Je sais que t’aimes pas donner des conseils médicaux, mais…
10 avril, 2011
Un homme de cinquante-neuf ans. Pas grand-chose comme antécédents. Un poil de surpoids, une tension limite, et comme seul vrai truc notable un trouble du rythme cardiaque, non permanent, qui survenait par poussées, et que les différents traitements essayés n’ont pas réussi à régulariser.
Un jour, alors qu’il se penche pour faire un bidule sur le siège arrière de la voiture, il perd un bout de son champ visuel, il ne voit plus que la moitié gauche de ce qui se passe. Du côté droit de ses yeux, plus rien.
Il appelle pour avoir un avis médical.
« Allez aux urgences ophtalmo », qu’on lui dit.
À ce stade de la lecture, théoriquement, tous les étudiants en médecine qui ont passé la première année hurlent à la mort.
Certains non-médecins doivent même se gratter la tête d’un air circonspect.
Le médecin qui a envoyé un cas typique, parfait, impérial d’AVC aux urgences ophtalmo, c’est moi.
Je n’ai même pas l’excuse de la jeunesse, j’étais déjà interne. Sept ans d’études de médecine derrière moi, pour un cas clinique tellement évident qu’on n’oserait pas le proposer à des troisième année sans leur rajouter des détails tordus qui n’ont rien à voir pour les perdre entre-temps.
Le type que j’ai envoyé aux urgences ophtalmo avec son AVC typique, c’était mon père.
Alors venez me demander pourquoi les médecins refusent de soigner leurs proches…
Je pense que j’ai eu un neurone rebelle, qui a commencé à clignoter pour m’envoyer des signaux.
J’ai appelé un ami médecin. Je me suis entendue dire au téléphone : « Homme de 60 ans, surpoids, flutter ancien, hémianopsie latérale homonyme de survenue brutale et heu…. heu… »
J’avais encore 393 neurones qui s’accrochaient désespérément au décollement de rétine. Et puis j’ai entendu le silence de mon ami, et puis des mots qui partaient : neuro, scanner, urgences. Je ne sais plus qui les a dits.
J’ai recollé mes neurones, j’ai dit « Bon, il fait un AVC, hein ? » et j’ai rappelé ma mère.
Ne vous vexez pas si un ami médecin refuse de vous donner son avis.
Au-delà même du fait que c’est putain de relou de devoir donner des avis à tout le monde, de devoir examiner le poignet de la grand-mère de son amoureux à un repas de famille, de devoir faire comme si on n’entendait pas qu’on est en train de nous demander un avis l’air de rien entre deux verres de rouge, on ne peut pas soigner un proche.
On ne peut pas faire du bon travail, on a les neurones qui s’encafouillent, on a l’espoir que c’est pas grave qui vient submerger les données cliniques, et on se noie.
Je sais que les informaticiens viendront me dire qu’ils en ont marre de devoir donner leur avis sur les bugs de l’imprimante de la cousine Sylvie, mais ce n’est pas tout à fait pareil. C’est relou pareil parce qu’on n’est pas payés pour bosser 24h sur 24, mais l’imprimante de la cousine Sylvie, ça ne vous remue pas les tripes, ça ne vous bouleverse pas, ça ne vous fiche pas une frousse à dégoupiller 393 neurones sur 394.
Après de deux choses l’une.
Y a les gens dont on se fout. Pour qui c’est pas le moment, pour qui on n’est juste pas en service.
Après mon braquage, alors que j’étais dehors en train de fumer une 57ème cigarette au milieu de l’équipe de flics, y a cette fliquette toute mignonne qui a lâché : « C‘est rigolo que je sois appelée chez un médecin ce soir, parce qu’avec la fièvre que je me tape depuis deux jours… »
Je l’ai regardée en coin, en tirant ma septième bouffée.
« Non parce que j’ai cru que ça allait passer, mais là ça fait trois jours et puis j’ai maaaal à la gooorge ! »
J’ai expiré la fumée de ma septième bouffée, j’ai dit : « Heu, vous seriez pas en train d’essayer de me gratter une consultation, là, par hasard ?« , elle a dit « Huhu non non j’oserais pas voyons » , et j’ai pris ma huitième bouffée.
J’ai un truc, pour les gens dont on se fout.
Quand à une soirée un type me raconte son malaise et comment il est tombé dans les pommes et comment il a vu des étoiles, je fais « Haaaaaaaaaan ! Naaaaaaan ! Ahlala putain comment t’as dû avoir peeeeur uhuhuh lol »
Je rajoute beaucoup de « lol » et de « uhuhuh la fliiiiiippe mort de rire », et la plupart du temps on me fout la paix.
Avec la grand-mère de l’amoureux qui m’explique son Pouteau-Colles en me montrant son plâtre, je dis « Ohlala ça a pas dû être faciiiiiile »
Ça, c’est la technique pour les gens dont on se fout.
À ma voisine d’en haut, j’ai dit que j’étais secrétaire, ça marche bien aussi.
Et puis y a les gens dont on ne se fout pas.
Y a ma nièce que j’ai vue avoir le mal des transports et que j’ai failli chialer tellement elle avait l’air malheureuse à avoir envie de vomir comme ça.
Y a ma sœur qui accouche et pour laquelle je guette mon téléphone portable toute cette nuit de garde, en flippant ma mère parce que je sors d’un stage d’obstétrique où j’ai vu mon lot de drames, et pour laquelle j’ai pleuré de soulagement pendant quinze longues minutes comme une idiote juste parce qu’elle avait accouché d’une enfant qui va bien comme dans 99,9% des cas.
Ne nous demandez pas de vous soigner, nous ne sommes pas bons pour ça.
10 avril, 2011 à 1 h 53 min
En effet pas simple de soigner un proche. Etant dans les camions rouges, on me demande souvent de faire le secouriste pendant les soirées des amis, quand certains ne vont pas bien. De un ça me saoule car j’ai l’impression d’être invité pour ça, de deux soutenir des piches en train de vomir c’est un peu chiant quand t’es en soirée et que toi aussi tu veux t’amuser.
Et puis oui il m’est arrivé de devoir intervenir sur des proches, en intervention. Je confirme, lors de « vraies » urgences vitales, les neurones ne se touchent plus dès qu’il s’agit de personnes proches.
Oh que je te comprends. :>
10 avril, 2011 à 2 h 07 min
Ata, c’est pas agréable de se faire raconter « mes hémorroïdes, ma vie, mon traitement » par Tata Jeannine au repas de Noël juste avant le dessert ? ‘tain ça alors… ‘faut tout leur expliquer aux gens…
Dans l’urgence t’es bien sûr la première personne à qui tes proches vont penser mais quand c’est pas urgent t’arrive à leur expliquer tout ça avant qu’ils se vexent à fond ?
10 avril, 2011 à 2 h 27 min
<3
10 avril, 2011 à 8 h 02 min
Bonjour Jaddo. Très belle illustration de « je ne vois pas ce que je ne veux pas voir ».
10 avril, 2011 à 9 h 09 min
Dans ma spé il est plus facile de soigner les proches
un jour mon papa m’a appelé vers 23H en pleine fiesta urbaine type carnaval en décrivant une cécité monoculaire transitoire. je l’ai rassuré puis ai appelé la garde de sa ville en demandant qu’on attende le lendemain pour envoyer la cavalerie : mon papa a 90 printemps j’ai pensé que la vue du samu en pleine nuit serait plus dangereuse, sur un patient quelconque je n’aurais pas eu ces scrupules.(une nuit d’angoisse pour moi contre parents faussement rassurés)
par contre souvent je regrette de ne pas avoir choisi procto comme spé car impossible de se balader dans la rue sans se faire accoster…
hors de ma spé j’évite de soigner mes proches trop flippant .
10 avril, 2011 à 9 h 27 min
Du bon , du très bon Jaddo . Bienvenue au Club ! lol .. moi je suis devenu presque un ermite . Exceptionnellement la semaine passée , j’ ai du aller faire les courses à l’ intermarché du village ( ce que j’ai abandonné depuis des lustres , non pour les courses en elle même , j’ aime bien car je râle et ça me fait rire , mais à Ushuaïa ou autre lieu à des miles de chez moi ) , mais parceque mon épouse ne pouvait pas . Je te le donne Emile , au détour du rayon biscuits , cherchant la crème fraîche , que comme David Vincent et son raccourci , je ne devais jamais trouver , je me cogne au caddie d’ une patiente . Et ni une ni deux , elle me sort de son sac ( elle devait savoir qu’ elle me verrait là ) , un papier de la sécu et me le met entre les mains sans coup férir . Pas même eu le temps de faire quoique ce soit , et mon air renfrogné , style « je suis pas au cabinet » n’ y a rien pu faire . Mon 100% ne marche plus , qu’ est-ce que je dois faire ..??? Las, je lui dis que je m’ en occupe , lui demande où se trouve la crème fraîche , et repars . j’ ai râlé pendant deux jours . Amicalement. YJ
10 avril, 2011 à 10 h 32 min
« il perd un bout de son champ visuel. Il ne voit plus que de la moitié gauche. Coté droit plus rien. cas typique, parfait, impérial d’AVC »
Heuuuuu… Ca m’arrive de temps en temps ; soudain, une partie du champ de vision se brouille, catégorie « oh ben zut, y a encore un pigeon qui s’est perché sur l’antenne, on capte plus rien » et jusqu’ici, j’ai traité ça par la bouderie et le mépris. La prochaine fois que ça m’arrive, peut-être que j’irai voir un médecin, du coup.
10 avril, 2011 à 10 h 48 min
Amusant car moi qui ne suis pas médecin, j’adore diagnostiquer les gens que je connais. Je leur trouve à tous des cancers incurables et, puisque ce que ce qu’ils demandent c’est un peu d’attention, ça suffit à leur bonheur. Je ne prescris que de l’aspirine, de l’eau et des oranges.
10 avril, 2011 à 11 h 10 min
Au sujet des informaticiens qui en ont marre qu’on leur demande leur avis sur l’imprimante de la cousine Jeanne : personnellement, je refuse en général d’intervenir sur les machines de la famille.
1) Je suis incompétent sur les n versions de Windows et m versions de logiciels divers qu’ils utilisent. (Paradoxalement, il vaut mieux me demander mon avis sur ce qu’il faut mettre dans un ordinateur qui pilote un avion avec 400 personnes dedans que sur l’antivirus à installer sur un PC qui fait tourner des jeux.)
2) Si ensuite il y a un quelconque problème, on va me le reprocher, même si ça n’a rien à voir (« depuis que tu y as touché, gnagna »).
Je pense que le point 2) s’applique également à vous. Si vous faites une erreur de diagnostic sur un proche, ça risque de créer des tensions qui perdureront. Un patient peut changer de médecin, vous ne pouvez pas changer de famille.
Sinon, oui, la lecture des symptômes au début du billet m’a immédiatement fait flasher « AVC, aux urgences immédiatement ».
10 avril, 2011 à 11 h 25 min
Que dire!
Tellement bien écrit que je me l’approprie votre texte Jaddo!
Oui, j’aurais bien aimé l’écrire; dommage que je n’ai pas votre talent. Vous traduisez si bien nos ressentis.
Une seule chose me chagrine parce qu’elle « casse » le merveilleux: « la 57ème cigarette » …
C’est con mais dans mon imaginaire, Jaddo ne PEUT pas fumer…
10 avril, 2011 à 11 h 27 min
Nan mais l’imprimante de Tata Janine qui imprime le rose tout haché, le virus d’Internet de la p’tite amie de ton beau-frère (qui sait tellement rien qu’elle t’explique durant 3 heures tout ce qu’elle ne sait pas si bien que tu dois lui répondre que c’est exactement ça sauf que c’est tout-à-fait le contraire et que d’ailleurs ça n’a rien à voir), c’est encore plus pire vous savez ? Au point que des fois la petite amie ou Tata Janine, tu préférerais les voir en pleine fracture du myocarde, ça te ferait des vacances et on trouverait toujours un urgentiste à qui refiler le bébé. Ou un prêtre, sinon.
10 avril, 2011 à 11 h 33 min
Sinon la différence entre « copain toubib bénévole » et « copain informaticien bénévole », c’est que le toubib ne sera pas définitivement pris pour une burne incompétente si le malade n’est pas guéri en 3 minutes.
Par contre, quelle que soit l’accumulation de conneries faites avant l’arrivée du pote informaticien, il a « obligation de résultat sinon t’voir ta race ! » quand bien même il devrait passer la soirée en tête-à-tête avec un écran, une bière et un bout de pizza froide, pendant que les autres donnent du mirliton en bas… C’pas une vie !
10 avril, 2011 à 11 h 39 min
@DM : +1 Ma Sainteté, la seule chose que je sais faire avec Windows, c’est le désinstaller. Depuis que j’ai adopté l’attitude : « Ah non, je ne connais rien à Windows, veux pas y connaître, veux pas y toucher, mais je peux te l’effacer et installer GNU/Linux ! Tes jeux ? Mais on s’en branle de tes jeux ! » …ben je passe des soirées considérablement plus calmes (et bien plus agréables quand ça se termine en Linux-install-party ;-)
10 avril, 2011 à 11 h 40 min
@ Swâmi
« Sinon la différence entre « copain toubib bénévole » et « copain informaticien bénévole », c’est que le toubib ne sera pas définitivement pris pour une burne incompétente si le malade n’est pas guéri en 3 minutes »
Ah ben ça j’aimerais bien en être sûr !!! :))) (désolé je ne suis pas très bon en smiley)
Sinon Jado, je n’apprécie pas chacun de tes posts, mais en lisant celui-là, je t’aime
10 avril, 2011 à 11 h 57 min
Se faire gratter du conseil gratuit à tout bout de champ, c’est le propre de toutes les professions d’expertise : l’avocat, le notaire, le DRH, l’analyste financier ou le garagiste ne doivent pas passer des déjeuners chez Tata Josette en toute tranquillité non plus.
10 avril, 2011 à 11 h 59 min
Un DRH, c’est expert en quelque chose ? En vaseline ?
10 avril, 2011 à 12 h 25 min
Tiens ce billet résonne chez moi, car un très bon ami de la famille, et parrain de ma petite puce, est en 5° année de médecine et j’ai pour habitude de lui poser quelques questions… Rien de grave, genre une discussion sur la GrippA, ou bien l’autre fois sur l’âge auquel les fontanelles sont soudées pour de bon, etc…
Je pense qu’il est trop gentil pour nous dire le jour où on ira « trop loin » alors je vais garder ce billet au chaud dans un coin de ma tête et garder mon généraliste qui au passage est très bien.
Bon dimanche Jaddo.
10 avril, 2011 à 12 h 43 min
Ahah, moi je travailles JUSTE a l’administration dans un hopital,et les gens essayent quand meme de me parler de leurs maladies. Je compatis:-)
10 avril, 2011 à 14 h 21 min
:)
10 avril, 2011 à 15 h 09 min
@Lled pour le coup à ta place (quelqu’un me donnera peutêtre tort) j’en parlerais même à mon médecin avant que ça ne se reproduise, pour évaluer tranquillement si il y a un rique ou pas que ce soit plus emmerdant qu’un pigeon sur l’antenne et le risque que ça se reproduise, sans attendre que se soit urgent de réglé le probleme. Il vaut toujours mieux prévenir que guérir…
10 avril, 2011 à 15 h 35 min
Merci Jaddo. Juste merci.
Hallucinant quand même le nombre d’informaticiens qui fréquentent ce blog. Non non, pas moi, je suis éditrice, en revanche, je confirme que mon homme, lui, ne peut pas entrer dans une maison dotée d’un câble électrique quelconque sans que ses occupants lui sortent du chapeau un ordi/portable/iPod/scanner/téléphone à mémoire/minitel à pédales qui a un problème graaaaaave et uuuurgent que ce serait sympa si t’en profitais pour jeter un oeil en vitesse pendant que t’es là. Est-ce pour ça que les informaticiens fréquentent des informaticiens? Pas parce qu’ils se sont connus à l’école d’ingé/dan leur première boîte et qu’ils sont toujours restés en contact depuis, mais pour que les copains qui les invitent à bouffer ne leur demandent pas de réparer le bouzingue qui déconne? Même moi, il y a des jours où je n’ose pas lui demander de regarder le truc qui plante… :op
10 avril, 2011 à 16 h 51 min
J’suis justement informaticien. Comme je te comprends.
Maintenant quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds « employé de bureau ». C’est pas faux, c’est juste très vague.
10 avril, 2011 à 17 h 07 min
« Ca m’arrive de temps en temps ; soudain, une partie du champ de vision se brouille, catégorie « oh ben zut, y a encore un pigeon qui s’est perché sur l’antenne, on capte plus rien » et jusqu’ici, j’ai traité ça par la bouderie et le mépris. La prochaine fois que ça m’arrive, peut-être que j’irai voir un médecin, du coup. »
@Lled : un oeil perte champ visuel intermittente : migraine ophtalmique si suivi de maux tête puis nausées
deux yeux: consulter vite fait médecin traitant faire un champ visuel chez l’oph
10 avril, 2011 à 17 h 21 min
Depuis le jour où l’infarctus de ma mère a failli être pris pour une banale « indigestion » je dis: « médecine de famille ,médecine de cimetière »!!
10 avril, 2011 à 17 h 36 min
Bravo ! Bien dit !
Tous des nuls !!!
10 avril, 2011 à 17 h 40 min
Et bravo pour la rime, ça donne encore plus de poids aux proverbes.
Non sérieux, « médecine de famille, médecine qui torpille » ça a plus de gueule quand même !
10 avril, 2011 à 17 h 40 min
Le pire dans les « dépannages informatiques à l’arrache » c’est que ça te prend TOUJOURS 2h pour diagnostiquer la panne et la résoudre entre 2 plantages, et qu’on te dit toujours « nan mais regarde vite fait hein je veux pas t’embêter! Et quand tu t’aperçoit au bout d’une demi heure que ça va pas être simple à résoudre et que tu croise le regard du pote/voisin/cousin/emmerdeur il te fait ses yeux là, du genre « quoi tu fais genre tu t’y connais et t’as toujours pas résolu mon problème? » alors tu t’y remet, ta soirée est foutue, tu rentre chez toi à minuit.
Et comme le disait un internaute un peu avant, si pour une raison connu de lui seul (et de bill gates) son ordi plante le lendemain c’est forcément ta faute…
Comme si tu soignais une rhino chez un patient et qu’il te reproche la semaine suivante d’avoir choppé une verrue plantaire!
10 avril, 2011 à 17 h 48 min
@Jastrow : En effet, les conseils en placement et les « c’est combien le taux en ce moment ?? » sont très très pénibles au quotidien.
Et merci pour ce billet, au moins maintenant, je sais que la prochaine fois que je perds la vue d’un oeil, je file à l’hosto (quoi que la dernière fois, ca devait être dû au stress énorme que je m’étais pris dans la tête le matin même)
Et si je peux me permettre, Jaddo, j’vous kiffe grave ;)
10 avril, 2011 à 17 h 49 min
Pour moi qui suis « en bonne santé rarement malade », pas encore trop vieux, et qui ai déménagé assez souvent, quand j’arrive quelque part le pensum est de trouver un généraliste un minimum « potable ». Allant chez le toubib tous les ans à peu près (et encore pour me faire renouveler une ordonnance d’anti-histaminiques…), il me faut typiquement 3 ou 4 ans avant de trouver un médecin « potable » n’importe où. Le temps d’en faire mon « médecin traitant » et j’ai déménagé :-/
Je considère « potable » un toubib qui prend au moins la peine de t’examiner une fois sur deux quand tu vas le voir, et de te consacrer le temps nécessaire (pas genre : « si tu as mal à deux endroits, va falloir prendre 2 RdV, parce que je n’ai le temps de traiter qu’un seul problème par consulte… »)
Le dernier que j’ai vu y’a 6 mois (arf !) ne me connaissait pas, ne m’a posé aucune question sur mes antécédents ou mon état général, m’a à peine examiné en 2 minutes chrono(sans stéthoscope ni prise de tension). Je suis à peu près certain que j’aurais pu souffrir de 12 maladies mortelles sans qu’il puisse en détecter une seule.
Je lui ai quand même demandé de me prescrire un examen sanguin (suggéré par ma compagne) vu que je n’en avais pas fait depuis des années, et le cholestérol jamais de ma vie, passé 45 ans fallait commencer à y penser, le brave toubib m’a juste signé l’ordonnance que je lui demandais, et pis vouàlà.
Y’en a, je me demande pourquoi y’a pas les caddies à l’entrée, tellement t’y vas faire ton marché et ils s’en battent les breloques…
Je pense que si la moyenne des garagistes bossait comme la moyenne des toubibs, 80% des bagnoles passeraient pas le contrôle technique (je dis ça en ayant travaillé 3 ans en milieu hospitalier…)
10 avril, 2011 à 17 h 49 min
@Truiss,
c’est exactement comparable, et je compatis car je crois que nous partageons ce genre de désagrément.
Pour la dernière réflexion, tout ce qui surviendra dans la semaine suivant un vaccin ou un nouveau traitement lui sera imputé sans discussion possible (sauf peut-être un retard d’avion, et encore…)
10 avril, 2011 à 17 h 59 min
Ce que je disais des généralistes me fait repenser à ce qu’écrivait Jaddo dans ses premiers billets d’urgentiste débutante, les patients qui finissent par débouler aux urgences avec un truc grave, mais qui les emmerde depuis « des mois » ou « un bon bout de temps »…
Le fait est que le patient moyen a comme tout le monde 2 ou 3 petits trucs qui clochent, un genou qui coince, une varice douloureuse, un reflux gastro-oesophagien, ce genre de choses, qui ne motivent JAMAIS par eux seuls une consultation chez le toubib (surtout chez un homme ;-) mais un post-it mental du genre « la prochaine fois – dans 6 mois ou 1 an – que je verrai le toubib, je lui parlerai du genou qui me fait mal… »
Pis tu finis par prendre RdV avec le toubib pour cette grippe qui te fait taper le 40 compteur, là ça vaut le coup, et puis c’est pas ce coup-là que tu lui parleras de tes brûlures d’estomac parce qu’il n’a pas le temps vu que tout le monde a la grippe cette semaine, et qu’il te poussera gentiment mais fermement vers la sortie de son cabinet dès que tu évoqueras un autre sujet que ta grippe, reprenez-donc rendez-vous pour la semaine prochaine M. Durand ! Mes hommages à vot’ dame !
…et pis un jour tu termines aux urgences avec un ulcère perforé, hémorragie gastrique, ce genre de truc rigolo, et tu dis à l’urgentiste que ouais, ça fait des années, et il te demande « mais vous n’en avez jamais parlé à votre médecin traitant ? » #LOL
10 avril, 2011 à 18 h 09 min
Bonjour.
Tout à fait d’accord. C’est très chiant de devoir donner des conseils médicaux à ses proches ou à ses moins proches dans les réunions familiales.
Depuis quelques années, je fuis systématiquement les fêtes du village ou les manifestations scolaires. Je sais qu’on va toujours me mettre une grosse merde sur les bras alors que je ne suis pas de garde. Les dernières fois, j’ai eu droit à :
– une cuite massive chez un ado perturbé qui voulais sauter dans la rivière,
– une fracture de Pouteau Colle chez une vieille dame pendant le feux d’artifice,
– une belle crise de spasmophilie lors des grillades…
Maintenant je reste chez moi.
Personnellement je ne vis pas trop mal les conseils à mes proches lorsqu’il s’agit à l’évidence de problèmes bénins. Fort heureusement c’est le cas la plupart du temps.
Reste le cas des maladies sérieuses. Je pense qu’il est impossible à nos proches des ne pas se référer à nous, et même si nous ne pouvons pas les soigner seul, il nous faut garder un œil vigilant et ne pas tout déléguer. Ils ont confiance. On ne peut pas les renvoyer systématiquement a quelqu’un d’autre, du moins pas sans surveiller attentivement.
J’ai le souvenir précis d’un ami anesthésiste qui faisait une confiance aveugle au gynéco qui suivait sa femme… jusqu’au jour où il s’est rendu compte que les nodules mammaires de son épouse avait été traités par dessous la jambe. Ça s’est soldé par une double mastectomie et un an de chimio…
Maintenant, moi aussi, je reste très vigilant et je préfère de temps en temps m’en occuper moi même.
J’ai été (limite) chiant avec les hémato qui soignaient le lymphome de mon épouse, et quand elle s’est vautrée en moto, j’ai demandé aux pompiers qu’il me l’amènent pour le bilan initial, les radio et les sutures, le conditionnement, et le traitement antalgique avant de l’adresser au chirurgien.
Mais c’est vrai que c’est plus dur que pour n’importe qui, et que l’on est probablement moins en confiance…
10 avril, 2011 à 18 h 44 min
bonjour jaddo
je suis completement d’accord avec ta conclusion. C’est une chôse que l’on m’a enseigné et que j’essaie d’appliquer ds mon quotidien de généraliste. Au pire, je me « debine » en disant que la medecine se pratique dans un cabinet et que le mien leur est ouvert qd ils le voudront. mais il y a des avis « en passant » qui debouchent heureseument sur des reflexes opportuns de notre part (euh oui c’est pas normal çà et ca fait un chti AIT en passant..)
Swami : je suis atteré de tant de betise. tes differents « toubibs commercant potables » ont du se rejouir de tes déménagements successifs
(un conseil gratuit pour un bien portant : tu peux t’acheter des anti-histaminiques ET MEME guerir tout seul d’une grippe sans aller emmerder ton toubib, en plus tu lui feras gagner du temps, et toi aussi. Et le jour où tu seras responsable, tu consulteras pour de vrais pb , comme effectivement des signes de RGO ou autre. Je ne commente même pas la comparaison avec tes controles techniques tellemment c’est idiot)
10 avril, 2011 à 19 h 03 min
@mbs: Merci de votre appréciation. Je vous devine médecin :-}
Vous semblez non seulement m’avoir lu en diagonale (pour commettre quelques beaux contre-sens de compréhension de ce que j’ai écrit), et par ailleurs être assez peu prêt à réfléchir à la pratique médicale en général – je ne sais rien de la vôtre en particulier.
Mais je gage que vous gagneriez sans doute beaucoup à écouter ce que disent les patients entre-eux (Monsieur et madame tout-le-monde quoi) quand ils parlent des médecins, ou, encore plus instructif, écouter, en milieu hospitalier, ce que peuvent en dire les infirmières, aides-soignantes, et « petit personnel »… C’est croquignolet tout plein. Et passionnant.
(À vrai dire, l’opinion par défaut plutôt haute et naïve, bien que pas toujours confirmée par mon expérience de patient, que j’avais des médecins, n’a pâli, mais alors très fort et définitivement, qu’à partir du moment où j’ai commencé à les fréquenter tous les jours en tant que professionnel…)
10 avril, 2011 à 21 h 36 min
@ Swami
« en tant que professionnel », ça ne veut pas dire grand chose, ce n’est pas en tout cas un quitus qui donne le pouvoir de donner des bon ou des mauvais points parce qu' »on est dans le milieu médical » (ce qui va du jardinier de l’hopital au président de l’Académie de Médecine, en passant par le commercial des labo pharmaceutiques). Désolé, mais ce genre de positionnement ne vous rend pas particulièrement pertinent. .
Il serait utile de comprendre que chaque question posée au médecin lui ouvre une série d’hypothèses diagnostiques qui seront évoquées sans que vous n’en sachiez rien. Bien sûr qu’un RGO n’est pas grave… si c’en est vraiment un, et s’il n’est pas compliqué.
Les consultations à 10 motifs sont ingérables, et susceptibles de déboucher sur « l’infarctus qu’on a pris pour une gastro entérite » (voir plus haut); C’est de plus en plus fréquent, et il nous appartient de cadrer les consultations, en mettant des limites, et tant pis pour les commentaires désobligeants.
Nous voyons tous un certain type de patient nous quitter sans que la qualité de notre sommeil n’en soit affectée
10 avril, 2011 à 21 h 45 min
Très chouette article qui parle à la patiente que je suis, bon je n’ai qu’un médecin dans l’entourage, un choriste mais je n’oserais jamais lui demander des trucs médicaux..
10 avril, 2011 à 22 h 45 min
il n’ y a pas plus difficile comme exercice que de soigner la famille, donc le mantra du jour est » non maman va voir ton medecin ,non maman va voir ton medecin…. »
pis au debut t’as toujours cousin bidule qui a besoin que tu lui signe sa licence , pis mini cousin qui voudrait bien que tu lui ait un RDV beaucoup plus rapide avec M.le specialiste…argggggg que je deteste ces fourberies…
Swami, je suis aussi tres dubitative sur ton raisonnement… Je ne peux materiellement pas traiter 4 ou5 problemes sur une consultation de 15-20mn … Donc OUI il faut que tu reprennes RDV avec ton toubib pour ce qui te semble être un » simple RGO » ou ton genou qui craque depuis 10 ans…
apres je suis tres mauvaise « gestionnaire » de mes patients.. je me laisse tres souvent submerger par X demandes, et puis on est venu a 3 sur LE RDV .. » on est venu en force docteur huhuhu »…
ouai .. ca va pas arranger mon agenda ca!!!
je m’eggare …
10 avril, 2011 à 23 h 07 min
Amis médecins ci-dessus, vous me semblez d’une belle unanimité sans doute due à l’homogénéité de votre formation… et qui correspond pile-poil aux critiques que les adeptes des médecines auto-dites « douces » (dont je ne suis pas) adressent à la médecine « pas-douce » (LOL).
À savoir que quand je vais (rarement, oh, rarement) chez le médecin, c’est le bonhomme que j’emmène voir le médecin, je ne lui apporte pas « une amygdale » ou « un genou » au médecin, je lui apporte un bonhomme à réviser.
Alors peut-être que de votre point de vue « Une consultation = un organe = 1 problème = 15 minutes = 22 € » mais c’est justement ce point de vue qui passe assez mal auprès d’une proportion croissante de votre clientèle.
Me souviens du médecin de famille de mon enfance, il me semblait qu’il s’occupait de l’enfant que j’étais alors, pas juste d’un tympan enflammé. Mais quelque chose a du changer depuis. Probablement.
S’occuper uniquement de l’organe malade a un autre inconvénient : ça ne permet pas la médecine préventive ou la prophylaxie, puisqu’on ne s’occupe que de ce qui est endommagé… et un seul problème à la fois s’il vous plaît !
Vous indiquez ne pas pleurer trop longtemps la perte de certains patients, il doit y avoir une raison symétrique qui explique que certains patients ne regrettent guère d’avoir changé de médecin :-}
11 avril, 2011 à 1 h 37 min
Emouvant ce billet.
Les êtres humains ne sont pas parfaits.
Les soignés aimeraient bien que les soignants le soient. Ca les rassurerait. Mais ce n’est pas possible.
11 avril, 2011 à 9 h 13 min
Haaa, comme on se retrouve dans ce billet. Même en étant « juste » infirmière, on se retrouve dans la même situation, voire pire, puisque la famille vous donne les symptômes et vous demande un diagnostic de médecin (glups !), en plus de « Tu peux me faire mon injection de Lovenox ? et refaire mon pansement ? » etc, etc. Ma parade ultime est maintenant de dire : « Tu sais, je travaille pas dans cette spécialité, donc je connais pas trop, mais tu devrais en parler à un docteur ! » Au pire, si ça m’inquiète un peu (genre les signes de l’AVC, mais que je n’ose pas dire, parce que bon, je suis pas médecin et que j’ai tendance à imaginer vite un cancer pour toute ma famille), je leur demande ce qu’en a pensé le dit médecin (en plus, ça me rassure, c’est génial). Ben oui, ma chère Jaddo, contrairement à vous, dès que c’est la famille, je vois plus vite le pire que le banal. Donc, autant déléguer avant d’affoler les foules (quoique, finalement, en y réfléchissant bien, si je les affole à chaque fois, ils ne me demanderont plus rien non plus, non ?)
11 avril, 2011 à 9 h 26 min
perte de la vision = AVC ?
C’est bizarre, parce qu’il y a 6 ans, quand ça m’est arrivé alors que j’étais enceinte, je suis allée aux urgences et on m’a dit que c’était une migraine ophtalmique. Et comme c’est passé tout seul, on m’a renvoyée chez moi en me disant d’aller voir un ophtalmo à l’occasion (et en me signant un arrêt de travail pour l’après-midi, puisque c’est arrivé à 15h et qu’on m’a gardée 2h en salle d’attente).
Sinon, euh, oui, ça ne m’étonne pas qu’on ne puisse pas traiter si facilement sa famille !
11 avril, 2011 à 10 h 26 min
Il y aquelques années, je faisais confiance aux confrères.Je ne soignais pas moi-même les membres très proches de ma famille.
Grosse amertume le jour où je découvre à plusieurs reprise les erreurs médicales (pas para-médicales).
Depuis je surveille.Et si ce que j’apprends ne me conviens pas,je prends mon téléphone et je demande des expliations.Poliment,fermement.
Est-ce soigner un proche? Je ne sais pas.
NB la dernière bourde en date:ma mère est à hôpital,la tension est à 70/40 ( on aimerait mieux qu’elle soit à 120/70 … )J’attrape l’infirmière au téléphone et je lui demande si BIEN SUR le traitement anti hypertension a bien été arrêté.Et ben non. Un grand classique…
Bizz
11 avril, 2011 à 10 h 27 min
@Swâmi
L’équation débouchant sur les 22 euros (d’ailleurs 23 maintenant, et na) n’est pas, je puis te l’assurer,celle qu’a le médecin en tête. Je pencherais plutôt pour : soins de qualité = temps d’écoute,de diagnostic et d’examen, pondéré par une disponibilité inversement proportionnelle à la demande de soin = obligation ponctuelle de morceler la prise en charge globale sur plusieurs consultations. Croire qu’un médecin puisse considérer que le soin d’un organe correspond au C conventionnel relève à mon avis d’une simple imbécilité. Mais constater que certains de nos patients l’imaginent est passionnant et m’incitera à l’avenir à faire preuve d’un peu plus de pédagogie (merde, ça prendra plus de temps… ça va pourrir mon équation). Merci donc pour tes remarques !
Sorry pour le hors sujet jaddo… Excellent post.
11 avril, 2011 à 10 h 31 min
Je viens témoigner en tant que non-médecin d’une famille de médecins, qui en plus se multiplient entre eux et-dont-il-faut-être-fier-parce-que-contrairement-à-toi-eux-ils-sauvent-des-vies (oui je lis ton blog pour comprendre ces êtres bizarres qui m’entourent :) ). Chez moi les réunions de famille ne parlent que médecine et échanges de points de vue sur tel ou tel cas (c’est soûlant à la longue), et dès que quelqu’un a un truc qui cloche dans la famille, son médecin est tellement fliqué par les enfants-parents-cousins-médecins qu’on se demande même pourquoi on consulte ailleurs. Résultat, je n’ai pas vu un médecin depuis 10 ans, j’ai fait plein de tests pour des maladies que je n’ai pas et je n’ose pas consulter pour les trucs qui me gênent vraiment (genre dos en vrac) car 1.ce serait non médical et juste de ma faute et 2.je ne sais même plus comment on fait pour consulter un médecin (c’est honteux d’aller consulter non?). Enfin bref Jaddo,j’aimerais bien qu’ils te connaissent!
11 avril, 2011 à 10 h 52 min
Elle est est tombée sur moi un jour où j’étais de mauvaise humeur. Avec mon caddie, je sillonnais furieusement les allées du supermarché (1ère cause de mauvaise humeur), un samedi après-midi( 2ème cause de mauvaise humeur) et je n’avais pas trouvé mes yaourts préférés (ultime cause de mauvaise humeur).
Au rayon des conserves, elle me parle de… ses pertes blanches qui ne s’améliorent pas depuis la dernière consultation, et puis, ça la gratte, et puis la petite lui fait de la fièvre, et puis. Il faut croire que ce n’était VRAIMENT pas le jour où il fallait me titiller avec des leucorrhées.
Il y avait des gants de ménage dans son caddie, je les ai pris, j’ai ouvert le sachet, enfilé les gants et je lui ai dit d’ôter son slip, j’allais l’examiner « M’examiner ici, docteur ?? » « Vous voulez une consultation ici et maintenant, je vous fait une consultation ici et maintenant. Allongez-vous, il y en a pour une minute ».
Mon humeur du jour ne s’est pas améliorée mais la réputation de « faut pas em… le docteur quand il fait ses courses » s’est répandue.
Elle, je ne l’ai jamais revue au cabinet. Je m’en veux un peu. C’est le prix à payer pour pouvoir faire ses courses tranquille.
11 avril, 2011 à 11 h 10 min
@Ultima : Ultimate LOL :-D
11 avril, 2011 à 11 h 21 min
@Matéo : « L’équation débouchant sur les 22 euros (d’ailleurs 23 maintenant, et na) n’est pas, je puis te l’assurer,celle qu’a le médecin en tête. »
Je puis te l’assurer, j’ai entendu de mes oreilles à moi que j’ai un pneumologue de ville tenir à un technico-commercial de labo (non, pas moi, je n’ai jamais vendu quoi que ce soit ;-) le discours mot pour mot : « Non arrêtez la démo bla-bla bénéfice thérapeutique, ce que veux savoir c’est l’examen, je le cote combien de K, et les consommables à usage unique ils coûtent combien et ça me prend combien de temps ? Je sais que je suis censé vérifier la relecture, mais franchement, l’ordinateur, il le fait parfaitement, hein ? »
Le monsieur roulait en Mercedess 500 cabriolet, et ce n’est pas une légende urbaine, c’est tombé dans mes propres oreilles à moi-même personnellement.
Quant aux confrères ici présents qui semblent s’être tout seuls construits de moi une image « patient chiant », que je les rassure, je suis typiquement le patient qui a droit à la consultation de 7 minutes 05 grâce à laquelle le bon praticien récupère une partie de l’heure-45 de retard qu’il a sur ses consults de mémés bavardes qui viennent 3 fois par mois, et que donc il vient de m’infliger en salle d’attente à la fois 1h45 de poireautage et 1h45 de conversation de mémés bavardes – le médecin, je n’y vais pas souvent, mais toujours avec un bon bouquin, et je passe considérablement plus de temps dans la salle d’attente que dans le cabinet. Sans doute une des raisons qui font que je n’y vais pas souvent… Messieurs et dames les médecins qui souhaitent que le patient prenne 3 RdV s’il a mal à 3 endroits ne pensent peut-être pas que tous leurs patients ne sont pas retraités, et que, quand il faut prendre sa demi-journée pour aller voir le toubib, surtout si on est dans la phase « plutôt occupée » de l’existence (25-50), eh bien, on n’y va pas souvent, et quand on s’entend dire « pour le genou, reprenez RdV ! », ben le genou, il est parti pour grincer longtemps…
11 avril, 2011 à 11 h 25 min
Don’t feed the troll
11 avril, 2011 à 12 h 42 min
J’ai un peu le profil de Swâmi puisque je vais très rarement chez un toubib (carrément moins qu’une fois l’an), et c’est vrai que mon arrière pensée est « si un jour je vais chez le médecin, j’en profiterai pour parler de tout ce que mon corps présente de bizarre » (en pratique je n’y pense pas ; Ouf! je ne suis pas vu comme un méchant patient ! Enfin, pas pour cette raison-là, au moins).
Bref je comprends tout à fait, d’un côté, que si on vient pour un truc, c’est pas pour parler de cinquante trucs qui n’ont rien en commun car ça demande d’explorer « 2 exposant cinquante » pistes différentes (si on se limite à deux pistes par problème). Toute ma sympathie au médecin qui veut cadrer la discussion afin de ne pas s’égarer.
Mais je comprends aussi que le patient qui a 50 problèmes certainement tous bénins, n’a aucune idée de ce qui pourrait justifier une visite chez le médecin. Donc le jour où il doit vraiment y aller, ben « il en profite pour se renseigner », et puis comme ça il a pas dérangé le médecin pour rien. Sauf qu’en fait c’est super chiant pour le médecin, mais ça on l’a pas appris à l’école-des-patients.
Bref, je pense que le fond du problème ici est d’arriver à évaluer ce qui vaut la peine de déranger un médecin et ce qui n’en vaut pas la peine. Et pour ça, quelle autre solution que de déranger un médecin ?
C’est pourquoi j’imagine une sorte de visite « check-up+devis » : on fait un petit tour des cinquante « problèmes » sans aller dans le fond des choses, juste dans le but de rassurer le patient ou de planifier des visites suivantes. Une sorte de « suisjenormal.fr » sérieux.
Mais j’imagine aussi tout de suite le genre de tension que ça peut créer lorsque le médecin dira
« ah ça, ça mérite de s’y intéresser, il faudra approfondir ça. #devis »
« Euh c’est grave, docteur ? #dpcs » (« d » pour dernière, bien sûr)
« Ben on se revoit dans trois semaines, pour en parler ? #bisous »
Enfin voilà, si on avait des écoles pour comprendre le point de vue des uns et des autres, le monde serait trop choupinou.
P.S. : le nombre « cinquante » utilisé dans ce texte décline toute responsabilité si sa valeur exacte devait être moindre ou plus élevée. Bref, remplacez « cinquante » par « n » si vous préférez.
11 avril, 2011 à 13 h 01 min
Sans troller, la position de YoungFrog est très juste. je trouverais parfaitement compréhensible qu’un toubib ne puisse pas prendre le temps d’appronfondir 50 (ou « n ») problèmes et demande une nouvelle prise de RdV pour cela, s’il faut y consacrer du temps.
Ce que par contre je ne trouve pas compréhensible c’est de se faire quasi-systématiquement bouler par un médecin qui ne veut absolument pas entendre même évoquer l’existence d’un possible second problème quand on est venu « pour un premier » (donc on ne sait même pas si ça mérite de revenir), mais vous pousse gentiment vers la sortie alors même que vous avez attendu largement plus d’une heure l’insigne privilège de passer 7 minutes en sa compagnie. Là, camarade, tu dis « ‘tain c’est abusé, cong ! »
Donc ce que je reprocherais à la majorité (eh oui) des généralistes actuels, c’est de ne pas prendre le temps de faire un « tour d’horizon rapide » du patient (même quand ils le connaissent peu ou pas du tout, pour une mémé qu’on voit 3 fois par mois et dont on connaît le moindre hémorroïde c’est sans doute différent), et d’avoir une attitude type « si t’es venu pour une angine, toute autre question est biffée d’un gros « hors-sujet ! » en rouge ».
Le truc qui te donne l’impression, non pas d’être allé chez le médecin, mais d’y avoir emmené une amygdale…
11 avril, 2011 à 13 h 02 min
Coucou chère consoeur,
Cela fait lurette que je te lis sans commenter car tout ce que tu racontes me touche ou me fait sourire sans avoir à en rajouter.
Aujourd’hui je sors de l’ombre pour te faire partager mon expérience de jeune médecin jeune installée ET (c’est important) jeune maman.
Moi aussi j’ai tjs trouvé relou que les gens parlent de leur soucis de santé dès qu’on a le malheur de leur dire notre profession : on a l’impression que c’est « open bar » en permanence et c’est pénible car des fois on a juste envie d’être non-médecin…
Et oui même en voyage le fameux « y’a t’il un médecin ds l’assistance? » fait qu’on n’a pas forcément l’impression d’être en vacances…
Avec les demandes de mes proches j’étais limite désagréable car en fait au début, qd on n’a pas encore assez d’expérience, on a peur de dire des bêtises : d’être trop alarmiste ou trop rassurant.Et je leur conseillais de voir leur médecin, le VRAI…
Mais depuis que j’ai des enfants j’ai changé : car il y a les choses que je gére car c’est le we, c’est bénin… et celles qui me paniquent et me raménent au niveau de réflexion d’un bulot : même si ce n’est QUE de la fièvre à 39 et des frissons, voir son enfant qui souffre et pleure c’est très difficile et rend l’examen encore plus compliqué… Il m’est dc arrivé de demander à ma collégue de les examiner alors qu’il était 20h ou que c’était le we… Et j’ai apprécié qu’elle ne m’envoit pas ds mes 22… même si ce n’était qu’une otite… Elle ça ne l’a pas tant dérangé et moi ça m’a énormément rassurée.
Alors qd mes amis m’appellent pr leurs enfants malades, et qu’ils s’excusent 20 fois, je les vois sans soucis, je leur dis que « c’est normal, y’a pas de problème », parce que finalement être médecin oui c’est ts les jours mais oui ça rend service qd on en a besoin. Et puis avec l’expérience on se dit qu’on n’est pas si nul que ça et que si ça permet d’aider ceux qui ont confiance en nous…. Car c’est ça la clef : leur affect envers nous, nous rend plus crédible et compétent à leurs yeux que quiconque….
Je suis devenue plus tolérante avec mes proches en essayant de leur conseiller des collégues qd je ne sens pas certaines choses, mais tjs aussi évasive avec le quidam qui me casse les pieds avec sa mycose….
On ne peut pas échapper au fait que nous serons médecins jusqu’au bout.
11 avril, 2011 à 13 h 21 min
C’est sur que si déjà on apprenait en cours de bio ce qui justifie une visite chez le médecin / un passage aux urgences, ça aiderait bien les médecins et limiterai les embouteillages en salle d’attente.
Une maman médecin, c’est pratique pour les « il m’arrive … Insert something … dois-je aller consulter ou est-ce normal? ». Neuf fois sur dix ça se conclut par « bois une tisane, prend un doliprane et attend que ça passe. On en reparle dans 3 jours. »
J’ai donc évité à la sécu quelques dizaines de consultations inutiles depuis que je suis partie de chez mes parents.
11 avril, 2011 à 14 h 03 min
Et comment va « papa JADDO » finalement?
11 avril, 2011 à 14 h 45 min
@jaddo : merci, merci, merci ; c’est toujours un régal de te lire et de se reconnaître dans (presque) tout ce que tu écris (je dis « presque » parce que j’ai pas de couettes, j’ai arrêté de fumer et je joues pas à WoW) !
Deux billets si rapprochés ; tu nous gattes !
Où en est ta grossesse littéraire ? On a hâte ; on se languit de savoir si c’est un garçon ou une fille et surtout, surtout, le poids de naissance !!
J’espère que tu ne te mets pas trop de pression ; au contraire, lâche-toi, fais-toi plaisir et ce sera très bien…
@Swâmi : je suis bien d’accord avec vous : les médecins que vous décrivez n’ont pas répondu à votre attente. Juste une précision ; c’est quoi votre attente ?
Option 1) Vous êtes plutôt « vous savez docteur je ne vais jamais chez le médecin j’ai « juste » besoin de mon anti histaminique annuel » … et vous attendez de voir si, comme jaddo, il vous interroge sur les antécédents de 3 générations,
Option 2) à la fin, la main sur la poignée de la porte ; « ah oui et puis ma femme m’a dit que çà serait bien que je dose mon cholestérol parce que j’ai mon genou qui craque et que je crois bien que j’ai les veines toutes bouchées vu que çà gonfle le soir et mon père il avait çà et d’ailleurs il a fait un infarctus »
Option 3) Vous lui dites carrément « Docteur on ne se connait pas parce que je suis nouveau dans la région (çà vous pouvez même le dire en prenant rendez-vous, comme çà on peut prévoir d’emblée un peu plus de temps) et j’aimerai qu’on fasse un peu le tour de mon état de santé et de mes questions ; je suis désolé, je vois que vous avez déjà un peu de retard mais c’est important parce que je suis vraiment inquiet, en particulier pour mon cholestérol… »
Option 3 bis) ajoutez « tenez, je vous apporte mon dossier médical que m’a remis mon précédent médecin. »
Option 4) « Salut, j’viens pour la révision des 80 000, j’vous la laisse et j’la récupère ce soir mais faites vite parce que je travaille, moi… »
Option 5) (en sortant de chez celui que, finalement, vous avez choisi) « ouf çà y est, check-up complet, j’chui rassuré, un quart d’heure en slip ; pas de cholestérol et pas de cancer à l’horizon, j’chui bon pour le service cette année encore ; c’est qu’à 45 ans faut commencer à faire gaffe ! »
Vous allez voir, à 50 va falloir ajouter des options au check-up (« ne passez pas à un doigt du diagnostic », n’est-ce pas Dr Jaddo ?) et à 60 faudra négocier un scanner corps entier, sinon vous ne serez pas rassuré.
Option 5 bis) ajoutez « j’vais m’en griller une pour fêter çà et demain, c’est sûr, j’me remet au sport ! »
Option 6) « p’tain, m’a encore fait attendre une heure celui-là, toute façon y veut encaisser son fric y’a que çà qui l’intéresse ; y va comprendre ma façon de penser celui-là, j’les connais moi les médecins, on me la fait pas à moi… »
En d’autres termes, quelle chance laissez-vous au professionnel que vous rencontrez de comprendre votre attente ? D’autant que vous passez votre temps à dire que vous êtes en bonne santé ! (alors que la mamie avant vous n’y est peut-être pas trop en bonne santé, elle…)
Bref, on ne peut pas convenir à tout le monde et l’essentiel c’est que vous finissiez par trouver celui qui vous convient. Le fait de déménager souvent ne vous aide pas ; çà c’est sûr !
@Docteur T : désolé, j’ai pas pu m’en empêcher !
11 avril, 2011 à 15 h 22 min
Fille de médecin généraliste, votre site m’amuse beaucoup car j’y retrouve pas mal de points communs avec le quotidien de mon père… Cet article notamment, me paraît être une réalité chez TOUS les médecins: quand j’étais bébé, ma mère m’a raconté que mon père avait coplètement flippé parce que j’avais une légère fièvre, persuadé qu’il était que je faisais une infection très grave, il avait fallut un de ses collègues appelé en urgence pour lui singaler que je n’avais qu’un rhume… Plus tard, mon frère s’est cassé un os du pied, il a été platré une semaine après, quand le pied avait triplé de volume, mon père était en effet persuadé que ce n’était qu’une entorse… Je suis pourtant certaine que c’est un bon médecin, mais comme on dit: « C’est toujours les fils de cordonnier les plus mal chaussés… » Bravo pour votre blog en tout cas!
11 avril, 2011 à 15 h 52 min
@Le toubi
c’est bien écrit, et je souscris à la démonstration.
Mais dès qu’on me fait le coup du médecin rapiat et de sa grosse bagnole (ici la mercedes machin, là-bas la porchkahyène ), je sais qu’il n’ y a aucune discussion possible, même si ce type de médecin existe (pourquoi n’y en aurait-il pas ?).
11 avril, 2011 à 16 h 55 min
Je connais au moins un cas de famille où la maman est médecin traitant pour divers proches (alors que, si j’ai bien compris, travaillant dans l’industrie pharmaceutique, elle n’exerce pas habituellement sur des patients). C’est vaguement inquiétant: je ne suis pas sûr qu’elle « garde la main », plus le problème de rester rationnel quant aux proches.
Bien sûr, si c’est juste pour des rhumes, renouvellements de pilule ou autres problèmes bénins, c’est pratique.
11 avril, 2011 à 17 h 42 min
@le toubi : « tenez, je vous apporte mon dossier médical que m’a remis mon précédent médecin. »
Houlà, on entre de plain-pied dans la médecine-fiction ! Un « dossier médical remis par un médecin », c’est un peu comme un hybride entre un Alien et un Predator, non ? On en a entendu causer, mais on n’en a vu que sur un écran, et on se doute que ça doit pas vraiment exister :-D
J’ai bien eu un « carnet de santé » étant petit, mais ils me l’ont gardé au service militaire bouhouhou… Puis une ministresse a un jour décidé d’en renvoyer un à tous les françouais, je l’ai eu, j’ai fini par le jeter vu qu’il était vierge et qu’aucun médecin ne me l’a jamais demandé en 15 ans :-]
Nan blague dans le coin et sans faire dans l’infantilisme ni vous suivre dans votre inventaire à la Prévert, Jacques pour les dames, on s’attend à ce que ce soit le médecin qui drive la consultation et qui dise « Tiens vous je ne vous connais pas, faudrait que je fasse une fiche, quels sont donc vos antécédents, vos espoirs, vos craintes, vos désirs d’avenir ? (Euh nan, pas çui-là !) »
@docteur T : « dès qu’on me fait le coup du médecin rapiat et de sa grosse bagnole … je sais qu’il n’ y a aucune discussion possible »
Peut-être bien que VOUS la rendez impossible par cet a-priori qui, vu de l’extérieur, sonne bigrement comme une espèce de solidarité corporatiste, refus d’entendre qu’il « puisse y avoir de ça chez nous ». En ayant l’attitude « don’t feed ze troll, toute discussion est impossible » vous transformez ce qui n’était qu’une observation, en situation de conflit. Si par contre vous reconnaissiez tranquillement « Bon y’en a, on le sait, mais c’est une minorité et c’est critiquable » sans vous sentir personnellement mis en cause (ce que vous n’étiez pas), là, la discussion serait possible et sans doute fructueuse.
Mais hélas, vous faites là montre d’un des travers typiques qu’on reproche si souvent à votre profession : corporatisme, attitude citadelle assiégée, refus de toute remise en question et encore davantage des critiques pouvant venir de l’extérieur. Vous êtes une corporation de Saints de Haute Tenue Morale qui se dévouent bénévolement en un Sacerdoce de chaque instant, et toute personne qui remettrait en question ce dogme serait un troll malfaisant. Soit.
11 avril, 2011 à 18 h 32 min
Drapeau blanc!
Mon avis est tout à fait partagé: le patient peut effectivement préciser ses attentes, ce qui permet au médecin de gérer son planning (ma toubib était par exemple mécontente le jour où je suis arrivée pour la consultation du 9ème mois de mon fils, car la secrétaire avait oublié de lui préciser le motif de consultation alors que moi, patiente parfaite évidemment, j’y avais tout dit à la s’crétaire!).
En l’occurrence, faudrait pas pousser le bouchon et demander au patient d’anticiper un entretien normalement mené par un toubib, sinon on peut aussi se « pré-diagnostiquer » tout seul, tant qu’on y est!
@Yougfrog: le fait de répéter à plusieurs reprises l’expression « déranger un médecin » me chiffonne un peu… non, franchement, en fait. On ne va pas non plus s’excuser d’aller consulter parce qu’on n’est pas bien-mais-c’est-peut-être-pas-grave-oh-désolée-de-vous-avoir-dérangé-vous-avez-beaucoup-mieux-à-faire-qu’écouter-vos-patients… Non, là faut pas pousser! Si j’ai des questions à poser, je les pose, point barre. Quand la maman d’un patient a des inquiétudes (je suis orthophoniste, pour la ch’tite précision), je ne l’envoie pas bouler en lui balançant « eh, vas-y! y’en a d’autres qui attendent alors tu repasseras la semaine prochaine avec ta question, ça me « dérange »! ».
Et pour en revenir au sujet, les conseils entre 2 tournées de Curly arrosées de kir le samedi soir, je donne aussi. Oui, c’est parfois relou, mais j’ai choisi mon métier par passion et le fait d’être ortho est maintenant une composante de ma personne. Donc si je sens le cas compliqué, j’explique qu’il vaut mieux aller consulter un confrère ou une consoeur à tête reposée dans un cadre bien définie, neutre et objectif. Si c’est juste de l’information, ça fait partie de mes actes « gratuits » donc j’accepte (sauf si je suis trop imbibée et que cela risque de nuire à ma réflexion et mon conseil!)
Allez, faites la médecine, pas la guerre!
11 avril, 2011 à 18 h 34 min
* un cadre bien « défini », ça m’apprendra à ne pas me relire!
11 avril, 2011 à 18 h 57 min
c’est surtout le verbe « s’encafouiller » qui vaut le détour.
11 avril, 2011 à 19 h 54 min
Je retiens votre technique!
On ne me demande pas trop d’avis sur les AVC, mais plutôt sur les échos, la prise de poids, les biberons, les seins (je suis sage-femme)…et surtout la contraception!!! Je passe des dîners entiers à expliquer que non la pilule ne fait pas grossir et que oui si tu saignes 15 jours par mois il faudrait peut etre enlever ton implant…
11 avril, 2011 à 19 h 54 min
Ah oui et la question qui tue « tu pourra m’accoucher? » (sérieusement, qui se voie faire une épisio à une amie ou sa belle-soeur?)
11 avril, 2011 à 20 h 07 min
1- Je préfère soigner moi même mes proches (drôle de suffisance de ma part), ça évite les erreurs médicales.
2- Les gens me saoulent surtout au téléphone (du genre je suis à la plage, j’vais pas me déplacer, mais j’voudrais savoir ce que j’ai), quand je les croise, ils restent discrets en général (j’adore l’examen gynéco au supermarché)
3- C’est toujours pareil: les gens qui ont un cancer métastasé ont peur de déranger et celles qui ont une migraine, ben.. non.
4- Putain, mais c’est vrai que c’est dur de débrancher
5- Le pire, c’est l’appel en absence de 7h du mat’ le dimanche d’un numéro inconnu, sans msg.
11 avril, 2011 à 20 h 32 min
bonsoir,
Je lis ce blog depuis quelques mois, rigole bien, apprend plein de chose, et suis globalement la plupart du temps d’accord avec tout, y compris une bonne partie des commentaires.
Mais là franchement, je réagis parce que je me range tout à fait aux côtés de Swami.
Depuis que j’ai quitté le domicile parental, et donc mon médecin familial, je n’ai jamais pu retrouver un médecin traitant digne de ce nom…
Peut-être parce que, dieu merci, depuis l’âge adulte j’ai cessé d’être aussi souvent malade qu’enfant et adolescente et donc ai peu l’occasion d’aller les voir et me faire connaitre.
Peut-être aussi parce que je suis un peu bête et disciplinée (et aussi flemmarde) pour changer de médecin traitant.
Celle que j’ai actuellement, et sa remplaçante également, m’ont toujours l’air sortie de la 4ème dimension…
Et pire encore quand j’y amène mes enfants, qu’elles touchent comme s’ils étaient des grenades dégoupillées.
Et en effet, jamais le dialogue n’est venu de leur part, pour m’interroger un peu plus sur mon passé médical, histoire de cerner un peu le personnage.
Alors oui, je n’y vais au pire que 2/3 fois par an, dont une pour me faire renouveler la ventoline.
Mais JAMAIS je n’y reste plus de 10 minutes…
Alors quoi, si je comprends bien les commentaires précédents, il faut que je demande, lors de la pris de rendez-vous, un peu plus de temps pour faire un « check up » ou au minimum une prise de sang pour éventuellement contrôler le cholesterol, le fer, et compagnie, savoir où j’en suis de mes vaccinations, … ?
C’est moi qui suis censée faire ça ?
Par contre, mon osthéopathe, mon gynéco, eux, sont plus humains, plus attentifs…
Mais c’est vrai que je les paie 2/3 fois plus cher,…
11 avril, 2011 à 21 h 13 min
Mais heureusement, il y a encore des toubibs qui prennent leur métier à coeur, il faut bien le dire. C’est vrai que depuis 7 ans que j’habite où je suis, j’ai testé… 5 médecins, je commençais à désespérer de me voir écoutée, surtout auscultée comme il se doit, et pourtant je suis loin d’être hypocondriaque! Moins je vois mon toubib, mieux je me porte (comme tout le monde, en fait). Mais quand j’y vais, je n’apprécie franchement pas qu’on me donne l’impression de déranger. Diverses expériences sympatoches:
– Mr le Docteur me demande ce qui ne va pas, prend vaguement ma tension et me griffonne une ordonnance pour 6 ou 7 boîtes de paracétamol (temps total: 5 min, je venais suite à une fausse couche qui m’avait laissée à plat pendant 1 mois et demi mais point d’anémie, nooooooooooooooon!). Sans oublier le petit commentaire comme quoi ma fausse couche, j’aurais pu la prévoir vu que j’ai eu l’inconscience de partir en voyage de noces alors que j’étais enceinte, donc forcément, ça a été mauvais pour le bébé…
– j’emmène mon rejeton, le toubib (un autre) dit à peine bonjour, ne me demande ABSOLUMENT pas pourquoi je l’amène et l’ausculte avant de poser un diagnostic-éclair-merci-madame-1-comprimé-2-fois-par-jour (5 minutes, et encore!)
– je consulte (un autre toubib encore!) pour des vertiges récurrents depuis une semaine qui ont tendance à me déséquilibrer du même côté à chaque fois. Et là, je vous le donne dans le mille: nous sommes restés gentiment à nous parler chacun de son côté du bureau, point d’auscultation-que-nenni, « vous êtes fatiguée, reposez-vous, au revoir madame ».
– et enfin, le dernier Prix Nobel (le remplaçant de ma toubib actuelle) qui me toise comme la dernière des ignares surprotectrices parce que je suggère que mon fiston fait peut-être une pneumopathie (vu qu’il en a déjà fait 3 dont une sévère et que je commence à en reconnaître malheureusement les symptômes) et que lui il est médecin et pas moi non mais sans blague kicéki pose les diagnostics ici? Pas d’auscult’, un peu de sérum phy et de paracétamol-merci-Madame. Et le lendemain: bonjour les urgences! Et une pneumopathie, une!
Mais ma toubib actuelle, c’est une vraie de vraie, voui-voui-voui! Avec un vrai stéthoscope qu’elle utilise pour de vrai, et qui n’hésite pas à faire les examens les plus chiants que d’autres se passent aisément de faire (genre d’aller constater in situ des hémorroïdes, c’est pas glop mais c’est ‘achement utile, surtout quand c’est pô des hémorroïdes mais une fissure anale…).
11 avril, 2011 à 21 h 20 min
Dans un cocktail…
– Ah, docteur, comment allez-vous ? Au fait, puisque vous êtes là, j’ai des migraines terribles tous les matins en me levant, ça dure une heure, que me conseillez-vous ?
– Levez-vous une heure plus tard.
12 avril, 2011 à 0 h 03 min
Bon, on profitera du message de Dragibus pour nous mettre tous d’accord : ouais, ya des médecins de chie qui font du mauvais travail.
Y a des cons partout, chez les patients (bouh) et chez les médecins (bouh)
Grosso modo, les médecins qui traînent par ici sont plutôt de ceux qui essaient de bien faire leur boulot. Ils se hérissent un peu, du coup, à lire des sentences construites sur le type « Les médecins sont… » / « Les médecins font… ».
C’est un peu comme de lire « Les noirs sont… » ou « Les roux sont… » et c’est difficile à supporter.
Y a des médecins de merde, y a des médecins pas de merde, fin de l’histoire.
Ce serait chouette que les médecins de merde s’améliorent, mais grosso modo, c’est un peu inutile de venir le dire ici, ils ne me lisent pas. (Je fais des généralités aussi…)
Ici, de tradition, c’est plutôt l’endroit des réconciliations, pas des règlements de compte.
Donc on pourrait continuer les commentaires autour de la problématique du soin des proches, et ne pas se lancer dans des débats stériles que ce serait super chouette.
Merci, bisous, tout ça.
12 avril, 2011 à 7 h 50 min
La seule question qui m’a secoué le ventre tout le long du post, qui m’a obligé à parcourir en detail la marée des commentaires, et qui – je le concède – est totalement hors de propos et ne me regarde pas du tout c’est : comment s’en sort le patient ‘heros’ de l’histoire?
12 avril, 2011 à 8 h 41 min
papier remarquable, indispensable…
et s’il faut en remettre une couche, pour tous les (jeunes) confrères qui te lisent, pour tous ces patients qui aimeraient nouer une relation amicale avec leur généraliste, permets-moi de te rappeler cet article que j’avais posté sur dr Coq
thierry
http://docteur-coq.over-blog.com/article-7046151.html
12 avril, 2011 à 9 h 27 min
@ elly10
o.O
Je pensais que c’est le terme « m’accoucher » que tu trouvais hallucinant… Que tu étais surprise que les femmes de ton entourage ne sachent pas que c’est la femme qui accouche toute seule, assistée par une sage-femme ou un gynéco en cas de problème.
Mais non, c’est parce que accouchement = épisiotomie !
Au secours !
12 avril, 2011 à 9 h 27 min
PS : c’était un accident transitoire, tout a régressé en 4heures sans séquelles, mon papa c’est le plus fort et le plus beau de tous les papas et tout ça.
Et merci Dr Coq, me souviens de ce billet excellent :)
12 avril, 2011 à 11 h 46 min
Je suis bien content pour le papa de compète :-}
12 avril, 2011 à 13 h 34 min
Tant mieux pour « papa Jaddo »!!
Et, au passage, je confirme : il y a des cons partout !
Courage à ceux qui les supportent…
12 avril, 2011 à 14 h 01 min
Swâmi : comme c’est sympathique de votre part de réduire toute une profession, les DRH, à la minorité de connards/gens qui bossent dans une entreprise de merde.
Tous les DRH n’ont pas la même spécialité, mais ça n’empêche pas Tata Josette de poser des questions de droit du travail ou de comptabilité à la « c’est normal qu’on m’ait sucré ma prime de panier ? » et autres « est-ce que c’est normal que la Sécu me paie pas mes 2 jours d’arrêt maladie ? » L’exposé dure souvent longtemps et les questions ne peuvent souvent avoir d’autre réponse que « ça dépend (du statut salarié/non, de la convention collective, des accords d’entreprise) », ce qui, en plus, vous fait passer pour l’égoïste qui ne veut aider personne. Je ne suis pas DRH personnellement ; je travaille dans les relations sociales, et ça suffit déjà à ce qu’on me pose des questions.
12 avril, 2011 à 14 h 43 min
On va éviter de déraper sur les DRH pour ne pas fâcher Rrrrrr qui le serait à juste titre pour le coup… Bon, pour pas déraper dessus, suffit de pas marcher dedans, hein, c’est que c’est achement gluant ces trucs-là, et ça colle aux semelles, en plus ça empeste…
12 avril, 2011 à 14 h 45 min
@Koa: en fait le terme de « m’accoucher » ne me fait pas halluciner. Je n’accouche personne et surtout je ne donne la vie à personne… Moi je regarde en tricotant, en sirotant du thé et en discutant avec les futurs parents. Ah oui je surveille un peu aussi! et je pèse le bébé à la fin! De tout façon je ne sais pas comment on accouche car je suis une « Gopo »(trève de plaisanterie, je sais très bien que c’est la femme qui accouche, je ne suis là que pour l’aider. ). Mais ce sont les femmes qui parlent comme ça : »m’accoucher », « tomber enceinte » (ca va, tu ne t’es pas fait trop mal), « stérilet », etc…
Pour l’épisio, ce que je signifais c’est que c’est peut être super cool de suivre ses copines/soeurs/belles-soeurs quand tout se passe bien… mais bon faire une épisio si besoin, décider d’une césar, ou réanimer son petit neveu né en état de mort apparente ça doit tout de suite être moin cool… Ok 9 fois/10 tout va bien , mais une fois que tu es dans le cas sur 10 où ca dérape, bonjour la mouise!
12 avril, 2011 à 18 h 24 min
@ elly10
L’oeuf ou la poule ? Les soignants aussi parlent comme ça. En tous cas, *toutes* les SF, et le gynéco, que j’ai vu en consultation pré-natale. Et toutes n’ont pas compris tout de suite ce que je voulais dire quand je les reprenais :-)
Je n’ai pas compris si ta description de ta pratique était ironique ?? Parce que pour moi, c’est bien le rôle d’une sage-femme, de boire du thé et de tricoter… Si tout va bien, bien sûr.
Je suis tout à fait d’accord avec toi sur l’angoisse décuplée quand on connaît la personne (ce que dit Jaddo)… Ta formulation première m’avait laissé penser qu’une épisiotomie, c’est pas glop, et que sur une personne connue, encore moins, mais que c’est un peu incontournable. Soulagée de voir que cette bêtise-là n’était pas ton propos…
12 avril, 2011 à 22 h 36 min
ben moi j’aimerais bien que le blog de jaddo soit reconnu d’utilité publique, ça serait déjà un premier pas vers… vers quoi au fait? Pfff, je perds le fil, c’est grave docteur? Nan paske depuis quelque temps j’ai comme des palpitations… et des rougeurs… et des…
Sincèrement, j’imagine combien ça doit être pénible, l’avantage quand on fait un boulot sous et mésestimé c’est que personne ne vient vous demander de conseils de balayage/coursage(ben les courses quoi!)/papotage :-)
12 avril, 2011 à 23 h 54 min
oué bon, les médecins font le job qui requiert le plus d’études, le plus prenant, le plus exténuant, le plus insoutenable nerveusement avec le plus d’implications en cas d’erreur, on sait. Pis les autres, surtout les ingénieurs informaticiens, franchement a coté, c’est d’la gnognotte.
Sérieux dans tous les métiers y’a des risques, dans tous les métiers on conseille ses amis / sa famille là où ils ne s’y connaissent pas, dans tous les cas c’est relou quand ça arrive régulièrement, et dans tous les cas le pire peut se produire, chez les médecins comme chez les autres.
exemples :
– Claude Henri le banquier qui dit a son pote Georges que d’investir dans les subprimes ca rapporte, j’suis sur que maintenant que Georges devenu alcolo a tout perdu, que sa femme l’a quitté, ses enfants en échec scolaire, bah le p’tit Claude Henri, il l’a en travers
– Et Momo le mécano qui a dit a son tonton Johny que les nouvelles jantes en composite étaient super, j’suis sur que maintenant que Johny s’est mis dans le ravin en faisant le kéké, laissant une p’tite de 4 mois, bah Momo il l’a en travers
– Et Yoko l’ingé experte en sureté nucléaire qui a garanti que Fukushima était un site sûr, j’suis sur que maintenant Yoko elle l’a en travers
etc. etc.
– Ah j’oubliais, un p’tit dernier, Raymond qui a dit a son grand père Robert que son ordi marchait très bien, juste un peu d’ménage qu’y disait, j’suis sûr que maintenant que Robert le grand père s’est fait usurper son identité, piller son compte bancaire et du coup a fait un AVC (non détecté par Clotilde sa nièce généraliste), Raymond, bah il l’a lui aussi … en travers.
A méditer … Arrêtez de vous la péter … ;)
13 avril, 2011 à 10 h 55 min
Moi je suis informaticienne et j’ai une amie pharmacienne. Je lui dépanne son PC de temps en temps. Et quand la varicelle de ma fille se déclenche le dimanche, je peux compter sur elle pour me donner du sirop et une crème pour soulager les boutons sans courir aux urgences ou à la pharmacie de garde.
Un échange de bons procédés ;)
13 avril, 2011 à 11 h 17 min
Cela ressemble à un bon troc mais ta copine pharmacienne comment elle reconnait à coup sur une varicelle?
J’ai régulièrement en consult des mamans qui ammène leur ptit bout pour une varicelle , qui ressemble autant à une varicelle que moi à un archevèque et pourtant c’est le 3° ou 4° de la portée et tous les autres ont déjà eu la varicelle « alors vous savez docteur ,j ai l’habitude, il me faut un machin anti-gratouille, un truc anti-fièvre,et pis avec quoi je le lave?? »
Et la varicelle mème le dimanche , c’est pas la fin du monde, on peut voir son toubib le lundi.
13 avril, 2011 à 11 h 55 min
@Lolo Je crois que la problématique n’est pas uniquement l’erreur dans le chef de « quelqu’un qui s’y connaît ».
En fait l’enjeu n’est pas le même : diagnostiquer la perte du disque dur de ton papa, ça va l’emmerder puis c’est tout. Mais lui diagnostiquer une maladie grave, c’est aussi toi-même que ça fera souffrir. J’ai l’impression que c’est cette différence fait que ton jugement risque plus d’être altéré dans le second cas que dans le premier. Et puis il y a aussi le fait qu’on croit connaître quelqu’un, et que du coup on ne lui posera pas les questions qu’on aurait posées à un inconnu.
P.S. : je réponds comme si j’étais personnellement impliqué mais je ne soigne ni gens ni ordinateurs.
13 avril, 2011 à 12 h 01 min
Faut pas croire, moi aussi j’en ai marre parfois qu’on me pose des questions lors de soirées pendant lesquelles je n’avais pas du tout, mais alors pas du tout envie de parler boulot… Je veux bien que ma profession fasse partie de moi, comme le fait d’être une mère, par exemple. Sauf que toutes les mamans un tant soit peu équilibrées reconnaîtront que parfois, ça fait drôlement du bien de larguer les minots à papi et mamie et de prendre des « vacances parentales ». Idem pour le taf, parfois, j’ai pô envie, c’est tout.
Alors dans ces cas-là, quand on me demande:
« Ma fille zozotte et elle a du mal à dire les « r » dans tous les mots, elle n’a que 3 ans mais je me pose des questions, est-ce qu’il faut que j’aille voir une orthophoniste? »
Je réponds « oui », point. Et en même temps, c’est pas faux puisque si la maman (ou le papa) s’inquiète, faut bien aller soit se rassurer, soit se faire aider le cas échéant. Et moi, je peux continuer à siroter mon rosé-pamplemousse en continuant à faire tourner les bretzels (ou les serviettes selon l’ambiance…)
13 avril, 2011 à 13 h 14 min
Tu sais quoi ? Tu m’as convaincue. Remarque, j’ai pas de copain médecin, ça m’évite de les emmerder.
13 avril, 2011 à 13 h 24 min
Chère Jaddo
épouse d’un juriste, je commence à me lasser de voir que beaucoup de ses « amis » ne pensent à lui QUE lorsqu’ils ont un problème juridique. Et appellent le dimanche à 21h30 pour avoir une réponse à un problème ultra compliqué pas du tout dans sa spécialité. Et lorsque mon Epoux a le malheur de dire « je sais pas je vais voir », on sent un silence stupéfait, genre « mais t’es avocat non ? » (bah non, j’suis juriste spécialisé dans un domaine, pas omniscient)
Pourtant la consultation juridique gratuite, il n’est pas contre à la base. il veut bien rendre service et tout. Mais on n’en peut plus des mielleux qui appellent une fois tous les ans, avec un jovial « salut, ça va ? », n’écoutent même pas la réponse et enchaînent de suite sur leur problème juridique perso.
Comme qui dirait qu’on n’a pas l’impression de se faire prendre pour des cons.
13 avril, 2011 à 14 h 08 min
Les consultations par téléphone : sujet de dispute (temporaire) récurrent avec ma mère, en général le soir vers 23h45 : « J’ai ça, ça et ça, qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce que je fais? ça peut attendre demain? » « Vu ce que tu me décris : appelle le médecin de garde. » (sous-entendu, et parfois dit explicitement : « ce que tu me racontes ne ressemble à rien de précis et mes neurones ont trop peur que tu aies quelque chose de grave et que je passe à côté pour ne serait-ce que te dire ce que je dirais à un de mes patients ») « Ah ben non, je préfère attendre demain… » « Maman, tu m’appelles pour me demander mon avis, je te le donne : appelle le médecin de garde. » « Ah mais non, je t’appelais juste pour que tu me dises que ça pouvait attendre. » « Ben non. »
Dernièrement, je lui ai fait une injection de Lovenox pour suspicion de phlébite (qui n’en était pas une), alors ça a un peu calmé ses demandes de consultations intempestives : « Ah non, toi, tu vas encore me faire une piqûre! »
Quant à mon père, il a eu la délicatesse de mourir d’un infarctus un jour où il savait que j’étais loin et pas joignable. Mais j’imagine que j’aurais pu lui dire aussi : « Mais oui, c’est probablement ton ulcère qui recommence, cette douleur dans la poitrine qui serre. » Cela dit, j’étais interne à l’époque, et pas urgentiste pour 2 sous, et je croyais presque que les gens qui font un arrêt cardiaque en se promenant le dimanche ça n’existait que dans les films… L’événement m’a un tant soit peu motivée à savoir pratiquer les premiers gestes de réanimation.
13 avril, 2011 à 16 h 02 min
je suis dans le cas de figure inverse, c’est rigolo.
le cabinet de ma généraliste est à 1 h de route de chez moi (ben ouais, j’habite à la campagne, et en plus j’en voulais un(e) qui écoute les patients, moralité : faut pas être au bord de la mort trop souvent).
en +, elle se préoccupe de sa vie de famille, donc elle bosse à mi-temps (moralité : faut pas, etc).
Par contre, sa petite-fille fréquente l’école de ma fille à moi. Et parfois, je la croise donc à la sortie. Et bien c’est elle qui me demande si Miss s’est bien remise de son otite, et Mister de son entorse. Bon, ok, peut-être parce qu’elle est loin de la zone où on la reconnait.
Mais moi, j’ose quand même pas lui demander si je dois continuer capsicum ou si « je devrais pas passer aux antibios parce que peut-être c’est pas viral ».
Peut-être parce que j’ai une fascination secrète pour le corps médical (sinon, qu’est-ce que je foutrais ici régulièrement), j’ai sympathisé avec différents praticiens. Et c’est pas forcément marrant de les rencontrer après « en société » : genre, le psy qui sait tout de ta vie, au théâtre.
Lui, jovial, me tape dans le dos : « tiens, bonjour, mme x ! »
Moi, creusant un tunnel avec mes ongles pour disparaitre « ah euh euh vous êtes là aussi »
ou bien, le toubib à qui tu as récemment confié ton infection mal placée, dans une soirée entre amis : gros moment de solitude.
Ben ouais, patient, c’est embêtant. En fait faut pas être malade.
13 avril, 2011 à 18 h 00 min
« je croyais presque que les gens qui font un arrêt cardiaque en se promenant le dimanche ça n’existait que dans les films… » Nan. Y’a eu mon père, aussi.
13 avril, 2011 à 18 h 26 min
Quel bonheur de te lire! c’est mon premier commentaire mais je suis une lectrice assidue depuis longtemps. En fait je voudrais que tous les menbres de ma famille lisent ce texte…en particulier ma mère qui me demande aussi mon avis par téléphone pour toutes ses amies…
14 avril, 2011 à 14 h 12 min
Jaddo dit : ….mon papa c’est le plus fort et le plus beau de tous les papas et tout ça ».
Eh bien voilà, c’est une histoire d’une jeune femme qui en face du danger que courrait un être cher, son papa en l’occurence, s’est retrouvé dans la peau de la petite fille qu’elle a été, hors on sait bien que les liens sentimentaux pères-filles sont souvent très forts.
le destin aurait pu être tout autre, par ex. Jaddo aurait pu tout aussi bien prendre les bonnes décisions au départ et qu’il y ait quelque chose qui foire après pour une raison X, personne ne connâit l’avenir…
Les choses se passent comme elles doivent se passer, Elles se sont passées d’une façon qui a choqué après coup mais qui a fait comprendre la profondeur et l’importane des sentiments pour l’être aimé, chose que fait oublier la routine parfois, mais tout est bien qui finit bien c’est surtout cela qui est le plus important dans cette histoire.
Pour ce qui est de se faire soigner par un médecin ami, c’est mon cas personnel j’avoue que le post de 2007 « patient ou ami » du Cher DR. COQ ;) m’a fait comprendre à l’époque, le pourquoi de la gêne réciproque qui existait entre mon médecin et moi. Aujourd’hui les choses ont changé, car en sachant cela, j’ai changé d’attitude envers lui, (un peu comme le fait un enfant qui est dans la classe d’un membre ou ami de sa famille) du coup notre confiance mutuelle s’est renforcée car avec cette histoire de sentiments d’amitié se mêle le sentiment de confiance qui pourrait disparaître en cas de problème. A partir du moment où l’on accepte ce genre de situation, on doit être logique avec soi même c’est à dire accepter les risques, les mêmes que l’on prend avec n’importe qui sans oublier qu’avec des « SI » on referait le monde à chaque instant, ce qui l’empêcherait franchement de tourner.
14 avril, 2011 à 14 h 44 min
J’adore… bon je parle pas du cousin de la sœur qui connait un frère qui a eu mal au crâne et qui te demande ton avis… j’adore ton blog, je le découvre, et j’aime mon docteur :)
14 avril, 2011 à 19 h 40 min
Bonjour,
très intéressants tous ces commentaires. Surtout de voir comment on passe de « comment faire (ou pas)pour ses proches » à « comment faire pour tous les autres »…
Pour les « autres », la question qui résume et irrite c’est finalement » qu’est-ce qu’un bon médecin? » et on voit que ça soulève les foules…surtout sur ce blog, où peut être la majorité des médecins qui y écrivent se sentent un peu » différents », voire « un peu meilleurs », du moins « éveillés »…
Et pour ses (très) proches, honnêtement, je ne sais pas comment faire, comment faire pour expliquer que les relations qui nous lient sont plus un frein dans le conseil médical qu’autre chose, alors qu’eux mêmes y voient un plus…Et que tout simplement, j’ai peur de me tromper…
14 avril, 2011 à 22 h 12 min
Ben moi, c’est ma sœur qui m’a sauvé la vie, alors j’suis plutôt contente qu’elle ne soit pas trop bourrée de principes. Genre quand je lui tel pour lui dire que j’ai à faire à une bande toubibs complètement cinglés prêts à taillader n’importe quoi & n’importe comment Parce que Madame, c’est un cancer (je passe sur l’impression générale qu’ils font dans leurs frocs) et que si elle pouvait m’en dégoter des normaux, parce que là,j’ai brûlé toutes les cartouches et j’suis un peu usée quand même; elle commente pas sur la déontologie et tout; elle trouve.
14 avril, 2011 à 23 h 00 min
Lanja dit
où peut être la majorité des médecins qui y écrivent se sentent un peu » différents », voire « un peu meilleurs », du moins « éveillés »…
Ben je crois qu’un médecin est différent d’un individu lambda, tout comme toutes les professions (pompiers,policiers enquêteurs sauveteurs etc.),où l’on peut voir ses congénères sous toutes les coutures ou dans toutes sortes de situations, des plus cocasses au plus horribles. Faut certainement avoir le coeur bien accroché même avec l’habitude je suppose. Bon quand à dire qu’ils sont éveillés, c’est une autre histoire, ça dépend comment on interprète le mot éveillé, si on le prend dans son sens propre, ça suppose une certaine sainteté, un être d’une nature divine et là je ne suis pas sûre que ce soit le cas. Ce sont juste des humains avec un grand coeur pour la plupart parce que pour « aimer » soigner son prochain il faut avoir un respect profond pour l’humain qui est une merveille de création et qui possède encore tellement de secrets…
15 avril, 2011 à 9 h 20 min
@ Sybille : moui, mais bon, là, la jeune personne de ta famille a d’abord été voir des médecins puis à demander à sa parente non pas de la soigner mais de lui recommander des médecins « mieux », moins stressés, plus compétents, etc.
…ce qui est rigolo, aussi, c’est l’inverse : le copain médecin qui rale quand il apprend que vous allez vous faire soigner et que vous lui en avez même pas parlé, en vous expliquant que bon sang, il connait la moitié des médecins dans les différents hosto de ta région et que bon, si tu lui en avait parlé avant, il aurait pu briefer le chirurgien, quoi !
Ca m’est pas arrivé personnellement, c’est arrivé à mon copain, dont le copain d’enfance est anesthésiste, qui a une tétrachiées d’amis médecins dans toutes les spécialités possibles et imaginaires, et qui devait se faire opérer de la zigounette.
15 avril, 2011 à 9 h 20 min
(le copain, pas le médecin).
15 avril, 2011 à 11 h 24 min
c’est pas à un toubib de définir ce qu’est un bon médecin; chaque patient a une attente et aura donc sa réponse .Il y a probablement quelques iées fortes à défendre(l’écoute attentive , pas trop dirigiste , prendre le temps de faire un examen,avoir un minimum de connaissance…..)
Après chacun fait comme il peut.
15 avril, 2011 à 13 h 17 min
Juste pour donner encore mon avis:
ça ne me semble pas une connerie monumentale d’envoyer en ophtalmo, moi, le dernier que j’aie eu c’était une occlusion de la veine centrale de la rétine. Seulement je n’ai pas pu l’envoyer aux urgences ophtalmo parce que dans mon cul du monde, ça n’existe pas, il n’y a pas d’ophtalmo de garde la nuit et les WE, c’est une évacuation sanitaire en avion/ hélico.. Alors, je les envoie aux urgences toutes simples.. Par défaut. Pas parce que j’ai réfléchi.
15 avril, 2011 à 13 h 37 min
Quand j’étais interne au CHU, je commençais chaque journée ou chaque garde par enfiler ma blouse.
Au sens propre, çà paraît normal… (Si la blouse l’est, propre !)
Mais quelques années après j’ai compris aussi que « j’enfilais ma blouse »…
Aujourd’hui au cabinet je ne porte pas de blouse. Mais j’ai l’impression qu’en allant au travail, j’entre dans ma fonction, dans mon rôle. Les quelques minutes qu’il me faut pour jetter un oeil au courrier, allumer l’ordi, etc… me permettent de me rendre disponible pour mon travail. J’essaie de laisser les soucis de la maison à la maison…
Ce n’est pas de l’apparât, ce n’est pas la blouse qui fait le médecin, c’est juste qu’en ouvrant mon cabinet je « rentre dans le personnage »…
Quand ma belle soeur m’appelle à 21h pour ma nièce qui a de la fievre et qui tousse, la plupart du temps je réponds bien sur, parce qu’elle n’appelle pas que pour çà (des fois si quand même). Rhinopharyngite-mouchage-et-doliprane-attendre-3-jours, et tout, bisous, à bientôt. Ou réhydratation-repos-digestif-suppo-contre-nausées et t’inquiète pas çà ira mieux demain…
Une fois, au vue de ce qu’elle me décrivait je lui ai dit qu’elle pouvait attendre le lendemain matin pour consulter son médecin. Le lendemain, la puce a dormi jusqu’à 11h avant que la maman ne s’aperçoive qu’elle était dans le coma et me rappelle à 11h30 pour me dire que le SAMU était à la maison.
L’histoire s’est bien terminée après 5 jours de réa et une demi-douzaine de litres d’antibiotiques. La puce a grandi ; sa maman appelle encore de temps en temps pour un conseil ou une question…
Je m’en suis voulu très longtemps. Je ne suis pas certain que j’aurais réagi différement si çà n’avait pas été ma nièce ou si elle m’avait appelé en journée au cabinet, mais je pense que les circonstances influent aussi sur notre façon de soigner.
Quand je rentre à la maison ou que je part en week-end, je dois aussi avoir les neurones qui s’encafouillent ou le neurone du boulot qui se déconnecte un peu trop… C’est grâve, docteur ?
Du coup, il est probable que si je croise faribole au théatre demain soir, le souvenir de son infection mal placée d’il y a 2 mois ne me saute pas tout de suite au visage… Ca peut passer pour de l’indifférence ou du « j’m’en foutisme » alors que çà n’en est pas du tout. (Il est probable qu’en la revoyant au cabinet, je m’en souviendrai très bien tout de suite) C’est juste que les circonstances ne sont pas les mêmes. Après bien sûr, on n’oublie pas les gens sous prétexte qu’on n’est plus au cabinet. Mais je pense qu’on peut faire la part des choses.
Autant je ne peux pas soigner mes proches ni consulter en poussant mon caddie, autant je peux parfois discuter avec mes proches de leur santé et croiser mes patients sans penser à leur chlamydiae !
15 avril, 2011 à 13 h 45 min
…et comme dit le proverbe, « il ne faut pas confondre hémianopsie latérale homonyme et cécité unilatérale unanime (pour la rime) »…
…ceci pour étaler ma confiture ;)
15 avril, 2011 à 14 h 21 min
Rapport aux passionnants échanges entre Swâmi et les autres. Le problème n’est-il pas fondamentalement dans le « 23€ par consulte et 3 consultes de l’heure »?
Je veux dire, prendre RV en disant « Docteur, on ne se connaît pas je viens d’arriver dans la région, j’ai besoin d’un renouvellement d’ordonnance pour ma Ventoline, et comme ça fait un bail que j’ai pas consulté, ce serait bien si on pouvait en profiter pour faire le tour de mon état » et s’entendre répondre « OK, disons mardi à 16h30, je vous mets un RV check-up à tarif check-up ». Mais existe-t-il, pour un médecin généraliste, un tarif sécu « check-up » permettant de passer une heure sur un RV (on pourrait très bizn imaginer que le nombre maxi de check-ups remboursés soit défini par avance)? Bizarrement, j’en doute… :-/
15 avril, 2011 à 17 h 21 min
Merci Jaddo. Sacrée leçon aussi – un peu touchante, un peu forte tout de même ! un peu dur à entendre quoi – pour la famille des professionnels de santé…
15 avril, 2011 à 19 h 03 min
Je me retrouve bien dans le commentaire du toubi.
Je n’ai pas de médecin dans mon entourage proche, mais il me semble que, sans transformer toute soirée en consultation privée, je ne pourrais pas m’empêcher de solliciter parfois son avis si c’était le cas.
Peut-être pas l’appeler en panique dans ce qui me semble une urgence vitale – le SAMU me paraît plus approprié dans ce cas, il suffit que l’ami ou le parent médecin soit sous la douche à ce moment-là et on a perdu de précieuses minutes avec un coup de fil inutile. Sans doute pas esquiver davantage de consultations chez mon MT que je ne « dérange » déjà pas très souvent – de toutes façons, quand j’y vais c’est que j’ai d’un arrêt de travail la plupart du temps, et je me vois mal demander ça à un proche entre deux cacahuètes…
Mais peut-être lui demander à l’occasion s’il voit pourquoi le médicament X semble mieux me convenir que le médicament Y qui m’avait été prescrit la dernière fois ; avoir éventuellement son avis sur mon gonflement de genou annuel qui laisse perplexe mon généraliste même au vu des divers clichés qu’il m’en a faire prendre ; voire demander à un médecin moins proche ce qu’il pense d’un protocole expérimental lors d’une intervention chirurgicale, ça, j’ai déjà fait sans – trop – de scrupules ;-)
Bref, tout ce qui me laisse dans la position du choix ou du mystère et pour lequel je n’ai absolument pas les compétences de base pour comprendre et décider en connaissance de cause, je crois que je n’hésiterais pas à en référer à quelqu’un qui possède ce savoir que je n’ai pas.
Après tout, il m’arrive également d’utiliser mes compétences professionnelles pour conseiller parents ou adolescents de mon entourage dans leurs études. Ça me gonflerait sévère si on ne me parlait que de l’école à chaque réunion de famille, mais si l’occasion se présente, j’enfile volontiers ma « blouse » en essayant de dire le moins de conneries possible et en expliquant clairement mes limites, sans hésiter à renvoyer sur d’autres professionnels si ça me dépasse.
Certes, comme pour le garagiste ou l’informaticien qui se plante dans un conseil donné entre la poire et le fromage, cela a moins de conséquences pour l’intéressé que de passer à côté d’un AVC, mais c’est plutôt inhérent à la profession elle-même qu’à tout rapport personnel : je suis convaincue que tout le monde se plante plus ou moins un jour ou l’autre, même le médecin le plus scrupuleux vis-à-vis du patient le plus étranger et dans le strict cadre de sa consultation. Et parfois, l’erreur médicale c’est grave, effectivement ; mais pas systématiquement, non plus, faut pas exagérer : il suffit souvent d’avoir appris à ses patients à exercer leur sens critique, y compris sur ses propres prescriptions et diagnostics. Et là, pour Jaddo et la plupart des médecins qui fréquentent ce blog, je suis assez sereine…
En revanche, je crois sincèrement que jamais je ne choisirai mon conjoint ou ma tante comme médecin traitant – ça tombe bien, finalement, que je n’aie pas cet article en magasin, ça évite que certains se vexent, apparemment… De la même façon, je me suis toujours appliquée à ne jamais travailler dans les établissements scolaires fréquentés ou susceptibles d’être fréquentés par mes enfants : faut pas tout mélanger et je craindrais surtout que cela pollue nos relations personnelles ou familiales.
15 avril, 2011 à 20 h 24 min
Amis médecins qui hantez ces lieux, je ne saurais trop vous conseiller d’aller lire séance tenante les « Brèves de gynéco » de Mme La Peste… http://tux-pla.net/az0
15 avril, 2011 à 22 h 19 min
J’ajouterai si vous le permettez : et surtout, n’oubliez pas les commentaires…
15 avril, 2011 à 23 h 11 min
De la même manière que certain ne reconnaitrait pas leur patient au théâtre, il m’est arrivé de me demander pendant des heures « mais qui est cette personne que j’ai croisée, saluée spontanément et volontiers en ayant le retour idoine ? » alors que la-dite personne était :
– ma pharmacienne (de l’autre côté de la rue, la pharmacie ou presque, mais sans blouse blanche je ne l’ai pas reconnue)
– la remplaçante de mon medecin (vue plus souvent que le medecin elle-même parce que moins difficile d’avoir un rdv les jours où elle officie et que du coup elle a plus de temps
– ma factrice (que des femmes dites-donc !) mais à la caisse du supermarché elle n’a pas son casque de mobylette au bras et pas sa mobylette à 2 m.
Cela dit les informaticiens pas doués pour vous aider j’en ai à la maison : il est Unix gros systeme, je suis Linux ordi maison… il ne m’est vraiment d’aucune utilité. ^_-
Merci Jaddo pour tous ces messages, merci aux médecins aussi qui prennent le temps d’être des médecins et pas des administrateurs de maladie et à tous les autres qui sont autre chose mais qui peuvent aussi être un peu plus.
Felixia qui ne fera plus JAMAIS de vetements pour sa famille, surtout pas une robe de mariée, même si les idées de la couturière sont à ch*** !
17 avril, 2011 à 17 h 30 min
Bin, un jour, après avoir sympathisé avec le prat chez qui j’étais en stage, il me déclare (tout de go !) : on ne devrait pas pouvoir exercer sans avoir fait une psychanalyse ….euh boutade ??? Non !
Il m’a confié y avoir laissé le prix d’une twingo durant trois ans et que depuis les neurones de l’émotion n’envoyaient plus leurs terroristes exploser le Mind Trade Center de la raison…
Bon, comme il était sympa, je ne lui en ai pas voulu… tout le monde à le droit d’avoir ses petites faiblesses !
6 ans plus tard, moi ça m’a couté une Kangoo !!!
Je pense toujours que les psychanalystes sont tout, sauf des scientifiques, mais si la technique fonctionne (parfois) cela pourrait reposer sur « -Schiller D, Monfils MH, Raio C et coll. Preventing the return of fear in humans using reconsolidation update mechanisms. Nature 463:49-53, 2010. » – voir aussi : http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/sur-les-epaules-de-darwin/index.php?id=103666
18 avril, 2011 à 5 h 09 min
La faiblesse humaine est quelque chose d’assez passionnant, je trouve. Curieux comme aux moments ou l’on est supposé devoir être capable de donner le meilleur de nous même, souvent, on se plante. C’est un de ces paradoxes qui font de l’humanité quelque chose de si particulier à vivre.
Alors c’est facile de parler de formation, c’est facile de dire que ce n’est pas pour rien qu’on est des « patients » et pas des « clients » qu’il faut qu’il y ait une dimension humaine et pas simplement une relation professionnel-symptômes…
On oublie trop souvent la sagesse des anciens qui ont créé les codes qui régissent nos vies aujourd’hui. On a trop l’habitude de dire que tout pourrait être mieux, pour voir que certaines choses sont déjà bien faites. Cette histoire de ne pas traiter les membres de sa famille en fait partie, je pense.
18 avril, 2011 à 22 h 03 min
On a le même genre de dicton pour nos patients à 4 pattes « chien pistonné, chien en danger »…
(ça marche aussi avec chat, vache, cheval… etc…etc!)
20 avril, 2011 à 14 h 27 min
a je ne sais plus qui ( desolée ) l’dée du tarif » chek up » pourait être une solution .. sauf que non y a pas.. la seule solution c’est de faire du depassement pour exigence du patient… et une heure , ca rique de couter « un peu » cher… pas sur que ca ravisse nos patients… et puis les neurones ca s’usent… lol
par contre a qui voudrait un chek up de compet .. nous ( patients) avons droit via la secu a un bilan de santé complet de chez complet tous les XX années ( je ne sais pas si c’est 5 ou 10 ans).. et j’y ai deja envoyé des patients.. c’est pas mal du tout , ca permet aussi d’avoir un oeil neuf sur le patient , un autre regard… ils expriment leur besoin différemment , ils sont entendu différemment…
pour une fois que la SECU fait un truc pas mal … faut le dire.
20 avril, 2011 à 18 h 10 min
Moi j’suis pas trop d’accord. J’aime pas du tout voir arriver mes patients, jeunes, avec un bilan lipidique perturbé par exemple. Alors qu’il n’y avait aucune raison de le faire…
On m’a appris qu’on faisait des examens quand on avait en tête ce qu’on pourrait trouver comme résultat, pas comme on va à la pêche.
Quand on m’aura prouvé par des études valides que faire un bilan de débrouillage à intervalles réguliers apporte quelque chose, je souscrirai.
21 avril, 2011 à 17 h 45 min
Un de mes grands maitres a dit : » Demander un examen complémentaire, c’est comme se mettre les doigts dans le nez, faut savoir à l’avance ce qu’on fera si on y trouve quelque chose .. » ; poetique, rafiné … mais tellement juste.
22 avril, 2011 à 5 h 12 min
Oui, et bien pour le faire comprendre à un de tes proches, faut ramer… ramer… et encore ramer !!!
Suis qd mm passée par là pour mon père : il avait une tache sur une RP… punaise (tous les diagnostics st passés…), ms ouf tout va bien auj…
Pas simple
25 avril, 2011 à 19 h 12 min
Oh, juste, même si j’adore ce que vous faites… et la détresse des gens ? La détresse de ceux qui, comme moi, ont souvent affaire à des médecins qui savent tout, ne répondent pas aux questions, vous disent « ah non vous choisissez, c’est moi ou internet »… et qui font que du coup, vous vous dites : tiens, mes questions et mes angoisses, je les poserais bien à quelqu’un qui serait gentil avec moi, qu’ait une bonne bouille… Tiens, le cousin docteur, le beau frère infirmer, le pédiatre sympa dans une soirée quoi.. Nous répondez pas trop durement, c’est pas méchant, et c’est pas pour gratter une consult…
25 avril, 2011 à 21 h 07 min
C’est clair que pour la « fliquette toute mignonne », un braquage, ça ne vous bouleverse pas, ça se range vite dans la catégorie « personnes dont on se fout ». Au fait, quel est le féminin de medecin ? Medecinette ?
25 avril, 2011 à 22 h 35 min
Courage, ils finiront par comprendre!
Mon grand-père était médecin (renommé), et au bout de dizaines d’années de carrière tout le monde dans la famille savait qu’on ne pouvait lui demander que
* des certificats d’aptitudes (au sport, …)
* des contacts vers d’autres collègues qui eux sauraient faire abstraction des liens familiaux.
26 avril, 2011 à 8 h 12 min
@ Enclume des Nuits
je crois que si une fonctionnaire de police blessée est amenée à l’hôpital, il n’y aura pas un défilé de toubib pour lui demander de faire sauter la contredanse en cours.
Et je trouve ça normal.
Le féminin de « stupide » est « stupide ».
26 avril, 2011 à 14 h 06 min
Bah, je vois que c’est un peu la même chose pour pas mal de monde.
Dans mon cas, c’est ma femme qui bossant à Pôle emploi à souvent des demandes de renseignements sur les indemnités et autres cas bizarres en cas de perte d’emploi (« Mais tu comprends, j’ai été intermittent du spectacle pendant trois mois puis dresseur d’ours durant six mois mais au milieu j’ai eu un mois de chômage donc maintenant je ne sais plus comment et combien je vais avoir des assedics ? »).
Merci pour ces billets bien sympathiques en tout cas.
27 avril, 2011 à 23 h 47 min
Je culpabilise en te lisant… le mal de machoire intense et trainant de mon mari, que le dentiste avait rattaché à une dent pourrie, pourquoi n’ai je pas pensé un seul instant que c’était une dissection de la carotide ?
N’empêche, maintenant, je suis quand même son médecin « pivot », vu l’aphasie séquellaire, je me charge de l’accueil et de l’orientation et du renouvellement des ordo.
PS comment fais tu pour avoir 120 commentaires sur chaque post, j’en suis stupéfaite !
28 avril, 2011 à 14 h 49 min
@Docteur T,
Une troisième analogie est-elle utile, vraiment ?
Où voulez-vous en venir en parlant de stupidité ?
Je repose ma question, puisque visiblement elle n’était pas assez claire, en l’illustrant : qu’est-ce qu’une fliquette ? Une petite policière ? Que signifie le suffixe -ette ? Parle t-on de boulangette, de chauffeurette, de professeurette, d’ambassadeurette, de facteurette, de maitressette, … doctorette, medecinette, etc ?
28 avril, 2011 à 15 h 15 min
Au temps pour moi
Va pour « stupidette »
3 mai, 2011 à 6 h 05 min
[…] ? Il suffit de lire son billet. ★ Une étoile sélectionnée par Mère Bordel Posting Your Comment Please Wait […]
3 mai, 2011 à 16 h 57 min
Et oui, faire cohabiter sa vie perso et son boulot, c’est pas toujours agréable.
Moi, je le vis exactement au contraire de vous.
Titulaire de trois diplômes d’Etat en électronique, ça m’a vraiment fait chier de voir ma mère préférer demander son avis à son garagiste à la retraite pour la carte mère de son PC tombée en panne plutôt que d’écouter le mien.
Ca m’a donné une idée assez précise de l’estime qu’elle avait pour mes compétences. Et comme j’ai déjà 40 ans, c’est pas une question de temps ou d’expérience…
6 mai, 2011 à 14 h 19 min
Perso, mes amis et la famille frappent à ma porte le dimanche. A chaque fois, j’espère que c’est pour le muguet ! pour m’offrir une bouteille de vin ! Que nenni !!!! Ils sont coincés du dos… En général, c’est délicat de déshabiller les filles que je connais, de poser des questions médicales personnelles etc, du coup, c’est une consultation baclée, fait à la va-vite, sur une table de salle à manger (où je me pète le dos d’ailleurs), avec une pression de résultats immédiats genre « lève-toi et marche ! ».
JE DETESTE CA.
Mais… comment dire à quelqun plié en deux : « euh… Non j’ai pas envie… Je te sers une bière ? Un biprofenid ? Les 2 ??
7 mai, 2011 à 17 h 09 min
[…] ammenés à une vie confortable. Il a bien eu quelques petits accidents de parcours, mais son frère, son médecin traitant, s’est bien occupé de lui. Ainsi il a rencontré le […]
10 mai, 2011 à 14 h 34 min
Ça parle de la grand-mêre de l’amoureux, donc Jaddo ne serait plus seule,
Moi qui me disait que si même une jeune médecin avec des couettes restaient célibataire déséspérée, je n’avais pas à rougir de mon statut de partenaire potentiellement idéal mais déséspérement célibataire…
Mais moi madame j’ai une excuse je prétend être marié à la Science
11 mai, 2011 à 0 h 02 min
Bonjour docteur .
Seriez-vous intéressé à ce que nous publions certains de vos textes sur notre blog ?
Cordialement
11 mai, 2011 à 12 h 20 min
Pour consoler les médecins et les informaticiens :
Quand j’étais externe en mater ( ca fait un sacré bail mais je déteste toujours les sages-femmes ) une d’entre elles m’a dit » quand je suis invitée quelque part je ne dis JAMAIS que je suis sage-femme, sinon elles me racontent toutes leur accouchement »
12 mai, 2011 à 18 h 21 min
Intéressée, pardon.
13 mai, 2011 à 9 h 49 min
Quand on est psychiatre c’est bien aussi. Tu sais mon neveu, oui Kevin, tu reveux du vin, il a 17 ans et des fois il entend des trucs dans la tête, non mais c’est pas grave moi je dis c’est rien il doit être un peu déprimé mais toi c’est ton métier, t’en penses quoi – il était bon le saint-nectaire hein, non je te le dis pas trop fort parce que Kevin il est assis juste en face de toi il est juste allé pisser, oui non je te dérange pas avec ça mais quand même tu crois qu’il faut que je le dise à ses parents, ou alors toi, bon là c’est dimanche, hahaha je rigole, mais peut-être que tu pourrais… RAAAAAAAAAAAAAAAAA
16 mai, 2011 à 20 h 08 min
Alors voilà. (Le commentaire suivant n’aura aucun rapport avec l’article)
Jabbo, je vous aime. Il est rare que je laisse des commentaires sur les blogs que je visite, mais le votre est trop vrai (faute d’un terme plus adapté)pour ne pas vous le dire.
Vos histoires sont passionnantes. Et après avoir lu l’entièreté de votre blog et relu les articles qui m’ont particulièrement touchée, j’en arrive toujours à la même conclusion : Merci.
J’avais prévu de m’étendre encore sur le plaisir et l’émotion que le lecture de vos articles m’ont procurés, mais je vais abréger, par peur de me répéter.
Continuez, s’il vous plait.
17 mai, 2011 à 8 h 44 min
Tout pareil que Ariane.
Il fut un temps ou je caressais l’idée d’écrire, moi aussi. Ma première garde d’externe, puis d’interne, l’arret de travail que j’arrive pas à refuser,la mère de famille qu’a rien d’autre que marre de tout assumer. les urines trop foncées de ma soeur (…)
Et puis, j’ai découvert votre blog…il n’y a rien à rajouter que MERCI
Si : à quand le prochain article ? vite !!!
17 mai, 2011 à 16 h 55 min
A Ariane et Nanou : vous êtes super gentilles :)
Merci.
23 mai, 2011 à 13 h 33 min
Ah j’adore le genre de réponses a ceux et celles qui vous ennuient pendant les diners, les réunions d’amis ! au moins je me retrouve là, c’est le même genre de réponses que je fais moi même, des fois quand les plaintes sont nombreuses et polymorphes je propose carrément : et pourquoi vous n’avez pas vu un médecin depuis tout ce temps et avec toutes ces plaintes ? tellement ils m’énervent !! il faut vraiment le vivre pour comprendre combien ça peut parfois vous foutre toute votre soirée en l’air.
23 mai, 2011 à 18 h 04 min
Ton post m’a fait monter les larmes aux yeux. Mon père est décédé d’une forme rare d’infractus.
Le dernier à l’avoir consulté était mon frère, médecin urgentiste, il n’a rien vu venir.
Les boules.
25 mai, 2011 à 10 h 16 min
Hum… la seule fois où ma mère (infirmière chef de bloc depuis plus de 10 ans, rôdée à ce genre d’exercice) a voulu me piquer pour une prise de sang, elle tremblait tellement qu’elle a fait éclater le flacon par terre…
Mais dans l’extrême, ma soeur, pédiatre, a perdu son fils de 8 ans d’une tumeur au cerveau…
Les symptômes lui ont juste fait penser qu’il voulait rien foutre à l’école et qu’il ne se concentrait pas.
Elle a passé les 2 dernières semaines de sa vie à l’engueuler et est totalement passée à côté du diagnostic…
Mais à quel moment on s’inquiète quand on voit tous les jours des cas tellement graves et que les enfants ont l’air en bonne santé ?
29 mai, 2011 à 21 h 53 min
Quel plaisir ce billet & commentaires!
Y’a rien de facile à être médecin ET soeur (fille, nièce, cousine, voisine, amie, au choix) tout simplement parce qu’on perd son objectivité, son recul, son sens critique. L’affect bouffe tout.
Mais c’est souvent (très) mal vécu par l’entourage quand on refuse le conseil ET qu’on ne veut pas être le médecin traitant de ses proches…
Y’a-t-il d’ailleurs une solution idéale?
30 mai, 2011 à 13 h 12 min
Parfois je sors ma phrase-toute-faite-pour-les-repas-de-famille : « oh tu sais, moi, chuis pâ médecin hein ! »
et d’ailleurs c’est totalement vrai : entre la dinde et le fromage, là à table en ce dimanche midi de fête des mères très agréable, je ne suis pas médecin… et d’ailleurs je reprendrais bien un peu de ce délicieux bordeaux…
bon, si mamie pète son infarct çà devient plus difficile (surtout après ce délicieux bordeaux !) mais heureusement, c’est plus souvent des histoires de « tu crois que la chauderie du bras gauche çà viendrait pas de ce traitement pour la tension qu’y m’a donné ? » –> « Oh, tu sais, moi, chuis pâ médecin hein ! »
7 juillet, 2011 à 0 h 06 min
Alors je vais vous donner un truc imparable. Mon papa toubib, quand quelqu’un lui parle de ses problèmes de santé, il répond un truc genre « houlala, m’en parle pas, moi aussi, » et il se met à parler de SES problèmes de santé.
Radical.
19 juillet, 2011 à 0 h 12 min
je viens de tout lire (du moins jusqu’à ce post …)
mon vénéré papa, médecin anesthésiste de son état – enfin, ex, puisqu’il est vaguement retraité – disait : « on ne fait pas de bonne médecine avec de bons sentiments ».
en espérant vous lire encore longtemps
18 novembre, 2011 à 0 h 46 min
M’dame Jaddo,
Je trouve enfin grâce à toi (excuse le tutoiement, mais y’a pire), l’envie de repartager un chouia sur notre si beau taf… A une époque plus ancienne, c’était sur des forums carabins mais on a plus vingt piges.
Je me permets donc une incartade pour écrire pour la première fois ce qui pourrait être la première trace d’apprentissage sur mon portfolio qui devrait, le pauvre, être enquillé depuis perpette.
Mais bon, certains procrastinent pendant des lustres, pour ma part il m’aura fallu deux cycles siddarthiens.
Il y a de ça peu de temps, peu de temps après 2007, peu de temps après une grève d’internes (pour la plus grande majorité complétement perdu sur le sujet), peu de temps après que je sois moi même devenu interne de médecine G, je pars en vacances à Sarlat (le seul pays du foie gras et du confit d’oignons) avec ma famille. En gros, ma moman adorée, ma tante (idem), et toutes leurs cousines germaines et pieds noires (pure oxymore), globalement, la smala se retrouve pour une semaine de belote et d’histoires plus ou moins anciennes, et de revendications générationnelles dans ma tronche, à savoir « mon fils fais attention à ton poids » « c’est pour bientôt les enfants, car ta mère elle veut être grand mère » et le classique mais toujours efficace « tu me fends le coeur ».
En gros, je m’attends à un remake plutôt sympa d’une semaine de la vérité si je mens mais du côté catho de la barrière. Buckler quand tu nous tiens…
Pourtant avant le trajet en bagnole, Yema (la mère) me dit que ma cousine P. est très malade, tellement malade, ohlala qu’elle est malade!!! Je connais ma mère, elle en rajoute, mais j’ai pris mon sthéto ayant entendu que les poumons étaient en cause, et que, de toute façon, j’ai beau être jeune médecin et leur manger à toutes sur la tête, je resterai ad libitum un môme de 6 ans au zgeg tout riquiqui.
Bref, j’en prend mon parti, mais j’ai comme une angoisse qui monte sur le trajet. Ma tante est plus sérieuse et essaye d’arrondir les angles, ce qu’inquiète encore plus.
Les heures passent, les bornes itou. Nous arrivons les premiers, et arrivent ensuite toute la cousinade du Sud, et je vois alors le visage de ma cousine P. qui sent, comment dire??? Une expression médico estudiantine anglaise dit GRAHOB: grim reaper at the head of bed (démerdez vous pour la traduction).
Grise à son arrivée, à peine possible de faire 5 mètres, mais son regard me dit de la fermer, je ne pense pas qu’elle aurait pu me le dire de vive voix tout de suite. Et pis, même avec ma réputation brute de décoffrage, je n’en reste pas moins softcore sur les bords ; c’était le moment!!
Je passe la semaine, à m’occuper de ma grande cousine, vous savez la seule adulte dans la famille, qui passait plus de temps à jouer avec vous, gamins, qu’à rester avec les grands qui parlent politique ou religion sans arriver à suivre un fil autre que celui de la discorde joyeuse. Bref, ma chouchoute, ma préférée, et puis un rire à faire pouffer quiconque, un rire hilare comme un moteur deux temps de vieille Ford, un rire fou qui conchie le normal pour le plaisir des tripes et du coeur.
Ce rire, je ne l’ai pas entendu une fois, pas une sur l’ensemble de la semaine. Mais, j’ai eu la chance matin et soir, de m’entretenir sur d’autres sujets avec elle, dans le secret « familio médical » de mes consultations, pour vérifier si l’AMOX négocié en loucedé avec la potarde du coin (versus surinfection éventuelle et surtout pour rassurer mes proches d’après elle, et moi). On a parlé de vie, de mort, de tout surtout, de ses enfants, de mes envies, mes rèves. Des moments doux et durs, et moi qui m’expatrier seul le soir dans Sarlat pour chialer ma race pépère dans les coins de la ville, une clope au bec, comme quoi, je suis indestructible.
La veille de mon départ pour une semaine de boulot « siouper importante » à l’époque, l’insuffisance respi se majore, elle accepte d’aller aux urgences, ce qu’elle m’avait refusé le premier jour, et les autres d’ailleurs. Mais, là, c’est elle qui a vu mon regard et je ne l’ai pas regardé comme ma cousine adorée mais avant tout comme son docteur.
Oxygène.
Radio… Poumon blanc (j’avais jamais percuté, connard que je suis)
Drain, soulagement physique, psychologique et clinique immédiat.
Réassurance entre 4zieux avec le médecin urgentiste de ce petit hôpital de périph, qui me dit que lui aussi n’aurait pas pensé à percuter, et que j’avais bien « bosser » considérant les circonstances.
Repos à l’hosto…
Demain, nouveau drain, radio guidé.
Je prends mon train, 5 minutes après le départ, ma mère m’appelle, P. est morte, le drain a percé un néovaisseau, une complication, elle n’a pas souffert (elle était sédatée).
La plus belle des complications, mais c’est dur de donner des conseils à ses proches.
J’essaye d’arrêter mais c’est dur, et je leur dois ça.
Son rire me manque.
Deux ans plus tard, je suis en Corée du Sud avec mon ex, elle est enseignante internationale, et je m’éclate à speaker anglais avec tout le monde qui vient de tout le monde entier. Soudain, un rire, ce rire, le rire de ma cousine P., c’est en fait une prof espagnole de je ne sais quelle matière de marketing.
J’ai passé trois semaines à la faire marrer, en pensant à toi ma chère P.
Sur ce, merci M’dame Jaddo, merci pour tout, et peut être un jour aurai je le courage de blogger aussi.
Thomas alais Rotule Ouest
26 décembre, 2011 à 16 h 56 min
rrraaaa
Merci Jaddo pour ce blog deculpabilisant-de -la-mort- qui-tue!!!
Comme je me suis flagéllée d’être nulle, de pas avoir assez bien ausculté machin, d’avoir oublié l’AC anti poil de cul de machin de Mr Bidulle bref d’être humaine quoi et de pas etre le medecin de l’année..
Bref, et je ne peux que réagir sur ce post que je lis avec interet..
En effet je suis assistante des hopitaux dans un petit periph, et y’a un an, j’avais une interne adorée avec qui j’étais trop coupine qui un samedi ou elle etait rentrée dans sa famille m’apelle paniquée alors que j’étais de garde pour me dire « je crois que j’ai des pétéchis et là j’ai répondu un truc du genre « pffff et l’autre hé, t’as la méningite tant qu’on y est t’es trop stréssée etc..Bo t’as qu’a faire une NFS si t’es vraiment inquiète allez bon we moi je bosse hein ».
Bref, 3000 plaquettes et un PTI plus tard dont elle ne se sort pas, bé ouais c’est dur de s’occuper des gens qu’on connait alors que bon t’es là tu peux regarder ce bouton, ça m’évitera d’aller attendre trois plombes chez le Docteur-qui-me-prend-jamais-à-l’heure, bah non, tu y vas quand meme….
Merci ++++++++++++ pour ta plume et tes post!
1 février, 2012 à 11 h 14 min
Merci Jaddo pour le blog et le bouquin….Retraitée depuis un an,j’y ai trouve un élixir de jeunesse!….et le rappel de situations connues…
Soigner ses proches? pas possible,et pourtant….Le pire,c’est quand il s’agit de l’homme dont tu partagés la vie depuis 40 ans,qui te fait un foutu malaise type « AVC » en pleine nuit,et que tu t’evertues à expliquer au 18,qu’il te faudrait une aide,parce qu’avec tes petits bras,et toute ta science dont tu ne peux pas te servir,t’aurais juste besoin d’un costaud qui t’aide à le positionner correctement pour faire -au cas ou…-un massage cardiaque et une respi artificielle…Et le mec du 17,te dis de rester calme,quand tu te demandés comment tu vas arriver toute seule à mobiliser ce grand corps qui pèse un quintal,….Le meilleur est pour la suite,après 10longues minutes,au bout desquelles il te rappelles,te demandant si tu es toujours la…réponse possible »:non je suis allée aux fraises en pleine nuit …. »…et ,comme il perçoit dans le combiné,la respiration stertoreuse de ton voisin,comprend enfin l’urgence du moment…Bon,tout est rentre dans l’ordre,j’ai eu la plus grande peur de ma vie….Savoir -si peu,mais suffisamment pour faire le minimum vital-et ne pouvoir rien faire….Plus on avance dans ce métier (et j’ai aime cela…)plus on se rend compte que le vrai apprentissage,c’est celui des rencontres – patients divers,médecins ou profs,certains remarquables d’autres vraiment …quelconques,pour ne pas dire autre chose…,infirmières -et que les études n’étaient qu’un sas de « patience »pour tester celle que nous aurions ensuite….Merci.
2 février, 2014 à 22 h 43 min
[…] Ploum. J’allais aussi souvent que possible voir s’il y avait des nouveautés sur xkcd ou chez Jaddo, sur ABAM ou CLG. Et j’étais toujours un poil déçu s’il n’y en avait pas sur Oatmeal ou […]
4 mars, 2014 à 17 h 50 min
[…] soigner les gens qu’on connaît bien, qu’on aime trop, le manque de recul pourtant nécessaire. Le risque de déni face des symptômes pourtant alarmants ou la compréhensible inclinaison à penser au pire. A contrario, il n’est pas toujours facile de […]
21 décembre, 2015 à 1 h 33 min
[…] nombreux et répétés (comme l’histoire racontée d’un prof de fac, ou celle de l’AVC de Jaddo) ne résiste pas à l’envie de se rendre […]