A une malabaraise
30 septembre, 2008
Entre, je me souviens de toi.
Bien sûr que je me souviens de toi.
Tu étais venue me voir la semaine dernière, toi qu’on avait jamais vue dans ce cabinet.
C’est que tu arrivais d’Afrique, et que tu n’étais là que pour quelques mois, en vacances. Toute douce, très attentive, jeune, jolie. Tu venais d’une grande ville d’Afrique, j’ai oublié laquelle, pardonne moi. En tout cas, j’avais noté ton français impeccable et ton allure très européenne. Tu n’avais pas de carte vitale, du coup, bien sûr, et pas de couverture sociale, mais tu allais payer ta consultation de ta poche sans problème.
Tu venais me voir pour tes problèmes de sommeil.
Tu m’a raconté calmement, de ta voix joliment lointaine, joliment détachée, ta rupture récente, douloureuse, ton départ en vacances qui avait tout l’air d’une fuite, et puis, depuis, l’impossibilité de t’endormir le soir.
Tu m’as servi l’insomnie transitoire aiguë la plus belle de toute ma (certes jeune) carrière.
La même chose qu’à la mort de ton père il y a plusieurs années. Tu avais pris 3 ou 4 semaines un Stilnox avant de te coucher, et puis c’était passé, et tu n’en avait plus jamais repris depuis.
Elle était belle ton histoire.
Moi, j’étais vaguement mal à l’aise, mais elle était belle.
J’ai beaucoup pensé à toi après ton départ.
Bien sûr, j’avais pensé à la possibilité que tu me mentes. On voit des tas de gens inconnus qui ont de belles histoires qui débouchent sur une demande de prescription de benzos. Rarement aussi belles que la tienne, mais on en voit plein.
Je n’étais pas sûre que tu ne me mentes pas, mais je me méfiais de ma méfiance. On a vite fait de se méfier trop des gens. Et puis, comme on ne peut pas reprocher aux gens leurs trop jolies histoires, et comme on ne peut pas se fier seulement à son malaise, à son instinct, à ses antennes qui frémissent, je t’avais accordé le bénéfice du doute.
Pour tout ça, et aussi parce que derrière quelqu’un qui ment pour avoir ses stilox, il y a une personne malade. D’une autre maladie, mais malade. Et cette personne là, il faut essayer aussi de faire ce qu’on peut pour elle, la dénicher, l’accrocher comme on peut, la faire revenir et travailler avec elle. Et pour la faire revenir, parfois, on fait des concessions.
Tu étais partie en évoquant un « bilan » que tu voulais profiter de ton séjour en France pour faire, et tu m’avais dit que tu reviendrais.
Et tu es revenue.
Tu es revenue, mais pas pour le bilan. Tu voulais revenir avant, mais comme je n’étais pas là, et que c’était vraiment moi que tu voulais voir, te voilà aujourd’hui.
Parce qu’on t’a volé ton sac, et, c’est ballot, quand même, ton ordonnance avec.
Merci pour l’eau à mon moulin, merci d’avoir transformé mon vague instinct en conviction intime, ça va m’aider.
Le rideau est levé, début de l’acte II, on va pouvoir bosser maintenant.
Mais ça cloche. Le voile est levé, mais ça cloche toujours.
Tu es toujours aussi jolie, toujours aussi calme, toujours aussi parfaite, et moi, je suis toujours aussi mal à l’aise. Ca sonne toujours du côté de mon alarme intérieure, et je ne sais pas pourquoi. A croire que c’est ni du lard, ni du cochon. Je sais que je suis en train de passer à côté de quelque chose dans les grandes largeurs, mais je ne sais toujours pas à côté de quoi.
Ton discours est toujours aussi parfait, et toi toujours aussi poliment distante, toujours aussi attentive à ce que je dis, toujours aussi agréable.
Tu connais ton texte, mais tu joues mal.
Alors, comme je sais quelle pièce on joue, même si je n’arrive pas à discerner l’envers du décor, je te donne la réplique.
Je joue mal aussi. Et j’ai l’impression qu’on le sait toutes les deux.
– « Mmmm, on va essayer de changer de molécule, d’accord ? »
Tu me vois venir, avec mes gros sabots, et tu me liste très calmement toutes les molécules qui ne te font aucun effet, toi qui es « très résistante aux médicaments ». Tu essaies même de me servir quelques crises d’angoisses bien typiques, au cas où ça pourrait faire pencher la balance, mais tu abandonnes vite.
On se donne encore un peu le change pendant un moment.
On fait semblant de parler de ton bilan, je fais semblant de faire les choses bien. Je fais semblant de te faire parler, et de m’intéresser à ce que tu dis. Je fais semblant de te ré-expliquer le sommeil, les médicaments, tu fais semblant de m’écouter toujours aussi attentivement. Je te donne l’adresse de quelques psychologues, en faisant semblant d’insister, et tu fais semblant d’acquiescer. On se quitte chaleureusement, pleines de sourires toutes les deux.
J’ai compris après que tu sois partie.
Tes stilnox, ma douce, je crois que tu les vends.
Tu ne les boulotte pas, tu les fais boulotter à d’autres.
Sous cet éclairage là, la pièce prend forme, soudain.
Voilà ce qui clochait, voilà ce qui sonnait.
Je cherchais ta souffrance, alors que tu ne souffres pas.
Je t’ai cherché dépendante, je t’ai cherchée toxico, je t’ai cherchée folle d’angoisse, je t’ai cherchée partout et tu n’étais nulle part.
Ca explique pourquoi tu étais tellement lisse.
Ca explique pourquoi tu étais tellement polie.
Ca explique pourquoi tu étaits tellement jolie.
Ca explique pourquoi j’étais tellement mal à l’aise, du malaise du manipulé, alors que je n’aurais plus dû l’être dès le lever de rideau de l’acte II.
Ca explique ton absence totale d’affolement quand je t’ai refusé les benzos. C’est souvent à ce moment de la consultation que le vrai dépendant flanche. On voit une lueur de panique dans ses yeux, on entend un début de tremblement dans sa voix, on le voit se débattre avec de nouveaux mensonges mal cousus pour essayer encore, pour essayer quand même.
Ca explique ton grand numéro de séduction. Les dépendants sont manipulateurs, mais ils sont rarement séduisants.
Ca explique pourquoi tu voulais nous revoir exclusivement nous, moi et mes couettes.
Je sais qu’il n’y aura pas d’acte III, que tu iras le jouer dans un autre cabinet, et ça me soulage.
Je n’aurais pas su m’occuper de toi.
30 septembre, 2008 à 17 h 04 min
T’inquiète pas ma belle, c’est un passage obligé.
On a toujours un peu mal à l’âme de s’être fait avoir, mais dans ton cas je trouve que tu t’en es très bien sortie.
Je pense qu’il faut toujours donner le bénéfice du doute, question d’humanité, et surtout de foi en la médecine générale (en sa qualité se soignant de premier recours).
Car sans l’une et l’autre, on passe du rôle de soignant à celui de soigneur. Pas pareil.
Seulement après, comme tu l’as fait, il faut savoir dire « non ».
Et ça demande beaucoup de savoir-faire et de savoir-être, que de dire « non » avec humanité.
Ce qu’on ne m’avait pas appris à la fac ou à l’hôpital.
Pourtant à mon avis il vaut mieux bien souvent dire « non » que dire tout le temps « oui ».
Et de toute façon, ce n’est pas pour ça que les patients iront voir ailleurs.
Ils s’en iront dès qu’ils sentiront que tu ne t’intéresse plus à leur cas.
Bien content que tu te sois sentie mal à l’aise dans ce type de consultation. C’est un gage d’une haute réflexion … mais qui nourrit de toutes façons l’ensemble de ce blog, non ;) ?
30 septembre, 2008 à 18 h 47 min
justement, nous sommes des soigneurs. pas des soignants.
soignant c’est gnangnan.
quant à l’humanité… passons.
J’adore lire les écritures de Jaddo, je trouve ce qu’elle écrit intelligent.
Elle me fait marrer avec ses couettes.
Qu’elle aille crever la manipulatresse
30 septembre, 2008 à 21 h 43 min
trés bon sens clinique (je trouve ça plus scientifique qu’intuition)
avec de la pratique, il devient plus facile de dire au patient que tu crois pas à son histoire, plutôt que de faire semblant de soigner
30 septembre, 2008 à 22 h 02 min
Je croyais pourtant connaître beaucoup de produits d’économie « parallèle »… Mais les somnifères, là, franchement, on m’aurait dit que ça avait une cote sur le marché, j’aurais douté !
30 septembre, 2008 à 22 h 40 min
Ca m’a fait découvrir le texte de Baudelaire du même nom… magnifique, Merci !
30 septembre, 2008 à 23 h 09 min
Très joliement dit, pour une histoire pas si belle…mais que tu as traité avec brio…je n’en reviens pas en fait! (trop forte la Jaddo)
Très belle référence à Baudelaire avec cette duplicité, cette ambiguïté du beau, de l’idéal, du spleen, du laid…
30 septembre, 2008 à 23 h 13 min
Troublant, ce récit…
C’est presque même étonnant qu’elle revienne au même endroit avec son excuse bidon, puisqu’elle sait qu’elle sera alors découverte.
Comme pour l’avouer.
Bizarre.
La fois la plus bizarre où j’ai du dire non à la pharma c’était des gens respectables, des notables habitant à 300 km. Ils voulaient pour leur fils une benzo et de la naltrexone, pour que leur fils ne rechute pas ds l’alcool.
Le monsieur m’a dit qu’il était ami du pharmacien à 300km qui lui donnerait le traitement s’il demandait. J’ai appelé, le fils avait eu le traitement il y a 2 ans et demi… le père voulait parler à son pote pharmacien, et que je lui passe au tél.
Tellement plus simple que d’aller consulter le médecin à 10 mètres.
Jamais revus ces gens là…
30 septembre, 2008 à 23 h 14 min
« Très belle référence à Baudelaire avec cette duplicité, cette ambiguïté du beau, de l’idéal, du spleen, du laid… »
Et une magnifique ressemblance phonétique entre malabaraise et mal à l’aise.
Je suis trop fière de mon titre :p
Merci à tous, encore, encore.
Et à Isabelle : quand il y a dépendance, il y a marché. C’est fastoche :)
30 septembre, 2008 à 23 h 16 min
« C’est presque même étonnant qu’elle revienne au même endroit avec son excuse bidon, puisqu’elle sait qu’elle sera alors découverte. »
Ca c’est le pouvoir des couettes :p
30 septembre, 2008 à 23 h 29 min
Ahahahahah toi et tes couettes alors!!!!
bien vu sur ce coup là quand même… tu as senti qu’il y avait un problème et tu as géré. A ta façon.
On est jamais vraiment totalement préparé, même avec de longues études et tous les stages…
C’est ce qui fait la beauté du métier en même temps, on apprend sans cesse et on a de cesse d’apprendre !
30 septembre, 2008 à 23 h 47 min
Ouah l’aut’ hé, elle croit que c’est ses couettes qui la font passer pour une gentille!
Moi j’ai déjà des cheveux blancs, et il parait que je regarde les gens par dessus mes lunettes pour faire plus sérieux, mais ils me l’ont fait aussi le coup de l’ordonnace paumée, sauf que quand c’est du subutex, tu as la puce à l’oreille plus vite…
Quant au marché noir, même le temesta en interesse certains. Je pense qu’on se fait avoir plus souvent qu’on ne l’imagine.
1 octobre, 2008 à 15 h 26 min
Plus fort que celles de l’oncle Paul, les histoires de la nièce Jado…
Fais nous un roman un des ces jours. C’est un vrai plaisir de te lire.
1 octobre, 2008 à 21 h 37 min
Juste pour me vider de mon dégout je vous fait partager la lecture d’une annonce publiée.
J’aime lire la passion de la médecine comme dans Rrr.
Agglomération ——-(–) MG céde clientèle au –/–/2009 (cause familiale)CA.130 000 euros(pas de gardes)dans maison médicale sympathique à 200 m grosse pharmacie
Tel.– — — — —
2 octobre, 2008 à 10 h 16 min
Qu’est ce que j’aime ce que tu ecris , c’est ma bouffée d’oxygene de la journée .J’ai l’impression que tu racontes mes consultations.To blog est à faire lire de toute urgence aux etudiants en médecine .Surtout continue longtemps
2 octobre, 2008 à 13 h 28 min
je ne comprends pas trop le »dégout » de medecine men quant à l’annonce médicale citée; croyez-vous que les médecins soient de purs esprits, libérés des contingences matérielles et que sauver des vies avec la reconnaissance éternelle de leurs patients leur suffise ?
la médecine est certes un art médical, et ce blog illustre bien pour moi ce point, mais c’est aussi un TRAVAIL, qui se doit d’être fait avec toute la compétence dont on est capable; qu’une rémunération y soit attachée ( paiement à l’acte ou salariat ) me parait logique et normal
que sait medecine men des raisons qui pousse notre confrère à partir de ce si sympathique cabinet de groupe : raisons familiale ( divorce par burn out , décés , suicide du conjoint, overdose de son fils…) et comment attirer un confrère pour soulager le travail de ses collègues restants , mettre » cabinet médical de merde qui me fait pas bouffer avec collaborateurs débiles » succès garanti
non, moi rien ne me choque dans l’annonce du MG
130000 euro brut de CA par an c’est grosso modo 65000 euro net soit 5400 euro par mois ; dix ans d’études, faire consciensieusement son boulot, rassurer 80% des patients, en sauver quelques-uns , non, ça ne me choque pas, et vous ?
2 octobre, 2008 à 13 h 47 min
parmi ce qui me choque il y a qu’un MG gagne à peine €5400 net/ mois
et aussi la formule « dans maison médicale sympathiqe à 200m grosse pharmacie »
Médecin c’est à mon avis un travail assez important et ça devrait à mon avis être bien payé
A mon avis une maison médicale est tout sauf sympathique
Et qu’une annonce indique » 200m grosse pharmacie » je trouve ça vulgaire
2 octobre, 2008 à 13 h 52 min
et bien certains médecins sont vulgaires, d’autres moins, c’est tout… plaignons donc les patients des premiers et mettons des couettes derrière les oreilles des seconds, comme certaine !
2 octobre, 2008 à 16 h 08 min
j’me d’mandais qui t’étais : trop de lecteurs, trop de commentaires, un style trop stylé, sirène toujours planquée dans sa tour d’ivoire…
« Et puis, comme on ne peut pas reprocher aux gens leurs trop jolies histoires, et comme on ne peut pas se fier seulement à son malaise, à son instinct, à ses antennes qui frémissent, je t’avais accordé le bénéfice du doute.
»
rarement lisse mais polie et peut être jolie comme ta patiente africaine mais on s’en fout, j’avais cette idée idiote (j’adore les idées idiotes) qu’une vérité bien cachée est peut être à découvrir chez toi…
et là, dans cette histoire, y a pas photo, je ne peux que constater que t’es vraiment médecin généraliste ! (bon, allez, je m’en doutais déjà un peu )))
biz biz
2 octobre, 2008 à 16 h 51 min
et la tension sexuelle vient de monter d’un cran
2 octobre, 2008 à 20 h 42 min
> Cafgirl : oui, c’est un métier fascinant. Peut-être le plus. Juste après dresseuse d’ours… ;) Mais j’espère que j’apprendrai à mieux gérer. Dire au patient qu’on ne le croit pas, il faut savoir le faire mais je ne sais pas encore.
> DocteurSachs : ah tiens, même pas surprise pour le temesta. Pourquoi MEME le temesta ?? Et oui, on se fait probablement plus souvent avoir qu’on ne le croit. Les patients inconnus mettent la puce à l’oreille, mais à mon avis on serait surpris de patients qu’on croit bien connaître…
> DocteurT et Pascal : c’est aussi un vrai plaisir de se l’entendre dire. Merci à vous deux :) C’est aussi ce qui donne envie de continuer.
> MedecineMen et Cardiodebrousse : c’est vrai que le « 200m d’une grosse pharmacie », ce n’est probablement pas le premier argument qui me viendrait à l’esprit si je dois vanter les mérites de mon cabinet…
> Dr Coq : heuuu… Je ne suis pas sûre sûre sûre d’avoir compris. L’alternative, c’était que je sois heuuu… une pas-médecin qui raconterait des histoires de médecin pour une raison qui m’échappe ??
Mais bon, comme l’image de la jolie sirène à couettes me plaît bien, je vous pardonne le doute ;)
3 octobre, 2008 à 10 h 42 min
Chère Rrr,
Moi je prendrais le commentaire de l’éminent Dr Coq pour un compliment overmégamortel !!!
Bizz, bizzz
3 octobre, 2008 à 14 h 14 min
oui c’est sur que la proximité d’une pharmacie n’est pas un argument de vente, mais enfin pour mes mémés arthrosiques » c’est ben plus pratique docteur ! » et ça c’est imparable…
3 octobre, 2008 à 15 h 41 min
si , justement, cardiodebrousse, la proximité d’une pharmacie justement est un argument de vente, qu’on peut évoquer en privé.
» 200m grosse pharmacie » je me répète, je trouve ça vulgaire.
dans ton dernier message tu disais » et bien certains médecins sont vulgaires » ce nétait pas mon propos de qualifier quelque médecin que ce soit de vulgaire mais la présence de la locution » 200m grosse pharmacie « .
Mon propos n’est pas de traiter des médecins de vulgaires.
J’aimerais bien me représenter mes confrères comme plus conformes à l’idée que je me fais de notre profession.
– va s’ensuivre une diatribe de cardio de brousse ou d’un autre bien intentionné afin de m’expliquer qu’entre mon idéal et la réalité il y a un gap –
– merci de m’épargner cette remarque banale si vous pouvez la remplacer par un propos qui m’intéresse –
3 octobre, 2008 à 18 h 44 min
cher medecine man, on ne va pas y passer la nuit, et je ne tiens pas à avoir le dernier post à tout prix, mais je ne comprends toujours pas le dégout initial de medecine man , ni les distingo -subtils sans doute – entre locution vulgaire et auteur de ladite locution, entre argument pertinent en privé et vulgaire en public, mais tout ceci n’est pas grave, n’est-ce pas Docteur ?
3 octobre, 2008 à 19 h 09 min
oui:) bien sûr c’est pas grave
non ce ke je veux dire c’est ke j’en ai rien a foutre de ce mec et je ne sais pas s’il est vulgaire et je ‘en fous mais je trouve l’ANNONCE vulgaire.
c’est pourtant simple comme distingo, non ?? par exemple si je dis » je trouve que cardio de brousse a dit une grosse connerie » c’est différent de » cardio de brousse est un gros con » si tu as été capable de lire ça sans t’énerver c’est probablement ke le distingo t’es déjà apparu ou a commencé.
pertinent en privé, c’est ke si tu veux fourguer ton cabinet pour un paquet de tune tu peux dire au mec au telephone : » mon cabinet est à 200 m d’une GROSSE pharmacie » » bien GROSSE hein, avec un chiffre d’affaire bien GRAS » » ils m’envoient plein de clients ces gros cons » ou si tu es plus posé » mon cabinet est à 200m d’une pharmacie très fréquentée qui assure la continuité du flux de patients »
mais sur une annonce je trouve » à proximité d’une pharmacie » plus classe.
de toute façon y a pas forcément tant de choses à comprendre, cette annonce l’autre jour là elle m’a hérissé, et elle contrastait tellement avec le sentiment que m’avait déclenché l’écrit d’Rrr que j’ai eu envie de la poster en précisant qu’elle m’avait dégouté et que je la postais notamment pour me débarrasser.
ça a eu notamment pour effet d’échanger 3 mots avec toi, et , va cardio de brousse, je ne te déteste pas, et ça ne m’a pas horrifié d’échanger.
voilà on est sur un blog quoi … on discute … ( non ???? )
enfin … pas n’importe lequel … :):):) j’adore ce qu’écrit Rrr [ tu vois … distingo … je n’adore pas Rrr, JE NE LA CONNAIS PAS, j’ADORE CE QUE J’AI LU ECRIT PAR ELLE ] allez réponds moi qu’on continue à se distraire
3 octobre, 2008 à 20 h 50 min
ben tu vois quand tu veux, tu esssplique bien, et je comprends tout !
je te remercie pour ces précisions – utiles je l’espère à la communauté Blogante –
PS: je sais bien que les conneries que je raconte ne font pas de moi un gros con, mais on a jamais autant d’indulgence qu’avec soi-même non ?
re PS : après les cyclistes que je hais en premier ( cf post anciens ) les pharmaciens arrivent en seconde position ( et je n’ai aucun conflit d’intérêt avec eux d’autant que trois membres membres de ma famille font partie de cette confrèrie )
bon ! j’ai compris le message medecine man : la beauté des laids se voit sans délai…et inversement , comme dirait SG
3 octobre, 2008 à 21 h 22 min
pas sûr d’avoir voulu passer ce message
encore un Travaux Pratiques de communication
juste pour rire: ce sont trois membres membres ça veut dire qu’ils sont plus membres que les autres membres ?
3 octobre, 2008 à 23 h 03 min
membres de con( frérie) bien sur !
3 octobre, 2008 à 23 h 19 min
je n’aurais pas osé .. ;)
4 octobre, 2008 à 8 h 59 min
mais si ! mais si ! glissez mortels, n’appuyez pas …
5 octobre, 2008 à 12 h 42 min
Doclili : C’est bien ce qui est terrible. J’ai cru pouvoir soupçonner un compliment overmégamortel, mais je ne l’ai pas compris. Délicieusement frustrant, mais frustrant ;)
Docteur T : tsss c’est petit un roman. Un jour, Jean Pierre Jenet tombera sur mon blog, et il fera « Le fabuleux destin de la maladie de Sachs ».
Et l’héroïne aura des couettes.
Ce sera la classe.
Si si.
11 octobre, 2008 à 11 h 21 min
Au début de mon exercice, en 85, j’ai reçu en consultation un jeune « inconnu », Thierry, vers les 18-19 ans, qui prétendait manquer de Barbituriques pour son epilepsie ! J’ai vite flairé le mensonge et parlé franchement de dépendance avec lui …il a très bien pris et a insisté pour en avoir une prescription quad-même !
Bref, j’ai cédé et en ai prescrit pour sept jours seulement. C’est alors qu’il me demanda un peu d’argent « pour manger » ! Je lui ai donné qq fruits que j’avais dans le frigo de mon cabinet: il était mécontent mais il a acquiescé. Il est reparti sur son vélo.
Une heure après, j’ai terminé mes consultations et je rentrais chez moi pour le déjeuner, j’ai eu la curiosité, chemin faisant, de faire un tour dans le quartier au cas où je le croise: eh oui ! il est là assis à l’abri d’un porche, mangeant goulument -me sembla-t-il- les fruits emportés.
Là ! je m’arrête: il n’était pas question pour moi, Médecin (M) de passer mon chemin laissant un jeune affamé au bord de la route, ce que je lui explique avec simplicité ! il a fallu en tomber à la renverse ! il m’a traité de « vieux chnoque » ce que je comprenais très bien malgré mon jeune âge (je n’avais alors que 33 ans).
Je lui ai alors proposé de gagner un peu d’argent en rentrant mon bois de chauffage qui gisait là dans un coin du jardin et qui avait besoin d’être rangé à l’abris, c’était en septembre.
Il a, après moult hésitations, accepté mon offre et chargé son vélo dans le coffre de ma Golf …c’est parti !
Après déjeuner, il s’est attelé à sa tâche avec application …et il est resté avec nous 3 jours à ainsi travailler au jardin …et dormir dans notre vieux Combi-camping VW: à sa demande, c’était son rêve (comme moi, comme toi, il avait des rêves).
Nous avons appris qu’il venait de quitter le domicile familial pour cause de mésentente avec son militaire de père: « vieux chnoque » !
Il est reparti, riche de son salaire de 3 jours de travail honnête, en promettant de repasser nous saluer après les vendanges qu’il allait faire dans une contrée peu éloignée. Nous ne l’avons jamais revu ! Quel dommage (lira-t-il peut-être ce post et…)?
Anecdote 1: le 2° jour, une pièce de 10 FF qui traînait dans le vide poche de la Golf a disparu, le 3° jour elle est réapparu discrètement.
Anecdote 2: 2 ou 3 semaines après son départ j’ai eu un coup de fil d’une dame qui me demandait si c’est bien nous qui avons accueilli un certain Thierry: que c’est gentil de votre part, va-t-il bien ?
Sur le coup – je devais être préoccupé par qq soucis futile- je n’avais pas du tout réalisé de qui il pouvait s’agir et j’ai répondu à cette pauvre maman dépitée: « mais je ne connais aucun Thierry » ! – j’en étais sûre, il m’a encore menti; excusez-moi monsieur » ! sa voix à l’autre bout du fil était chargée de déception et d’inquiétude. Elle a raccroché et c’est à ce moment-là que je me suis souvenu de Thierry, mais à l’époque les N° de téléphone ne s’affichaient pas à l’écran …et je n’ai plus eu de nouvelles.
A vous de commenter ?
26 novembre, 2008 à 0 h 21 min
En fait, ce qui navre medicine men, c’est qu’une personne qui ne fait pas partie de la fraternité des Diafoirus puisse lire cette petite annonce et la lui mette en travers de la gorge le jour où il se pavanera en rappelant à tout va qu’il est médecin et que donc son avis est éclairé, docte et indépendant de toute motivation méprisable, et que donc s’il dit que c’est noir c’est noir, s’il dit blanc c’est blanc. Et là, le lecteur de Top Hebdo ou du Quotidien (et ils sont plus nombreux que ce qui se souviennent de Destouches) lui renverra la grosse pharmacie dans les gencives. Et medicine men perdra au moins cinq minutes à expliquer qu’on ne mélange pas torchons et serviettes; l’autre fera peut-être semblant d’aquiescer pour avoir un jour, qui sait, un arrêt-maladie ou une admission privilégiée, mais au fond de lui-même il saura bien que si un jour il avait besoin de l’argument « grosse pharmacie », medicine men l’emploierait, sans doute en privé, en honteuse, mais il ne s’en priverait pas.
26 novembre, 2008 à 1 h 19 min
[ l’argument “grosse pharmacie”, medicine men l’emploierait, sans doute en privé ] Oui, c’est précisément ce que j’ai exprimé dans mon post, c’était inutile de ta part d’en rajouter une tartine. C’est bien, tu connais Destouches. Tu es cultivé. Je te pisse au cul.
26 novembre, 2008 à 1 h 19 min
Je te pisse au cul, connard.
26 novembre, 2008 à 1 h 32 min
CQFD
\o/
26 novembre, 2008 à 14 h 54 min
Attention aux allitérations (« cul…connard »). De grâce, préservons la beauté du fond par la subtilité de la forme.
Cependant le cuirassier Destouches aurait sans doute apprécié le style très enlevé des derniers mots de medecine men ?
En tout cas, je mets à son crédit cette bagatelle
Merci à notre hôtesse pour ce salon littéraire si fréquentable
26 novembre, 2008 à 15 h 00 min
Je n’ai pas envie de me mettre à jouer les modératrices, ce n’est pas mon job.
Je propose à tout le monde de ne pas relancer.
Même pour dire des trucs intelligents.
Merci d’avance.
4 février, 2009 à 7 h 27 min
http://www.m6replay.fr/#/emissions/enquete-exclusive/10400312/hotspot/0
entre 00:48:00 et 00:48:20
23 avril, 2010 à 20 h 40 min
Ohlala, tu vas pas aimer : tu décris une femme intelligente, organisée et à la démarche très professionnelle, donc une possibilité de système (à sa place, c’est ce que je ferais et à te lire, je ne me crois pas plus malin qu’elle. Donc…)
Sa maîtrise amène des questions : elle fait le coup dans combien de cabinets, cette manipulatresse ? comment organise-t-elle les rotations entre chaque médecin qu’elle arnaque ? fait-elle du repérage pour trouver de nouvelles proies, médecins jeunes, ou nouveaux dans le coin, etc. ?
Prospection, argumentaire, tournées du carnet d’adresse… ma sonnette d’alarme à moi me dit qu’elle a mis au point sa petite entreprise, avec la stratégie d’affaire qui va avec. Une conviction à prendre avec des réserves, évidemment.
Evidemment, quand le ruisseau trouve sa pente, il continue son chemin et alors la question suivante est : « si j’étais médecin et que je subodorais un trafic structuré de médicaments, je ferais quoi ? » Déjà en tant que péquin moyen, je ne sais pas ce que je dirais à la police, je détesterais me trouver dans cette situation. Alors le secret médical s’ajoutant au risque de se tromper… Tu ferais quoi, toi ?
24 avril, 2010 à 16 h 02 min
Ah bah c’est super facile. Je ferais rien du tout. Je suis ni juge, ni policier ; j’ai déjà bien du mal à être médecin…
27 janvier, 2011 à 16 h 23 min
[…] Bien sûr, à l’origine, il s’agissait de me protéger contre les pervers. Et puis je me suis rendu compte qu’elle me protégeait aussi contre les pervers-non-sexuels. Et puis je me suis rendu compte qu’elle me servait dans plein d’autres occasions. C’était elle qui sonnait, par exemple, face à ma manipulatresse. […]
24 juillet, 2011 à 23 h 09 min
Bonsoir,
Tout d’abord je ne dirais pas comme tant d’autres que
jaddore votre blog (oups,trop tard).
Je me permet de réagir car je suis pharmacien assistant et je trouve vraiment étrange qu’une personne paye + de 20 euros de consultation pour se faire prescrire du silnox.
Comme vous le savez, il existe des moyens beaucoup moins onéreux pour se procurer deux boites de ce médicaments (je ne parle pas du net,mais plutôt des bricolages que vous évoquiez dans votre post « Le poinçonneur des Lilas »).
D’ou ma question s’agissait-il vraiment de ce médicament ou bien d’un autre nécessitant une ordo avec un ptit carré en bas à droite ?
Bon courage et surtout prevenez nous quand votre livre sortira .
27 janvier, 2012 à 16 h 01 min
Juste pour vous signaler en passant, même si j’aime beaucoup ce que vous écrivez, une Malabaraise n’est pas africaine… La côte de Malabar se trouve au sud de l’Inde. Mais merci pour vos posts qui prouvent qu’on peut être médecin et humain, cas rarissime de nos jours.
29 janvier, 2012 à 23 h 28 min
Offrir un tel lieu commun quand on est capable de situer la côte de Malabar…
19 octobre, 2015 à 0 h 40 min
« Les dépendants sont manipulateurs »
Désolée de faire ma chieuse, mais non, les dépendants « ne sont pas plus manipulateurs que le reste de l’humanité, genre auquel ils appartiennent » (pour paraphraser le Dr Jean-Pierre Jacques).
Sauf que les pas manipulateurs, par définition, ne viennent pas dans les cabinets de médecins pour essayer de les manipuler, c’est tout.
Y a déjà assez de préjugés à tout va sur les UD (usagers de drogues) sans les perpétuer (d’autant plus que les perpétuer renforce aussi le nombre de gens qui se sentent obligés d’y coller… « ouais j’ai volé mais bon, je suis toxico », « ouais je manipule les médecins mais bon je suis accro », à l’instar du « ouais je vole mais je suis un Arabe » – si, si, je vous jure que je l’ai déjà entendue celle-là aussi).
5 avril, 2016 à 13 h 11 min
pour les benzodiazépines, il y a aussi matière à réflexion
https://www.youtube.com/watch?v=-Fcb1H4j7Sg
Sinon, très bons articles, merci
6 avril, 2016 à 15 h 29 min
Sidonie,brave petit soldat…
http://rue89.nouvelobs.com/2014/11/26/thierry-casasnovas-gourou-tout-cru-attend-tranquille-youtube-256224