Le reste de l'examen clinique est sans particularité
8 janvier, 2008
C’est dur, d’être attentif jusqu’au bout de son examen.
A la fin de la journée, en plein hiver, en pleine épidémie de gastro, à la douzième sciatique, on finit par commencer ses consultations avec une idée toute faite et un diagnostic déjà posé.
– Des vomissements ? –> Et allez hop, encore une gastro.
– Seixième enfant-qui-tousse-malgré-le-traitement-commencé-la-veille-par-le-médecin ? –> Encore des gens qui s’imaginent qu’on peut faire passer la toux d’une grosse crêve en 24h de gélule magique, et qui s’imaginent que les urgentistes sont de grands spécialistes toussologues avec des médicaments super mieux.
On pose le stéthoscope parce qu’il faut bien le faire, parce qu’on le fait toujours, parce que c’est la trentième fois de la journée qu’on le fait.
Et après, il faut encore penser à écouter. Ecouter vraiment. Avec ses oreilles.
Pas juste faire les gestes et prendre une tête concentrée.
Parfois on oublie.
Parce qu’on voit bien, à la bouille de l’enfant qui gazouille et qui sourie, à l’absence de fièvre, à son nez plein de morve, à ses parentes idiots qui viennent aux urgences tous les trois matins, comme on passe au Mc Drive, qu’on n’entendra rien dans ses poumons.
Parce qu’on examine moins bien le ventre de celui qui vient parce qu’il a mal aux oreilles que de celui qui vient parce qu’il a mal au ventre, et que, peut-être, on est en train de passer à côté de tout autre chose.
Parce que, parfois, le moment qu’on prend pour faire semblant d’examiner le ventre nous sert à prendre le temps de réfléchir. Antibiotiques ou pas ?
Et puis, de temps en temps, au milieu de tous les patients qui vont bien et qui ont l’air d’aller bien, de tous ceux qui vont mal et qui ont l’air d’aller mal, il y a les petits vicieux qui vont mal et qui ont l’air d’aller bien.
De temps en temps, alors qu’on vient à moitié d’engueuler les parents parce qu’ils sont venus nous déranger pour trois fois rien, ça siffle à tout va dans les poumons.
De temps en temps, c’est pas une gastro, c’est une appendicite.
C’est difficile, vraiment, de rester concentré tout le temps.
8 janvier, 2008 à 21 h 02 min
et toi tu fais partoe de ceux dont on ne pardonnerait pas l’erreur… Courage !
9 janvier, 2008 à 0 h 29 min
Une fois, il y a longtemps maintenant, le pédiatre exaspéré par mon inquiétude croissante vis à vis de mon bébé, m’envoya paître assez brutalement… J’étais une mère angoissée c’est tout !
Et puis, trop angoissée je suis allée voir ailleurs et l’atrésie des voies biliaires a été diagnostiquée un peu trop tard. Juste pour dire que oui les mères peuvent être angoissées mais c’est parfois avec raison. Amicalement.
9 janvier, 2008 à 11 h 00 min
difficile de rester concentré en effet mais très important, hein?
se poser la question c’est déjà y répondre….merci pour tes patients!
9 janvier, 2008 à 13 h 12 min
voilà, j’ai tout lu, et franchement j’adore. Martin Winckler a fait des petits, ça rassure…
Continuez comme ça!
12 janvier, 2008 à 13 h 18 min
bravo ! Ton blog est génial !
6 février, 2008 à 8 h 26 min
Merci à tous :)
J’ai passé pas mal de temps à lire des blogs, sans jamais faire de commentaires, parce que bon, je ne voyais pas tellement ce que ma petite opinion avait d’important.
Je me rends compte aujourd’hui à quel point c’est important pour celui qui écrit.
Un grand merci, donc.
Et oui, les mères angoissées ont souvent raison. Des fois, ce sont d’authentiques chieuses, mais des fois, elles voient quelque chose qui échappe au médecin et elles ont foutrement raison.
Reste à faire la part des choses en se plantant le moins souvent possible.
2 août, 2010 à 11 h 20 min
C’est déjà bien de se le dire…
Merci Jaddo. Je vais mieux d’avoir compris et j’en veux déjà un peu moins aux urgentistes.
8 septembre, 2011 à 23 h 33 min
Oui c’est ce que je me dis des en fin de journée de consult…
Heu… je l’écoute vraiment le coeur là où je fais ce geste tellement de fois dans la journée que je n’y réfléchi même plus et j’ai mis le cerveau sur OFF… il bat comment déjà ce coeur ?
Je crois que c’est ce qu’il m’a le plus épuisé en cabinet. Devoir être concentré TOUT LE TEMPS. Pas de pause café, compteurs à zéro à chaque nouvelle consultation, concentration identique.
C’est ce que j’ai envie de dire parfois quand « Non je peux vraiment pas vous prendre vite fait entre deux vers 19h »
Pas parce que je veux rentrer tôt chez moi et me la couler douce, mais parce que je pense sincèrement que ça sera dangereux pour vous.
4 décembre, 2011 à 8 h 44 min
moralité toujours faire confiance à une mere angoissée. En general, un interrogatoire (pas de fievre, bon etat general, pas d’atcd à part une otite l’année derniere…) et un examen…souvent normal, qq explications et ça suffit pour rassurer OU parfois, découvrir un probleme autre.
Ce qui est sure c’est qu’à la 10e rhinopharyngite de la journée, apres 25 consultations, oui c’est TRES difficile de rester alerte.
Moi je trouve qu’apres 3h30/4h de consults non stop, je ne suis plus bonne à rien. Malheureusement on a du mal à faire du 14h 17h30…
31 mai, 2012 à 10 h 22 min
c’est quel page svp !
Le reste de l’examen clinique est sans particularité
27 septembre, 2012 à 16 h 16 min
Salut,
3 jours que je lis ce blog, et je ne suis pas encore arrivé au bout quel verve !! Je sais pas si c’est du au manque de concentration des médecins qui m’ont ausculté, mon air d’aller bien où le fait que j’avais pas mal du bon coté et pas de la bonne façon… Mais j’ai eu une infirmière puis deux médecins (dont un du sacro-saint SOS médecin(ah bon c’est pas les super médecins qui travaille la dedans?)) qui m’ont diagnostiqué une gastro avant que j’aille voir un dernier médecin de ville (mon sauveur !!) qui m’a diagnostiqué une gastro avec une prise de sang parce que je cite « Vous avez le ventre vachement dur quand même »(Comme quoi un médecin de ville peut sauver directement des gens). Péritonite, urgence,opération dans la soirée.