Une semaine ordinaire
15 mars, 2009
Téléphone, samedi matin, 9h30
– Allo je suis bien au cabinet du docteur Cerise ?
– Oui, bonjour, je suis sa remplaçante.
– Ah, heuuu, heu, bin tant pis, bonjour. Je voudrais prendre un rendez-vous s’il vous plaît.
– Oui, quel jour ?
– Aujourd’hui.
– Mmm, j’ai un rendez-vous qui vient de s’annuler, je peux vous proposer 11h30, ça irait ?
– PAS AVANT ????
Cabinet, jeudi après midi, 17h, consultations sur rendez-vous.
Elle vient avec ses deux fils, elle a pris deux créneaux de rendez-vous, trente toutes petites minutes.
Elle a des vaccins à faire pour le grand, et la visite du deuxième mois pour le petit.
Mais les vaccins, elle les a pas achetés, est-ce-que je peux faire l’ordonnance ? Elle part les acheter tout de suite, la pharmacie est juste en face, elle en a pour 5 minutes.
Elle revient 20 minutes plus tard.
Le grand fout tous les bouquins de la bibliothèque par terre pendant qu’elle déshabille le petit.
Et puis tant qu’à faire, elle a mal à la gorge depuis deux jours, si je pouvais regarder…
Mercredi matin, 9h30, consultations sur rendez-vous.
Elle a pris un créneau de rendez-vous, quinze toutes petites minutes.
Elle entre dans le cabinet avec ses deux fils.
– Bonjour ! Alors c’est pour qui ?
– Oh, bin un peu tous les trois…
Interphone, vendredi après-midi, 18h.
– Oui, c’est pour la consultation !
– Ah, je suis vraiment désolée, je suis en train de fermer, je dois fermer tôt exceptionnellement cet après-midi, regardez au dessus de l’interphone, il y a une note qui le précise.
– Mais c’est urgent !
– Que se passe-t-il ?
– C’est mon fils, il a de la fièvre depuis ce matin, il est monté à 38,5, je lui donne du doliprane mais ça remonte !
– Quel âge a-t-il ?
– 10 ans !
– Ecoutez, si vous voulez je peux vous voir demain matin, mais là je dois vraiment fermer le cabinet, je suis attendue pour une garde.
– Pfff, et il est pas là le docteur Cerise ?
– Non, il n’est pas là, je le remplace toute la semaine.
– Pfff déjà la semaine dernière j’étais venu, il était pas là…
– Je peux vous recevoir demain matin avec votre fils, si vous voulez. Vous pouvez continuer à lui donner du Doliprane toutes les 6h d’ici là.
– A quelle heure ?
– A onze heure.
– PAS AVANT ????
Cabinet, samedi matin, 9h, consultation sur rendez-vous.
Ils sont venus à deux.
Pour lui, je dois faire le bilan du diabète qu’on vient de découvrir, le renouvellement, la lettre pour le cardiologue, la lettre pour l’ophtalmo, prendre la tension, écouter les carotides, prendre les pouls, peser, prendre le tour de taille, écouter le coeur, vérifier la sensibilité des membres inférieurs, parler du régime et du tabac.
Pour elle, je dois faire le renouvellement, faire le bilan biologique pour sa thyroïde, lui trouver une solution pour qu’elle dorme alors qu’elle dort pas depuis deux semaines, prendre sa tension, écouter son coeur, écouter ses poumons, voir son problème de cloques qui apparaissent sur ses bras depuis trois mois et qui laissent des traces rouges quand elle les a grattées.
Pendant que je rédige la lettre pour le dermato, parce que franchement, les vésicules intermittentes prurigineuses, ça ne m’évoque rien, il me dit que oh, bin tant qu’à faire de prendre un rendez-vous chez le dermato, lui aussi il aimerait bien faire vérifier ses grains de beauté.
Je lui dis qu’on peut surveiller ça sans problème nous-mêmes, il dit qu’il préfère voir le dermato tant qu’à faire.
Je prends une feuille de papier, j’écris : « Cher confrère, Merci de recevoir en consultation monsieur Melesbrise, qui souhaite un avis spécialisé pour surveillance de ses naevus. Il me demande un courrier à votre attention, le voici. Bien confraternellement. »
Pendant que je rédige les 12 papiers :
– Lui : « Au fait, je voulais vous poser une question. Les fourmis dans la main, ça vient d’où ? »
– Elle : « C’est fou, hein, plus moyen de trouver un médecin ouvert le samedi. Avant, il y en avait, maintenant c’est impossible d’avoir un rendez-vous un samedi ! Pourquoi ils ne travaillent plus le samedi, les médecins ? »
– Lui : « Oui c’est vrai, parce que quand on travaille… »
– Elle : « Ca doit être à cause des contrôles de la sécu ? »
– Lui « Oui parce qu’on travaille, hein, nous ! »
Cabinet, jeudi matin, 11h, consultations sur rendez-vous.
Elle vient pour elle et pour son fils de 3 semaines, elle a pris deux créneaux de rendez-vous, trente toutes petites minutes.
Elle arrive avec vingt- huit minutes de retard.
– Je suis désolée ! Il fallait prendre des gens avant moi !
– C’est sur rendez-vous, il n’y a pas de gens avant vous, les prochains patients vont arriver dans deux minutes pour le rendez-vous de dans deux minutes.
– …
– Ecoutez, voilà ce que vous propose. Je vais voir le petit, et je vous donne un rendez-vous pour vous demain matin ou après demain.
– Mais j’ai mal à la gorge !
Cabinet, samedi matin, 10h30, consultations sur rendez-vous.
– Bonjour :) Vous êtes Madame Chumuc ?
– Ah, non, mais j’ai pas rendez-vous !
– Ah, mais c’est toujours sur rendez-vous, le samedi matin, vous le savez bien ! C’est pour votre fils ? (NDLR : un mètre cinquante, le fils, un bon onze ans bien tassé, frétillant comme un gardon)
– Oui, il a le nez pris !
– Ecoutez, c’est sur rendez-vous ce matin, et je suis déjà en retard, il y a des gens qui attendent dans la salle d’attente. Si vous voulez, je peux vous voir à midi et demi, dans deux heures.
– Heuuuuuu… Maiheu il est très enrhumé !
– Je vois ça, mais je ne voudrais pas faire attendre les gens qui ont pris rendez-vous. Je peux vous voir tout à l’heure, ou lundi matin si vous préférez.
– Bon, pffff, bon, bin tout à l’heure, alors, à midi trente ?
– Très bien, je vous bloque à midi trente. A quel nom ?
Midi trente, elle n’est pas venue.
Téléphone, mercredi matin, 08h30.
– Allo je suis bien au cabinet du docteur Cerise ?
– Oui, bonjour, je suis sa remplaçante.
– Je voudrais prendre un rendez-vous s’il vous plait.
– Oui, quel jour ?
– Aujourd’hui. Vous avez deux minutes que je vous explique ? Je suis une patiente du Docteur Cerise, il me connait très très bien, et alors en fait c’est mon fils, il a deux mois, et il a le canal lacrymal bouché, alors il arrête pas de pleurer tout le temps, et puis on m’avait dit que c’était normal, et il y a deux mois il a eu une conjonctivite alors le Docteur Cerise lui a donné du collyre, mais là ça revient, et il m’a dit qu’il pouvait être opéré mais qu’il fallait attendre qu’il ait six mois pour voir si on opérait, alors je me suis dit que ça allait passer, et j’ai mis du collyre, mais ça passe pas, et là il a de la diarrhée et puis ça commence à gonfler en dessous de son oeil, c’est tout rouge et tout gonflé, alors qu’est ce que je fais ? Je me suis dit qu’il valait mieux passer en plus il faut faire son bilan des deux mois…
– Ecoutez, effectivement il vaudrait mieux que je le voie, j’ai un rendez-vous ce matin à onze heures trente, si ça vous convient ?
– Pfff, onze heures trente, vous n’avez rien avant ? Bon bah je viendrai à onze heures trente alors… J’en profiterai pour vous montrer le grand, il a cinq ans et il tousse depuis hier soir !
– Mmm, je suis désolée, mais en un quart d’heure je n’aurai pas le temps de les voir tous les deux, et je n’ai plus qu’un créneau de rendez-vous pour ce matin. Si vous voulez que je voie les deux, vous pouvez venir à quinze heures trente pour les consultations libres, ou alors on bloque onze heures trente pour le petit et je verrai le grand plus tard si ça ne va pas mieux.
– Mais enfin ça va aller vite !! Y en a pour cinq minutes !! Il a RIEN ! Il a UN RHUME !!
– Vous savez, s’il a cinq ans et un rhume, je ne ferai probablement rien de plus que de vous dire de faire ce que vous faites déjà : le moucher beaucoup et lui donner du doliprane en cas de besoin…
– Pfff. Bin je viendrai à quinze heures trente alors.
Quinze trente, elle n’est pas venue, bien sûr.
16 mars, 2009 à 7 h 33 min
Eh bien dis donc !
Est-ce qu’ils tirent sur la corde parce que tu es la remplaçante… ou bien parce que le dr cerise leur laisse « tout faire » habituellement…?
Je travaille chez 2 médecins en fixe… à 4 km de distance en banlieue…
Chez l’un deux, les antibiotiques c’est bien automatique, les patients le savent, en réclament à corps et à cris et me tapent correctement sur les nerfs… (pas tous hein ! mais bon beaucoup)
Et chez l’autre ils sont tout comme j’aime, attentifs à l’avis du médecin, « éducables » et un peu conscience de leur rôle dans leur guérison…
C’est notre fonction apostolique comme dirait balint qui nous détermine face à notre patientelle et qui la sélectionne au fur et a mesure du temps…
Et nous, humbles remplaçants devont faire avec en nous oubliant un peu le temps des remplacements (en essayant de ne pas nous perdre non plus…)
Good luck jaddo
16 mars, 2009 à 8 h 15 min
J’espère que malgré tout ça tu prends quand même du plaisir dans ton boulot. Et que malgré tout ça, tu garderas longtemps tes couettes, celles que les gens qui te connaissent voient encore.
Bon courage!
16 mars, 2009 à 9 h 05 min
de la pâte à modeler ton dr cerise…
que diantre..
16 mars, 2009 à 10 h 20 min
C’est tout pareil dans mon cabinet… Alors je râle tout le temps, mais je les vois quand même. Saus les Mr et Mme « Tumelesbrisesvraimenttrop », ceux là je les ai mis dehors, parfois assez brutalement je l’avoue ! C’est extrèmement jouissif de temps en temps… mais tu peux pas quand tu es remplaçante… Si ?
T’es pas toute seule.
Mais lire ton post le lundi matin et commençant la consultation (avec du retard d’ailleurs, le temps de t’écrire un mot) ça promet du bonheur pour toute la semaine!!!
Merci
16 mars, 2009 à 11 h 28 min
Alors pour ne pas devenir complètement misanthrope (ça peut être génant !), je remplace dans des cabinets avec secrètaire, le panard intégral !! Pas de mauvais coucheur au tèl, secrètaires tip top qui apprennent le savoir-vivre au patient, c’est reposant !
Bizz
P.S: c’est usant ces patients qui te font oublier les 10 sympas précédents que tu viens de voir.
16 mars, 2009 à 11 h 34 min
Je compatis, sincèrement, en tant que remplaçante…
Mais, tout çà est compensé par tous les autres patients adorables qui restent souriants malgré la demi heure(voire plus) de retard, qui gardent leur sens de l humour, qui te remercient de les avoir pris en urgence, tous ceux qui te touchent par leur gentillesse… si, si, ils existent toujours, même s’ils se font plus rares!
bon courage à toi et merci pour toutes ces petits morceaux choisis de ton existence qui me font étrangement penser à la mienne!
16 mars, 2009 à 12 h 01 min
ben, ce n’est pas parce qu’on est remplaçante qu’on doit nous manquer de respect : il y a quelques semaines, j’ai revu 2 jours plus tard une demoiselle de 25 ans qui est venue cette fois ci avec sa mère (!), car sa rhino n’allait pas mieux et que je ne lui avais fait un arret de w que de 1 jour (la journee prise pour le rv) ; la mère m’assène à la figure d’entrée de jeu: » ça vous amuse de faire revenir les gens 2 fois ?? »
mon sang n’a fait qu’un tour (ulcérée de voir ma probité et ma conscience professionnelle insultées de la sorte!) et je l’ai mise dehors avec perte et fracas; je n’ai accepté de « consulter » la fille que parce qu’elle a fait profil bas et s’est excusée du comportement de sa mère (j’allais la faire sortir aussi)
il faut dire qu’il y avait un passif: j’avais refusé un arret de w de 8 jours au père précédemment pour une rhino ! ce qui n’a pas empeché celui-ci de l’obtenir avec son medecin traitant dès le lendemain!
donc, remplaçant, oui, celui dont on abuse ou à qui l’on manque de respect, non.
16 mars, 2009 à 12 h 36 min
Bonjour.. Lectrice de l’ombre depuis un certan temps, je me permet de sortir de mon anonymat car je suis assez surprise de ce que vous décrivez… Je ne suis pas médecin, donc je ne connais pas les us de la profession, mais en tant que patiente, il ne m’est jaamis venu à l’idée de « sécher » un rendez vous, surtout que j’ai l’impression que dans ces cas là, on est quand même redevable de la consult, non? Pour le temps réservé et perdu par le médecin? Enfin, je croyais avoir vu ça dans certaines salles d’attente?
Mais bon, je trouve ça très cavalier et mal poli…
MDR, la seule fois où j’ai loupé un rdv (ma faute, ma très grande faute, mal noté sur l’agenda), je suis revenue avec un pot de confiote maison pour m’excuser!
ça arrive si souvent que cela? Hé ben… ça doit donner des envies de rétorsions, non?
Bonne journée!
16 mars, 2009 à 13 h 39 min
J’ai cru pendant longtemps (5 ans!) que c’était le lot quotidien du remplaçant que de se faire chahuter par les patients, au titre qu’on est pas encore un « vrai » docteur, et qu’on ne connait pas toujours les mauvaises habitudes du médecin remplacé.
Je suis désormais passé au statut de médecin récemment installé, celui qu’on essaye comme ça parce que le sien propre n’a pas de rendez vous avant demain 11h30 (pas avant???), et qui va forcément être un peu complaisant sur les arrêts de travail ou la liste de cours… de médicaments pour la boîte à pharmacie s’il veut se faire une bonne clientèle.
Long est le chemin de l’éducation du patient…
Ma pauvre Adeline, si tu savais le nombre de gens, même en garde, qui appellent le 15, te font te déplacer au cabinet un dimanche, et ne viennent pas, ou râlent parce que tu leur donnes un rendez vous 2h plus tard (et oui, le médecin de garde mange le dimanche midi!) alors qu’en semaine, pour une douleur lombaire qui dure depuis 3 jours, ils auraient eu du bol en appelant à midi d’avoir encore une place dans la journée…
Heureusement qu’on a tous une piscine et un golf privé pour se consoler de toutes ces misères…
16 mars, 2009 à 14 h 30 min
Le pire, c’est qu’au même moment, sur un autre blog, un post : » vous savez, hein, le Dr cerise qui suit mon fils pour son canal lacrymal, et ben sa remplaçante, tatatata patati… du coup , j’y suis même pas allée ».
Et 256 commentaires pour dire, lalala, t’as bien raison, ces toubibs ( à golf et piscine privées…)
« love all, trust a few, do wrong to none. » (will)
16 mars, 2009 à 15 h 44 min
Une petite quarantaine d’années d’exercice paramédical m’a montré que les comportements se sont dégradé des deux côtés: les RV annulés sans téléphone sont passés de 5 à 20% . Avant un para-médic pouvait-puisque les soins sont par séries-reporter d’une semaine sur l’autre les mêmes rendez-vous à peu de chose près, et c’est devenu, à cause des modifications successives, à peu près impossible. D’un autre côté, il m’est arrivé en tant que patient, d’attendre un praticien sur un trottoir un bon quart d’heure(si, sans rire!) et celui-ci ne s’est même pas excusé de m’avoir fait patienter sous la pluie! (salle d’attente fermée) . Mais les souvenirs de remplas m’ont montré des cabinets où les patients étaient très mal habitués et d’autres où ils étaient adorables. Mon attitude a été, progressivement au cours des années, d’intervenir très tôt et assez brutalement pour sanctionner les comportements les plus détestables… même si cela à eu des concéquences parfois assez croquignoles je ne l’ai jamais regretté: le bouche-à-oreille marche très bien avec les patients.
Cela permet de travailler paisiblement. Meci pour ce blog et bon courage!
16 mars, 2009 à 16 h 01 min
… grosse fatigue !
Remarque, moi, instit’, j’ai de plus en plus de parents qui ne se présentent pas aux rendez-vous pour lesquels ils ont pourtant donné leur accord et… qui ne préviennent même pas ! C’est quand l’école appelle, 1/2 heure plus tard, pour savoir ce qui se passe, qu’on nous apprend que « j’ai oublié », « j’ai pas pu », « je suis malade »… Mais dans quel monde qu’on vit ma bonne dame !!! ;-D
16 mars, 2009 à 17 h 57 min
Rrr apprends de toute ton expérience passée une fois unique, puis enclnche ton apprentissage permanent et fais dès ce moment de sorte que tes instants soient satisfaits.
Ils se sont écoulés approximativement 135 000 ans depuis l’époque la plus antérieure de laquelle on ait des signes que l’Homme, des hommes, sous forme Néanderthalensis, ont enterré des morts et ont pris soin de malades.
Chaque médecin a en lui une énergie
16 mars, 2009 à 18 h 13 min
Je suis en D4 et je tombe par hasard sur votre site…… si vous souhaitez décourager tous les externes de la médecine générale en cabinet je crois que c’est pas mal réussi.
Sans déconner il y a des moments où on se sent médecin dans cette activité???
N’y voyez aucun mépris mais moi qui me disait « méd G en cabinet… pourquoi pas??!! » je viens d’en prendre un coup au moral.
16 mars, 2009 à 18 h 19 min
Chaque Etudiant,e en Médecine a en elle,lui, une énergie
16 mars, 2009 à 18 h 22 min
Bonjour Alex,
Je me dépêche de vous répondre entre deux patients.
Ne perdez pas de tête que :
– l’écrit est exutoire, et que l’exutoire sert à exuter. On raconte plus facilement les histoires des patients à la cons, parce que ça fait du bien, parce que c’est facile à raconter, parce que c’est « in » de se plaindre.
– il y a des patients à la con dans les cabinets des spécialistes, il y a des patients à la con à l’hôpital
J’adore mon boulot. Je n’en changerais pour rien au monde.
On me donnerait une première place à l’internat et une baguette magique pour faire ce que je veux où je veux, je ferais médecin généraliste.
Il faut lire le reste du blog.
C’est sûr, je râle souvent, mais c’est vraiment parce que c’est plus rigolo.
J’essaierai de vous raconter mes belles histoires un peu plus souvent.
Allez lire celle de Mme Pouteau pour commencer, tiens :)
16 mars, 2009 à 18 h 55 min
Je suis entièrement d’accord avec le « principe général » du post.
Maintenant, pour, depuis que j’suis dans la branche, devoir me farcir une bonne grosse partie des rendez vous familiaux parce que « tu sauras quoi dire au médecin, moi j’ose pas, ils sont pressés »… il y a quand même une majorité de praticiens (je dis « praticiens » pour donner un sens large à la chose), que se soit à l’hôpital ou à la ville qui usent et abusent de leur « fonction » de « médecins qu’on est les plus forts, les plus mieux et qu’on a fait beaucoup d’études alors on a le droit ».
Je m’explique.
Par rapport à tous les rendez vous privés que vous avez pu avoir chez un chirurgien, médecin généraliste, spécialiste…. combien, combien vous ont pris à l’heure?
Pour ma part, hormis mon médecin généraliste, ils ne sont jamais à l’heure… un quart d’heure ça me convient, voire des fois un poil plus si il y a eu une « urgence »… plus, j’ai du mal.
Le temps des médecins n’étant pas plus important que le mien, je préfère me barrer d’une consultation non urgente (le rendez vous ophtalmo annuel) que de perdre mon temps parce que le décolleté de la secrétaire est plus beau que mon fond d’oeil (encore heureux :( ).
Amicalement,
16 mars, 2009 à 20 h 12 min
scène dans une salle d’attente,matin réservé aux rendez-vous.
je suis la troisième sur la liste affichée sur la porte,un homme d’un certain âge est déjà présent dans la salle d’attente,c’est le rendez-vous avant moi.
Arrive un homme nerveux avec son fils de toute évidence malade (fièvreux,toussant,larmoyant,geignant),et de toute évidence en dehors de tout rendez-vous.
je me dis donc que la prochaine consultation sera de toute évidence pour ce petit,tant pis,on attendra un peu,c’est normal.
c’est alors qu’à l’instant où le médecin ouvrit la porte pour le client suivant,l’homme âgé bondit de sa chaise,sauta quasiment sur le médecin tout en l’embarquant et tout en grommellant au passage au père ahuri : »z’aviez qu’à vous lever plus tôt!! »
on en est resté baba,le jeune père et moi.
16 mars, 2009 à 20 h 22 min
Eh bien moi j’ai beaucoup aimé l’histoire de Mr. FARID, si tout le monde était comme lui il y aurait moins de tension partout. Quand aux secrétaires qui jouent les paravents, elles s’en prennent plein la figure parfois, surtout quand un malotru arrive avec son gros berger allemand histoire de vous intimider. On a affaire à des grands gosses mal éduqués (de part et d’autres). Il sympa et frais ce blog, un remue méninge.
16 mars, 2009 à 22 h 52 min
Mais quelle bande de boulets !
C’est fou quand même cette culture du « tout tout de suite » et du « tout est dû ».
16 mars, 2009 à 23 h 18 min
Anita + 1, très pertinent. Incompréhension mutuelle, malentendu…Avec ses patients à soi, jamais (quasi) de problème, avec des primo-patients (comme en garde ou dans ton cas, quand on remplace) chaque consultation est l’occasion d’un malentendu possible. Ensuite c’est affaire de personnalité, de compromis ou pas, d’accepter d’être symptomatique (ce que veut le patient) ou étiologique (ce que tu rêves de faire). Mais faut garder à l’esprit une réalité, et une seule : tu travailles pour gagner de l’argent. A 22 € la consultation, un quart d’heure est tout juste rentable. A 20 minutes, mieux vaut se servir de son équivalence acquise en 5ène année pour faire du professorat de sciences naturelles, c’est mieux payé.
Si je peux me permettre un conseil de « vieux », en toute simplicité : plus tu seras gentil avec tes patients, coulant, compréhensif, prêt à accepter de dépanner d’une ordonnance, d’un courrier, à voir deux enfants sur un rdv, à écouter les pleurs de la divorcée pendant 40 minutes, plus tu seras méprisée et dévalorisée dans ton travail. Plus tu seras dure, ferme, intransigeante, mais juste, à l’heure (un quart d’heure c’est un quart d’heure et pas 20 !), aucun acte gratuit, pas un dépannage, plus les patients te respecteront, seront à l’heure, polis, obéissants et à même de mieux prendre en charge leur santé.
je te donne un exemple, je vois une mamie pour son diabète, elle est mal équilibrée, je lui explique qu’il faut augmenter son insuline, je lui fait un protocole, la fois d’après elle revient, je lui demande son carner, je vois qu’elle ne suit pas le protocole, je lui explique que dans ses conditions je ne m’occupe plus de son diabète et qu’il faudra aller voir le diabétologue tous les 3 mois (sur la gran’ ville d’à côté, elle qui se déplace qu’avec difficulté), tu devines la suite, elle a augmenté son insuline, son Hb A1c a bien baissé, et je suis persuadé qu’en étant un peu dure avec elle, je lui ai bien rendu service ;)
J’estime à 5 % la proportion de voleurs (on m’a même piqué des livres pour enfants, des peluches, des posters), égoïstes (venir à 2 sur un unique rdv), pervers (toujours la zezette qui merdoie), malpropres (on m’a chié dans la poubelle des WC 3 fois), et bien sache que tu peux les virer, avec le sourire, en restant calme, bien signifier le refus de les soigner à l’avenir, ou bien refus avec calme la demande injustifiée : bon exemple l’arrêt de travail plus haut, si un gentil confrère est assez con pour lui faire, qu’il récupère le patient : tant pis pour lui. En un mot, pour ton bien et celui de tes patients, sois plutôt un père juste et ferme qu’une mère surprotectrice et qui dit amen à tout.
Bon courage ;)
16 mars, 2009 à 23 h 46 min
Si ça peut vous rassurer on peut être spécialiste et installé dans un « beau » quartier et avoir son lot de « pas venu – pas prévenu ». Pour un premier RDV je bloque une heure, 45 mn pour les autres… Alors passe encore quand c’est pour une bonne raison (guerre atomique, arrêt cardiaque, etc…) et SURTOUT quand les gens PREVIENNENT, mais sinon ça flingue la journée.
Dont une, récemment, qui s’est vexée qu’un soir avec gros-gros-gros retard je l’ai spoliée de 5 minutes d’entretien (« c’est déjà fini ? ben vous aurez rattrapé votre retard, avec ma consulte ? ») : elle m’a repris 2 RDV à 19 h 15… et n’a plus donné de news. C’est pas grave, c’est une épreuve que le Dieu des psychiatres m’envoie…
Et là je rage encore contre moi-même, d’avoir lu un jour le bulletin de l’Ordre qui rappelait l’interdiction de facturer les actes non effectués… ;-)
17 mars, 2009 à 1 h 54 min
quand les médecins font autre chose que de la médecine, ça craint !
j’ai simplement l’impression que ce vous ( Rrr et les autres post qui suivent ) exprimez, c’est la faculté que vous avez à savoir ou ne pas savoir gérer les conditions d’exercice, ce qui ne s’apprend pas à la faculté, exercice que nous souhaitons tous pourtant, tous autant que nous sommes, effectuer dans la plus parfaite harmonie et »homéostasie »
mais nous sommes nos propres bourreaux et je ne fais pas mieux que vous…
je prends juste le thé avec ma secrétaire quand un patient ne vient pas; et puis après, mais seulement après, on s’assure qu’il n’est pas mort, mais avec beaucoup d’humanité…
17 mars, 2009 à 12 h 21 min
Eh bien, ça réconforte de voir qu’on n’est pas seuls! Parce que chez les vétérinaires aussi, c’est fréquent et, en plus de toutes les excuses citées par Mistinguette, il y a « j’arrive pas à l’attraper », « il m’a griffé », « elle est sortie cette nuit et pas revenue, ben oui, elle est en chaleurs » (il s’agit surtout de chats)… Le pire, c’est quand on avait prévu une opération, bloqué la moitié de la matinée et fait venir l’assistant(e) exprès. En fait, je pensais que les gens étaient plus respectueux des rendez-vous chez leur médecin, personnellement j’ai dû oublier deux fois et je me suis excusée par téléphone, mais je m’aperçois qu’il n’en est rien! Allez, courage, il reste quand même encore des gens courtois et à l’heure!
17 mars, 2009 à 14 h 33 min
j’ai comme une impression de déjà vu dans ce que je viens de lire… (NB : suis médecin remplaçant…)
17 mars, 2009 à 14 h 42 min
Nan, c’était juste pour dire que, comme demandé, j’ai corrigé 2-3 petites fautes.
Oh et tu pourrais ramener du pain en rentrant ? :)
17 mars, 2009 à 14 h 56 min
Bettina c’est à chier tes histoires de véto, on te parle de malades là
17 mars, 2009 à 15 h 04 min
Bonjour,
Lectrice assidue de ce blog, c’est un régal pour moi que de dévorer chaque nouveau post.
Et celui-ci m’a particulièrement touché. Criant de vérité !
Je suis jeune installée, en médecine de campagne.
Je voulais répondre à Mograine….Oui, personne n’aime attendre, mais…N’as tu jamais pensé que si les médecins sont en retard ce n’est PAS parcequ’ils pensent que leur temps est plus précieux que le tien? Ne penses tu pas, que nous aussi, généralistes, ou spécialistes, nous aimerions rentrer chez nous le soir à l’heure initialement prévue? La grande majorité de mes connaissances font tout ce qu’ils peuvent pour etre à l’heure. Ce n’est JAMAIS un plaisir que de prendre un patient 15, 20, voire 60 minutes en retard…
Hier par exemple, j’ai eu deux urgences, sans RDV, et deux RDV complexes, qui ont nécessité que je passe plus que les 20 minutes initialement prévues avec les patients en questions pour donner des explications, apaiser, rassurer…Bien sur, et ce n’est pas forcement mon habitude, j’ai fini la journée avec une heure de retard. Bien sur, je suis rentrée chez moi après 22 heures. Bien sur, je n’ai pas vu mes enfants hier soir. Et bien sur, ce n’est pas pour « embeter » mes patients que j’avais tant de retard.
Des fois, il faut essayer avant de tirer des conclusions de regarder de l’autre coté du miroir….
17 mars, 2009 à 21 h 55 min
mention spéciale pour les bénéficiaires de la CMU:
plus les patients bénéficient de la CMU, plus ils ne branlent rien de la journée et moins ils ne respectent les heures de rendez vous, voir ne viennent pas du tout.
(en général pour un gamin qui tousse depuis deux mois alors que les parents fument 2 paquets par jour sans sortir de l’appartement).
17 mars, 2009 à 22 h 03 min
Les CMU : vaste programme. Ils ont plus de droits que les patients ordinaires. Qu’on m’explique cela.
17 mars, 2009 à 22 h 29 min
@ hyppocrate et LOL : puis-je ajouter CMU et AT?
pour les premiers l’obtention d’un dossier CMU requiert des revenus rendant leur vie précaire et malheureusement pour eux la pathologie de la précarité est souvent présente : alors plus de droit je ne sais pas, mais largement plus d’attention pour pas louper la tuberculose de la petite qui tousse depuis 2 mois (les parents fument 2 paquets par jour n’oublie pas)
pour les seconds j’ai du mal à accepter que l’agitation d’un formulaire de déclaration d’accident du travail fasse office de passe droit : accident peut-être mais je reste juge du degré d’urgence, qu’elle soit médicale ou administrative!
17 mars, 2009 à 22 h 43 min
Hé oui hyppocra(i)te : SALAUDS DE PAUVRES !!!
Hé oui LOL(ita ) : vaste programme ( de gauche ) alors que la DROITE des DEVOIRS ça c’est hygiénique…
Hé oui trop travailleuse : les doigts coupés des menuisiers ont du mal à agiter leurs formulaires cerfa
Bin, je préfère me casser ( temporairement, quand même ! )de ce blog où n’importe qui dit n’importe quoi n’importe comment – VITE ! Médecine Man vole à mon secours ( on aura tout vu !!!! )
18 mars, 2009 à 14 h 13 min
Radechan, je suis d’accord avec toi sur un certain degré de fermeté à avoir, même si je ne sais pas encore bien le faire moi même.
En revanche, comment peux tu dire que notre activité n’est pas rentable en dessous de 4 actes à l’heure? Combien de temps travailles tu par jour? Sais tu ce que gagne la majorité de tes patients?
Je crois que les généralistes, même s’ils ne sont pas les mieux payés parmi les médecins, ne sont pas à plaindre dans la population générale!
18 mars, 2009 à 14 h 42 min
Je n’ai pas commencé à gagner ma vie (correctement) à 30 ans pour gagner comme ont commencé à le faire mes patients à 21 ou 22 ans avec leur BTS. De plus, je n’ai pas enchainé des gardes avec des examens à préparer avec des nuits pour gagner ma vie pour gagner autant qu’un patient qui s’est contenté de faire le minimum scolaire pour décrocher son BTS. Je prends des décisions importantes, je gère la santé de mes patients, j’ai du stress, des responsabilités, je suis disponible de 7h30 à 21h, pas pour gagner autant qu’un patient qui fait les 35h, avec deux pauses café. il m’arrive de n’avoir pas le temps de pisser d’une demie-journée.
Si en échange de cela je ne gagne pas ma vie plus que correctement, autant travailler 35h, prendre deux pauses café par jour et gagner comme la population générale.
Logique ;)
18 mars, 2009 à 15 h 10 min
Le premier qui critique péjorativement ce qu’a dit Radéchan sans enchérir dans le sens même de ce qu’il a dit, je le continue à l’Univers
18 mars, 2009 à 15 h 40 min
Moi je suis curieuse de savoir ce que peut bien signifier « Je le continue à l’Univers ».
Et de toute façon, 15 min par patients, c’est mon « objectif » puisque c’est la durée des rendez-vous des médecins que je remplace. Et je n’y arrive pas. C’est de plus en plus évident au fil des mois.
Ma moyenne, c’est 20 min, souvent plus.
Quand j’essaie d’atteindre les 15, j’ai l’impression de faire de la merde, je m’énerve, je me stresse, je fais encore plus de la merde, je me stresse etc.
Alors, j’ai arrêté d’essayer.
Et je bloque un rendez-vous de temps en temps pour rattraper le retard que je prends obligatoirement.
Et je suis assez intransigeante sur les horaires, les ordonnances demandées en fin de CS pour un autre membre de la famille, les rendez-vous « un peu pour tout le monde ». On m’en demande souvent, comme je l’ai dit dans ce billet, et je les refuse quasimment toujours.
Je me dépense beaucoup, je passe plusieurs heures par semaine à faire du travail hors cabinet, à chercher des infos ou des places à l’hôpital ou des rendez-vous pour mes patients, je leur consacre mon temps en dehors et pendant les consultations.
Je m’autorise donc à ne pas les laisser m’en voler.
Surtout que si je laisse faire, je suis en retard, j’essaie d’aller plus vite, j’ai l’impression de faire de la merde, je m’énerve…
18 mars, 2009 à 15 h 48 min
Ah oui, j’oubliais.
Les CMU sont tous des profiteurs. Il fallait le dire.
Et les italiens sont tous des voleurs.
Il y a 2 sortes d’italiens, les italiens du nord qui vivent au nord et les italiens du sud qui meurent au sud. Les italiens sont tous des voleurs. Ils arrêtent de manger des nouilles uniquement pour voler et je sais de quoi je parle. Il m’est arrivé moi-même de voyager à travers l’Italie et je peux témoigner, on ne m’a jamais volé ! N’est ce pas extraordinaire ? Comme les espagnols, les italiens ne parlent pas français. Vous n’allez pas le croire, pour se comprendre entre eux, les malheureux sont obligés de parler italien. C’est horrible. Desproges.
18 mars, 2009 à 17 h 44 min
Cardiologue de brousse: de nos jours, la plupart des accidents du travail, ce sont des gens qui tombent dans l’escalier ou qui glissent par terre, quand même.
Rrr: 15 minutes par tête de pipe ça me paraît moi aussi bien court. Chez les quelques médecins que je connais, c’est 1/2h et ça n’empêche pas un certain retard (plus ils ont de temps, plus les gens papotent je suppose). Pour les patients qui ne se pointent pas, je recommande la solution de J.P. Coffe, du temps qu’il avait un restaurant. Il appelait en pleine nuit pour dire : « Dites-moi, cher ami, il est quatre heures du matin. Dois-je renvoyer ma brigade ou vous attendre pour le petit déjeuner ? »
18 mars, 2009 à 20 h 42 min
Concernant le 15 minutes, c’est très marrant ;)
Quand on débute, qu’on ne connait pas ses patients, qu’ils ne vous connaissent pas…Y’a tant et tant à dire, ou pas, des deux côtés, que 15 minutes n’y suffisent pas, mais ensuite, 15 minutes c’est 5 de trop ;)
Deux exemples :
-ma femme, au début, prenait 3 rdv par heure, et était en retard systématiquement. A présent, 4 par heures, et 2 ou 3 patients en plus vus « en urgence » sans prendre 5 minutes de retard en fin de consultation. Et quand je lui ai rappelé l’époque ousque elle prenait 20 minutes par patient, elle s’est étonnée elle-même d’y arriver à présent aussi facilement.
-ce soir même, entre 17h30 et 19h, j’ai vu 11 patients, et bien pour chacun j’ai eu le temps d’examiner, discuter, de dire et ce qui est et ce qui est à venir (examens ou évolution), avec à chaque fois la demande en fin de consultation « y’a-t-il autre chose dont vous vouliez me parler ? » et la réponse « non ». Par contre j’ai des patients éduqués, et qui savent qu’ils seront pris pile à l’heure ou dans les 10 minutes au pire. Il faut dire que j’en ai viré quelques uns, et la dernière cette après-midi même.
Je raconte, j’en rie encore ;)
J’arrive chez une mémé (j’entends d’ici les pisse-froids qui s’imaginent qu’on doit du respect aux anciens juste parce qu’ils sont plus vieux ;) ) et elle me reçoit avec des reproches injustifiés. Je lui explique que je ne suis pas là pour perdre mon temps, je lui serre la main et avec un grand sourire lui conseille de changer de médecin pour un meilleur, et je m’en vais.
Elle m’a rappelé une fois pour d’excuser, puis sa fille de même, pour être bien sûr que je revienne.
On a tous, patients comme médecins, à y gagner à mettre en place et à suivre des règles de savoir-vivre : patients qui vont à l’essentiel, avec une plainte par consultation, médecins à l’écoute, efficaces et à l’heure. Et tout roule tout seul ;)
18 mars, 2009 à 21 h 19 min
C’est sans doute mon jeune âge, c’est sans doute mon regard tout niais sur le métier ou bien simplement une manière de voir les choses bien différente…
Mais les posts de Radéchan me filent de l’urticaire. C’est pas le fond, peut-être la forme, sûrement le ton… une réaction épidermique de détestage. C’est grave docteur ? En tout cas c’est dit, ouf, merci Jaddo pour la consult’ du net !
Bon, comme ce n’est pas le sujet, et que je risque la modération intempestive, je voudrais quand même féliciter l’auteure pour les citations de Desproges, le temps hors-horaires de boulot pris pour eux comme j’aimerais le faire quand j’serai grande, et pour le regard sur les patients…
Bravo, et merci de partager tout ça :-)
18 mars, 2009 à 21 h 52 min
c’est marrant, dès qu’on parle des « CMU » les passions se déchainent, le ton devient orageux et la politique s’en mêle
18 mars, 2009 à 22 h 08 min
Je prie le ciel de ne jamais devenir cynique et aigri comme le Dr Radéchan. J’en connais d’autres, des médecins qui croient que les patients ne sont là que pour pleurer des arrêts de travail ou des listes de médicaments injustifiés.
Je ne dis pas que ça ne m’arrivera pas. Je pense même qu’à force d’être à l’écoute, on atteint peut être un seuil maximal au bout de 10 ou 15 ans. J’espère juste avoir le courage de fermer boutique pour ouvrir un restau plutôt que de continuer dans ce boulot sans aimer un peu les gens que je soigne.
18 mars, 2009 à 22 h 21 min
@Mais on peut adorer ses patients et vouloir leur bien malgré eux, de la même façon qu’une maman envoie au lit ses enfants à 21h, même s’ils ont encore envie de regarder un dessin animé de plus, juste un, puis encore un…Ma pratique est joyeuse, j’ai hâte de commencer à travailler le matin et on me fait souvent remarquer ma bonne humeur d’ailleurs ;) sans parler du fait que j’ai bien du mal à fermer…mes 8 premières années d’activité, j’ai fermé 10 jours par an, pas un de plus…et encore, à contre coeur…Non, je ne suis pas aigri, j’adore mon métier et j’y prends un plaisir considérable. Mais je suis là pour aider, et pour cela chacun des 2 parties de la consultation doit rester à sa place. Et aucune des deux parties ne doit manquer de respect ou prendre l’autre pour un con.
@Sachs : tu débutes, quand tu auras à payer tous les mois 2500 € d’ursaf et de carmf, tu comprendras que les 22 € ne sont pas un salaire ;) que que travailler à deux patients de l’heure c’est à perte…
18 mars, 2009 à 23 h 10 min
En tant que nouvel installé, j’ai pas mal de patients qui viennent signer chez moi la sacro-sainte déclaration (administrative) de médecin traitant, et pour beaucoup : « vous comprenez, mon médecin, ça fait 20 ans qu’on se connait, alors j’ai l’impression qu’il ne m’écoute plus vraiment. Je rentre, il me prend la tension, on parle de la pluie et du beau temps ou de la famille, je paye et en 10 min, c’est fini. Je n’ose plus lui poser de question… »
J’espère que dans 20 ans, je prendrai encore le temps suffisant pour que mes patients se sentent écoutés (que ce soit 5 ou 45 min !). J’espère que j’arriverai à tenir mon challenge de ne jamais commencer une consult par autre chose que 1 minute (c’est long!!!) à tenir ma langue pour ne pas interrompre la personne qui vient me parler.
18 mars, 2009 à 23 h 30 min
Je vois que nous faisons finalement le même métier passionnant !
19 mars, 2009 à 2 h 19 min
les Italiens sont voleurs ( ET sans doute un peu profiteurs )
les CMU sont profiteurs ( ET sans doute un peu voleurs )
donc les CMU sont Italiens !
et pendant ce temps là , les espagnols sont toujours gnols et ne s’en consolent pas…
19 mars, 2009 à 9 h 09 min
Certains patients n’ont pas la CMU et n’ont pas non plus les moyens d’avoir une mutuelle. Il faut donc sursoir à des examens complémentaires et donner uniquement les médicaments indispensables.
Ils soignent préférentiellement leurs enfants.
19 mars, 2009 à 9 h 36 min
Mais non LOL ! sursoyons à fond !
QU’ON LES LAISSE CREVER !
( et PREFERENTIELLEMENT leurs enfants afin d’ éviter qu’ils ne se reproduisent comme des lapins )
c’est INDISPENSABLE ! INDISPENSABLE !
pendant ce temps, les CMU assités et profiteurs, pourront éreinter le MG de leurs demandes DEMENTIELLES et CHRONOPHAGE…
( on peut ajouter : » vautrés – ou avachis- sur leur canapé en fumant clops sur clops » mais ça n’ajoute rien à la poésie )
Ha! Sainte CARMF et Sainte URSSAF priez pour nous, pauvres prescripteurs.
Ha ! que j’aime le monde de LOL !
19 mars, 2009 à 10 h 40 min
@ Radechan: je suis curieuse de savoir combien il reste à la fin de mois après avoir payé les 2500 euros d’ursaf et de carmf ????
Parce bon, je suis que prof, bien glandeuse, en Espagne qui plus est, alors j’ai un peu du mal à me faire une idée…..?
19 mars, 2009 à 12 h 38 min
Alors avec moi les choses sont très claires dès le départ, quel que soit le médecin remplacé.
Les rendez-vous ne sont pas faits pour satisfaire le patient en lui garantissant d’être pris à l’heure, mais pour que le médecin puisse organiser sa journée de travail. Il ne s’agit pas d’un contrat passé entre le médecin et le patient, mais d’une proposition de ne pas attendre 3 heures en salle d’attente, ce qui est souvent le cas des plages « sans RDV ».
Alors ça dépend des jours, mais si il y en a un qui râle parce que j’ai une demi-heure de retard, vu qu’il y a peu de chances que ce soit parce que j’ai barbotté dans ma piscine avant d’arriver au cabinet, il va s’en prendre un peu plein la tête devant tout le monde.
Résultat: après deux ans de rempla le mercredi chez le Dr Bonnepâte, nous avons réussi à: 1) engager une secrétaire le matin (les RDV sont le matin), 2) respecter et faire respecter les RDV le matin, 3) pouvoir déjeuner vite fait le midi (ce qui est un luxe!!).
Personellement je crois, peut-être à tort, que les patients sont comme des enfants. Ils tentent le coup, ils testent, et si ça marche, alors ils recommenceront. Donc ils faut les arrêter dès que ça dérange, lorsque la fameuse petite cloche de la perversion se met à tinter. Et là on s’accorde. Le cadre est mis en place et tout le monde est content. Vu la démographie médicale, de toutes façons ils reviennent. Fini le temps où la concurrence nous obligeait à être Bonne pâte. En revanche, j’aimerais bien ne pas être smicarde à la fin du mois, mais pour cela il faudrait que je travaille plus de trois jours par semaine, ce qui risquerait de me rendre marteau.
Chacun voit midi à sa porte.
19 mars, 2009 à 13 h 03 min
Cardio de Brousse, je n’ai absolument pas dit cela. Quand un patient vous dit » Je ne peux pas me payer la radio ou les médicaments, car je n’ai pas de mutuelle , je préfére soigner mes enfants avant. »
que faut il faire ,en plus de lui faire sa consultation gratuite ?
Ce genre de situation est révoltante, n’est ce pas ?
C’est à se taper la tête contre les murs!
19 mars, 2009 à 13 h 16 min
l’envoyer chez Radéchan …
19 mars, 2009 à 13 h 17 min
je plaisante, je plaisante !
19 mars, 2009 à 13 h 31 min
»bonjour Docteur, mais vous avez un cabinet trrrrrés moderne pour un médecin de campââââgne !
Ha ! mais c’est le même échographe que mon cardiologue de Neuilly, excellent! »
» je vous consulte car le Professeur Duchmoll ( pause )qui est de mes amis- nous jouons ensemble au golf de Saint Nom – est en vacances et je ne me vois pas remonter à La Ribotière pour être vu par son interne ; je me suis dit qu’après tout vous êtes cardiologue aussi et ferez bien l’affaire ( re-pause ) n’est-ce pas, docteur ? »
VITE ! VITE ! MES CMU !
19 mars, 2009 à 14 h 30 min
« Un cabinet trrrrrés moderne pour un médecin de campââââgne » : dans mon expérience parigote 5e/6e arrondissement (je reconnais l’accent ^^), les cabinets de MG parisiens sont 1. petits 2. très encombrés 3. pas aux normes et ne le seront probablement jamais, sauf à mettre l’ascenseur en façade de l’immeuble classé.
En comparaison, à la campagne, c’est grand, lumineux, bien rangé, avec une salle d’examen distincte et une salle d’attente où on n’est pas assis sur les genoux de son voisin. Et mémé peut y aller sans sueurs froides à l’idée d’être coincée dans l’ascenseur-sarcophage.
19 mars, 2009 à 19 h 07 min
Rien que la soirée dont je parlais plus haut, sur 11 patients, j’en ai fait payer 9. Et oui, deux actes gratuits. Et pas des CMU. Il n’y a pas de bons ou de mauvais pauvres. Il y a des patients dans le cadre, et des patients hors du cadre, pour reprendre le bon mot du DocV, dont je plussoie le commentaire. Quand le patient ets dans le cadre, le médecin y est aussi ;) J’ai plusieurs familles ousque je me contente du tiers-payant sécu, que je me fais régler directement, donc je ne demande pas d’argent, et surtout je ne fais même pas remarquer que je fais des consults à 16 €. Et je suis très satisfait de travailler de la sorte pour le Roi de Prusse, je considère que cela fait partie de ma charge. D’ailleurs dans le coin je suis le seul à recevoir les Romanos, qui viennent me voir de loin, car ils savent que même sans carte je les recois, je les examine, en un mot, je les traite comme des bons Français « de souche » ;)
Et oui, On peut être gentil sans voiloir être pris pour un con. Quoique je reconnais qu’en général, quand on est gentil on est con. Mais bon. Un peu de finesse ne fait pas de mal :)
@barcelle : je travaille 3 jours par semaine, bien remplis, soit +-30 heures/sem, me reste après charge dans les 3000 €. Je pourrais travailler plus, mais j’ai pas mal d’occupations à côté de mon boulot.
19 mars, 2009 à 19 h 11 min
c’est un peu ça …
Bon, alors ça console (?!) de ne pas »profiter » de la vie trépidante des parisiens !
19 mars, 2009 à 20 h 37 min
he oui a vous lire, la situation est pareille partout.
C’est pourquoi j’ai arreté ce metier de con qu’est medecin libéral.
que c’est bon de ne plus faire d’abbatage
19 mars, 2009 à 21 h 03 min
Et puis-je vous demander ce que vous faites à présent ? Je conçois très bien qu’on en ait marre un jour, moi-même, si je devais bosser à temps plein j’abandonnerais en 6 mois…
20 mars, 2009 à 10 h 17 min
très intéressant tous ces commentaires…
Moi, je suis en stand by question remplacement et/ou installation, un peu beaucoup pour le quotidien désagréable que tu décris là que je connais .
Alors je suis un peu rassurée quand je lis certains commentaires, en me disant qu il me reste à apprendre à dire non, et à dire tout de suite à qui de droit ce que je ne peux admettre…
Pas sure d y arriver….A réfléchir…
20 mars, 2009 à 12 h 17 min
Titi je te conseille d’aller à des FMC (indemnisées si possible) pour rencontrer, échanger et remettre tes points sur les i. Cela fait un bien fou de voir des pairs et de leur parler de tout cela, de te déculpabliser quand tu refuses de t’auto-flageller pour satisfaire le système. Tu trouveras ton propre équilibre et tu verras qu’on est tous solidaires pour lutter contre les mêmes problèmes.
Entre nous la collaboration libérale, c’est vachement bien, mais je me demande si c’est reconnu comme une vrai installation par l’Ordre et le Ministère? Parce qu’avec cette fichue loi HPST…ou HSPT?… bref J’ai posé la question au CDOM du 31 j’attends la réponse.
20 mars, 2009 à 12 h 19 min
dis donc toi le concombre masqué! Je te trouve méprisant envers ce « métier de con »! Personellement je n’apprécie pas ce terme et je te prierai d’en trouver un plus adéquat. Tu voulais peut-être dire « ce sale boulot du beau métier »?
20 mars, 2009 à 12 h 26 min
Radéchan je suis surpise que les manouches ne paient pas leur part complémentaire? Je me demande bien pourquoi ils n’ont pas la CMU? Peut-être parce qu’ils sont trop riches? (Plus riches que nous sans doute d’ailleurs…)Non mais il est où le cadre là?!!! En même temps c’est un choix. J’espère qu’ils ne sont pas chronophages au moins tes manouches. Je trouve qu’il y a deux sortes de minorité refoulée par les autres toubibs: les pervers et les pas-pervers. Après c’est individu-dépendant. Y’a des pervers partout. Mais là ils m’ont l’air quand même bien cognés tes romanos qui paient pas la part complémentaire…
20 mars, 2009 à 14 h 49 min
Pas de pb de cmu avec les Romanos.
Je parle des familles de pauvres (mais pas assez pour avoir la cmu) ousque je me fais payer la part obligatoire (par la sécu, en tiers-payant) et ne demande rien (donc je fais cadeau) de la part complémentaire. Est-ce clair ?
Les CMU paient normalement en tiers-payant (avec du retard, ils font passer la carte quand ils l’ont, les Romanos l’oublient une fois sur 2 et j’ai bien 20 ou 30 actes par an qui restent impayés, tant pis)
20 mars, 2009 à 15 h 49 min
@DocV : oui, la collaboration libérale est une installation à part entière (pour le moment) : feuilles de soins à ton nom, possibilité d’être déclaré comme médecin traitant, ordonnances en ton nom, charges itou. Tout comme un vrai docteur. Et si tu plaques le médecin qui t’a fait collaborer avec lui, aucune contrepartie, pas de clause de non réinstallation. Tu fais juste un changement d’adresse à ta caisse, tu prend tes feuilles de soins, tes ordonnances et la liste des personnes qui t’ont déclaré MT, et tu ouvres ton propre cabinet.
Après la nouvelle loi, je ne sais pas…
20 mars, 2009 à 16 h 25 min
Guillaume : la nouvelle loi, c’est bien ce qui m’inquiète…Je suis actuellement collaboratrice, en voie de m’associer, et je me demande s’il faut me grouiller ou non.
Radéchan: ahhhhhhh OK! je suppose qu’il existe effectivement des gens fauchés comme les blés qui ne fument pas, n’ont pas le satellite, pas d’écran plat dans leur salon, pas de téléphone portable, et encore moins de mutuelle. Là d’accord avec toi, ça coule de source.
20 mars, 2009 à 17 h 38 min
Dans la mesure où l’on peut signer un contrat de collaboration pour une durée indéterminée, j’ai du mal à croire qu’à la fin d’un contrat de 25 ans par exemple, il faille se « délocaliser » à l’autre bout du pays… enfin, il est vrai que tout est possible.
20 mars, 2009 à 18 h 07 min
Et son contraire !
22 mars, 2009 à 1 h 44 min
Petit retour en arrière, sur la réponse de Bettina véto, dont les maîtres de ses patients lui servent l’excuse qu’ils n’ont pu attraper leur animal à temps pour la consultation…
J’ai eu, il y a deux jours, la même excuse d’une maman pour ses deux enfants et son retard d’un quart d’heure. Malgré mon agacement, le fait d’avoir eu la même excuse que pour des chiens ou des chats m’a failli me faire lui éclater de rire au nez.
22 mars, 2009 à 13 h 52 min
pour repondre au DR v
Comment appeler un métier ou tu es pris par un con par tout le monde, patients, caisse, politique, faculté etc….
en c e qui concerne l’activité quotidienne, la majorité ds gens sont sympas, malheureusement une partie se comporte comme dns tous ce que vous décrivez et c’est cela qui est fatiguant car c’est un phénomène se repetant sans arret a commencer par ce rituel de la prise de tension trés bien décrit par JADDO
j’aime la medecine contraiement à ce que tu penses.
tu remarqueras également que tous les médecins ecrivains qui ont du talent, qui reflechissent sur notre métier arretent de pratiquer, c’est donc que ce n’est pas si bien.
le probleme du libéral, c’est d’etre plus ou moins obliger de dire amen à beaucoup de demande, c’est pourquoi je suis bien content de ne plus en faire.
je vois déja les réactions, du type « mais toi tu n’as pas bien éduquer ta clientèle, Etc… », mais j’ai vécu toutes les situations décrites dans vos post, cela me semble donc une situtation universelle, personellment je n’en veux plus, …c’est une question de salut psychologique.
27 mars, 2009 à 22 h 23 min
Tellement fréquent. Joli post. Manque juste un » et j’ai vu sur internet que blablabla, vous en pensez quoi? ».
30 mars, 2009 à 0 h 05 min
concombre masqué doit travailler comme medecin ds un centre d’examen de santé à 4 patients par jour, pronostic personnel…
tu dois dire amen à ton chef statisticien.
tant mieux pour toi.
30 mars, 2009 à 12 h 45 min
J’ai tout lu… Les limites de « l’exercice purement libéral et purement solitaire » semblent être atteintes. Vive la pluridisciplinarité, la collaboration, les échanges et les débriefing pour une éducation conjointe des patients et des professionnels de santé. La médecine générale est « le plus beau métier du monde », certains voudraient peut être nous faire croire que c’est aussi « le plus vieux métier du monde »…Travailler ensemble, c’est se soutenir et s’enrichir de nos différences, c’est l’avenir. Travailler seul aujourd’hui, c’est être dangereux pour soi-même et pour autrui…
1 avril, 2009 à 6 h 01 min
Désolée pour cet élargissement d’une personne extérieure au milieu médical pour ceux que ça met mal à l’aise, mais je vois poindre une idée dans les derniers commentaires sur laquelle je voudrais m’exprimer :
Toute profession que l’on aime et qui met en jeu de l’humain implique aussi un certain nombre de frustrations – ceux de mes relations qui n’attendent rien d’autre de leur métier que le salaire de fin de mois n’ont pas ce genre de déceptions, même s’ils connaissent également des bons moments et des fichus quarts d’heure.
Quand on a du talent, qu’on réfléchit sur ce que l’on fait, il arrive qu’on cesse de pratiquer son métier, que ce soit pour s’engager dans la formation des futurs collègues ou pour planter des choux pas loin de Saint-Cucufa.
Pour les choux, je ne sais pas, mais pour celui qui cesse d’être un professionnel pour devenir un formateur de professionnels à plein temps, il y a souvent beaucoup de nostalgie dans son discours, et il ne faut pas plus de deux ans de cessation d’activité pour voir son enseignement complètement déconnecté de la réalité quotidienne, à la fois parce que celle-ci évolue vite et parce que la mémoire est une traîtresse qui reconstruit le réel.
Toute forme d’expression est un exutoire, et je trouve cela bien normal que les commentaires de ce blog expriment plus souvent ce qui est douloureux et pénible dans l’exercice de la médecine, même au prix de me prendre parfois une grande baffe en me disant « ah mais oui, moi aussi, ça m’est arrivé d’être une patiente emmerdeuse, emmerdante ou emmerderesse »… et d’ailleurs, si ce n’en est pas la principale, c’est aussi une des raisons pour lesquelles je le lis avec autant d’assiduité.
Garder un contact avec sa pratique quotidienne de base – en y consacrant moins de temps si c’est possible – me paraît un élément essentiel pour pouvoir en parler de façon utile et constructive, surtout si l’on prend la responsabilité de publier, d’enseigner, bref d’instituer sa parole comme une parole digne de foi.
Peut-être d’ailleurs – mais je parle là sans savoir – que c’est l’un des problèmes majeurs de votre formation médicale que tous semblent si unanimement décrier : y a-t-il parmi les enseignants en fac de médecine beaucoup de gens qui ont encore une rélle pratique médicale ? personnellement, j’en connais au moins un ;-) mais ça ne fait pas une statistique…
1 avril, 2009 à 9 h 02 min
Merci Isabelle
1 avril, 2009 à 12 h 59 min
isabelle, tu touches un point essentiel : nos profs de fac, avec la meilleure volonté du monde pour certains, ne font pas de medecine veritable… du coup leur enseignement est « deconnecté » du réel. Je situe bein sûr le « réel médical » hors du « biais de selection » des CHU.
Je ne leur ote pas pour autant tout mérite; enseigner la théorie est louable, et être spécialiste d’une maladie également.
Si tu aimes ton métier, tu te fous de tout çà et tu fais AU MIEUX pour ton patient. Même si tu as été « moyen » en quelques circonstances, ton patient te seras tjrs reconnaissant d’avoir fouillé ds tes limittes pour lui.
je pense, avec naïveté, que les gens ont confiance dans les médecins qui aiment leur métier.
putain , c’est du mary poppins tous çà , désolé
2 avril, 2009 à 12 h 43 min
Le problème selon moi vient du fait qu’il y a une opposition entre les hospitaliers et les libéraux, en plus de la gue-guerre généraliste/spécialiste. Pendant mes études, on m’a toujours dit à la fac: tu as intérêt à avoir l’internat pour ne pas « échouer » généraliste. Je me souviens de mon internat: on me disait alors : regarde ce que cet abruti de généraliste a encore fait…jusqu’à mon stage chez le praticien, la vie du patient commençait et se terminait à l’hopital, et quelque part c’était rassurant parce qu’à l’hopital, on n’est pas tout seul et on n’a pas les problèmes inhérent au fait que le patient est libre chez lui. Pas de problème de compliance, d’observance, tout est maitrisé (du moins on le croit). Mais après avoir passé 3 heures sur un tabouret derrière le comptoir d’une pharmacie, j’ai vu ce qu’était vraiment la vraie vie: une dame d’un âge avancé arrive avec son ordonnance et demande au pharmacien : » je voudrais que vous me redonniez ce médicament contre le cholestérol qui me faisait tant de bien. Mon médecin me l’a changé aujourd’hui (statine), mais j’aimais bien le fenofibrate…
Alors la mamie voulait prendre les deux en même temps!
Et en trois heures j’avais compris qu’un truc m’avait échappé pendant toutes ces années : la réalité, la vraie vie en dehors des murs de l’hopital.
Alors comment des mandarins hospitaliers peuvent-ils enseigner en se croyant exhaustif à des étudiants destinés pour les 3/4 à la médecine libérale?
4 avril, 2009 à 0 h 19 min
s’il y a »opposition » spécialistes/ généralistes et libéraux/hospitaliers c’est à mon avis plus par paresse intellectuelle de part et d’autre et méconnaissance des spécificités d’exercice de chacun.D’où l’importance d’enseigner la médecine générale au même titre que toute spécialité d’organe, et ce à la fois au CHU par des enseignants généralistes et sur le terrain ( la vraie vie ) par des maîtres de stage dans les cabinets médicaux
Pour avoir exercer, briévement, la médecine générale et pour conserver encore une activité hospitalière en parallèle à mon activité libérale, je perçois vraiment cela ( le »problème » selon Doc V ) comme des cloisonnements dont la solidité ne dépends selon moi que de la vision qu’on a de l’art médical et de ses représentants.
dans ma bulle de cardiologue de brousse, je ne suis pourtant pas, moi non plus,le dernier à pester sur tel service de CHU qui m’a laissé partir un patient valvulaire sans discussion médico-chirurgicale réelle ou sur tel correspondant qui m’adresse » de toute urgence » un patient pour échodoppler veineux sans attendre le résultat des D-dimères qu’il a lui même prescrit; et je ne doute pas qu’on fasse de même à mon égard…
un peu de tolérance que diable !
et puis parfois quand même, on tombe sur des collègues compétents et souriants, des médecins généralistes normaux et pragmatiques, des patrons de CHU joignables et courtois et l’on se réconcilie un peu avec nos pairs
Bref, ce soir c’est » aimons-nous les uns les autres »
8 avril, 2009 à 9 h 55 min
Et ce patient qui vient pour écho-doppler, il est sur ses pattes ou couché sur un brancard? Parce que s’il faut attendre les D-Dimères, il va sûrement se lever pour aller pisser…C’est ce que j’entends par la vraie vie, c’est le facteur peu prévisible lié au patient qui va continuer à vivre en attendant que nous les médecins nous décidions de ce qu’il doit faire dans nos petites cloisons.
Certes il y a des patrons cool et super sympas quand on les a au téléphone, mais qui sont attérés d’apprendre que personne dans son service n’a pensé à expliquer au patient qu’on leur a envoyé pour FA, et qu’ils ont fait sortir sans prévenir, ce que c’était que les AVK et les contraintes que cela supposait. Alors quand vous l’appellez devant le malade, qui vient vous voir 5 jours après sa sortie, sans avoir pris les fameux AVK (vu qu’il sait pas ce que c’est), parce qu’il a du mal à trouver une IDE pour lui faire ses piqures d’HBPM (qu’on lui a pas dit de poursuivre religieusement), le patron cool, il a les boules comme nous. Alors aimons-nous les uns les autres ok, mais un petit coup de gueule informatif de temps en temps, ça peut être utile.
(cas véridique survenu il y a 4 mois: le patient va bien).
Les hospitaliers n’hésitent pas à communiquer sur les conneries des généralistes, mais les généralistes n’ont pas vraiment le temps de communiquer sur les conneries des hospitaliers. Prendre son téléphone pour le faire, ça peut faire perdre 20 minutes (CHU…) mais c’est perdre un peu de temps pour avoir une chance d’en gagner plus tard.
Alors moi je dis plustôt : que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre.
8 avril, 2009 à 12 h 48 min
de deux choses l’une:
– ou l’on demande les D dimères et dans ce cas on attend leur résultats avant de passer à l’écho doppler veineux si besoin ( sinon pourquoi les demander ? pour faire jolie ? )
– ou on ne les demande pas ( parce qu’on sait qu’elles seront a priori élévés pour toute autre raison qu’une thrombose ) et on demande de première intention l’écho doppler
dans les deux cas, prescrire une HBPM est licite en cas de suspicion clinique, jusqu’à confirmation (ou infitrmation) du diagnostic
des fois la médecine, c’est pas compliqué
ceci dit je ne jette le sthétoscope sur personne…
9 avril, 2009 à 8 h 46 min
A te lire j’en ai mal au ventre et envie de crier …. (bon OK j’ai eu un rempla difficile hier). ça fait du bien de te lire, on se sent moins seul ;-)
8 juin, 2009 à 1 h 09 min
j’ai pensé à vous, à ce post…lors de ma visite chez mon nouveau médecin généraliste (cause déménagement)
Certainement pas passionnant, mais je vous en fais part quand même, juste comme ça, moi qui aime et lis régulièrement vos posts, emprunts de bon sens.
Bref.
Un de mes nombreux grains de beauté, que je faisais suivre jusqu’à présent par mon MG là où j’habitais avant, a me semble-t-il changé d’aspect…je me décide donc illico presto à prendre RDV et de choisir mon nouveau médecin traitant….et là un grand moment de solitude…on m’ausculte et on me prend la tension (pas sure que cela serve à grand chose) bref, l’examen s’arretera là…je reste allongée pendant que le médecin retourne à son bureau pour ne jamais en revenir d’ailleurs (donc au bout de qqs minutes je comprends qu’il me faut me rabhiller!)le MG me fait un mot et m’envoie directement chez un dermato sans regarder mes grains de beauté…en m’expliquant qu’elle est généraliste et qu’il faut voir ça avec un dermato…elle semble tte surprise que mon ancien MG me faisait ce suivi…comme quoi la réaction de certains patients ( cf consultation du samedi matin, 9h) est peut-être aussi dû à l’attitude de certains médecins…
19 décembre, 2011 à 23 h 25 min
Non mais sans rire il y a des gens qui viennent chez le médecin sans rendez-vous pour un rhume ou une toux ?!
Mais où est ce que vous exercez ?
Est ce que c’est vraiment utile d’aller ’emmerder » un médecin pour des trucs comme ça ? Je veux dire ça arrive que ça serve à prévenir quelque chose de grave ?
Moi je vais chez le médecin quand j’ai au moins une grippe et plus de médoc…
(J’ai eu envie d’en baffer là au fait)
20 décembre, 2011 à 17 h 59 min
Eh bah c’est un peu comme dans tous les domaines. Les gens connaissent très bien leurs limites, leurs contraintes, leurs obligations, mais ils sont tellement enfermés dedans (ou font pas l’effort d’en sortir le nez) qu’ils n’imaginent absolument pas celles des autres.
Finalement, qu’est-ce qu’ils voient du médecin généraliste ? Juste cette personne qui les tate vaguement et annonce « bronchite » ou « angine » ou « gastro ». La plupart du temps, on se doute déjà du verdict avant d’y aller, alors bon, finalement, si on peut le savoir aussi bien qu’eux, c’est qu’ils doivent pas être si compétents, donc pas si respectables. Et les rendez-vous, on les prend avec les gens dont on estime que le temps est suffisamment précieux pour qu’ils n’en aient pas à nous accorder n’importe quand.
22 décembre, 2011 à 22 h 43 min
ahah
je n’avais jamais lu ce fil de commentaires, mais le coup du veto m’a bien fait rigoler…la derniere fois que j’ai pris RV pour mon chat…il s’est barré dans la campagne 15 min avant le RV, jamais pu le retrouver.(enfin, le lendemain) Franchement, c’etait pas fait expres! mais j’ai appelé pour m’excuser!