Attente
8 novembre, 2007
Journée aux urgences.
J’ai toujours un peu de mal à partir, à la fin de ma journée. Il y a des choses en cours, et c’est toujours difficile de laisser un patient à un collègue en plein milieu de sa prise en charge. Et c’est toujours chiant de prendre le métro. Et on est bien, aux urgences.
Ce jour là, c’est encore plus difficile de partir.
J’ai une patiente qui est venue pour douleurs abdos et nausées. Jeune.
Rien de grave à première vue.
Pas de contraception, ça fait 2 ans qu’elle essaie d’avoir un bébé et qu’elle désespère. Elle m’émeut, dans sa façon de me dire ça et dans ses yeux qui brillent.
Le bHCG est en cours, ça met longtemps, mais je ne sais pas pourquoi, je le sens bien. Je veux attendre.
J’appelle le labo. Une fois, deux fois. C’est encore en cours. Ca fait une heure et demie que je devrais être partie, tout le monde me dit que je suis folle, et que je n’ai qu’à rentrer chez moi.
Mais c’est MA patiente, et si jamais, si jamais elle était enceinte, je veux que ce soit moi qui lui dise.
J’appelle le labo une quatrième fois.
Le test est positif.
Quand je vais lui dire, ses yeux brillent, encore.
Je n’ai vraiment, vraiment pas regretté ces deux heures d’attente.
8 novembre, 2007 à 22 h 12 min
Attention en voulant dresser les ours. Ils sont parfois si mignons !
Pour qui es tu restée ce soir ? Pour elle ou pour toi ? Attention ! Protèges-toi ! Garde un peu de distance. On voit mieux arriver les baffes ! Et surtout on voit mieux le paysage.
Il est parfois très difficile de cerner les limites entre notre métier et notre envie de rendre service ou de « bien faire ». J’ai quelques souvenirs douloureux et catastrophiques dans le genre.
8 novembre, 2007 à 22 h 18 min
Je contre-transfère SI JE VEUX :p
Plus sérieusement, je sais, je sais, tout ce que tu me dis, avec raison.
Je sais que je suis restée pour moi. Mais en même temps, si on ne reste jamais pour soi, qu’est-ce qui nous fait rester ?
Si on prend de la distance des malheurs ET des bonheurs, ce n’est plus qu’un métier ?
Je sais que c’est risqué, mais, et je changerai sans doute d’avis après les premières baffes, pour le moment je veux prendre le risque.
9 novembre, 2007 à 0 h 00 min
Le rôle des ancêtres est de donner des conseils avisés qui ne seront jamais suivis ;)
9 novembre, 2007 à 0 h 27 min
Ahahah
Sooooo true ^^
15 novembre, 2007 à 11 h 53 min
Bonjour,
en lisant tout ça, j’avais envie de te faire connaitre le livre que je viens de sortir (on l’a écrit à deux). Je n’ai pas trouvé de lien perso sur le site, donc c’est ici : « Le désir médical », chez l’Harmattan.
ça parle un peu des questions posées ici.
15 novembre, 2007 à 23 h 26 min
Le résumé que j’en ai trouvé sur le net fait envie…
Je saurai quoi lire dans les transports les prochains jours de grêve…
Merci beaucoup :)
16 novembre, 2007 à 20 h 52 min
j’aurais fait pareil .
pour moi à trop se protéger on risque aussi de parfois de finir par manquer de compassion .
24 novembre, 2007 à 0 h 36 min
Pourquoi vouloir se protéger du bonheur, pourquoi ?
Pourquoi se protéger de l’intensité de la vie, des yeux qui brillent, des yeux qui pleurent ?
24 novembre, 2007 à 21 h 14 min
Non mais c’est vrai !
POURQUOI ??
:p
19 septembre, 2009 à 7 h 02 min
Comme je te comprend !
19 avril, 2010 à 14 h 34 min
es tu restée assez longtemps pour savoir si c’était une GEU ? ;-(((
19 avril, 2010 à 22 h 40 min
une Gueule Enfarinée Ursine ?
ouwaaaaa, trop bien trouvé, j’y aurais pas pensé.
(en plus, je parie qu’elle sera même pas vexée : c’était une grossesse et c’était extra, pas de quoi en faire une terrine)