Placébeau
6 janvier, 2008
Ils sont beaux, les médecins.
Ils sont grands, et ils ont une blouse très blanche, ou une grosse sacoche en cuir et un joli costume avec la touche précise de suranné qui inspire confiance .
Ils rentrent dans la chambre que le patient est déjà à moitié guéri.
Ils portent leur effet placebo au bout de leurs les tempes poivre et sel de celui-qui-a-déjà-tout-vu ou de leurs brillants badges rouges qui proclament, sur fond de chaîne en or et de pectoraux velus : « Interne en chiiii-ruuuuur-giiiiie« .
Alors forcément, quand je débarque dans une chambre avec mes couettes, mes joues de hamster et mes tâches de rousseur…
Au téléphone : excuse-moi, je dois te laisser, l’infirmière est là.
A l’interne en chiiiiruuuurgiiiiie que j’ai appelé pour un avis, qui veut vérifier l’état de confusion d’un patient, et qui me pointe du doigt en demandant qui je suis : c’est votre assistante, docteur.
Quand je viens d’interroger le patient, de l’examiner, de lui expliquer ce qu’il a et comment on va le traiter pendant 15 bonnes minutes de hochements de tête, après cinq ou six « Oui, oui » : Oui, oui, mmmhh, d’accord. Mais quand est ce que je vais voir le médecin ?
Je ne compte plus combien de fois j’ai dit « Mmm… C’est moi le médecin ».
En même temps, j’ai de la chance, on me prend pour l’infirmière. Ma collègue congolaise, on la prend pour la femme de ménage.
C’est vrai quoi, on n’a pas idée d’être médecin et jeune, jolie ET noire.
6 janvier, 2008 à 23 h 59 min
Le sexisme doublé du racisme ont hélas encore de beaux jours devant eux.
Tant dans les relations entre soignant-e-s qu’au niveau du public.
Pourtant ce qui devrait rassurer c’est la compétence non le torse velu ou la couleur de peau.
Ce qui me rassure le plus, moi, c’est l’humanité qui se dégage de qqun-e.
Mais pour être humain, dans quelque métier que ce soit, outre un minimum de travail sur soi, il faut aussi en avoir le temps.
8 janvier, 2008 à 8 h 37 min
Mmm, je ne voulais pas tellement traiter de sexisme ou de racisme.
Juste de mon jeune âge qui parfois me dessert. C’est juste que je n’ai pas la chance porter ma crédibilité sur mon visage…
Et que c’est vrai qu’en gros, on est moins compétent à 30 ans qu’à 40, on ne peut pas en vouloir aux patients de savoir ça ;)
Il s’agit surtout, à mon avis, de gentilles images d’épinal. Le médecin est un type de 50 ans avec un peu de ventre et des temps grisonnantes, c’est comme ça :)
L’infirmière est une fille (il n’y a qu’à voir mon post « Epique équipe », où je balance des « elles » à tour de bras alors que les infirmiers existent aussi…), le boucher est un homme, la boulangère est une femme.
Je n’ai jamais été confrontée à un vrai problème de sexisme, à un patient qui refuserait par exemple que je le prenne en charge parce que je suis une femme. La plupart du temps, une fois que j’ai dit « c’est moi le médecin », les gens disent « oh, ah bon, pardon », et c’est plié.
9 janvier, 2008 à 11 h 58 min
courage les filles!
dans le même genre (en moins grave), moi j’ai droit à :
-« vous êtes stagiaire? » non, non, j’ai encore de l’acné juvénile à 26 ans, mais ça fait déjà 2 ans que je travaille…
je passe sur les gens qui pensent que vétérinaire=homme, assistante=femme… quand on sait qu’aujourd’hui 80% des étudiants véto sont des étudiantES!
7 février, 2008 à 21 h 09 min
Moi j’ai eu le droit, en pleine visite du grand patron, à « ça fait une semaine que je suis là et j’ai pas vu un médecin » « si, je suis passée vous voir tous les jours ! », et je me suis présentée la première fois, en prime (mais une fois, c’est surement pas assez avec le défilé de personnel de l’hopital).
29 avril, 2008 à 11 h 22 min
salut, moi, 24 ans, infirmière depuis 6 mois, j’ai eu le droit à un regard affolé accompagné d’un : c’est qui allez me retirer la sonde urinaire? mais vous savez faire?
et l’aide soignante, la trentaine, qui lui repond : ah oui c’est elle qui a le diplome! pas moi!
ou en post cure d’alcoologie, un patient qui n’avait aps le moral : il faut avoir vecu pour comprendre mademoiselle!
et pan, prends toi ça en pleine face!
28 juillet, 2008 à 2 h 04 min
« l’interne en chiii (etc) rurgie », qui semble vous avoir marquée….
dans la série « gros con caricaturé », avez-vous eul’occasion de voir (entre deux Brassens) un feuilleton amérlock qui s’appelle « Scrubs » (1ere saison. après ça tourne en rond, sauf quand ils parodient d’autres feuilletons médicaux amerlocks)
29 octobre, 2008 à 20 h 31 min
ah la je me reconnais! femme, noire, dinosaure( doux noms donnés au vieux etudiants de medecine…)et grosse!! le cliché de la mawi thérése donc aide soignante. et pourtant je me presente a chaque fois…. a la longue ca me fait plus ch… ca me fais sourire ( doucement) surtout quand je dis que oui je suis étudiante en medecine….malgré mon age ( pas encore trentenaire quand meme) et mon physique. mais j’ aime ca, bousculer les apprioiri!
29 octobre, 2008 à 20 h 48 min
cool vazi bouscule les apprioiri !! ça nndoe ed al bnnuehemruo
29 octobre, 2008 à 21 h 48 min
> tout est lié…. hum hum …je bouscule certes mais seulement quand les couloirs sont trop étroits… :D
appriori? bah a priori non!
25 février, 2010 à 12 h 32 min
ah le post date un peu mais forcement j’adhere, idem, petite blondinette avec des marques d’acné et la queue de cheval qui me donne l’air d’avoir 15 ans… qui a passé de « bonjour je suis l’interne » à « bonjour je suis le médecin » (parce que quand je disais l’interne, les gens s’arretent a l’in pour finir « firmiere »)et la les commentaires affluent :
vraiment ? mais vous avez quel age?
ah oui vous etes l’infirmiere – non le medecin – ah eleve infirmiere – non medecin, docteur, stethoscope vous voulez un toucher rectal ou quoi ?
ou mieux : a c bien vous voulez etre docteur ! ! c bien parce qu’il en manque. bon vous voulez appeler le docteur, j’aimerais le voir?
non rester calme je dois.
Et puis finalement quand on les ecoute, qu’on les examine, qu’on leur explique ce qu’on fait et qu’on les soigne, l’etiquette se met toute seule, et plus personne n’y fait attention.
sauf les gens qui a la fin de la consultation, ordonnances et explications en main reclament encore le doc ? ou est mon erreur? que faire? j’ai failli me faire homme sandwich avec marqué : je suis le médecin pas l’infirmiere, non je n’ai pas 15 ans, oui c’est moi qui vous soigne. voila.
MERCI pour ce blog, ca fait du bien !
17 décembre, 2010 à 15 h 14 min
Encore plus « ça date » que le post précédent, mais je ne résiste pas non plus…
Comme Loriane un peu plus haut (que je soupçonne d’être de ma promo d’ailleurs), j’ai eu droit aux « ah c’est vous qui allez vous occuper de moi/vous êtes véto ? » gros sous entendu « et pas secrétaire parce que dans cette clinique y’a 3 hommes vétos et 4 filles ASV alors bon »…
Naon, la différence, c’est point le sexe, c’est la blouse. Voyez les demoiselles, blouse verte, moi même et mes collègues, blouse bleue…
Des tâches de rousseurs et des couettes métaphoriques (27 ans et une « bonne bouille ») n’aidaient pas non plus.
30 juillet, 2011 à 23 h 43 min
« Ma collègue congolaise, on la prend pour la femme de ménage.
C’est vrai quoi, on n’a pas idée d’être [médecin] et jeune, jolie ET noire. »
À un mot près que je mets entre crochets, c’est une situation qui inspirerait sans doute bien des choses à un ex-directeur du FMI !
(et voilà, où on en revient au sexisme)
Tout cela étant d’autant plus amusant que la fonction de guérison dans les sociétés traditionnelle était plutôt détenue par les femmes (avec pas mal de variantes, selon le domaine à guérir, etc.) et qu’elle a été confisquée par les hommes progressivement alors que la médecine passait du savoir oral et traditionnel à la constitution d’une véritable science (étant bien connu que les femmes ne sauraient pas être capables de détenir une science, hein !)
10 octobre, 2011 à 2 h 06 min
Externat. 2005- Tenon
À peine eu le temps de faire ouf que me voilà D4. Me voilà presque-grand. Qui dans quelques mois, par l’opération du Saint-Esprit aura le droit de poser tout plein de diagnostics et de prescrire tout plein de bilans et de médicaments. Pour l’instant, je peux pas. Je suis aux urgences, je suis tout fier de moi: mon diagnostic de hémorragie méningée est confirmé. Je bombe le torse, je me dis que le Cook County est proche et que Benton serait fier de moi. Je m’accorde le plaisir d’un caoua. Je suis dehors, accolé contre un mur, sirotant mon café sans paille siouplaît, je n’ai pas mon badge orange d’externe car de mon point de vue, le seul badge qui en vaille la peine est celui tout rouge de l’Ap-Hp ( j’étais d’ailleurs mortifié par le regard condescendant que me lançaient IDE et sage-Femmes dans l’ascenseur à la vue de mon pauvre badge d’externe). Je suis donc dehors, sans mon badge, le stétho au fond de la poche de ma blouse avec kinder bueno et feuilles de notes inutiles quand une cadre IDE qui n’avait pas remarqué depuis le temps qu’un grand gaillard au crâne rasé sévissait dans son service depuis 2 mois me tend un balais et me lance: » tu n’oublies pas de nettoyer la salle 2 après le départ de Mr Michu »
Vie de beur ;-)
4 novembre, 2011 à 16 h 40 min
Et une de plus version véto (en plus je pense qu’on est diplômé(e)s plus jeunes).
Le chien est ausculté, examiné, diagnostiqué, etc (par moi).
Les injections sont faites (par moi).
L’ordonnance est imprimée (par moi).
Les médicaments sont délivrés (par moi…).
« Mais vous êtes vétérinaire?! »
« … »
pour ne pas dire « Non je suis la femme de ménage, mais le véto est parti manger une glace!!! »
Je vais peut-être me coller le diplôme sur le devant de la blouse…
Je découvre ton blog (de lien en lien depuis celui de boulesdefourrure.fr) et j’adoooore!