« Moi je les supporte pas, les médicaments génétiques. »
15 janvier, 2013
Si j’avais l’Hadopi sur le dos (heu, non, le truc, là, pas Hadopi ; Hadopi c’est le machin sur le téléchargement, pas ça, le machin qui rémunère les médecins à la performance, là), bref, ce truc-là, si je l’avais sur le dos parce que je serais pas remplaçante et que j’aurais pas envoyé mon refus à la sécu (admettons, hein, parce que je pense que si j’étais installée je l’enverrais, mon refus à la sécu), bref, si j’avais ce machin-là sur le dos, je pense que je serais mauvaise élève en génériques.
Moi, de savoir si c’est bien ou pas bien les génériques (oui, je suis manichéenne de la tête), je m’intéresserai à la question quand j’aurai résolu mes problèmes de nombril. Y a débat, et j’ai pas d’idée sur le débat. Comme d’hab sur ces trucs compliqués, j’écoute un peu les gens en qui j’ai confiance, mais je ne suis pas capable de me pencher sur le fond de la question. Ou alors j’ai la flemme, ce qui revient peu ou prou au même.
En gros, pour le moment j’en suis à penser qu’on peut dire que c’est à peu près la plupart du temps pareil, mais qu’on manque quand même de billes pour en être sûrs et certains, et que y a des fois où c’est sûr que c’est pas pareil.
Et puis si j’ai bien suivi on n’est même pas sûrs que ça fasse gagner des sous, et les études qui disent si c’est pareil ou pas sont à peu près aussi bien planquées que le sens de l’humour de Michel Leeb.
Là, pour simplifier les choses, on va partir du principe qu’on est à peu près sûrs que c’est à peu près pareil.
On me demande parfois si je suis « pour ou contre » les génériques.
Je m’en cogne un peu, en fait, de savoir si je suis pour ou contre les génériques. Je suis plutôt « pour », je crois, à tout prendre. Mais en tout cas je sais que je suis pour mes patients. C’est mon job, d’être pour mes patients.
Et, quand on prescrit un médicament, la part pharmacologique du médicament joue seulement pour un petit pourcentage de l’effet attendu. J’ai la flemme de vous trouver des liens qui le montrent, mais voilà. Dans un médicament, y a des molécules et des pharmacocinétiques et des pharmacodynamies de mes couilles, mais pas que.
En gros, figurez-vous que les gens ne sont pas strictement superposables à des rats.
Moi, j’ai une patiente que le Dafalgan endort. Mais pas le Doliprane.
Sur le papier, c’est blanc-bonnet, Dafalgan et Doliprane hein, c’est du paracétamol tout pareil des deux côtés.
Mais voilà, avec le Dafalgan elle passe une super nuit, et la journée elle prend du Doliprane pour ses douleurs et ça l’endort pas.
Je suis censée lui dire quoi, moi ? « Ahah, pauvre gourde, mais c’est du paracétamol les deux, a-t-on idée d’être idiote à ce point-là ? Il n’y a AUCUNE raison que le Dafalgan vous endorme, c’est répertorié nulle part, c’est que dans votre tête. Alors je vais pas vous mettre du Dafalgan pour dormir, ça n’a aucun sens, je vais vous mettre du Stilnox parce que ça c’est marqué dans mes livres que ça endort pour de vrai, ça Madame. »
Bah nan. Elle dort avec du Dafalgan, je suis joie et bonheur, ça nous y fait du somnifère à peu d’effets indésirables et à bas prix, hourra sonnez tambours.
Du coup, j’y écris sur l’ordonnance : « Doliprane 1000 : 1 matin, 1 midi, 1 soir si douleurs. Dafalgan 500 : 1 au coucher. » et le pharmacien doit me prendre pour une abrutie.
Je ne cherche pas à comprendre absolument POURQUOI. Dans l’immense pourcentage non-pharmacologique de l’effet d’un médicament, dans le gros pourcentage de placebo, dans le non-quantifié pourcentage « On croit que c’est pareil mais si ça strouve pas totalement », y a un truc qui fait qu’elle dort avec du Dafalgan, et je serais bien idiote de cracher dessus.
J’ai quarante mille exemples de ce type.
J’ai des patients qui ont la chiasse sous Metformine et pas sous Glucophage, j’ai des patients qui ont la chiasse sous Glucophage et pas sous Metformine, j’ai des patients qui ont des pssscccht dans la tête là comme ça au-dessus des yeux depuis que j’ai changé l’Amlor pour de l’Amlodipine. J’ai une patiente qui est « allergique au lactose » (mais pas au lait) et avec qui il faut passer vingt-cinq minutes de Vidal à éplucher tous les excipients avant la moindre prescription.
Roulez jeunesse, allons-y pour l’Amlor.
Je tiens avec mes patients, et s’ils me disent qu’ils sont mieux avec tel truc, je leur fais confiance.
Ce qui m’importe à moi, c’est qu’ils le prennent, le truc.
Ensuite, se pose le vrai problème de la gueule du médicament.
Chez un patient de 93 ans, en bras de fer permanent avec ses troubles de la mémoire, qui se bagarre tout ce qu’il peut pour retarder le moment où un infirmier viendra tous les matins que dieu fait pour lui donner la béquetée, non, ce n’est pas tout à fait anodin de passer d’une boîte blanche et verte avec des comprimés blancs à une boîte bleue avec des comprimés verts.
Dans la vie que j’aurais choisie avec une baguette magique, déjà tous les putains de médicaments seraient vendus dans des boîtes du même nombre de médicaments (et pas soit 28, soit 30, soit 32 selon le sens du vent), on éviterait les « Non mais celui-là me le mettez pas Docteur, j’en ai deux boîtes d’avance » et les « Vous pourriez m’en mettre une boîte en plus le pharmacien a dû me dépanner« , et tous les médicaments avec le même principe actif auraient la même gueule, la même couleur, les mêmes excipients et le même skin de boîte.
En l’occurrence, c’est pas le cas.
Du coup, si j’essaie de contenter Dame Sécu et de mettre des génériques à tout le monde, dans mon monde sans baguette magique, il faudrait que je mette un nom de laboratoire derrière. « AMLODIPINE MYLAN » ou « AMLODIPINE BIOGARAN ».
Je les connais pas, moi, les noms de labo. Je ne sais pas qui commercialise ou pas telle ou telle molécule. Pas mon taf.
Et quand bien même je les connaîtrais, me semble que le pharmacien a tout à fait le droit de remplacer mon Amlodipine Arrow par l’Amlodipine Alter qu’il a en stock.
Du coup quoi ? Je mouille la plume de mon stylo et j’écris en toutes lettres à la main : « Non substituable Amlodipine Cristers » ?
((Oui, parce que, pour les trois du fond qui n’auraient pas suivi, c’est ce qu’on a trouvé d’intelligent à nous faire faire pour encourager la prescription de génériques. La punition. Les lignes.
Si tu veux que ton patient ait le princeps, tu écriras à la main « Non substituable » DEVANT le nom du médicament. Nous sommes à deux doigts de scotcher des crayons bic ensemble.
Moi, il se trouve que ça me lourde très peu. Je fais déjà mes ordonnances à la main, pour des raisons obscures et qui ne tiennent qu’à moi que je vous raconterai peut-être un jour, et j’ai cette espèce de jouissance idiote à faire mes lignes à la main en tirant la langue.
Mais pour tous mes confrères qui font des ordonnances informatisées, c’est l’horreur.
Et je ne vous parle pas des fois où on retrouve dans la salle d’attente Mme Habitude qu’on a quittée vingt minutes avant, qui veut juste passer entre deux patients parce que y en aura pas pour longtemps, qui vous dit que c’est le pharmacien qui lui a dit de vous dire qu’il fallait écrire à toutes les lignes, heu… qui sort son petit papier et qui annone avec soin « Non substituable mais là-devant ».))
Tout ça ne veut pas dire que je dis amen à tout, et que je mouille ma plume pour le fameux sésame devant chaque ligne de chacune de mes prescriptions.
Grosso modo, j’ai la même règle qu’avec les légumes et les gamins. « T’as le droit de pas aimer, t’as pas le droit de pas goûter ».
Quand j’introduis un nouveau traitement, je le fais en DCI, histoire que les gens apprivoisent le nom de la molécule.
Quand je renouvelle pour mes patients qui refusent les génériques « par principe », « parce qu’ils y ont droit », on fait petit à petit.
J’explique que quand même, c’est pas loin d’être la même chose et qu’il faut voir, et puis on en essaie un, on voit dans trois mois si ça s’est bien passé, si ça s’est bien passé on en essaie un autre en plus, si ça s’est vraiment pas bien passé on remet le princeps et on en essaie un autre.
Douze minutes d’addition de consultation à chaque fois pour expliquer les génériques, le pourquoi, le on va essayer. Un générique tous les trois mois. Mauvaise élève, vous disais-je.
Bref, l’autre jour, Mme Coutume est revenue me voir.
La pharmacienne, elle voulait que j’écrive « Non substituable à la main et devant là », mais elle voulait aussi que j’écrive POURQUOI.
Le jour où les raisons qui font que je prescris à Mme Truc du Doliprane le soir et du Dafalgan la journée, ou comment j’en suis venue à faire le compromis avec M. Bidule de mettre cette fois-ci la Simvastatine en générique mais aucun des autres tiendront sur une ordonnance, c’est qu’on pourra me remplacer par un ordinateur.
J’ai pas vraiment hâte.
Reprise de contact
7 janvier, 2013
Sans surprise, je n’ai jamais revu la femme au lâcher de ballons. Je ne sais pas si elle avait une sarcoïdose ou un cancer.
Les Martin se portent bien. À peu près. Leur fille se bagarre contre un cancer du colon et c’est dur.
M. Martin a arrêté de venir le vendredi quand c’est moi. Il vient toujours le mardi, maintenant, avec le Dr Carotte.
Je le sais parce que je prends toujours 15 minutes pour lire les dossiers des gens qui ont consulté entre mon dernier jour et aujourd’hui, pour voir ce qui s’est passé dans le cabinet quand je n’étais pas là. La première fois je m’étais dit qu’il avait eu une surinfection, qu’il avait eu raison, que ça pouvait pas attendre vendredi. Et puis il est revenu un mardi pour un autre truc, et puis un mardi pour un renouvellement. J’imagine que j’ai fait ou dit un truc qui l’a contrarié, mais je ne sais pas vraiment quoi.
Je n’ai pas revu Mme-PSA. Elle a vu l’autre remplaçante du Dr Carotte, qui a écrit dans le dossier que ça s’était super mal passé. J’ai été égoïstement soulagée et ravie de voir que ça ne se passait pas mal qu’avec moi.
M et Mme VachesEspagnoles se portent au mieux de leurs âges. Ils viennent régulièrement pour le renouvellement des mêmes médicaments, font les mêmes blagues, me font le même bien.
Mme IVG est finalement restée. M. IVG est revenu. Ils ont une petite fille, belle comme les blés.
Raymond est hospitalisé de plus en plus. Il passe aux urgences pour chute, pour déshydratation, pour altération de l’état général. Il y reste quelques jours, je reçois des courriers laconiques des urgences. On évoque des mises en place de choses, des aides à domicile qui sont déjà là. Il va suffisamment bien pour rentrer chez lui à chaque fois après quelques jours, suffisamment mal pour que les courriers deviennent bi-mensuels, les appels des infirmiers à domicile inquiets bi-hebdomadaires. Sur le fil, mais que faire en attendant que le fil casse ?
Mme Yasmine est morte.
J’y étais allée la veille. J’ai dit qu’elle allait mal, je l’avais dit tellement de fois. On a beaucoup causé, avec sa fille, de l’hospitalisation ou pas. Le temps d’y réfléchir qu’elle était morte. Sa fille a mis quelques heures avant de s’en rendre compte ; elle prenait sa tension et pestait contre l’appareil qui ne marchait plus.
Récemment, je l’ai revue au cabinet. Elle m’amenait sa tante de 96 ans qui avait de plus en plus de mal à marcher et dont elle s’occupait depuis quelques mois.
M. et Mme Gitane ont été hospitalisés en urgence pour une intox au CO. S’en sont sortis d’un poil de cul, après réa et intubation et poly-infections de partout. Ils en ont profité pour arrêter de fumer. N’empêche, M. Gitane a été ré-hospitalisé. À court puis à moyen terme. On attend que se décide le long.
J’en ai profité pour faire hospitaliser Mme Gitane une semaine, pour essayer de remettre un poil de plomb dans le bordel ambiant.
Tout le monde se fout de ses abcès inguinaux alors que c’est ce qui la gêne le plus. On lui a causé de son LDL à la place, et puis elle est rerentrée. Elle a arrêté les deux tiers du traitement prescrit à sa sortie, et elle m’a demandé de faire un certificat pour dire que maintenant ça allait, et qu’il fallait qu’il rentre à la maison.
J’ai jamais eu une crise d’angoisse depuis le braquage, alors que je m’attendais lucidement à. Ni de cauchemars, ni rien.
Juste une fois, y a eu deux types dans la rue avec des casques de moto que ça m’a monté la fréquence cardiaque d’à peine rien du tout, et puis une autre fois où la femme de ménage est arrivée un jour pas prévu et où j’ai eu la frousse.
Sinon on a une caméra foireuse qui marche toujours pas, et ça me va bien comme ça.
De nouvelles preuves ont été amenées contre le dépistage du cancer de la prostate. Je suis toujours un peu fâchée contre Michel Cymes. Des fois moins, des fois pareil, ça dépend du sens du vent, des blagues qu’il fait et des moments où il dit qu’on est contre parce que ça coûte trop cher.
Mon livre s’est vachement bien vendu, genre au-delà de toute espérance. Même qu’il sort en poche en février, ceci dit uniquement pour l’encart publicitaire. J’ai vécu une très chouette histoire, j’ai été chouchoutée par ma maison d’édition, j’ai rencontré de chouettes gens, j’ai eu un chouette chèque. Parfois on me demande si j’écris moins sur le blog à cause du livre, mais je jure que non. Y a beaucoup de raisons diffuses, le livre n’en fait pas partie.
Je ne veux toujours pas m’installer. Pour les mêmes raisons qu’en 2010. Je vis un bonheur sans faille en remplaçant les Dr Carotte et Cerise, avec mes patients, sans les problèmes de fax cassé.
M. Cachex est mort.
Il a eu un cancer du foie pour lequel je n’ai jamais reçu de courrier. J’ai dû me débrouiller avec lui qui me disait « qu’ils avaient trouvé une tumeur sur son foie ». Je l’ai vu maigrir un peu, oublier ses rendez-vous de plus en plus.
Comme je prends toujours 15 minutes pour lire les dossiers des gens qui ont consulté entre mon dernier jour et aujourd’hui, j’avais vu que le Dr Carotte l’avait envoyé aux urgences. J’ai appelé pour prendre des nouvelles, il avait infecté son ascite et il était mort.
C’est totalement ridicule et je n’aurais pas dû, et rupture de la ligne mes fesses, mais il m’avait prêté un jour un CD de Barbara qui chante Brassens pour que je le copie.
Pour moi maintenant, Barbara a un blouson en cuir déchiré avec des pins ridicules dessus.
M. DépressionCardiogénique est authentiquement déprimé et j’ai bien du mal à l’aider.
Je sais par la mère de M. Paty qu’il va mal de nouveau, mais comme je ne l’ai pas revu je ne peux pas y faire grand-chose.
Je ne vois plus jamais non plus ma mauvaise malade. Je reçois des comptes rendus d’hospitalisation régulièrement, elle a encore fait une phlébite, elle a encore mal aux jambes, elle a encore raté son rendez-vous.
Mme Stilmox est morte.
Elle est tombée plein de fois, et puis finalement elle a fait un hématome, elle a engagé et elle est morte.
Je l’avais vue pas si longtemps avant, chez elle. Enfin, chez lui. Elle souriait de toutes ses non-dents, elle faisait les mêmes blagues que toujours (« Comme une jeune fille ! » ) et elle disait que c’était pas vrai du tout, les histoires de son gendre comme quoi qu’elle se levait plus et qu’elle mangeait plus beaucoup, que d’ailleurs elle se levait, tiens, voyez. Sans doute que c’est pas plus mal qu’elle ait eu son Stilmox jusqu’au bout et que j’aurais pas dû ruer comme ça.
J’ai un peu peur qu’il s’ennuie fort sans elle et qu’il ne tarde pas à s’arranger pour tomber aussi, on verra ça quand j’y retournerai.
Ça s’trouve, je lui donnerai plein de Stilmox exprès-pour.
M. Macrin est toujours pareil. J’essaie vraiment de diminuer son traitement, et puis entre la fois où j’y arrive et la fois où on le remonte parce que vraiment ça va pas depuis qu’on l’a descendu, c’est grosso modo la même chose.
Il me laisse des pommes dans des sacs plastiques accrochés à la poignée de ma porte quand il voit que j’ai trop de monde et que j’aurai pas le temps de manger, il m’offre des Ferrero à Noël que je déteste ça, il a toujours envie de mourir et il a toujours l’impression qu’il ne sert à rien, et il a toujours l’impression que je sers vachement. Depuis 2009 qu’on n’a pas avancé d’un poil.
M. Poissard est de pire en pire. Je l’adore mais je soupire comme une perdue quand je le vois sur mon planning, parce que je sais que je vais réussir à caser 5 minutes de médecine dans 35 minutes de social et que je vais être à la bourre jusqu’à la fin de la journée.
Il sent les cataplasmes de moutarde, il ne mange plus rien mais il a pris cinq kilos, il rate tous les rendez-vous que j’essaie de lui avoir pour sa leucémie qu’on a toujours pas diagnostiquée à cause qu’il rate tous ses rendez-vous.
Des fois je gueule, je tape du poing sur le bureau, je dis que c’est pas possible, il dit que je suis méchante.
La fois d’après je m’en veux et je suis gentille et il dit que je suis gentille.
Je serais petite sœur des pauvres que je lui rendrais pas plus service. Enfin si, je lui mets du Renutryl qui est pas médicalement justifié du tout ; c’est juste qu’il a absolument pas de sous pour manger et qu’il m’en demande à chaque fois et que j’arrive pas à dire non.
M. et Mme Brun : ah tiens, uhuh, c’était déjà les Martin.
M. Mehoul fait toujours n’importe quoi. C’est sa femme qui prend rendez-vous pour lui, il vient une fois sur six sans son carnet de glycémie, sans ses bios puisque c’est le diabéto qui les a vues, mais quand même il faudrait que je fasse un renouvellement parce que ça fait trois semaines qu’il a plus rien. D’ailleurs il a encore changé de diabéto.
Je vois ses filles régulièrement, la mère est géniale et fait tout ce qu’il faut et les amène quand il faut. Elle me parle parfois de son mari qui fait n’importe quoi, je reste évasive parce que je n’ai pas le droit de ne pas l’être.
Mme Fernandez est morte. Tranquillement.
Mlle Chrétien a été enceinte et, de ce que j’en sais, n’a plus eu de malaises. Pas revue depuis.
Je n’ai pas revu Mlle Bango depuis, mais ça m’aurait fait plaisir. Totalement uniquement pour le « Ahah ! Vous voyez comme j’ai eu raison ! », elle n’était pas très sympathique.
M. Boutargue avait en fait une hyperthyroïdie explosive sur Cordarone. Il reste imbitable sans ça, mais quand même, on ne m’y reprendra pas.
Non, parce que quand même, hein. La fille qui a demandé une coloscopie pour diarrhées chroniques sans doser la TSH, c’est moi.
Mme Ménopause n’était pas enceinte, c’est moi qui ai hystérisé l’affaire.
Je continue à voir des Pakistanais qui ont soit mal à la jambe, soit des problèmes pour uriner, soit les deux.
Un jour faudra que je publie.
Je suis devenue vachement copine avec M. Rachis.
J’ai caressé l’idée de transgresser l’histoire de l’anonymat pour Mme Pouteau.
J’avais choisi son histoire pour finir le livre. Elle était importante pour moi, Mme Pouteau.
Je prévoyais, peut-être, de le lui envoyer, avec un mot en expliquant que chut. Pour une dame de 96 ans, c’était peu de risque.
Elle était morte l’année d’avant. De ce que j’en ai compris, plutôt vite et bien ; en tout cas pas d’un cancer qui s’éternise. Pas l’arrêt fulgurant non plus, mais bon, entre les deux. Genre pas plus d’une semaine à l’hôpital.
Je ne reçois toujours pas les visiteurs médicaux.
Je n’ai jamais revu la fille de la patiente pas à moi. J’aurais peut-être dû lui envoyer un remerciement pour les fleurs.
J’ai trouvé que ça ne se faisait pas, que j’allais attendre de la revoir pour dire merci. Jamais revue.
M. et Mme CousinsGermains ont une petite fille parfaite.
Merde, je pensais que j’étais à jour de mon frottis.
Mlle Bonbons est devenue une petite fille adorable, pas grosse, hyper sympa.
Je suis super méga contente d’être généraliste et pas dresseuse d’ours.