêne, sans parler de ce souvenir horrible d’un médecin qui était dégouté de me toucher, ne pouvait le cacher. Le toucher en médecine c’est quand même indispensable.
Je n’aime pas toucher et pourtant dans ma pratique je le fais beaucoup pour capter l’attention de mon patient, rassurer, guider alors que je ne suis supposée « que » traiter les fonction supérieures!
Ce que vous appelez « espace vital » en communication/linguistique/anthropologie porte un nom : la proxémie. C’est un sujet d’études passionnant.
9 janvier, 2012 à 1 h 21 min
Oh,
En lisant, d’un coup un souvenir rejaillit. Mon père.
J’ai mal au ventre, je n’ai pas dormi, j’ai 11 ans.
Papa, médecin, m’ausculte.
Et d’un coup ses mains sur moi sont différentes. Et j’en suis toute surprise. Mon père a des mains intelligentes, chaudes, précises. Ses mains savent. je me détend. Ce n’est pas papa. C’est le soignant.
Voilà ;-)
9 janvier, 2012 à 15 h 28 min
Mon vécu de « patiente »: celle de ma deuxième césarienne. Je suis nue, avec une blouse vaguement posée sur ma poitrine. Je suis dans le bloc opératoire, un anesthésiste essaie depuis 20 mn de me faire une rachi mais il ne trouve pas d’espace suffisant. J’attends, je tremble, j’ai froid ….j’ai peur.
Du monde pentre, sort, on est lundi matin et les gens parlent de leur WE come si je n’étais pas là. L’anesthésiste peste à cause de cette foutue rachi qu’il ne parvient pas à faire. Il m’annonce qu’il ne peut me la faire que très bas. J’ai déjà eu une césarienne, je sais que je vais sentir ce qui se passera au dessus de la rachi, j’ai de plus en plus peur et je me surprend à le dire. Mais persone n’a entendu …alors j’appelle l’élève sage femme qui est plantée devant moi sans bouger ni rien dire depuis le début de mon entrée au bloc. Je lui demande de venir me prendre dans ses bras. C’est pas ce que je réclame spontanément dans la vie, on s’en doute. Mais là, j’en ai besoin. Et elle s’avance, génée, et me pose sa main sur mon épaule. Je lui demande de m’entourer de ses bras. Je suis recroquevillée et j’ai la tête entre ses eins. Plus de proximité, tu peux pas. Et là, mes tremblements cessent, j’ai peur hein, mais j’arrive à respirer normalement, mes muscles se détendent et la rachi est enfin posée.
Rien n’aurait pu me faire plus de bien que ce contact « chair contre chair », comme ma maman aurait pu le faire pour ma rassurer.
9 janvier, 2012 à 15 h 33 min
@ poupou: ma généraliste quitte son patient, revient à son cabinet, se lave les mains et revient à la salle d’attente chercher le patient suivant. Compliqué?
9 janvier, 2012 à 19 h 46 min
Ben mince alors… je te lise et je me rends compte que moi aussi je me penche tout près tout près… aaaahhhhhhhhhh je suis un toucheur médical alors ???
;-)
#Bisous
9 janvier, 2012 à 21 h 05 min
Je trouve ça génial ! ne vous posez pas autant de question. Vous devez soigner comme ça. certainement un côté « chamanique » ou « sorcier ». Les patients sont des clients captifs de toute façon, ils accepteront tout ! et vous ne faites pas de mal. Vous voulez juste soigner. Aucune intention équivoque. Vous n’avez rien à vous reprocher. vos intentions sont « pures », ne doutez pas. Mais honneur à vous pour vous poser ce genre de questions. Peu de personnes aujourd’hui se soucie de savoir ce que l’autre ressent. Et ce sont celles qui ne s’en soucie guère qui pourtant devrait le faire.
10 janvier, 2012 à 12 h 53 min
Salut à tous, heureux de retrouver jaddo ! serait-ce que la thèse « touche » à sa fin ?
quelques remarques que m’inspirent ce post :
– vous oubliez le quasi « handicap » professionnel de celui (ou celle) qui a constament les mains froides de septembre à mai ! moi je dois souvent m’excuser de toucher les ventres ! et pourtant il fait bon dans le cabinet et je garde un pull ! mais j’y peux rien, je dois avoir un syndrôme de raynaud !!! J’ai développé tout un art de l’approche en douceur, du degré de déshabillage demandé pour concilier pertinence de l’examen médical et non imposition d’un toucher désagréable… Pour autant je ne m’interdit pas tous ces gestes d’empathie quand ils sont nécessaires et utiles à détendre le patient…
– pourquoi l’ostéopathie et autres médecines manuelles sont tellement en vogue en ce moment ? c’est bien qu’il y a un désir d’être touché, que le contact physique soulage… Une ostéo dans mon coin termine toujours ses comptes rendus par « j’ai pratiqué une écoute tissulaire attentive ». Moi, une fois, j’ai même guéri une migraine en examinant le rachis cervical ! (pas fait exprès !)
– la culture judéo chrétienne véhicule largement le « toucher qui guérit » (il n’y a pas un miracle de jésus qui touche les yeux d’un aveugle ?) alors même qu’elle « réprouve » le toucher sensuel ou érotique (l’immaculée conception en est l’exemple le plus manifeste, non ?). Donc mettre la main sur l’épaule, même si ce n’est pas un geste strictement de l’examen médical, c’est déjà un acte de soins au moins symbolique de la part du médecin.
10 janvier, 2012 à 13 h 22 min
citation : serait-ce que la thèse « touche » à sa fin ?
–> ah ben zut, chui pas sur touiteur moi, et j’avais pas vu le post du 22 Novembre !
Donc, félicitations Docteur, VOUS l’avez bien mérité !
10 janvier, 2012 à 22 h 49 min
Je vous adore, vous les toubibs. Vous sauvez des vies, vous connaissez des noms de maladies qu’un être humain normalement constitué ne peut mémoriser que sous LSD, mais vous vous posez parfois des questions étonnantes : comment faire pour toucher qq’1 quand on a les mains froides ?
On les passe sous l’eau chaude, vite fait. Une soignante qui prétendait faire un (inutile) clapping à ma fille de 2 semaines avec les mains glacées (il faisait -5 ; c’était une visite à domicile) n’y avait pas pensé. Nous, si.
Et se laver les mains entre 2 patients, ça semble pas sorcier-sorcier, non plus. Cela dit, je comprends bien que vous ayez tous d’autres chats à fouetter. Demandez-nous, quand ça bloque dans le quotidien ;-)
11 janvier, 2012 à 11 h 09 min
Pour être moi même atteinte du handicap des mains froides permanentes, je peux confirmer que rien n’y fait, chauffage, pull ou mains 5 min sous l’eau chaude à chaque fois… le robinet s’éteint, les mains redeviennent froides illico c’est désespérant…
D’où effectivement malgré que j’aime toucher mes patients l’obligation de s’excuser d’abord…
11 janvier, 2012 à 13 h 16 min
Ah ben oui, tient, me laver les mains à l’eau chaude, c’est bête, je n’y avais pas pensé dis-donc, tout occupé que j’étais à retenir des trucs d’extra-terrestre !!
Merci Faribole, heureusement que vous êtes là !
Et allumer le chauffage chez vous quand il fait -5, çà paraît pas sorcier-sorcier, non plus… ;-)
Aller, je retourne sauver des vies ; excusez-moi de vous avoir dérangé avec de si basses considérations !
11 janvier, 2012 à 15 h 03 min
Poupou : mes remplacés préférés sont des malins, ils ont une porte pour faire entrer les patients dans le cabinet, et une autre pour les en faire sortir. Ca évite que le suivant, effectivement souvent pressé, n’entre avant que je n’aie eu le temps de changer le drap d’examen, de nettoyer les instruments, et de me laver les mains.
Chez les autres remplacés, je fais comme la généraliste de Céciledetoulouse : un sourire, un « Je suis à vous dans quelques instants », et je me lave les mains avant de serrer celle du patient suivant.
Et oui, c’est vrai, les mains qu’on lave toute la journée, même à l’eau chaude, sont souvent froides. Et c’est parfois un avantage, surtout les enfants : « C’est froid? » Et le petit de se marrer comme si je le chatouillais.
11 janvier, 2012 à 16 h 24 min
Je suis une patiente non-toucheuse, j’évite de serrer les mains et encore plus de faire la bise à mes collègues de travail, et pourtant j’apprécie beaucoup les médecins toucheurs.
Je crois que c’est une question de tendresse, qui, si elle est absente, transforme la nudité (du corps ou de la confidence) en humiliation.
L’intrusion dans l’intimité exige la tendesse d’une mère.
Le chirurgien qui, passant près de mon brancart, garé dans un coin de couloir, me dit « tout va bien » en touchant mon pied est mille fois plus crédible et rassurant que celui qui s’adresse à moi sans oser le contact.
En me touchant vos patients, vous leur redonnez un statut de personne.
11 janvier, 2012 à 22 h 16 min
Toucher ou ne pas toucher. Telle est la question.
12 janvier, 2012 à 8 h 38 min
Bonjour
Comme d’habitude Jaddo, ton post m’a fait réfléchir et je t’en remercie. Je me rends compte ainsi que je fais partie de la minorité (parfois honnie je vois) des « toucheurs » dans ma vie. Mais avec le recul je m’aperçois aussi qu’il en a été longtemps différemment avec les patients. Élevée au contre modèle du médecin qui regarde et touche plus la pancarte et le scan que le patient, et sans doute ne sachant pas trop bien quelle distance respecter, j’ai été longtemps mal à l’aise avec la proximité des corps malades. Ce qui m’a aidé c’est mon expérience de para médicale, aide soignante puis faisant fonction d’infirmière. les corps souffrants accueillent souvent avec gratitude la communication non verbale du toucher au delà de celui nécessaire au soin. Du coup ensuite quand j’ai endossé la blouse de l’interne j’ai commencé a toucher plus facilement mes patient avec encore plus de facilité pour les ages extrêmes. Et puis quand je suis devenue docteur en vrai avec mes patients à moi j’ai touché de plus en plus , malgré des mains froides chroniques ;-) Comme toi la main sur l’épaule quand j »ausculte ou sur le bras quand un entretien difficile se poursuit sur la table d’examen etc. Toutefois je m’interroge parfois encore sur la distance : je sens bien que pour certains la main ne devra pas trop s’attarder quand d’autre l’accueilleront sans problème.
Sinon encore 2 mots pour te dire que ton bouquin déposé au pied du sapin a fait bien plaisir et que les commentaires des internes et externes à la lecture de l’exemplaire du cabinet alimente des échanges forts pertinents! Très bonne année à toi!
LBV
12 janvier, 2012 à 19 h 09 min
J’ai pas eu le temps de lire les commentaires.
Connais- tu les cinq langages d’amour qui constituent la relation? Le toucher en fait partie. Par exemple, la théorie développée là dessus est qu’un enfant qui a développé comme langage d’amour le toucher, ne se sentira pas « complètement » aimé de ses parents, s’il n’y en a pas un « toucheur ».. C’est très intéressant comme théorie, même si elle a ses limites aussi.
Je fais partie aussi des médecins qui parlent à leur patient le langage d’amour du toucher (violons ;)), mais j’ai horreur que mes enfants me touchent, m’embrassent.. Quand j’aurai fait une psychothérapie, j’en reparlerai de tout ça..
13 janvier, 2012 à 10 h 22 min
Bonjour
Je suis prof dans un collège en réseau de réussite scolaire (titre ronflant qui a remplacé les anciennes zones d’éducation prioritaire sans apporter la moindre réponse à la détresse scolaire et sociale des familles concernées!!!!) où les contacts sont très codifiés, les dérapages faciles et les malentendus fréquents. Pourtant, depuis quelques années, je me surprends à toucher les élèves, les anxieux comme les nerveux au bord de l’explosion. Cela peut être une main posée sur l’épaule pour encourager un élève qui peine sur un exercice ou bien un serrage de bras plus ferme pour contenir la colère d’un autre. Il y a une quinzaine d’année, à l’IUFM, on nous avait pourtant mis en garde: « ne touchez jamais un eleve, les accusations de pédophilie sont courantes même à l’encontre des femmes ». J’avais trouvé cela curieux mais je pensais que cela ne me concernait pas vraiment n’étant pas toucheuse de nature. Dans mon premier poste en banlieue parisienne dans un établissement très difficile, le premier conseil des collègues chevronnés à été: « surtout, en cas de conflit, ne touche jamais les élèves, ils ne le supportent pas, cela ne fera qu’envenimer les choses ». J’étais jeune, j’ai fait ce qu’on m’a dit. Aujourd’hui, avec l’assurance que me donne l’expérience, je me sens légitime à toucher les élèves pour les calmer, ils me connaissent et savent que mon contact n’est pas agressif, ils l’acceptent. Parfois dans les moments de doute ou de colère, il est bon de rappeler à l’autre qu’il est humain comme nous et cela se fait plus naturellement par le geste que par la parole. Ce qui compte, je pense, dans le cabinet d’un medecin ou dans une salle de classe, c’est le regard et le ton de la voix qui accompagnent le geste plus que le geste lui- même.
Dans tous les métiers, il me semble toujours intéressant de s’arrêter pour s’interroger sur nos pratiques: pourquoi je fais ça? À quoi ça sert? Qu’est-ce que ça dit de moi? Etc.
Merci donc, grâce à vos interrogations, de provoquer les nôtres!
13 janvier, 2012 à 11 h 26 min
Haaaaaaaaa, Jaddo, Jaddo, Jaddo. Je viens de finir votre bouquin. Je ne m’en remets pas. En plus, c’est pas possible mais une plume pareille??!!? Vous avez 260 de QI ou quoi?
13 janvier, 2012 à 19 h 38 min
C’est un sujet très fort que tu abordes là.
Peut-être que ton toi médecin est une personne plus à l’aise avec les autres que ton toi à couettes tout court ?
Je pense moi que tu as raison instinctivement, qu’il est essentiel pour les patients d’être touchés pour se sentir en confiance.
Il m’est arrivé trois fois dans ma vie de souffrir physiquement très fort (une fois, c’était un accouchement, les deux autres fois, des douleurs de la même force, disons). Le toucher, juste le simple contact de la main d’une personne, même inconnue, même un contact accidentel, faisait baisser la douleur. Ca m’a énormément frappée.
Le contact d’un autre humain (animal, peut-être ça marche aussi d’ailleurs) te débarrasse de l’excès d’angoisse. C’est pour ça que c’est très important de tenir ne serait-ce que la main à quelqu’un qui souffre, physiquement ou moralement.
Une fois de plus, c’est très beau et très fort, ta façon d’être médecin. Parce que tu n’oublies pas d’être… un être humain, avant tout.
Merci pour ça.
14 janvier, 2012 à 10 h 24 min
« Nous savons ainsi par exemple que le toucher :
-affecte favorablement les jugements esthétiques (Silverthorne, Noreen, Hunt & Rota, 1972)
-conduit des clients à trouver + agréable le magasin ds lequel ils pénètrent (Hornik, 1992)
-amènent les usagers d’une compagnie aérienne à trouver le personnel navigant + compétent (Wycoff & Holley, 1990)
-modifie positivement la perception du statut d’un inconnu (Storrs&Kleine, 1991)
-induit un patient à avoir davantage confiance en son thérapeute et à le trouver + chaleureux (Pattison, 1973)
-crée chez la personne touchée une humeur positive (Fischer, Rytting & eslin, 1976)
-réduit le stress de patients avant une intervention chirurgicale (Whitcher & Fisher, 1979)
-améliore les performances scolaires d’un élève (Steward & Lupfer, 1987) »
Petit Traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, Joule & Beauvois, p 147
;)
14 janvier, 2012 à 11 h 42 min
Votre blog aussi est très touchant.
14 janvier, 2012 à 14 h 36 min
Merci pour votre blog , très intéressant que je découvre.
J’avais la même impression que vous concernant les contacts avec le patient jusqu’au jour où j’ai vu la main posée d’une de nos internes sur l’épaule d’un patient. Après la consultation j’ai pu lui dire que cet homme était en ALD (affection de longue durée) pour …. une psychose érotomane !
Depuis j’avertis les étudiants de ne le faire qu’à condition de connaître la personne parce que cela peut être mal interprété …
Merci beaucoup, je reviendrai vous lire
14 janvier, 2012 à 15 h 58 min
Bonjour !
Interne en 9ème année… DES de médecine générale, je suis fan, félicitations.
Le plus drôle c’est qu’hier midi, pendant la pause café à l’hôpital, nous nous sommes mis à parler de ce blog; or « nous » , ça comprend les 6 internes de gynéco et MG, venant de Nice, Paris, Lyon, Marseille, Lille et … Lille… quel succès national ! Nous étions toutes en admiration devant ton talent. Voilà, c’est dit.
Bonne continuation.
pauline ( copine de Perrine…)
14 janvier, 2012 à 18 h 19 min
Psychose érotomane… les vrais tristes emploient souvent des mots qui viennent du grec pour donner des airs à leur tristesse.
On ne peut pas leur en vouloir en même temps, c’est le seul moyen pour leur conformisme de faire impression. Et pour eux, de continuer.
14 janvier, 2012 à 22 h 27 min
Je suis quand même assez sidérée par la quantité de personnes qui vous répondent en disant « dans la vie, je déteste être touché(e).
17 janvier, 2012 à 0 h 40 min
Je me pose quand même une question. En cas de consultation face à un autiste de haut niveau ( ou autre d’ailleurs), – mon cas-, qui a déjà du mal avec les contacts et qui a besoin d’un espace plus grand dirons-nous, qui a préparé longuement ce moment pénible pour lui… comment vous comportez-vous ?
18 janvier, 2012 à 10 h 04 min
@Gladys : Et si juste un sens de la compréhension de l’autre, des principes et beaucoup de coeur suffisait ? Très loin de moi l’idée de dire que Jaddo n’est pas intelligente, mais je pense que ce serait une erreur de prendre ses écrits pour une preuve d’intelligence exceptionnelle. Ca me semble plus une démonstration de beaucoup de bonté, avec du réalisme quand il faut, une naïveté qui la quitte petit à petit au fur et à mesure des articles et tout plein d’humour, surtout ^^
20 janvier, 2012 à 9 h 34 min
gloops, j’avais raté ce papier, heureusement tweeté par Dominique Dupagne.
Il m’a donné envie de relire un vieux truc retrouvé dans les cartons du web, écrit voilà bien des années, quand Jaddo était à peine pubère.
http://docteur-coq.over-blog.com/article-5966594.html
même métier, même passion obligée pour les choses du toucher. Merci Jaddo de nous le rappeler
21 janvier, 2012 à 10 h 12 min
Je suis une « toucheuse médicale » et trouve que cela facilite le… contact (!) avec le patient.
Il faut bien sûr essayer de repérer les personnes que cela gêne ou angoisse mais j’ai l’impression qu’il y en a peu. Par contre, tellement de gens seuls que plus personne ne touche sauf pour les bousculer dans le métro…
21 janvier, 2012 à 11 h 17 min
Bonjour Jado,
connaissez-vous l’haptonomie ? Parce que votre billet m’y fait beaucoup penser. Quand on parle d’hapto, on pense surtout à la préparation à l’accouchement, mais il y a une partie de cette pratique qui se fait sur les gens « eux-mêmes » (par opposition au bébé via le ventre de la mère), et même des adultes !
Moi j’ai une médecin « non-toucheuse », et je crois bien que ça me plairait d’avoir quelqu’un qui « ose » me toucher au-delà du seul geste médical, qui ose entrer en contact… justement.
22 janvier, 2012 à 10 h 08 min
« Dans la vie, je n’ai jamais été une grande toucheuse. »
Je tiens beaucoup à mon espace vital, je me sens vite envahie, à l’étroit, agressée.
Pourtant au travail je touchais sans arrêt tout le monde. J’ai été 5 ans éducatrice spécialisée. Je travaillais avec des enfants tout cassés. Et je les touchais tout le temps. Pas tellement les câlins-bisous, non, d’autant qu’ils avaient entre 7 et 14 ans. Mais toujours une main sur la tête, sur le bras, sur l’épaule, en leur parlant, comme ça en passant, durant les crises aussi, du contact, toujours. Une façon de dire « je suis là », « je te vois », aussi, et « là, là, doucement, ça va aller » entre autres. Du lien, de l’être, ce qui ne passera jamais par les mots.
Quand je vais voir le médecin… je ne sais pas.
J’ai connu une ostéopathe qui touchait beaucoup (oui oui c’est son métier, mais plus, quoi) parfois ça me mettait un peu mal à l’aise. Parfois. La plupart du temps c’était plutôt rassurant, positif. C’est la meilleure ostéopathe que je connais. La seule vraiment bien.
L’auscultation gynécologique aussi, entre celui qui va direct à l’essentiel et la sage-femme qui pose ses mains sur vos jambes, papote un peu, y va tout doucement en touchant beaucoup les pieds, les cuisses… D’abord un premier mouvement de recul « ouh-là mais qu’est-ce qu’elle fait ? elle prend le thé ? eh, c’est MON intimité ! » puis… en fait c’est vraiment vraiment bien mieux. Doux, respectueux, et puis le fait que finalement ses mains et mon corps aient fait connaissance juste avant, ben ça fait nettement moins « invasion sauvage », c’est presque de vieux potes, ça passe mieux !
il y a des gens qui savent toucher mieux que d’autres. Ceux-là accompagnent, rassurent, posent. Ceux-là rendent humain ce qui ne l’est pas forcément.
Je ne sais pas si tu touches « trop » ou si ça dérange. Mais je sais que quand on a cette faculté de sentir les gens au-delà de ce qu’on voit ce serait dommage de ne pas l’utiliser, fut-ce avec de gros sabots.
Ouvrir les écoutilles au premier contact et tenter de percevoir un éventuel recul ?
24 janvier, 2012 à 6 h 00 min
Mon amie a horreur du toucher elle esquive les bises et fuit les lieux bondés. Quand d’autres raffolent des câlins et des papouilles, elle a un mouvement de retrait dès qu’on l’effleure !!
25 janvier, 2012 à 1 h 11 min
Toucher est un super moyen de communication entre les êtres, qu’on se le dise. On devrait tous apprendre à développer ce sens au maximum, on apprendrait et découvrirait beaucoup plus de choses. Que fait un non voyant pour communiquer? il touche et ce toucher là dépasse de très loin celui d’un voyant.
Jaddo a peut être joué beaucoup à Colin Maillard étant petite, c’est pour ça qu’elle touche aussi bien :))
25 janvier, 2012 à 1 h 24 min
Moi aussi moi aussi moi aussi !
Ce post a suscité de très nombreuses réactions, et ça se comprend.
Je me suis complètement reconnue dans ta description : la myopie, l’évitement du contact dans ma vie sociale (combien de fois me suis-je reculée lors d’une conversation, parce qu’on tentait d’envahir mon périmètre vital !), et pareil… dès que je me retrouve dans mon rôle de médecin (encore interne de médecine gé, pour l’instant), je touche, naturellement, sans y réfléchir.
C’est essentiel pour moi, ça me permet de créer (littéralement) le contact, d’autant que je suis assez peu bavarde en consult (mais je me soigne). C’est aussi une manière d’humaniser l’examen clinique : je touche une épaule en posant mon stétho, parce que ce ne sont pas seulement un coeur ou des poumons que j’écoute, mais une personne dans sa globalité. Je caresse la peau après avoir palpé, appuyé, frappé.
Et c’est vrai que, souvent, je me rends compte que je suis en train de le faire. Et je me pose la question. Mais jamais aucun patient ne m’en a fait la remarque, ni n’a paru horrifié, choqué, ou même interloqué.
Par contre, pour les nourrissons, la main sur le ventre, c’est quand même essentiel, ne serait-ce que pour éviter une chute de la table d’examen ! Et la poignée de main aux petits, j’adore ! Je le fais très très souvent, mais je pense que grâce à toi, ce sera systématique !
En tout cas, tant qu’on reste respectueux et professionnel, je suis convaincue que le contact reste indispensable, et qu’il est parfaitement accepté. Voire bénéfique. J’ai ainsi l’impression de créer une relation médecin-malade tangible.
Et merci mille fois pour tes récits, grâce auxquels je me sens moins seule, moins incomprise, et de plus en plus armée pour la suite !
25 janvier, 2012 à 12 h 33 min
Faisant suite aux récents scandales des abus de touchage de certains praticiens et paramédicaux sur personnes vulnérables ou mises en état de vulnérabilité, la Ministre de la santé équitable Rosinette Paletot secondée par des experts cliniciens et touches-à-tout ( dont la célèbre Doctoresse Couette-Jaddo ) vient de déposer une proposition de loi supprimant le contact cutané direct entre patients et praticiens médicaux ; des caméras digitales et des palpo-diagnostiqueurs automatiques et à usage unique seront bientôt commercialisés et mis à disposition ( pour un prix non encore fixé ) auprès de tous les professionnels de santé qui étaient amenés par le passé à toucher directement les patients ; ce qui se passe depuis déjà plusieurs années avec les chirurgiens (ou depuis 2045 ceux-ci téléguident leur techno-robot grâce à une reconnaissance vocale infalsifiable ) va donc être étendue à l’ensemble de la médecine générale, parente pauvre restée encore bêtement ‘’manuelle’’ ; c’est un soulagement pour les associations de victimes d’abus de touchage médical qui militent depuis de nombreuses années pour le respect intégral de leur espace vital personnel inviolable ( evpi ) y compris en situation d’urgence vitale. Il reste encore à discuter des modalités de substitution de la poignée de main d’accueil, qui pourrait selon certaines rumeurs, être remplacée par une simple inclinaison bustale mutuelle, en veillant bien sûr à ce que les deux parties ne rentrent pas en contact, ce qui sur le plan hygiénique perdrait alors tout bénéfice.
Ces mesures seront applicables dès la semaine prochaine.
( CdB junior, correspondant à ‘’la Médecine Hygiénique Moderne ‘’)
25 janvier, 2012 à 16 h 21 min
Coincoin =)
A la fac ou j’etais, on avait tendance a nous conseiller « d’eduquer » notre main.. (faire des exercices de toucher, tremper dans de l’eau de differente temperature…..)
Le principe etait de pouvoir trouver quelque chose auquel on ne ferait (ou ne pourrait pas faire) attention juste en regardant (genre une grosse difference de temperature d’un membre a l’autre).. On peut aussi trouver une « grosseur » ou a l’inverse un trou.. bref a force la main sait ce qu’elle est censé trouver a tel ou tel endroit.. et quand ca n’y est pas: bip alarme!! ya un probleme!
S’en suit l’habituelle: « tiens.. vous avez eu quelque cose la? »
« oh ben oui! comment vous savez??! »
toujours impayable ^^
sur ce… *tape sur l’epaule* ;)
27 janvier, 2012 à 1 h 12 min
Un médecin qui me toucherait avec douceur, mais j’en rêve moi !
28 janvier, 2012 à 23 h 26 min
Je n’ai aucun souvenir conscient de contact physique avec mes parents. Pas le moindre calin.
Bien évidement, je souffre d’eczema.
Lorsque j’étais enceinte, je ne supportais pas qu’on m’ approche et encore moins qu’on touche mon ventre à l’exception de 2 personnes : mon mari et mon obstétricien.
L’un parce qu’il m’aime, l’autre parce qu’il sait et qu’il soigne.
29 janvier, 2012 à 21 h 08 min
merci à vous et aussi à cardiologuedebrousse qui souligne une question que je me pose depuis le début de la lecture des commentaires : pourquoi est ce que je ne touche plus un enfant ou un préado sans une autre personne dans la pièce depuis qu’une mère est partie (très ) en colère après un dextro fait à son fils (qui avait tout le temps soif) hors de sa présence??? depuis j’ai perdu un peu du plaisir de faire confiance à l’intelligence des mains (cf supra!): le toucher peut aussi être raconté et …déformé … et judiciarisé…
Ceux qui n’ont qu’un seul bureau ont moins de problème sauf pour tweeter durant l’habillage déshabillage; la présence du tiers dans la relation avec le patient est sans doute un autre problème et pourtant peut bien interférer dans un acte aussi apparemment simple que le toucher:) En tout cas demain je vais retoucher avec plus de plaisir, d’attention; merci Jaddo
29 janvier, 2012 à 21 h 35 min
bon j’avoue avoir la flemme de lire tous les commentaires.
ma médecin traitant est une non-toucheuse, c’est à dire qu’elle m’éfleure à peine et le plus souvent avec 2 doigts genre « je suis un mouchoir sale »…
je déteste ça et ça me perturbe !
je pensais jusque là qu’elle était chochotte et la lecture de ce billet me fait penser que non, qu’elle travaille, elle, en entrant le moins possible dans la sphère du patient.
et bien moi, j’ai besoin « de sentir sa peau sur la mienne » !
je « mets ma vie entre ses mains », ma peau aussi.
alors que je suis une non-toucheuse aussi, je fais à peine la bise.
voilà, du coup je retourne lire les com
29 janvier, 2012 à 23 h 56 min
Salut Jaddo!
Je suis jeune remplaçante et après avoir lu ton livre et un bout de ton blog je me reconnais vachement non seulement par les situations, les expériences à l’hopital et les réactions des patients. Lors de mes examens, j’ai tendance également à palper, regarder de près et je n’hésite pas à m’assoir à coté du patient pour ausculter les poumons, et je trouve ça normal. Cela permet de créer un lien envers des personnes que nous ne connaissons pas (Aah il n’est pas là le Dr Machin? Bon tant pis c’est « juste » pour un renouvellement je n’ai rien..)… après tout on sent bien si c’est approprié ou pas, les patients nous le font bien sentir.
31 janvier, 2012 à 11 h 22 min
bonjour Jaddo,
Au risque de répéter ce qui a déjà été dit,lire tes posts et les commentaires est un réconfort, dont je ne me lasse pas : c’est un partage du plaisir de « prendre soin »de l’autre, et de toutes nos incertitudes…Dans mon métier de sage femme, je touche souvent mes patientes, ou elles me touchent (l’une d’elle me faisait des petites caresses dans la nuque pendant la pose de péri : »ça vous gêne pas?moi ça me détend! »…j’avoue que ça m’a « touchée! »…)La poignée de main est une rencontre, une main posée ou serrée accompagne les mots , ou les maux, comment faire autrement?Sauf si ça gêne l’autre évidemment…je serai plus attentive, je promets !
1 février, 2012 à 11 h 58 min
Oui, bien sur, « le toucher te permet de mieux t’approprier la personne, de mieux la deviner, de mieux rentrer en contact avec elle. »
D’accord avec tout ce qui est dit au dessus, ça fait partie de le règle du jeu : on accepte de son médecin ce qui ne serait pas accepté dans la vie courante. On sait peser et ne pas se méprendre sur ce qui est une marque d’empathie, de soutien positif.
N’empêche que…
Il a pu m’arriver d’être troublé par le contact physique pourtant sans équivoque d’une médecin. Trouble immédiatement censuré et resté, du moins je le crois, invisible.
N’empêche qu’une autre fois la même médecin qui était penchée prés de mon visage en contrôlant la tension sur la table d’examen s’est méprise sur un sourire qui m’est venu. Elle a sursauté et m’a demandé un peu trop brutalement de fermer les yeux. En fait c’était un sourire amusé par une idée passagère et qui ne lui était pas destiné…
Rien n’est simple.
1 février, 2012 à 18 h 40 min
Petit hors sujet, car je ne sais pas comment t’en parler autrement.
Je me suis bien amusé en lisant les « perles » de début de blog, hier entre deux consult, et v’lati pas qu’aujourd’hui je je vois pour la première fois une mamie , qui m’a gentiment préparé une petite liste avec ses antécédents :
prothèses de genoux, de hanche, fractures diverses, hta, etc.
Jusqu’à ce que mes yeux buttent sur une pathologie, qui me disais bien quelque chose, mais que mon cerveau se refusait à intégrer comme ça, y’avait un bug quelque part…
Je reviens quelques lignes en arrière et relis :
« ANUS VALGUS » !!!!
Waaaaooowww, trop dur de garder son calme !
1 février, 2012 à 18 h 46 min
Ah oui sinon, à propos du toucher, une petite phrase que j’aime :
« Imposer les mains, c’est entrer en contact avec le corps, l’âme et l’esprit de celui qui a besoin de nous. »
Alexandro Jodorowsky
2 février, 2012 à 9 h 28 min
Bon un petit billet please parce que que ça manque un peu :)
2 février, 2012 à 14 h 05 min
Oh oui! Un autre billet! Un autre billet!
2 février, 2012 à 22 h 22 min
@ Frédéric
Moi j’aime bien « l’anus valgus » comme pathologie, une vraie petite perle et s’il avait été bilatéral je crois que le cerveau aurait tilté aussitôt :))
3 février, 2012 à 22 h 53 min
C’est bon de te lire, Jaddo,
vraiment très très bon.
3 février, 2012 à 23 h 11 min
Merci. Merci pour votre livre. C’est juste ma vie. Telle qu’est elle, avec aussi des couettes, des incertitudes et des envie de crier ce qui cloche. Alors merci.
4 février, 2012 à 0 h 38 min
Trés beau post effectivement… Juste une question, ils tournent TOUS la tête pour respirer?? Aucun ne te respire dessus tranquillement, aucun n’oublie de mettre la main devant la bouche quand tu demandes de tousser?
Moi je touche aussi pas mal, mais par contre j’examine les poumons de derrière les patients… Comme ça ils peuvent cracher s’ils veulent je suis un peu protégée… Et je n’ai pas non plus à leur respirer dessus, du coup. (ah, l’aïoli du vendredi…)
Bisous
10 février, 2012 à 5 h 53 min
Une petite histoire perso: Dans un bureau de poste , par inadvertance , je suis passé devant un jeune homme qui,furieux , m’a engueulé.
Mon reflex à été de toucher son bras , fraternellement , naturellement en m’excusant , et là , là, est apparu un enorme flot d’injures d’une violence considérable : j’avais osé le toucher!!!
Alors, je me suis trouvé bête , seul , différent , oui différent , le toucher est tellement mon quotidien , comme toi jaddo , que , seul avec mes mains , mes grosses mains sensibles qui perçoivent et transmettent tant d’émotions et de signaux , mes mains étaient refusées et pour une fois , incomprises. Mes messages de réassurance , d’accompagnement , de calme , d’humanité , de respect et bien d’autres choses encore , ne passaient pas , étaient déformés.
j’étais dans la vraie vie , et dans la vie , en France ……….on ne se touche pas entre hommes .
11 février, 2012 à 21 h 58 min
Je serre les mains à tous les plus de 7 ans;donc j’ai attrapé la gale trois fois en 2011… Il y a des jours,je préférerais le salut asiatique!
Sinon, les tous petits,je ne leur serre pas la main, je leur donne la main,et c’est ensemble que nous entrons dans le cabinet de consultation. Mais oui,le toucher compte énormément.Je suis incapable de faire un diagnostique en dermato sans palper la lésion… sauf la gale, bien sûr mais là c’est trop tard de toutes façons (cf ci-dessus)…
Bizz
15 février, 2012 à 23 h 43 min
Jaddooooooo !!!!!!
Miss u …
24 février, 2012 à 12 h 45 min
« L’homme est un animal social » ne disait-il pas Aristote?
Comme je suis fatigué de l’évolution de l’espèce humaine qui en a tellement oublié ses lointains ancêtres et leurs plus basiques et instinctifs gestes de communication sociale… A force de tout érotiser (merci Freud) tout est devenu très compliqué.
Tactile, je souffre de ne pas être touché, que dis-je? j’en crève! Je souffre de la froideur des relations humaines, je souffre de cette distance. Je souffre de ce doute, de cette question muette dans les yeux, de ces gestes de recul, de cette crispation, au moindre contact. En même temps je n’aime pas non plus être tripoté, mais ne pourrait-il pas y avoir un juste milieu, simple, instinctif, sain, naturel, chaleureux, humain?
Par définition, toute forme de contact est devenu automatiquement source de malentendus, quel dommage, alors que personne ne s’offusque que la prise de contact avec n’importe quel animal évolué (chat, chien, cheval, cochon d’Inde, …) passe naturellement par le contact physique.
Je ne suis pas naïf, je ne nie ni les dérapages, ni les pervers, malheureusement ils existent. Tous les êtres humains ne sont cependant pas des pervers en puissance, non?
Prof d’instrument de musique, je suis parfois fatigué de m’observer afin que chaque geste ou contact que j’ai avec mes élèves ne puisse pas être mal interprété, parce que forcément, un homme qui touche ses élèves ne peut-être que forcément un pervers en puissance à contrôler attentivement! Et tant pis pour les personnes kinesthésiques qui sont quasi contraintes de passer par le toucher pour apprendre, il n’avaient qu’à choisir d’être normaux, eux-aussi… Et pourtant, allez faire prendre conscience à un élève de 5, 6, 7, 8… 14, 54 ans de son schéma corporel sans aucun contact, vous seriez tous étonnés de la difficulté générale à réaliser l’existence physique de l’articulation du coude et de la possibilité de la mobilité quasi exclusive de l’avant bras… sisi! Vive le violon!
Merci Jaddo pour ton livre, rencontré par hasard, qui m’a fait prendre un fou-rire silencieux au milieu d’une librairie et que j’ai acheté immédiatement. Merci pour toutes tes réflexions de bon-sens, merci de rappeler que la vie pourrait être tèèèèllement plus simple… merci pour ce bol d’air pur, merci pour ce post rafraîchissant et libérateur… à tout bientôt j’espère!
1 mars, 2012 à 3 h 34 min
Toucher érotique ou contact rassurant ? « Eros » ou « Philia » ? L’haptonomie peut peut-être vous éclairer : http://www.haptonomy.org/
J’ai fait de l’haptonomie en préparation à la naissance (pour ma fille) avec un médecin qui ne me « touchait » pas mais me « contactais », me sécurisait, me guidait pour installer un lien affectif avec le bébé in utéro, en incluant le papa.
Beaucoup de contacts physiques (main sur le ventre, petits bercements…), mais aucune ambiguité érotique. De beaux moments, très émouvants et joyeux, et une chouette préparation à la naissance…
3 mars, 2012 à 19 h 41 min
je ne suis pas tactile du tout et n’aime pas que l’on rentre dans mon cercle non plus mais je le fais dans mon métier (je vends du sport dans une salle de remise en forme) parce que mes clients me touchent aussi et mes collègues sont tactiles.
Je viens de terminer le livre tiré de votre blog, je me suis régalée, merci de partager tout ça avec nous !!!!
20 mars, 2012 à 20 h 53 min
je suis médecin aussi mais salariée, c’est la première fois que je participe à un blog mais le sujet est trop tentant!
je suis moi-même très tactile mais dans ma vie privée pas avec tout le monde. Dès que la relation devient un tantinet affectueuse je le deviens.J’ai appris et enseigné l’ostéopathie, je me souviens de la devise préférée de mes maitres :la première chose à faire, avant de traiter, c’est de toucher son patient car le toucher c’est l’ « aimer » et que sans l’aimer on le soignera moins bien…surtout quand on est ostéopathe, dans le cas contraire il faut mieux changer de métier!
Pour moi le contact tactile est super important, je serre la main de tous les salariés qui viennent me voir, je leur pose la main sur l’épaule pour les examiner…je sais qu’ils apprécient et que le contact est établi.
Scientifiquement on sait aussi que le toucher peut être thérapeutique, exemple chez les nourrissons orphelins en institution qui dépérissent privés de cälins…C’est un sens à mon avis trop négligé!
21 mars, 2012 à 10 h 57 min
je suis infirmière et je me suis reconnue dans vos propos…Je ne suis pas non plus une « toucheuse » en général et pourtant j’en ai besoin professionnellement. j’anime depuis quelques années un atelier balnéo-massage avec des personnes âgées. Le toucher FAIT le soin, nous fait ressentir des choses et apporte un bien-être à la personne touchée.
22 mars, 2012 à 21 h 25 min
Je me suis aussi rendu compte que je touchais beaucoup mes patients mais je continue de le faire car la main sur le bras de la personne qui souffre, cela me parait une évidence… et puis l’examen clinique est fait de contact, nous travaillons avec nos mains, alors oui, je caresse la tête du nourrisson quand j’examine son ventre, je mets la main sur l’épaule des patients qui ont l’âge de mon père quand j’écoute les poumons, mais je suis moins à l’aise quand j’examine des hommes de mon âge…
et rien à voir (ou alors si, tout !) : je me suis installée il y a 3 mois et tu y es pour quelque chose ! Continue Jaddo !
22 mars, 2012 à 21 h 26 min
et chapeau pour ton titre et ta chute…. divin !
28 mars, 2012 à 18 h 26 min
C’est dur à décrire hein? Moi aussi, je ne peux pas travailler si je ne les touche pas, j’ai l’impression de ne pas les « cerner » en quelque sorte…. Bon moi je suis infirmière,j’ai plus facilement l’occasion de les toucher mais c’est vrai que caresser le bras qu’on va piquer c’est pas forcément utile mais il y a des informations que j’ai l’impression de n’avoir que comme ça… Merci de l’avoir mis en mots.
7 avril, 2012 à 3 h 49 min
Je suis une remplaçante tout fraîche de cette année et ce post m’a vraiment fait écho. Je me suis entièrement retrouvé dans ces caractéristiques de « toucheuse myope ». J’ai le souvenir notamment d’une dame âgée déprimée que l’infirmière d’une maison de retraite m’avait amené. Je fais l’examen classique, je la sens distante et je lui demande comment elle va « ça ne va pas mais je ne veux pas en parler », je me suis rapprochée, juste posé ma main sur la sienne, lui ai dit que j’étais là pour l’aider, que je n’étais pas là pour l’embêter, on est resté un certain temps dans le silence toutes les deux, ma main sur la sienne, à la fin de la consultation elle m’a remercié pour mon « écoute »…
7 avril, 2012 à 10 h 05 min
http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/I10343828/andre-parinaud-a-propos-de-l-amour-au-temps-de-la-cybernetique.fr.html
7 avril, 2012 à 22 h 04 min
Ce matin j’ai commandé ton livre et ce soir je decouvre ton blog!
J’ai juste l’impression de lire ce que je vis : c’est franchement bizarre!!!
Ta description de l’examen clinique et de l’art du toucher …c’est tout moi!!!
Sauf que je ne m’étais jamais posé la question du pourquoi…
En effet je serre des mains, j’embrasse des joues d’enfants, je caresse des mains et des avant-bras, je me penche anormalement sur des dos, des pieds mais aussi des pénis, j’empoigne des épaules que je ne lâche pas…et je ne m’imagine pas faire autrement! Cela ne s’appelle-t-il pas l’empathie?
MERCI MERCI MERCI
J’ai hâte de lire ton livre!!!!
Delphine, généraliste …en creuse
9 juillet, 2012 à 22 h 51 min
Salut Jaddo!
Un an de post à rattrapper, je me suis régalée!
Je voulais te dire que j’avais eu la même réflexion que toi sur le toucher des patients et le toucher des proches en général il y a quelques années. Je ne suis pas moi non plus une toucheuse dans la vie, et je touche les patients en toute conscience, en rélféchissant bien à chaque geste pour qu’il n’y ait aucune ambiguité. Je guette leur réaction pour voir si le geste est accepté ou pas. Je trouve que depuis que j’ai arrêté de fumer, mes relations sont plus claires avec mon entourage et j’accepte mieux de me laisser approcher, ou je dresse une barrière gentiment plus précocément. Je dis plus facilement « NON » en fait. Et je touche un peu plus.
J’ai une théorie psychologique aussi : on m’a raconté qu’étant petite fille, ma mère, qui voulait deux garçons a fait deux fausse-couche et a eu finalement deux filles, passait son temps à m’embrasser, me malaxer, me serrer dans ses bras, sans toutefois être réellement à l’écoute de mes besoins. Je passais mon temps à la repousser. Ma mère fait partie de ces personnes qui pensent qu’il faut mater les bébés très tôt sinon ce sont eux qui vous matent.
Aujourd’hui j’ai la phobie des araignées et je n’aime toujours pas qu’on me touche de trop près.
Ah tant que j’y pense, moi aussi je suis myope!
Donc je voulais te dire qu’à mon avis, on fait ce métier qui touche les gens pour répondre à leurs besoins d’être touchés d’une manière spécifique dans cet état qu’est la maladie par un professionnel qui les écoute, ce pour quoi ils vont même jusqu’à payer. Et je crois qu’on le fait parce que c’est ce que nous n’avons peut-être pas eu, nous, dans l’enfance (??) et que nous attendons une certaine reconnaissance et la manifestation du bien-être du patient, qui est l’état de guérison.
A @poupou: perso je me lave les mains juste avant d’examiner le patient, juste après, et je me passe du gel hydroalcoolique sur les mains après avoir congédié le patient sortant, juste avant d’accueillir le suivant, le gel étant posé près de la porte.
A+
18 juillet, 2012 à 17 h 59 min
T’aurais dû faire kiné ! :)
18 juillet, 2012 à 23 h 23 min
Bonsoir!
Je viens de terminer ton livre et me voici sur ton blog.
Je suis kiné dans un hôpital mais mes réactions sont identiques. Je touche beaucoup et accepte peu d’être envahie( j’ai même pour adage « les caresses de chat ça donne des puces! »).
Cela dit une prof nous disait que chaque personne possède une bulle et que cette bulle varie en forme et en volume, selon, les personnes, l’humeur,… et le lien qu’elle entretient avec L’autrui qui s’en approche.
Malgré tout la communication non verbale est majoritaire dans tout échange, ce que tes mains, tes expressions disent, tu peux rarement l’exprimer avec des mots.
De plus les gens ont besoin d’être touchés, regardés pour exister et être rassurés, surtout dans la relation si particulière qui se noue entre le soignant et le soigné.
Et puis, entre ta vie de tous les jours et ta vie professionnelle, il y a peut-être un certain équilibre sensoriel tactile?
14 septembre, 2012 à 15 h 05 min
Je découvre ce blog aujourd’hui, j’aurais pas du, je suis au bureau et du coup, j’ai rien foutu depuis 10h00 ce matin …
Passionnant, rafraichissant, émouvant, instructif …. bref, beaucoup de qualité, bravo et merci.
Cependant, j’ai trouvé une phrase qui m’a interpellé :
#Yvan : « Juste un parallèle, étrange : en mécanique, les profs vous apprennent à garder une main sur la machine. Pour la sentir travailler. »
Et là, ça m’a frappé. Quand j’apprenais la menuiserie, notre professeur disait la même chose » gardez le contact avec votre pièce de bois, c’est le meilleur moyen de sentir ce que vous faites, et comment l’usinage se passe ». Je retrouve un peu la même sensation quand je suis sur ma moto, malgré l’épaisseur de la semelle de mes bottes ou du cuir qui m’habille, les vibrations des cale-pieds ou de la selle me renseigne sur l’état de la route, de la moto, c’est dingue ce qui passe dans ces contacts quand on est un peu réceptif.
Et du coup, je comprends tout à fait cet histoire de « toucher », de sentir une crispation, un rythme, une palpitation, une chaleur ou une fraicheur, la main est le 6ème sens du toubib, et un outil magnifique.
22 février, 2013 à 21 h 30 min
Je découvre ce blog après avoir lu avec très grand plaisir le livre. Alors d’abord merci pour ces moments de plaisir, parfois tentés de rire, de tristesse, de colère aussi.
Ce billet sur le « toucher » me « touche » :-) et me ramène à mon métier.
Aucun rapport avec le milieu médical, puisque je suis professeur des écoles…enfin, plus simplement, maitresse! Perso, je vis assez mal le toucher des autres (un peu trop de mauvais souvenirs…).
Mais avec les enfants, c’est très différent. C’est très souvent par le toucher que je noue le contact, que je peux calmer, rassurer, encourager, soutenir dans ses efforts un enfant, un élève. Surtout ceux qui ont des soucis de comportements ou à l’inverse qui ont une personnalité effacée, voire écrasée et puis tous ceux qui vivent des choses » pas très amusantes, pour ne pas dire traumatisantes, à la maison.
Néanmoins, il y a des enfants pour lesquels je sens qu’il ne faut pas « briser » leur bulle, leur espace vital. J’attends d’y être invitée par un regard, un geste…
Au fait, je suis remplaçante…alors je remplace la connaissance des dossiers par une plus grande écoute avec le cœur et en essayant de « sentir » ces enfants, ces petites personnes à part entière…qui ont de 3 à 10 ans. Je pense que en devenant adulte, « on » nous a appris à perdre ce sens du toucher pour communiquer. Pire, « on » nous a appris à s’en méfier et à le diaboliser…
Bonne continuation à Jaddo pour son blog et pour son livre. Et encore merci :-)
26 février, 2013 à 11 h 12 min
Bonjour, moi c’est tout pareil, je déteste être touchée, je ne touche personne, qqsoit l’âge,sauf les patients, exactement tout pareil…et je n’ai aucune explication… tout pareil Bravo pour votre site.
4 mars, 2013 à 15 h 19 min
Tout pareil que toi, Jaddo: impossible de concevoir notre métier de généraliste sans ce sens essentiel du toucher; d’un point de vue diagnostique, certes, mais pas que…et dans la poignée de main finale, sur le seuil de la porte, passent parfois beaucoup de choses pudiquement non dites: une reconnaissance lue dans les yeux et dans le contact prolongé et appuyé paume contre paume. Quant aux petits, une fois l’examen clinique fait, relâchés par leur parent, plus d’un passe à 4 pattes sous mon bureau et terminent sur mes genoux.
Une exception: les traumatisés-du-passage-chez-le-pédiatre (pas tous, mais quand même…), que juste à les approcher on a plein les tympans des sirènes du Samu et des pompiers réunis: hors de question de vacciner ce jour là, il en va de la suite de notre histoire d’amour; on mesure, on pèse, en faisant participer le parent présent, on fait un maximum de l’examen dans les bras de maman: ça passe beaucoup mieux de se faire zyeuter la gorge, les oreilles, ausculter le coeur et les poumons, périmétrer le diamètre cranien dans les bras protecteurs de sa génitrice, et c’est plus silencieux pour tout le monde…je me rappelle un gamin de 5 ans: j’ai pas pu l’approcher la première fois…j’ai respecté, et lui ai demandé s’il voulait bien revenir une prochaine fois pour que je l’examine, il a fait signe que oui; la deuxième fois s’est super bien passée…On ne peut dissocier le fait de toucher de la dimension de respect qui va avec.
3 juillet, 2013 à 1 h 45 min
Magnifique texte… . Je découvre votre blog et je vous tire mon chapeau !
8 juillet, 2013 à 20 h 07 min
C’est amusant, moi qui suis une « non-toucheuse » absolue (et après 6 ans de métro je continue à me crisper toujours autant quand je sens que quelqu’un va oser s’asseoir sur le strapontin à côté du mien, et même peut-être effleurer mon bras avec son coude), j’ai remarqué qu’il y a certains contextes, certaines situation, où le toucher est « légitime », et donc accepté tout à fait, sans aucune gêne.[….]
Tout ça pour dire que le patient sait ce qu’il attend au cabinet, qu’il ne vient pas là pour prendre le thé et que, quel que soit son tempérament, il parvient (plus ou moins facilement) à céder de son espace vital.
–>
hello, jai lu l’article et donc ce commentaire, et d’autres aussi.
Je fais partie des personnes/patients qui n’arrivent pas à trouver légitime le contact tactile chez un médecin, plus que chez qui ce que ce soit.Je suis phobique du contact tactile, et peut-être même qu’au delà de la gestuelle, il ne m’est pas facile d’entrer seulement en contact relationnel non plus, dont a travers le tactile; en regard de quoi, je mets des plombes avant de me rendre chez un medecin, neglige ma santé trop souvent de par cette hantise (et la crainte de ne pas arriver à la faire comprendre et respecter ) et de toute façon, je pense que ce que je décris doit se « voir » qu’un medecin nessaierait pas de me toucher/ etablir ,( à moins d’obligation), le contact avec une telle attitude physique de retrait qui est mienne.en ce sens moi je serais gestuellement non repondant, la connectivité basique a ce niveau s’etablirait pas, et je ne pense pas qu’un medecin « insisterait ».Si la connectivité s’etablit, en une certaine façon, c’est peut-être différent, peut-être donc que les personnes en général ne le vivent pas mal dans ce contexte; même si elles n’auraient engagé ce contact d’elles memes.
22 janvier, 2014 à 19 h 47 min
[…] au milieu de tout ça, il y a *les ganglions*. *Les ganglions*, ça se touche. Toucher et se laisser toucher, c’est vraiment un moment particulier. Après avoir regardé les yeux, la bouche, les oreilles, je palpe les ganglions cervicaux. Face à […]
11 octobre, 2016 à 21 h 07 min
Est-ce qu’on peut faire le lien avec le fait que tu reçoive ces patients http://www.jaddo.fr/2009/01/17/319/ ?
Parce que tu sais, le bouche à oreilles tout ça…